Destination hydrogène : Le plan de transition de l’Australie pour réduire ses émissions

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30 novembre 2020

La première déclaration australienne sur les technologies à faibles émissions a été publiée le mardi 22 septembre 2020 par le ministre fédéral de l’énergie Angus Taylor. Cette déclaration est le premier jalon annuel du dispositif prévu par la feuille de route technologique pour guider des investissements.

Alors que la feuille de route est une stratégie à long terme visant à accélérer le développement et la commercialisation de technologies nouvelles et émergentes à faibles émissions, les déclarations articuleront chaque année les priorités du gouvernement en matière d’investissements technologiques et les progrès réalisés dans ce sens. Ce dispositif présente les ambitions du gouvernement pour :

  • Préserver et créer des emplois, saisir de nouvelles opportunités et revitaliser l’économie australienne à l’échelle régionale
  • Réduire les dépenses des ménages grâce à une énergie abondante, propre et peu coûteuse
  • Renforcer la compétitivité en tirant parti des avantages comparatifs de l’Australie
  • Attirer et retenir les meilleurs cerveaux dans la recherche prioritaire sur les technologies à faibles émissions

Cinq technologies prioritaires

Explorant les grands défis et opportunités technologiques de l’Australie, la déclaration liste les cinq domaines-cibles des futurs investissements publics : l’hydrogène propre, le stockage de l’énergie, l’acier et l’aluminium à faible bilan carbone, la capture et stockage du carbone et le stockage du carbone dans le sol. Pour ces cinq priorités, des objectifs chiffrés ont été fixés (par rapport aux coûts actuels des technologies actuelles) :

1- Hydrogène propre à moins de 2 AU$/kg
2- Stockage de l’énergie à moins de 100 AU$/MWh
3- Matériaux à faible bilan carbone : acier à faible émission de carbone (moins de 900 $AU/t) et aluminium à faible émission de carbone (moins de 2 700 $AU/t)
4- Captage et stockage du carbone (CSC) à moins de 20 $AU/tCO₂
5- Mesure du carbone dans le sol à moins de 3 $AU par hectare et par an.

Pour atteindre ces objectifs, un déploiement à grande échelle (commercialisation) de ces nouvelles technologies est nécessaire pour réduire les coûts, partie pour laquelle le gouvernement compte sur le secteur privé. Pour gagner la confiance des investisseurs, le rôle du gouvernement est de montrer une vision claire et un soutien institutionnel fort sur le long terme (par le biais des institutions gouvernementales existantes, ARENA, CEFC, CER), de supprimer les obstacles réglementaires et de réaliser des investissements publics ciblés (formation, soutien à la commercialisation, projets de démonstration et R&D). A titre d’exemple, depuis 2014-15, 10 milliards de dollars australiens ont déjà été investis dans l’énergie solaire, l’énergie éolienne et l’efficacité énergétique. Le gouvernement prévoit d’investir plus de 18 milliards de dollars australiens dans les technologies à faibles émissions d’ici 2030, et entre 50 et 100 milliards de dollars australiens en impliquant le secteur privé.

Destination : hydrogène

Une série d’actions peuvent stimuler la croissance de l’industrie dans le domaine de l’hydrogène : l’encouragement des pôles de compétitivité sur dédiés, le développement de chaînes d’approvisionnement internationales, continuer la recherche et les investissements dans les technologies de production éprouvées et/ou émergentes, ainsi que les mesures d’incitation nationales pour créer une demande d’hydrogène.

Le nouveau programme d’investissement de 1,9 milliard de dollars australiens du gouvernement dans les nouvelles technologies énergétiques comprend de nouveaux engagements qui soutiendront l’hydrogène, notamment 1,6 milliard de dollars australiens de nouveaux fonds pour l’ARENA (l’agence australienne des énergies renouvelables), 74,5 millions de dollars australiens pour le programme Future Fuels et 70,2 millions de dollars australiens pour démarrer des pôles régionaux pour l’exportation d’hydrogène. Ces mesures s’ajouteront aux plus de 500 millions de dollars australiens engagés par le gouvernement dans les projets relatifs à l’hydrogène depuis le lancement de la Stratégie Nationale Hydrogène australienne en 2019.

Les partenariats internationaux seront soutenus, y compris l’accès aux marchés mondiaux et à des chaînes d’approvisionnement plus compétitives. Le gouvernement accordera également la priorité aux partenariats qui se concentrent sur les défis cruciaux de la recherche, du développement et du déploiement des secteurs économiquement les plus importants et difficiles.

Contexte international

Ces plans sont publiés alors que de nombreux pays (dont la France) annoncent des plans ambitieux en matière d’hydrogène : l’Europe a récemment publié sa stratégie (A hydrogen strategy for a climate-neutral Europe, Commission européenne, 2020) pour optimiser la contribution de l’hydrogène à la transition énergétique, avec des partenaires forts pour combler le fossé entre recherche et commercialisation, comme le Fuel Cells and Hydrogen Joint Undertaking (FCH JU)

Le FCH JU est un partenariat public-privé (PPP) entre deux membres, l’Union européenne, représentée par la Commission européenne, et Hydrogen Europe (une association européenne de plus de 160 entreprises industrielles, 83 organismes de recherche et 21 associations nationales), qui soutient les activités de recherche, de développement technologique et de démonstration dans le domaine des technologies énergétiques des piles à combustible et de l’hydrogène en Europe. Son objectif est d’accélérer l’introduction de ces technologies sur le marché afin de permettre une économie durable axée sur l’hydrogène.

Ce modèle de partenariat public-privé est repris par les Australiens qui viennent de monter un nouveau partenariat entre l’Université de Nouvelle Galles du Sud (UNSW) et Providence Asset Group (PAG) pour la création d’un centre de recherche sur les technologies de l’hydrogène, afin de favoriser la conversion des résultats de la recherche universitaire en produits commerciaux. Ce Centre combinera l’expertise de l’université avec un laboratoire de R&D, de prototypage, et de test, des infrastructures de fabrication à petite échelle, de certification et de validation des procédés industriels, ainsi qu’un centre d’expérimentation et de formation du personnel, accessible à tous les acteurs (investisseurs, clients, partenaires et chercheurs).

Pour l’Australie, la prochaine étape clé avant la COP26 sera la publication de sa stratégie de réduction des émissions à long terme axée sur la technologie.

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