Lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme : l’engagement de la France

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Malgré des progrès considérables réalisés dans la lutte contre le sida, le paludisme et la tuberculose, les défis à relever restent considérables : ces maladies tuent encore près de 2,5 millions de personnes chaque année. Par son rôle historique en faveur de la santé mondiale et son expertise, la France contribue activement aux structures de financement multilatérales pour la réalisation de l’Objectif de développement durable n°3 pour 2030 et de vaincre ces pandémies.

Les avancées dans le combat contre ces maladies ont été menacées pendant la pandémie de la Covid-19. A ces perturbations s’ajoutent des difficultés d’accès aux services de santé, un accroissement des violations des droits humains et une hausse des violences liées au genre. Par exemple, dans certains pays parmi les plus touchés, on estime probable que le nombre de décès supplémentaires du paludisme soit supérieur à celui engendré par la Covid-19.

Face à la pandémie, le Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme, Unitaid et Gavi, l’Alliance du Vaccin, se sont mobilisés et ont su maintenir leurs actions ou en développer de nouvelles pour répondre à l’urgence sanitaire mondiale.

Lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme : où en est-on ?

La mobilisation de la communauté internationale, notamment depuis la création du Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme en 2002, a permis d’accomplir d’immenses progrès contre les grandes pandémies, et de se rapprocher de l’objectif d’élimination d’ici 2030 (ODD3). La pauvreté, la faiblesse des systèmes de santé, les inégalités de genre, la stigmatisation et les violations des droits humains comptent parmi les principales causes des problèmes d’accès aux outils de prévention, de dépistage et de soin. En parallèle, l’expansion des résistances aux traitements et insecticides menace de plus en plus les avancées réalisées ces 10 dernières années.

La crise de la Covid-19 a rappelé la fragilité des progrès réalisés ces deux dernières décennies, avec une importante baisse de l’accès aux diagnostics, aux traitements et aux soins, et à la prévention pour les trois pandémies. La recrudescence des grandes pandémies est aujourd’hui un risque avéré. L’augmentation des financements internationaux et domestiques dédiés à la santé est nécessaire pour préserver, pérenniser et approfondir les avancées de ces deux dernières décennies.

VIH/sida

Si la mortalité liée au sida a été divisée par 3 depuis 2004, le virus continue de coûter la vie à une personne toutes les minutes et tue plus de 630 000 personnes par an. En 2022, 39 millions de personnes vivaient avec le VIH. En 2022, les adolescentes et jeunes femmes représentaient 44 % des nouvelles contaminations au VIH/sida et, plus précisément, 62 % des nouvelles infections en Afrique subsaharienne en 2023.

La pandémie de la Covid-19 a par ailleurs fortement perturbé la riposte au VIH/sida : en 2020, le nombre de personnes bénéficiant des programmes de prévention du VIH/sida a baissé de 11 %, et le nombre de personnes testées a baissé de 22 %.

Tuberculose

Malgré une baisse de 54 % du taux de mortalité depuis 2002, la tuberculose est redevenue, après trois années de pandémie de Covid-19, la maladie infectieuse la plus meurtrière au monde. En 2023, cette maladie a provoqué 10,8 millions de nouveaux cas diagnostiqués et tué 1,25 million de personnes, principalement parmi les populations les plus fragiles. Selon l’OMS, la tuberculose multi-résistante (MDR-TB) est l’une des principales menaces pour la sécurité sanitaire mondiale. Seules deux personnes atteintes de tuberculose pharmaco-résistante sur cinq environ ont eu accès au traitement en 2023.

Paludisme

Si des progrès importants ont été obtenus, avec un taux de mortalité en baisse de 47 % entre 2002 et 2020, les résultats stagnent depuis lors. La Covid-19 a en outre exacerbé cette tendance, tandis que le changement climatique, les résistances aux insecticides et aux médicaments ont un impact grandissant. En 2022, 249 millions de nouvelles infections ont été diagnostiquées, contre 247 millions l’année précédente et, cet année-là, le paludisme a tué au moins 608 000 personnes, dont 96 % en Afrique. Cette maladie reste la première cause de mortalité chez les jeunes enfants de moins de 5 ans en Afrique subsaharienne.

