Conférence de M. Ahmed Djoghlaf à Potsdam sur la COP21

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Allemagne | Science de la terre, de l’univers et de l’environnement : énergie, transports, espace, environnement
23 septembre 2015

M. Ahmed Djoghlaf, co-président du comité de négociation de la COP21, était le 8 septembre 2015 à l’Institut des études avancées en développement durable (IASS) de Potsdam (Brandebourg), à l’invitation de M. Klaus Töpfer, directeur de l’IASS. Ce dernier a introduit le parcours de M. Djoghlaf en rappelant leurs années de travail commun au sein du Programme des nations unies pour l’environnement (PNUE) ainsi que son ancien poste en tant que secrétaire exécutif de la Convention sur la diversité biologique (CDB) des Nations Unies.

M. Djoghlaf est revenu sur les avancées des négociations diplomatiques au cours des vingt dernières années. Il a rappelé qu’en vingt ans, la structure des émissions de CO2 a été bouleversée avec une augmentation du poids des pays émergents. Ce changement de paradigme a influencé l’orientation des dernières COP. L’une des évolutions a été de remettre la protection de l’homme au centre des négociations : la protection de la nature a été de plus en plus justifiée par l’impact ravageur que peut avoir le réchauffement climatique sur les activités humaines. Il a ainsi cité les conflits au Mali et au Soudan du sud comme des exemples de "guerres climatiques". Dans l’optique de donner une image positive de la lutte contre le réchauffement climatique, la convention sur la biodiversité et la valorisation des ressources génétiques locales a été pensée comme un moyen d’apporter des revenus aux communautés locales pour la protection de leur environnement.

Sur le plan des négociations en elles-mêmes, M. Djoghlaf a rappelé que l’absence de délai précis lors de la COP16 à Copenhague avait été l’une des raisons de l’échec de discussions qui ont trainé en longueur. Lors de la COP21, un délai sera stipulé pour éviter un tel débordement. Un autre changement d’approche, est la mise en place des contributions volontaires des Etats (INDC, de l’anglais Intended Nationally Determined Contributions) qui se sont substituées à une approche où les négociations cherchaient à mettre en place par le haut des quotas pour les différents Etats. Ce changement de philosophie a déjà permis de rassembler les INDC de 95% des pays industrialisés (pays dits de "l’annexe I"). D’autres pays émergents et en développement se sont engagés à publier les leurs (certains l’ont déjà fait). Cependant les plus grands émetteurs de CO2 ont déjà proposé leurs contributions (Chine, Etats-Unis, Union Européenne). Enfin, pour s’assurer que les Etats-Unis puissent s’engager sans l’aval du congrès américain hostile aux négociations climatiques, le terme de "protocole" ne devrait pas être employé et seul un "accord" international devrait être signé.

Le financement de l’adaptation climatique a été abordé dans les questions du public. M. Djoghlaf estime que l’objectif des 100 milliards d’euros devrait être atteint : le marché africain des énergies renouvelables étant en plein boom, cela devrait renforcer les flux d’investissements dans ce secteur en provenance du nord. Le règlement de cette question devrait faciliter l’avancée des discussions sur d’autres sujets et instaurer un climat de confiance entre les parties. A une remarque sur l’échec du multilatéralisme, M. Djoghlaf a rappelé que les récentes évolutions montrent que l’approche "bottom-up" des INDC a permis de faire avancer les négociations dans une direction qui permet d’espérer la signature d’un accord en décembre.

Plus d’informations :

Source : Présence du rédacteur à la conférence (Potsdam, 08/09/2015).

Rédacteur : Sean Vavasseur, sean.vavasseur[at]diplomatie.gouv.fr – www.science-allemagne.fr