Les rapports de l’IPBES et du GIEC de 2019

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Le rapport d’évaluation mondiale de l’IPBES de 2019 constate l’impact des activités humaines sur tous les océans.
Les principaux facteurs de perte de biodiversité et de dégradation des écosystèmes marins sont, en premier lieu, la pêche, suivie par la pollution d’origine terrestre et marine, notamment en provenance des réseaux fluviaux, les changements dans l’utilisation des terres et des mers et le développement des infrastructures et de l’aquaculture dans les zones littorales. Ainsi, 33 % des stocks de poissons marins en 2015 étaient exploités à un niveau biologiquement non durable ; 60 % étaient exploités au maximum et 7% étaient sous-exploités.

La pollution, en particulier par les plastiques, a été multipliée par dix depuis 1980, affectant 86% des tortues marines, 44% des oiseaux marins et 43% des mammifères marins, avec des impacts sur la sécurité alimentaire et potentiellement sur la santé humaine. Les océans n’échappent pas non plus à l’accélération de l’introduction d’espèces exotiques envahissantes dû à un transport maritime de marchandise toujours plus globalisé.

Le rapport du GIEC sur l’océan et la cryosphère de 2019 approfondit les rapports entre changement climatique, biodiversité et océans autour de quelques conclusions clés :

  • La hausse du niveau de la mer s’accélère, notamment du fait de la fonte des glaciers et de la banquise de l’Arctique. La hausse enregistrée depuis un peu plus d’un siècle atteint de 12 à 21 cm en moyenne. Elle pourrait atteindre entre 29 et 110 cm en moyenne d’ici 2100 par rapport à la période de référence (1986-2005) selon les trajectoires d’émissions de gaz à effet de serre. Le niveau de la mer continuera d’augmenter pendant des siècles, et ce, même si les émissions de gaz à effet de serre sont fortement réduites. Les « événements extrêmes liés à l’élévation de la mer » seront plus fréquents (grandes tempêtes, cyclones notamment). Quelle que soit l’ampleur du réchauffement supplémentaire, des événements qui se produisaient précédemment une fois par siècle se produiront chaque année d’ici 2050 dans de nombreuses régions et dans quasiment toutes les régions d’ici 2100 sans réduction massive des émissions. Sans investissements majeurs dans l’adaptation, les villes côtières et les petites îles de faible élévation seront exposées à des risques croissants d’inondation. Selon le rapport, tout semble indiquer que certains États insulaires deviendront inhabitables en raison des changements liés au climat subis par l’océan.
  • Le réchauffement et l’acidification accélérés des océans mettent en danger les écosystèmes. L’océan se réchauffe à un rythme accéléré en absorbant une grande partie de la chaleur produite par les activités humaines (90% depuis les années 1970) et s’acidifie (baisse du PH) en absorbant le CO2 atmosphérique. Ces éléments entraînent une perte extrêmement élevée de biodiversité océanique. Ceci a déjà pour effet de réduire le potentiel de capture de pêche global, mettant en péril la santé nutritionnelle et la sécurité alimentaire des populations qui dépendent des produits de la mer.

Les recommandations du GIEC et de l’IPBES se rejoignent pour constater que seuls des « changements en profondeur sur les plans économique, social, politique et technologique » notamment à travers des voies de développement à faible émissions ainsi que des perspectives démographiques et des modes de consommation et de production durables, seront en mesure d’infléchir ou inverser les tendances en cours et réduire les risques pour les populations.

Ceci ne pourra être fait que si des transitions sans précédent dans tous les secteurs de la société sont mises en œuvre. Constatant l’irréversibilité de certains processus, y compris le déclin de la biodiversité et des fonctions écosystémiques, le GIEC et l’IPBES soulignent la nécessité d’anticiper et préparer des mesures d’adaptation. Parmi les solutions mises en avant, les approches permettant de protéger, gérer durablement et restaurer les écosystèmes, comme les solutions fondées sur la nature (SFN), sont porteuses de nombreuses opportunités et de co-bénéfices pour les sociétés humaines, la qualité de l’eau, de l’air et le renforcement de la biodiversité. La coordination et la coopération institutionnelle et l’éducation sont également soulignées.

(Mise à jour : mai 2020)