Comment la France agit-elle au niveau international ?

La France a fait preuve d’une mobilisation déterminée et continue dans la lutte contre le VIH/sida, la tuberculose et le paludisme et en a fait un pilier de sa stratégie santé mondiale (2023-2027). Afin de donner le plus d’impact possible à son action, la France a fait le choix de concrétiser son engagement politique et financier par un soutien très important aux fonds multilatéraux.

Le Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme

Créé en 2002 à l’initiative de la France, de l’Union européenne et du G7, le Fonds mondial a permis de sauver 65 millions de vies et de réduire le nombre de décès annuels dus au sida, à la tuberculose et au paludisme de 61 % depuis sa création.

En mutualisant les contributions financières de plus de 60 pays et d’acteurs privés et non-gouvernementaux, il a investi plus de 65 milliards de dollars depuis 2002 pour soutenir les programmes nationaux de lutte contre les pandémies dans plus de 100 pays. Le Fonds mondial est aujourd’hui le principal mécanisme de mobilisation de ressources pour lutter contre les pandémies dans les pays en développement, à hauteur de 28 % pour le sida, 76 % pour la tuberculose et 62 % pour le paludisme.

Il s’appuie sur un modèle de gouvernance qui lui est propre :

  • son conseil d’administration compte, parmi ses membres votants, les pays donateurs et les pays de mise en œuvre, mais aussi les ONG, les communautés affectées par les pandémies et le secteur privé ;
  • dans les pays de mise en œuvre, des instances de coordination nationale élaborent les demandes de subventions et supervisent leur utilisation. Ces instances réunissent des représentants des autorités nationales, ainsi que des partenaires techniques et financiers, des populations affectées par les maladies et des ONG ;
  • le Fonds mondial ne dispose pas de représentation directe dans les pays où il intervient : il finance des structures locales pour mettre en œuvre les subventions accordées, basé à Genève, son secrétariat, assure la gestion quotidienne ainsi que la mise en œuvre de la stratégie et des politiques de l’organisation.

Le Fonds mondial et les leçons tirées de la Covid-19

Dès avril 2020, le Fonds mondial a réagi contre à la pandémie de Covid-19 avec la création d’un mécanisme ad hoc exceptionnel de riposte contre la Covid-19, le C19RM. Il a ainsi alloué 4,.7 milliards de dollars USD à 125 bénéficiaires, dont 723 millions USD pour des actions d’urgence face à la Covid-19, le reste devant notamment servir des actions de renforcement des systèmes de santé, y compris communautaires, et la préparation aux pandémies, notamment : le renforcement du système de surveillance, les laboratoires et diagnostics, les ressources humaines en santé, l’oxygène médical, les soins respiratoires et les traitements, les systèmes de gestion des produits de santé et les déchets. Le C19RM a été prolongé jusqu’à fin 2025 pour soutenir des actions de renforcement de la résilience des systèmes de santé des pays d’intervention du Fonds mondial.

Le soutien prééminent de la France au Fonds mondial

La France apporte un soutien politique et financier majeur au Fonds mondial, dont elle est un pays fondateur et le second contributeur historique, avec plus de 7,2 milliards d’euros de dons cumulés depuis 2002.

Cette contribution financière permet à la France de disposer d’un siège à part entière au sein du conseil d’administration du Fonds mondial et de siéger dans deux des trois comités permanents chargés de préparer et d’assurer le suivi des travaux du conseil d’administration (comité de la stratégie et comité de l’éthique et de la gouvernance). Elle y défend notamment les valeurs fondatrices du Fonds mondial :

  • rôle des communautés affectées et de la société civile dans l’élaboration et la mise en œuvre des programmes et soutien aux systèmes de santé, y compris communautaires ;
  • prise en compte des pays fragiles et des populations clés en vue d’un accès équitable renforcé à la santé, étendue comme un droit humain fondamental.

