[Focus] Compte-rendu du congrès "Hauptstadt Kongress Medizin und Gesundheit"

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Allemagne | Biologie : médecine, santé, pharmacie, biotechnologie | Big Data | Médecine individualisée
10 juillet 2015

Le "Hauptstadt Kongress Medizin und Gesundheit" (congrès de la capitale – médecine et santé) est un congrès réunissant chaque année à Berlin 8000 acteurs allemands du secteur de la santé (responsables politiques en charge de la santé, représentants du corps médical, infirmiers, directeurs de cliniques, d’entreprises et de fédérations du secteur de la santé). La 18ème édition de ce congrès s’est tenue du 10 au 12 juin 2015. Plus de 500 intervenants ont discuté, au cours de 180 sessions, des développements actuels et futurs de toutes les branches du système de santé allemand. Le thème central de cette édition était la numérisation de la santé.

Le "Hauptstadt Kongress Medizin und Gesundheit" aborde les questions actuelles qui touchent à toutes les professions de la santé, à travers quatre sessions parallèles : le forum "Politique de santé", le "congrès Hôpitaux, cliniques, réhabilitation", le "congrès allemand des soins", et le "forum allemand des médecins". Le congrès comporte également un salon avec environ 180 exposants (industriels, universités, fédérations, représentations des länder…).

Le forum "Politique de santé" a joué un rôle central dans cet événement. Comme l’a rappelé le président du congrès Ulf Finker dans son discours d’ouverture, aucun gouvernement n’a mis en œuvre autant de mesures législatives dans le domaine de la santé que le gouvernement actuel, avec notamment :

  • la loi sur la structure des hôpitaux ("Krankenhausstrukturgesetz" – KHSG – adoptée en conseils des ministres fédéraux le 10 juin 2015),
  • la loi sur le renforcement des soins dans les caisses d’assurance maladie ("GKV-Versorgungsstärkungsgesetz" - deuxième lecture au Bundestag le 11 juin 2015),
  • la loi sur la e-santé ("E-Health-Gesetz" – adoptée en conseil des ministres fédéraux le 27 mai 2015),
  • la loi sur la prévention ("Präventionsgesetz" – PrävG – adoptée au Bundestag le 18 juin 2015),
  • la première loi sur le renforcement des soins infirmiers ("Erstes Pflegestärkungsgesetz" - PSG I – entrée en vigueur le 1er janvier 2015).

Le congrès "Hôpitaux, cliniques, réhabilitation" portait principalement sur les changements que les hôpitaux doivent mettre en œuvre en raison de la situation économique, dont la numérisation des processus médicaux.

Le "congrès allemand des soins" permettait le dialogue entre le personnel soignant et les autres acteurs du système de santé (médecins, directeurs d’hôpitaux et d’institutions, politiques, caisses d’assurance maladie et économistes), et abordait entre autre les conséquences de la première loi sur le renforcement des soins infirmiers.

Le "forum allemand des médecins" avait pour sujet principal les nouvelles formes d’organisation des soins médicaux. Différents thèmes ont été abordés, depuis les maladies chroniques jusqu’à la simulation médicale en passant par le Big Data.

Discours du ministre de la santé Hermann Gröhe

Lors de l’ouverture de l’événement, le Ministre fédéral allemand de la santé Hermann Gröhe a rappelé les grands défis du secteur de la santé allemand.

Selon le ministre, trois tendances touchent particulièrement le secteur de la santé :

  • le vieillissement de la population et le développement des maladies liées à l’âge qui l’accompagne ;
  • la numérisation du travail (nouveaux moyens de communications, Big Data,…) qui touche également le secteur de la santé, et permet le développement de nouveaux diagnostics et techniques biomédicales, avec notamment l’émergence de la médecine personnalisée ;
  • des avancées en matière de recherche (sur le cancer, le diabète,…) permettant de meilleurs traitements et mesures de prévention.

Le ministre a particulièrement insisté sur l’aspect de la numérisation du système de santé : il a présenté le système de santé allemand comme étant encore analogue à l’heure du numérique. Il existerait en effet un réel problème de connectivité, empêchant le partage de données. La loi sur la e-santé devrait y remédier, en créant une infrastructure sûre et en rendant disponible les données utiles en cas d’urgence. Un test de fonctionnement d’un nouveau réseau de données entre 1000 cabinets médicaux, caisses d’assurance maladie, pharmacies et hôpitaux, doit commencer en novembre 2015. De plus, l’introduction de la carte de santé électronique (eGK), et de son futur "Medikationsplan" (document recensant l’ensemble des médicaments prescrits) doit permettre une utilisation plus sûre des médicaments.

