Espace : la feuille de route du CSIRO pour ouvrir des opportunités de croissance pour l’Australie
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Science de la terre, de l’univers et de l’environnement : énergie, transports, espace, environnement
20 décembre 2018
Le CSIRO (Commonwealth Scientific and Industrial Research Organisation), la plus importante agence de recherche australienne, vient de publier un rapport, développé après consultation auprès des industries et de ses experts scientifiques, ayant pour objectif de soutenir la croissance de l’industrie spatiale australienne en identifiant les opportunités dans 3 domaines spécifiques : les services dérivés du secteur spatial, le suivi d’objets spatiaux, et l’exploration et l’utilisation de l’espace. Ces trois domaines ont été identifiés car ils valorisent les avantages scientifiques, industriels et géographiques du pays.
La spécificité australienne :
La position de l’Australie dans l’hémisphère sud et ses vastes régions inhabitées offrent des avantages stratégiques pour le développement d’activités spatiales telles que les systèmes de positionnement, les technologies d’observation de la terre, et la reconnaissance de la situation spatiale, mais aussi pour les sites de lancements équatoriaux et polaires. De plus, l’Australie n’est pas contrainte par une lourde structure héritée du passé, et a la possibilité de développer une industrie spatiale de haute valeur ajoutée autour des technologies émergentes. Les opportunités d’impact économique sont vastes, et certaines, comme l’agriculture de précision, se mettent déjà en place. Mais le développement d’une industrie spatiale compétitive est critique également pour maintenir une forte souveraineté nationale (capacités en termes de sécurité, de maintien de l’ordre, ou en cas de catastrophes). Enfin, l’Australie a de nombreuses start-ups et compagnies dans le secteur spatial, ainsi qu’un écosystème d’éducation, de formation, de recherche et de développement soutenu par de nombreuses institutions telles que l’Advanced Instrumentation and Technology Centre, de l’Australian National University, le Canberra Space Centre, et l’Australian Centre for Space Engineering Research (ACSER), de l’University of New South Wales, ou encore le Space Environment Research Centre (SERC), Geoscience Australia, le CSIRO…
Les secteurs d’opportunités pour l’Australie :
L’Australie se lance dans le développement d’une industrie spatiale dont trois domaines en particulier ont été identifiés :
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- les services dérivés du secteur spatial :
L’utilisation des données d’observation de la terre, des systèmes de positionnement, navigation et synchronisation, et des télécommunications par satellites devraient permettre de développer de nouvelles applications commerciales. L’Australie a de fortes compétences en analyse de données massives, utiles au développement de ces services qui peuvent être utilisés pour l’agriculture de précision, l’exploration minière, la gestion des ressources en eau, la télémédecine, la surveillance environnementale, la gestion d’urgence, la défense, le transport, la météorologie ou encore l’aviation…
- les services dérivés du secteur spatial :
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- le suivi d’objets spatiaux :
Avec la multiplication des équipements spatiaux, et la dépendance de nos économies sur les services qu’ils nous fournissent, leur suivi et leur surveillance devient un enjeu critique pour assurer la continuité des services et éviter les collisions. L’Australie a l’avantage stratégique de sa position dans l’hémisphère Sud, mais aussi de son bas niveau d’interférences lumineuses et radioélectriques qui attirent les collaborations internationales. Les technologies impliquées sont à base de radars, radiotélescopes, et de télémétrie laser. A long termes, les activités de suivi d’objets spatiaux devraient se compléter d’activités de retraits des débris par bras robotisés, filets, harpons ou ablation laser. Les utilisateurs des services de suivi d’objets incluent la défense, les agences gouvernementales et les entreprises de tourisme spatial, mais aussi les opérateurs de satellites qui s’intéressent à augmenter les capacités des équipements en orbite.