Depuis 2011, la France consacre une partie de sa contribution au Fonds mondial à L’Initiative, facilité mise en œuvre par Expertise France pour l’apport d’expertise technique et le soutien aux projets du Fonds mondial dans 40 pays récipiendaires parmi les plus vulnérables, en particulier en Afrique de l’Ouest et du Centre, afin de maximiser l’impact des programmes du Fonds mondial. Signe de son impact sur le terrain pour accélérer l’action du Fonds mondial et renforcer les systèmes de santé des pays, la part de L’Initiative dans la contribution française au Fonds mondial est passée de 5% à 9% en 2022 pour atteindre 20% pour le cycle 2023-2025, soit 106 millions d’euros par an.

Pleinement mobilisée pour le succès de la 6ème conférence de reconstitution des ressources du Fonds mondial, accueillie à Lyon en septembre 2019, la France y avait apporté une contribution de 1,3 milliard d’euros, en forte augmentation. Point d’orgue de la mobilisation de la France pour la santé mondiale dans le cadre de sa présidence du G7, cette conférence de très haut niveau avait en effet permis de réunir pour la période 2020-2022 14 milliards de dollars, ce qui constituait la somme la plus importante jamais levée par une organisation internationale en santé.

Lors de la 7ème conférence de reconstitution du Fonds mondial en septembre 2022 à New York, le Président de la République a renouvelé le fort engagement de la France dans la lutte contre les trois maladies avec une contribution inédite de 1,596 milliard d’euros pour 2023-2025, en hausse de 23 % par rapport celle apportée en 2020-2022, dont 20 % sont alloués au programme L’Initiative.

Alors que la lutte mondiale contre les trois maladies a été ralentie ces trois dernières années en raison de la pandémie de Covid-19, la France reste activement engagée dans la mise en œuvre de la nouvelle stratégie du Fonds mondial pour 2023-2028 et veille aux objectifs ambitieux fixés en matière de renforcement des systèmes de santé, d’implication communautaire et de défense des droits humains et d’égalité de genre.

Unitaid, l’innovation au service de la santé mondiale

La mission d’Unitaid est de soutenir le développement et l’introduction de produits de santé innovants pour prévenir, diagnostiquer et traiter plus rapidement, plus efficacement et à moindre coût le VIH/sida et ses coinfections, la tuberculose, le paludisme. Cela en fait un acteur unique en santé mondiale engagé dans la recherche de solutions innovantes pour accélérer l’accès équitable à de nouveaux produits et technologies de santé. L’action d’Unitaid, aurait permis à plus de 300 millions de personnes d’accéder à des produits vitaux chaque année.

Depuis sa création en 2006, Unitaid a participé au déploiement de plus d’une centaine de produits de santé novateurs, allant de nouveaux traitements contre le VIH aux premiers médicaments destinés aux enfants vivant avec le VIH et la tuberculose, en passant par les moustiquaires de dernière génération, plus efficaces contre le paludisme.

Unitaid a consolidé un savoir-faire unique sur plusieurs plans :

  • veille exhaustive sur l’ensemble du champ des innovations en santé (diagnostics et tests, traitements et outils) ;
  • ingénierie de projets multidisciplinaires alliant expertise des innovations biomédicales et innovations socio-économiques (indispensables pour assurer l’impact final des solutions élaborées au bénéfice des populations concernées) ;
  • façonnage de marchés (négociations avec les industries pharmaceutiques afin de réduire les barrières d’accès au marché pour les pays à faible et moyen revenus)

Au-delà de cette mission centrale, l’organisation concourt à l’objectif de couverture sanitaire universelle grâce à ses travaux importants concernant par exemple l’accès à l’oxygène médical, la lutte contre le cancer du col de l’utérus, la prise en charge des pathologies liées à la grossesse, à la maternité et à la petite enfance (prééclampsie, hémorragie postpartum, anémie) ou la prise en charge de la maladie de Chagas dans les zones endémiques. Son action contribue aussi au renforcement des systèmes de santé, un des objectifs prioritaires et transversal de la stratégie de la France en santé mondiale, en répondant aux besoins des populations les plus vulnérables et exposées aux pandémies.

