Cadre de discussion pour l’investissement australien sur les technologies

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Australie | Politiques de recherche, technologiques et universitaires | Science de la terre, de l’univers et de l’environnement : énergie, transports, espace, environnement
26 juin 2020

Suite à la crise des feux de forêt de l’été australien 2019-2020 qui a suscité de nombreuses critiques sur le manque d’ambition de la politique climatique australienne, le gouvernement a publié un cadre de discussion pour mettre en place une feuille de route de l’investissement australien sur les technologies. Cette feuille de route a pour ambition à la fois d’accélérer le développement des technologies de basses émissions de gaz à effet de serre, mais aussi de renforcer l’économie du pays et de soutenir les emplois.

Les contributions, réceptionnées jusqu’au 21 juin, de la part des industries, de la société et des experts australiens, devront permettre d’établir une première Déclaration pour les Technologies de Basses Emissions (Low Emissions Technology Statement) qui fixera des objectifs afin de guider les investissements technologiques et de nourrir la Stratégie de Réduction d’Emissions à Long Terme (long term emissions reduction strategy).

Ce cadre de discussion établit surtout une méthodologie permettant le développement, l’adoption et le déploiement de technologies spécifiques identifiées comme avantageuses pour le pays suite à la crise engendrée par le Covid-19. Plus de 140 technologies nouvelles et émergeantes ont été étudiées dans les domaines de la production électrique, des procédés industriels, des équipements miniers et industriels, des matières premières, des transports, du bâtiment, de la capture du carbone, de l’agriculture et des déchets.

  • Zoom sur les technologies de basses émissions selon 6 axes majeurs
    • La production électrique :
      L’Australie a l’un des taux de production d’électricité solaire et éolienne les plus hauts du monde par habitant, et développe actuellement de grands projets de pompage-turbinage hydroélectriques. L’expertise du pays concernant les technologies de réseau intelligent, d’intégration des énergies renouvelables, et de panneaux solaires, devrait pouvoir s’exporter dans la région Asie-Pacifique. Cependant, la production de gaz en complément des énergies renouvelables, les solutions de stockage de l’énergie de grande envergure pour assurer la stabilité de l’approvisionnement, et les technologies augmentant l’efficacité des réseaux de distribution et des générateurs existants (au gaz, charbon et hydro), semblent indispensables pour assurer à la fois la fiabilité de la production, la réduction des émissions, et surtout le maintien de prix bas. L’étendue et la faible densité de population de certaines régions australiennes ont permis le développement de compétences sur les générateurs autonomes, couplant énergie renouvelable et fossiles, et les mini-réseaux de distribution. A moyen terme, les technologies nucléaires pourraient également se développer, en fonction des défis environnementaux et d’acceptabilité sociale qu’elles présenteront.
    • Les procédés industriels
      Une combinaison de technologies utilisant l’électricité, optimisant l’efficacité énergétique, ou implémentant la séquestration du carbone, devrait répondre et s’adapter aux différents besoins industriels. A plus long terme et avec le développement de capacités de stockage assurant leur stabilité, les énergies renouvelables pourraient alimenter les industries australiennes les plus gourmandes. En particulier, les technologies pour les procédés de chauffage industriels à haute température avec des énergies renouvelables (concentration thermique solaire par exemple) semblent prometteuses. Le secteur de l’industrie minière australienne, fournisseur important de gaz naturel et des minerais critiques du monde, pourrait réduire ses émissions par géo-séquestration du carbone. Le projet d’injection de dioxyde de carbone de Gorgon, en Australie Occidentale devrait permettre au pays de développer une expertise dans le domaine.
    • Le secteur du bâtiment
      Le secteur du bâtiment voit émerger de nombreuses technologies à fort potentiel de réduction d’émission et de coût, telles que pompes à chaleur, climatiseurs à cycle inversé, ou numérisation des services des bâtiments, pour lesquelles il faut définir la stratégie de déploiement et qui se fera sur la base d’incitations fiscales.
    • Le secteur des transports
      Les réductions d’émissions dans le secteur des transports devraient être possibles avec les voitures hybrides, les carburants alternatifs et les véhicules électriques, mais seulement à moyen terme en raison de la maturité de leurs technologies, du temps nécessaire pour le remplacement du parc automobile (autour de 10 ans), et des infrastructures à mettre en place. Batteries électriques et piles à combustibles devraient se développer pour répondre à des besoins spécifiques, industriels ou particuliers. Dans ce domaine, l’Australie a des compétences sur certains composants qui devraient s’intégrer dans les chaînes d’approvisionnement mondiales.
    • Le secteur agricole
      Les possibilités de réduction des émissions dans le secteur agricole résident dans le stockage du carbone dans les sols, la végétation, ou les matériaux de construction. Les technologies de surveillance à distance devraient permettre une meilleure gestion du potentiel environnemental du stockage du carbone, gestion financée par les mécanismes d’incitation australiens (Emissions Reduction Fund et Climate Solutions Fund).
    • La gestion des déchets
      Enfin, les technologies de production énergétique à partir des déchets, très développées en Europe, aux Etats-Unis et en Asie, pourraient trouver leur place en Australie, ainsi que les technologies de recyclage des déchets, en particulier plastiques.
  • Tendances mondiales

Alors que le monde entier se tourne vers des énergies propres, flexibles et fiables, l’Australie a un rôle à jouer dans la réduction des émissions liées à la production d’énergie dans le monde, étant un exportateur majeur de gaz naturel, de charbon, et d’uranium, et ayant également un large potentiel pour l’électricité renouvelable et la production d’hydrogène.

Le pays planifie une stratégie nationale pour la production et l’export d’hydrogène, pour laquelle rationaliser la réglementation, ouvrir les marchés internationaux et attirer les investissements commerciaux sont de premières étapes à accomplir dès aujourd’hui. L’Australie doit positionner son expertise et sa technologie dans ce secteur sur la scène mondiale. L’excès de production électrique par énergie solaire ou éolienne pourrait également être stockée sous forme d’hydrogène et réutilisée dans le réseau électrique à moyen terme, si des investissements sur les infrastructures du réseau sont mis en place.

L’Australie prévoit également que la demande de gaz naturel devrait augmenter dans les pays d’Asie-Pacifique, puisque le gaz réduit de 10% les émissions de gaz à effet de serre par rapport aux énergies fossiles, et le pays se prépare à plus que doubler sa production pour l’export, mais aussi pour la consommation domestique où le gaz jouera le rôle de complément aux énergies renouvelables pour la production d’électricité.

L’appel à contributions du gouvernement australien questionne en particulier les obstacles, tendances et avantages compétitifs de l’Australie sur les technologies mises en avant dans ce rapport, mais aussi leur capacité de développement à grande échelle, leurs enjeux plus vaste incluant infrastructures, compétences, ou régulations, et enfin la possibilité pour l’Australie d’exporter ses technologies de basses émissions sur le marché mondial. Le gouvernement australien souligne avec ce rapport, la nécessité de maintenir une économie forte, à l’heure où le monde est frappé par la crise du Covid-19, et la priorité est largement donnée à l’hydrogène et au gaz naturel pour l’exportation, à l’installation de grandes batteries stockant la production des énergies renouvelables, et aux véhicules électriques. La position australienne est, certes, de réduire les émissions via la technologie, mais sans engendrer une augmentation du prix de l’énergie.

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