- le suivi d’objets spatiaux :
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- L’exploration et l’utilisation de l’espace :
Le Groupe International de Coordination de l’Exploration Spatiale (ISECG) qui rassemble des agences spatiales et des organisations de recherche pour échanger sur les intérêts et les plans des activités humaines d’exploration de l’espace, s’accorde sur l’expansion des explorations et activités humaines au-delà de l’orbite basse de la Terre, et sur la lune, qui offre une étape de choix avant Mars. Sur ce champ, l’Australie doit faire valoir ses forces dans les domaines de l’astronomie, l’extraction minière, la médecine, l’agriculture, ou la robotique. Ces domaines devraient permettre de développer les technologies nécessaires au développement de vaisseaux spatiaux, d’habitats, ou de systèmes autonomes, utilisés dans les missions spatiales.
- L’exploration et l’utilisation de l’espace :
Les catalyseurs de croissance :
Le succès de l’industrie spatiale australienne tient à la cohésion de sa croissance et à sa capacité d’innovation. Le rapport du CSIRO identifie les leviers catalyseurs de cette croissance qu’il classe en trois catégories : les infrastructures et capacités, l’écosystème d’affaires, et la recherche et développement.
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- Les infrastructures et capacités :
Le développement de supercalculateurs de haute performance, de stations au sol, d’infrastructures de communication, mais aussi d’équipements de lancement, de calibration et de validation des données sont indispensables pour assurer la croissance australienne dans le domaine spatial. Le pays doit également investir dans l’accès aux données satellites, et éventuellement concevoir et lancer ses propres satellites d’observation. Les capacités australiennes d’extraction minière et de fabrication de pointe devront également s’orienter vers les applications pour l’exploration spatiale. Enfin, des systèmes d’observation pour cartographier les ressources spatiales, et des installations de test pour les matériaux venus de la lune, de Mars ou d’astéroïdes pourraient être développés facilement en Australie.
- Les infrastructures et capacités :
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- L’écosystème d’affaires :
Les partenariats nationaux et internationaux, public et privé, ou industrie et recherche sont essentiels au développement des capacités spatiales australiennes, et avec eux, les modèles d’entreprises qui gèrent le partage d’équipements et de services. Le gouvernement fédéral a également un rôle important à jouer pour l’accès aux données, l’investissement dans des technologies innovantes, et en tant que consommateur de services. Enfin, le transfert des technologies, l’éducation et la formation doivent couvrir tous les domaines du spatial, avec des compétences très interdisciplinaires pour l’exploration et l’utilisation de l’espace.
- L’écosystème d’affaires :
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- La recherche et développement :
Les domaines de R&D à approfondir pour favoriser la croissance spatiale australienne sont nombreux : détecteurs et satellites, en particulier les détecteurs radars et optiques pour le suivi d’objets spatiaux, mais aussi traitement de données et plateformes d’analyse, sécurisation de données et de satellites, technologies de communication… Pour l’exploration spatiale, les domaines à développer concernent les technologies de lancement, de propulsion, de fabrication de pointe, mais aussi les technologies permettant la gestion à distance telle que la télémédecine et le développement de systèmes robotiques autonomes, ou enfin les solutions alimentaires et de construction d’habitats pour l’espace.
- La recherche et développement :
Le rapport du CSIRO vise une croissance du secteur spatial australien en lien étroit avec l’industrie, et le pays (le CSIRO en particulier) cherche à renforcer ses liens recherche-industrie, et à promouvoir le dynamisme et l’ambition d’un écosystème spatial émergeant, afin d’entrer sur le marché mondial, de créer de nouveaux emplois et de maintenir et développer des compétences scientifiques et technologiques reconnues et nécessaires pour le futur.
Le CSIRO a d’ailleurs annoncé en Novembre 2018 un investissement de 35 millions de dollars en R&D dans le domaine transdisciplinaire des technologies spatiales et de l’intelligence artificielle. Cet investissement se fera par l’une des 8 Plateformes Science du Futur (Future Science Platforms) qui ont pour objectif de mener des recherches dans les domaines d’opportunité stratégique pour l’Australie.