L’action d’Unitaid renforcée à la lumière de la Covid-19

Dans le contexte de la crise de la Covid-19 et au-delà, Unitaid s’est mobilisé pour contribuer à la réponse multilatérale à la pandémie, en développant des outils innovants pour renforcer la prévention, la préparation et la réponse aux urgences sanitaires. C’est ainsi qu’il a soutenu selon une approche partenariale le développement de tests simplifiés et de traitements nouveaux ou déjà connus et réorientés. Unitaid a ainsi permis à une vingtaine de pays à faible et moyen revenu d’accéder à l’oxygène médical ainsi qu’à des corticoïdes réorientés et, fort de cette expérience, a été un fer de lance du lancement de l’Alliance mondiale pour l’Oxygène (GO2AL), en mai 2023 pendant l’Assemblée mondiale de la santé.

La France, principal donateur d’Unitaid

Partenariat hébergé par l’OMS, Unitaid a été lancé en septembre 2006, à l’initiative de 5 pays fondateurs : la France le Brésil, du Royaume-Uni, la Norvège et le Chili. La France est le premier bailleur historique de l’organisation avec près de 2 milliards d’euros de contributions depuis sa création (soit 56 % des ressources cumulées de l’organisation). Elle en est également le premier bailleur annuel, avec un engagement pluriannuel de 255 millions d’euros pour la période 2023-2025, et a versé 40 millions d’euros supplémentaire au titre de son action au sein d’ACT-A pour contribuer à l’accès équitable aux traitements contre la Covid-19.

  • Plus d’informations sur le site d’Unitaid ainsi que sur la fiche dédiée à la collaboration plus spécifique entre la France et Unitaid

Gavi, l’Alliance du vaccin

Gavi, l’Alliance du vaccin est une organisation internationale créée en 2000 afin d’assurer aux enfants vivant dans les pays les plus pauvres du monde, un meilleur accès aux vaccins nouveaux ou sous-utilisés. En 2023, Gavi, l’Alliance du Vaccin, a célébré l’étape symbolique des 1 milliard d’enfants vaccinés et 17 millions de vies sauvées depuis sa création en 2000. Gavi vaccine aujourd’hui près de la moitié des enfants du monde contre les maladies infectieuses mortelles et invalidantes, ce qui la dote d’un pouvoir de négociation hors pair pour obtenir des vaccins à des prix abordables pour les pays les plus pauvres. Pourtant, aujourd’hui encore, 1,5 million d’enfants meurent chaque année de maladies évitables. Atteindre les communautés en situation de vulnérabilité demeure donc un défi majeur.

L’action de Gavi face à la Covid-19

La pandémie a placé Gavi au cœur de l’action internationale d’un accès universel au vaccin contre la Covid-19, considéré comme un bien public mondial.

Le partenariat s’est également affirmé comme un acteur clé avec la création de la facilité COVAX dans le cadre du pilier vaccin d’ACT-A.

Pour 2021-2025, Gavi a choisi de placer l’équité au cœur de son mandat pour ne laisser personne de côté en termes d’accès à la vaccination. Cette stratégie, contribue au développement durable et permettra de renforcer les systèmes de santé de pays qui progressivement n’auront plus besoin de l’Alliance. La nouvelle stratégie intègre également les enjeux liés au genre et inclut des investissements en hausse pour la sécurité sanitaire internationale afin de mieux répondre aux crises épidémiques. L’Alliance est actuellement en bonne voie pour atteindre l’ensemble de ses objectifs. Dans le cadre de sa stratégie 2026-2030, Gavi a pour objectif de vacciner au moins 500 millions d’enfants supplémentaires, ce qui permettra de sauver plus de 8 millions de vies dans les pays les plus pauvres.

La contribution française à Gavi

La France soutient Gavi depuis 2004. Elle lui a renouvelé son soutien en coorganisant à Paris en juin 2024 lors dule Forum pour l’innovation et la souveraineté vaccinales, où la France a réaffirmé la force de son engagement en faveur de la vaccination et de la production régionale pour l’atteinte des Objectifs de Développement Durable pour 2030.

Partenaire et soutien important de Gavi depuis sa création, la France en est l’un des principaux donateurs avec un engagement à hauteur de 500 millions d’euros lors du précédent cycle de financement 2021-2025. Depuis 2020, la France a par ailleurs soutenu à hauteur de 300 millions d’euros la création et le financement de l’initiative Covax, visant à garantir un accès équitable aux vaccins contre la Covid-19.

Avec ces engagements, la France est le 6e donateur de Gavi.

Mise à jour : novembre 2024