Priorités sectorielles
La France décline son action selon les 5 grandes priorités définies par le Comité interministériel de la coopération internationale et du développement (CICID) de février 2018 : la stabilité internationale ; l’éducation ; le climat ; l’égalité entre les femmes et les hommes ; la santé.
La stabilité internationale et la lutte contre les fragilités
La réponse aux fragilités et aux crises exige de la France une approche globale, qui articule les instruments de temps longs, liés à l’action diplomatique, de paix, et de développement, et les instruments de temps courts, liés aux actions d’urgence et humanitaires.
Cette action est guidée par 2 stratégies adoptées en 2018 qui consolident le cadre doctrinal de l’aide française :
- la stratégie humanitaire et la stratégie fragilités (2018-2022),
- la stratégie « Prévention, Résilience et Paix durable » fragilités (2018-2022).
En termes de moyens, le CICID de 2018 a décidé de porter à 500 millions d’euros d’ici 2022 le montant annuel (bilatéral et multilatéral) de l’action d’urgence humanitaire et à la stabilisation en sortie de crise. Les financements du Fonds MINKA de l’AFD seront doublés pour atteindre 200 millions d’euros d’ici 2020, dont une partie significative à destination du Sahel, dans le cadre de l’Alliance Sahel.
En 2018, la France a consacré au total 585 millions d’euros d’APD (versements bruts) à la stabilité internationale et à la lutte contre les fragilités, dont 105 millions d’euros d’APD bilatérale.
En 2019, l’aide bilatérale de la France allouée à la stabilité internationale et à la lutte contre les fragilités s’établit à 139 millions d’euros, en hausse de 14% par rapport à 2018.
L’éducation, la formation et l’insertion professionnelle
Le CICID de 2018 a annoncé un réengagement significatif sur ce secteur au cours du quinquennat. Pour guider ses interventions, la France a adopté en 2017 une stratégie internationale pour l’éducation, la formation professionnelle et l’insertion dans les pays en développement pour 2017-2021.
Sur l’éducation de base, les engagements s’articulent autour de 3 axes :
- favoriser l’accès à l’éducation primaire et secondaire,
- améliorer la qualité des apprentissages pour le XXIe siècle
- renforcer la gouvernance de l’éducation pour des systèmes efficaces.
L’APD française dans le secteur de l’éducation représente 1,2 milliards d’euros d’engagements en 2017, soit 13 % des engagements bilatéraux d’APD nette totale. Les frais de scolarité en représentent la moitié. Le reste est constitué principalement d’actions de l’AFD et de bourses.
En 2018, la France a consacré 1,3 milliard d’euros (APD totale brute) au secteur de l’éducation. La majorité des financements a transité par le canal bilatéral, avec 1,1 milliard d’euros, dont 695 millions d’euros de frais de scolarité. En 2019, l’APD de la France allouée à l’éducation devrait atteindre 1,4 milliard d’euros, soit une augmentation de 3,7% par rapport à 2018 (données provisoires de l’APD 2019).
La lutte contre le changement climatique
En 2015, l’Accord de Paris, premier accord universel sur le climat, a fixé un cadre à la politique climatique française. La France concentre son aide dans :
- la mise en place de politiques publiques adéquates pour atteindre les objectifs fixés dans chaque contribution nationale ;
- la mobilisation des flux financiers publics et privés pour financer la transition écologique et l’orientation des investissements vers un développement à faibles émissions et résilient aux impacts du changement climatique ;
- la protection des populations vulnérables aux effets du changement climatique et à ses impacts irréversibles.
Dans le cadre de la Convention cadre des Nations unies pour la lutte contre le changement climatique (CNUCCC), la France s’est engagée à allouer 5 milliards d’euros de financements climat en 2020. Cet engagement comprend 1,5 milliard par an pour l’adaptation au changement climatique dans le cadre du suivi du One Planet Summit de décembre 2017, avec une priorité en Afrique, dans les pays les moins avancés (PMA) et les pays les plus vulnérables, notamment dans le secteur agricole.
Cet objectif a été atteint dès 2018 avec 5,08 milliards d’euros, dont 1,3 milliard d’euros dédiés à l’adaptation.
Le gouvernement s’est engagé lors du CICID de 2018 à ce que les volumes de financements à co-bénéfice « climat » représentent au minimum 50% des engagements du Groupe AFD (Agence Française de développement) et soient renforcés, avec des financements pour l’adaptation atteignant 1,5 milliard d’euros par an d’ici 2020. Début 2018, dans son Cadre d’intervention transversal (CIT) Climat 2017-2022, l’AFD a inscrit 4 engagements consistant à :
- assurer une activité « 100 % Accord de Paris »,
- augmenter les volumes de financement « climat »,
- contribuer à la redirection des flux financiers et d’investissement,
- co-construire des solutions et peser sur les normes.
En 2018, près d’1/4 (24%) des financements bilatéraux français intégraient les objectifs climatiques. La France a ainsi consacré 874 millions d’euros d’APD bilatérale à l’adaptation au changement climatique, et 1,5 milliard à l’atténuation de ses effets.
