Enquête du sénat australien sur les relations franco-australiennes
Actualité
Australie
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Politiques de recherche, technologiques et universitaires
30 novembre 2020
Le sénat australien a mené une enquête sur les opportunités de renforcement de la relation entre l’Australie et la République de France, dans les domaines du commerce, de la sécurité et défense, de la coopération stratégique multilatérale, notamment sur la région Indopacifique, et du partage culturel et scientifique.
Ce rapport rappelle tout d’abord que cette relation entre nos deux pays est très dynamique depuis plusieurs années, avec un certain nombre de documents stratégiques de partenariat mis en place, définissant des champs d’intérêt commun pour la coopération bilatérale.
Les premiers chapitres de ce rapport sont consacrés aux opportunités commerciales, au renforcement de la coopération politique, de défense et de sécurité, et aux organisations intergouvernementales hébergées par la France. Un chapitre est consacré à la culture et à la science.
Economie et commerce
Sur le plan commercial et économique, de nombreux sujets d’intérêt peuvent être reliés à la recherche et l’innovation : les technologies de défense, les technologies spatiales, la mise en place d’infrastructures dans la région Indopacifique, les énergies renouvelables (hydrogène, éolien, solaire), et les minéraux critiques sont les exemples mis en lumière dans le rapport.
Défense
Les technologies de défense, dont le pilier central est le contrat pour la construction des sous-marins australiens par Naval Group, promettent des développements en recherche et développement avec la mise en place de la filière Naval Group Pacific. La France est également reconnue comme partenaire incontournable pour les technologies spatiales, et les domaines d’intérêt pour l’Australie sont la surveillance de la situation spatiale, la législation, et la médecine spatiale, mais aussi l’observation de la Terre, et les communications quantiques et optiques.
Energie
La transition énergétique est un domaine majeur pour la France et l’Australie, et ouvre de nouvelles opportunités pour les filières australiennes de minéraux critiques, afin que ces filières répondent aux standards européens environnementaux, sociaux et de gouvernance, mais aussi développent leurs capacités de traitement et de transformation des matériaux bruts. Dans le secteur très développé en Australie de l’industrie minière, des partenariats de recherche et innovation existent pour développer des solutions numériques adaptées aux entreprises minières et de production d’énergie australiennes. Enfin, dans le domaine des énergies renouvelables, l’Australie a l’espace et les conditions géopolitiques idéales pour tester les technologies, et la France, une expertise scientifique, de formation et d’entrepreneuriat dans le domaine. Les deux pays pourraient bénéficier de ces synergies dans le champ des technologies de production d’énergies renouvelables ou d’hydrogène, de stockage d’énergie, ou des systèmes d’intégration intelligents…
Axes régionaux
Sur le plan de la stratégie politique et de défense, le rapport souligne les dialogues et visites de haut niveau mis en place de façon régulière entre les deux pays, ainsi que l’intérêt commun de la France et l’Australie pour les régions Indopacifique, et l’Océan Austral.
Une approche concertée dans les relations à l’international, et la construction d’un axe Indopacifique font partie des discussions bilatérales. Une coopération à la fois politique et militaire devrait accélérer les collaborations et transferts de compétences sur les technologies duales, ce qui est le cas avec le partenariat sur les sous-marins (dans les domaines de l’hydrodynamique, les interactions fluide-structure, les radar, les systèmes autonomes…), et d’autres domaines pourraient en bénéficier, tels que les technologies spatiales ou la cyber sécurité.
La France et l’Australie entretiennent également de fortes coopérations de défense et sécurité, notamment maritimes, dans le Pacifique, l’Océan Indien et sur leurs territoires de l’Océan Austral. Dans ces régions, le partage de données, d’infrastructures, d’efforts logistiques, ainsi que les collaborations scientifiques (sur la pêche, l’étude du climat, la gestion environnementale…) jouent un rôle important dans la relation France-Australie.
Organisations intergouvernementales
Le rapport s’intéresse aussi aux organisations intergouvernementales hébergées en France, telles que l’OCDE ou l’UNESCO, qui ont une influence sur les politiques culturelles, d’éducation et de recherche, de réponse aux risques environnementaux, sur les nouvelles technologies ou sur les politiques énergétiques. D’autres organisations basées en France, telles que l’international Science Council, l’International Astronomical Union, ou l’International Water Council fournissent des opportunités de collaborations bilatérales, ou de promotion de l’expertise australienne.
Echanges culturels et scientifiques
Enfin, le rapport du comité a étudié l’histoire et la culture partagées entre la France et l’Australie, ainsi que ses relations concernant le tourisme, l’éducation et la recherche. Les initiatives d’échanges artistiques, culturels, de même que le tourisme participent à une meilleure compréhension les uns des autres, comme le démontrent le programme New Colombo Plan, Australia Now programmé en France en 2021, ou les activités des Alliances Françaises et des écoles bilingues. Des liens particulièrement forts se forment entre l’état d’Australie du Sud et la Bretagne, dans les domaines liés au programme des sous-marins, et de nombreuses opportunités de collaborations se dessinent dans la région Pacifique autour des arts, cultures et sciences sociales aborigènes et kanaks, mais aussi de la gestion des récifs coralliens, de l’environnement ou du climat.
Liens Industrie-Académie
Les collaborations franco-australiennes sur l’éducation et la recherche sont soutenues par la déclaration conjointe de partenariat stratégique rehaussé (2017) qui encourage échanges, collaborations et création de réseaux scientifiques. Les opportunités de renforcer les liens industries-académie ont été soulignées, avec l’exemple du programme Nicolas Baudin actif depuis quelques années, ou l’international Research Laboratory CROSSING, qui proposent des stages, des curriculums conjoints ou des collaborations en partenariat avec des organismes de recherche français, des universités australiennes, et un partenaire industriel. Le modèle français des thèses CIFRE pourrait être exporté en Australie afin de renforcer ces liens industrie-académie.
Financement des collaborations
Côté recherche, la relation franco-australienne est très dynamique, en particulier dans les domaines de l’énergie, la santé, l’espace, l’agriculture, et l’environnement, notamment la biodiversité marine. Cette relation est soutenue par les nombreux accords et MoU existants entre organismes de recherche français et australiens, mais aussi par le programme PHC FASIC, qui aide à l’initiation et au renforcement des collaborations. Des financements spécifiques australiens pourraient être mise en place pour favoriser les collaborations et les échanges avec la France, notamment avec les territoires français du Pacifique, ou avec l’Europe, par le co-financement de programmes européens. Les structures de recherche conjointes sont également un outil crucial des collaborations scientifiques. De telles structures ont été mises en place en Australie avec le CNRS, l’INSERM, et en France avec le CSIRO.
Les recommandations
Les recommandations politiques, de défense et de sécurité du rapport du sénat sont tournées vers une meilleure coopération régionale à la fois dans le Pacifique, dans l’Océan Indien et dans l’Océan Austral. Concernant les recommandations sur le plan économique, le dialogue doit se poursuivre notamment sur l’industrie spatiale, les minéraux critiques, l’industrie minière et la transition énergétique, mais aussi sur les technologies financières. Enfin, les recommandations relatives à l’éducation et la recherche proposent de soutenir les échanges étudiants entre la France et l’Australie dans les domaines d’intérêt commun, ainsi que les thèses industrielles en cotutelle avec des entreprises françaises.