Hermann Gröhe a également évoqué les questions éthiques que posent les progrès techniques, notamment en médecine palliative, la place centrale qui doit être accordée aux patients, et la dimension internationale de la santé, les maladies et thérapies ne connaissant pas de frontières.

Thématique centrale : la numérisation du secteur de la santé

Le thème clé de cette édition du congrès était indéniablement la santé numérique. Outre dans le discours du Ministre de la santé, ce sujet a été abordé dans la présentation de Gunter Dueck en ouverture du congrès, et a fait l’objet de nombreuses sessions au sein des quatre forums thématiques. De plus, le "eHealth Summit Germany" (sommet allemand sur la e-santé) sur la numérisation de la médecine s’est déroulé pour la première fois dans le cadre du congrès.

Lors de la session "Le futur de la numérisation de la médecine" dans le cadre du Forum sur la politique de santé, les intervenants ont abordé les différents progrès apportés par les TIC dans le secteur de la santé :

  • développement de dispositifs médicaux innovants ;
  • mise à disposition et analyse de nombreuses données (du patient lui-même, de nombreux patients dans le monde, d’essais cliniques,…) permettant de développer de meilleures stratégies de traitement et des thérapies ciblées ;
  • rôle accru des patients : utilisation d’internet comme source d’informations sur les maladies, recueil de données de santé par les patients eux-mêmes (grâce notamment au développement de nombreuses applications médicales pour smartphone) ;
  • développement de la télémédecine ;
  • utilisation plus sûre des médicaments grâce au futur "Medikationsplan"
  • communication en réseau entre le patient et son médecin, et entre médecins ;
  • gain de temps et d’efficacité grâce aux dossiers électroniques dans les hôpitaux.

Développement de la médecine personnalisée et de la recherche translationnelle

Une autre thématique importante, liée au développement des technologies numériques, est la médecine personnalisée : celle-ci consiste à traiter chaque patient de façon individualisée en fonction de ses spécificités génétiques, biologiques, mais également en tenant compte de son environnement, son mode de vie, etc. La société allemande Molecular Health, spécialisée dans la médecine individualisée en particulier pour le cancer, était présente sur le salon. Un de ses représentants a exposé la révolution apportée par l’analyse génétique dans le traitement du cancer. En effet, les cancers sont désormais classifiés de manière génétique et non uniquement morphologique, ce qui permettra de les diagnostiquer plus tôt, voire de les éviter. La médecine personnalisée a également fait l’objet de plusieurs présentations lors des forums spécialisés.

La médecine translationnelle a été abordée lors d’une session du Forum des médecins. Celle-ci fait le lien entre la recherche fondamentale et la recherche clinique : elle s’efforce de traduire les résultats de recherche biomédicale en applications cliniques, et à l’inverse de transférer les observations cliniques à la recherche fondamentale. Elle est donc fortement liée aux thématiques de transfert technologique et de partenariats public/privé. C’est un domaine transdisciplinaire, impliquant les hôpitaux universitaires, les institutions de recherche extra-universitaire, l’industrie pharmaceutique, les entreprises de biotechnologie, et les agences de financement de la recherche. Les intervenants ont donné plusieurs exemples de recherche translationnelle en Allemagne :

  • le campus de recherche STIMULATE, partenariat entre l’Université Otto-von-Guericke de Magdebourg, Siemens AG Healthcare et l’association STIMULATE, financé dans le cadre de l’initiative "Forschungscampus – öffentlich-private Partnerschaft für Innovationen“ ("Campus de recherche – partenariat public-privé pour l’innovation") du Ministère fédéral de l’enseignement et de la recherche (BMBF) ;
  • le Centre de traitement oncologique (NCT) de Heidelberg (Bade-Wurtemberg), dont les activités de recherche translationnelle sont tournées vers le développement d’une médecine individualisée du cancer. Ce centre comprend un laboratoire sur les immunothérapies, commun à Bayer Healthcare et au Centre allemand de recherche sur le cancer (DKFZ)

Une perspective également internationale

Bien que le congrès soit centré sur le paysage allemand de la santé, des questions internationales ont également été abordées : la coopération sino-germanique dans les systèmes de santé au regard du changement démographique, et la résistance aux antibiotiques en tant que défi mondial.

Plus d’informations :

Source : Présence de la rédactrice à la conférence, le 10/06/2015 à Berlin

Rédacteur : Rébecca Grojsman, rebecca.grojsman chez diplomatie.gouv.fr – www.science-allemagne.fr