En 2019, 971 millions d’euros d’APD bilatérale ont été alloués à l’adaptation au changement climatique et 1,8 milliards à l’atténuation, soit une augmentation respective de 11,1% et de 20,0% par rapport à 2018 (données provisoires 2019).
L’égalité femmes - hommes
Le président de la République a décidé de faire de l’égalité entre les femmes et les hommes la « grande cause du quinquennat ». Elle constitue un principe directeur et transversal de l’action extérieure de la France, dans le cadre de la stratégie internationale de la France pour l’égalité entre les femmes et les hommes pour la période 2018-2022.
Le CICID de 2018 a prévu que 50 % des volumes annuels d’engagements de l’AFD auront un objectif genre principal ou significatif et que 100 % des projets et programmes de l’Agence seront identifiés, dans les données transmises à l’OCDE, au regard du marqueur « genre », qui vise à mesurer leur impact sur l’égalité femmes - hommes.
En 2017, 2,6 milliards d’euros d’engagements bilatéraux (soit 28 % de notre aide totale) avaient un marqueur genre principal ou significatif. La France portera les objectifs d’égalité femmes - hommes dans les grandes institutions multilatérales qu’elle finance, dotées pour la plupart de stratégies dédiées en la matière. Son action passera également par le Fonds français Muskoka, qui vise à réduire la mortalité maternelle, néonatale et infantile, conjointement avec 4 organismes des Nations unies.
La part de l’aide bilatérale française intégrant l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes représente 13% de l’APD en 2018 et devrait atteindre 22% en 2019, se rapprochant ainsi de la moyenne du CAD (38% en 2016-2017). En 2019, la France devrait ainsi consacrer 1,7 milliard d’euros d’APD bilatérale à l’amélioration de l’égalité femmes-hommes, soit 27% de notre aide bilatérale (données provisoires 2019).
La santé
La France a fait de la santé un axe majeur de son action au niveau international, à travers :
- le renforcement des systèmes de santé,
- la promotion d’une couverture santé universelle,
- la lutte contre les pandémies (VIH/Sida, tuberculose et paludisme),
- la promotion des droits et de la santé sexuels et reproductifs,
- le soutien à la santé maternelle, néonatale, infantile et des adolescents, y compris en luttant contre la sous-nutrition.
La France a fait le choix d’investir dans les fonds multilatéraux spécialisés en santé que sont le Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme (FMSTP), l’Alliance pour le Vaccin GAVI et son mécanisme de financement, la Facilité internationale de financement pour la vaccination (IFFIm), ainsi qu’UNITAID, avec plus de 500 millions d’euros par an, soit plus des 2/3 de notre APD dans ce secteur.
La France s’est engagée (lors de la conférence de reconstitution des ressources du Fonds mondial d’octobre 2019) à augmenter sa contribution de 20% pour atteindre 1,296 milliard d’euros sur la période 2021-2023. Elle reste ainsi, après les États-Unis, le 2ème financeur historique de l’organisation.
La France est le 1er bailleur d’UNITAID, chargé d’accélérer la réponse aux épidémies telles que le VIH/sida, la tuberculose et le paludisme, en déployant des innovations mieux adaptées, plus efficaces, et moins chères, avec environ 60% des ressources cumulées depuis sa création en 2006. Sa contribution s’est élevée à 90 millions d’euros en 2018. La France est également le 6ème bailleur de l’Alliance pour le Vaccin GAVI pour la période 2016-2020 (derrière le Royaume-Uni, la fondation Gates, la Norvège, les États-Unis et l’Allemagne), et s’est engagée à contribuer à hauteur de 350 M€ sur la période 2021-2026, dont 100 M€ supplémentaires pour le financement de l’achat de doses du futur vaccin contre le Covid-19), en plus de son engagement antérieur via l’Iffim.
La France a consacré près d’1 milliard d’euros (932 millions) d’APD au secteur de la santé en 2018, dont environ 78% ont transité par le canal multilatéral. En 2019, l’APD française allouée au secteur de la santé devrait s’élever à 980 millions d’euros, en augmentation de 5% par rapport à 2018 (données provisoires 2019).
D’autres domaines importants d’intervention : la sécurité alimentaire, la nutrition et l’agriculture durable
L’action de la France pour la sécurité alimentaire, la nutrition et l’agriculture durable repose sur une stratégie internationale portant sur la période 2019-2024. Selon cette stratégie, la France soutient 5 objectifs principaux :
- renforcer la gouvernance mondiale de la sécurité alimentaire et de la nutrition ;
- développer des systèmes agricoles et alimentaires durables ;
- renforcer l’action française sur la nutrition ;
- appuyer la structuration de filières agroalimentaires durables pour favoriser la création d’emplois décents dans les territoires ruraux, notamment pour les jeunes ;
- renforcer les actions d’assistance alimentaire aux populations vulnérables.
La France est un acteur historique sur ces thématiques à l’international et s’implique sur ces problématiques à plusieurs niveaux : par son action diplomatique, par ses instituts de recherche, par des projets et actions de terrain à travers l’action de l’Agence Française de Développement (AFD) ou le dispositif de l’Aide Alimentaire Programmée (AAP).
Mise à jour : janvier 2021