Transformer les déchets organiques ménagers en gaz naturel : visite du site berlinois de production de biogaz
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Allemagne
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Chimie du végétal
24 mars 2016
La société de collecte des déchets de Berlin (BSR) a construit sur son site de Ruhleben une installation de collecte et de valorisation des déchets organiques ménagers. Celle-ci permet de produire du biogaz qui alimente (virtuellement) la flotte de bennes à ordures de la ville.
La ville de Berlin a mis en place la collecte des déchets organiques ménagers (c’est-à-dire provenant des foyers, les industries et commerces ayant d’autres circuits) au cours des années 1990. Ceux-ci ont dans un premier temps servis au compostage avant le lancement en 2013 d’un méthaniseur urbain. Ce dernier digère en moyenne 75 000 tonnes de biodéchets par an pour une production d’environ 40 GWh de biogaz. Ce gaz est injecté dans le réseau de la ville après un nettoyage (retrait du CO2 et désulfuration) permettant d’augmenter sa concentration en méthane (près de 97%) et une odorisation (pour des raisons de sécurité d’usage). Il est ensuite virtuellement utilisé par la flotte de bennes à ordures de la BSR roulant au gaz naturel [1], la flotte existante ayant été renouvelée dans le cadre de ce projet. La production suffit à couvrir les besoins annuels de 150 de ces véhicules (sur un total de 300).
Par ailleurs, la BSR a obtenu une autorisation d’épandage pour ses reliquats de digestion (liquides et solides) qui sont récupérés et utilisés comme engrais par des agriculteurs locaux : la BSR achemine et fournit gratuitement les engrais aux exploitants tandis que ceux-ci s’engagent à les stocker (environ 50 000 tonnes/an).
Le projet a été financé intégralement par la BSR, les coûts ayant été intégrés dans la taxe de collecte des déchets communaux. Des certificats "verts" sont vendus à des compagnies pétrolières pour leur permettre de remplir leurs quotas d’incorporation de biocarburant imposés par la réglementation allemande. L’installation n’est cependant pas intégrée dans le marché européen du carbone EU ETS et ne vend pas de certificat carbone du fait de prix à la tonne trop faible pour que cette activité puisse apporter un réel bénéfice (le potentiel de réduction d’émission de l’installation est estimé à 12 000 tonnes de CO2-équivalent).
[1] Il est en effet impossible après injection dans le réseau de discerner le biogaz du gaz naturel qui sont en tout point identiques d’un point de vue de la composition chimique.
Source : Visite de l’installation par le rédacteur (Berlin, le 16/03/2016).
Rédacteur : Sean Vavasseur, sean.vavasseur[at]diplomatie.gouv.fr – www.science-allemagne.fr