Mon petit doigt m’a dit : un dé plutôt qu’une oreille

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Argentine | Biologie : médecine, santé, pharmacie, biotechnologie
7 octobre 2016

Un ingénieur argentin invente un « dé » pour permettre aux sourds de percevoir les sons.

Luis Campos est ingénieur électronique (diplômé de l’Université Technologique Nationale). Il travaille au sein du Centre Argentin de Moyens Alternatifs de Communication (CAMAC) qu’il a créée en 1991 et qui est, depuis 1996, une association civile dédiée à la recherche, à la conception et au développement de technologies à bas coûts pour les personnes ayant un handicap physique, sensoriel et/ou mental. Il se consacre depuis plusieurs dizaines d’années à concevoir des mécanismes et outils technologiques à destination des personnes handicapées.
Il a en particulier créé Sevitac (Système de stimulation bio-tactile digital), un appareil auditif non conventionnel qui génère un stimulus équivalent à celui émis lors de la perception d’un son, mais sans l’intermédiaire de l’organe d’audition commun : l’oreille. Ce dispositif permet aux personnes souffrant d’hypo-acoustique profonde ou de surdité de percevoir leur environnement sonore. Pour le mettre au point, Luis Campo s’est inspiré du système braille dont il a appliqué le principe à la perception auditive.

Le matériel associé à cette technologie se compose : d’un microphone (placé à 15 cm de la bouche, il capte tous les sons dans un rayon de 4 m en mettant l’accent sur la fréquence correspondant à la voix humaine), relié par un câble à un décodeur (de la taille d’une boîte d’allumettes), lui-même relié par un autre câble au qui s’enfile sur l’index et génère des vibrations correspondant aux sons perçus par le microphone.

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Fonctionnement de Sevitac - Crédits : Luis Campos

Les vibrations transmises par le dé au doigt sont une amplification des vibrations sonores perçues par le microphone. Elles constituent un message nerveux envoyé, via les nerfs somato-sensoriels, au cerveau qui traite ce stimulus et décode le contenu associé (information sonore). Luis Campos a étudié le fonctionnement du dispositif au niveau cérébral à l’Institut de Neurosciences de Guadalajara (Mexique) où il est professeur invité.

En Argentine, 29 personnes utilisent pour l’instant cet appareil non invasif, qui, après une période d’adaptation, leur confère une plus grande indépendance. Aux dires d’une utilisatrice, la clarté des sons (contrairement à nombre d’appareils auditifs) est un des atouts de ce système.
Sevitac est un outil technologique qui demeure abordable (45.000 pesos soit 2.700€ environ) en comparaison de la pause d’un implant (70.000 pesos soit environ 4.200€). Et, à la différence des implants, il est compatible avec tous types de surdité. L’inventeur travaille de façon individualisée pour adapter l’outil aux spécificités de chacun. L’Argentine compte quelques 70.000 sourds et 380.000 personnes souffrant de problèmes auditifs.

Pour plus d’informations :

Sources :

Rédactrice : Marie Salvan, marie.salvan[at]diplomatie.gouv.fr