Région Île-de-France – ancienne région de Dakar (Sénégal) : établir un diagnostic concerté pour lutter ensemble contre le changement climatique

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La région de Dakar est concernée, à plus d’un titre, par le changement climatique : érosion côtière, inondations, collecte des déchets incomplète, pollution de l’air, etc.

Dans le cadre de leur coopération, l’ancienne région de Dakar et la région Île-de-France ont décidé de mettre en place en 2012 un Plan climat territorial intégré (PCTI), premier plan climat d’Afrique issu d’une coopération décentralisée.

L’enjeu du PCTI pour la région de Dakar est de recenser, renforcer, donner du sens et mettre en synergie des initiatives éparses et sectorielles sur le territoire local, pour définir une réelle stratégie de développement. Il permet, en tant que document-cadre, de mettre en cohérence l’ensemble des politiques qui visent à lutter contre le changement climatique.

Comportant un volet atténuation visant la réduction des gaz à effet de serre et un volet adaptation qui aide à faire face aux changements inéluctablement engagés, le PCTI a été élaboré à partir d’une réflexion sur l’efficacité énergétique des bâtiments, sur l’utilisation des ressources énergétiques renouvelables locales (solaire et éolien, par exemple), sur une politique de transport et de mobilité plus durable… Il s’appuie également sur les mesures à prendre pour la protection des zones maritimes, côtières et forestières mais aussi contre les risques sévères d’inondations.

Où ?

Sur l’aire métropolitaine de Dakar

Combien de bénéficiaires ?

Estimés à 3 500 000 (habitants de l’aire métropolitaine de Dakar, 2015)

Qui sont les acteurs ?

La réforme de décentralisation mise en place par le Gouvernement sénégalais en 2013, supprimant les conseils régionaux dont celui de Dakar, a impacté le cadre juridique de la coopération menée jusque-là entre le conseil régional d’Île-de-France et le conseil régional de Dakar, ainsi que la mise en œuvre des projets définis entre les deux institutions.

Afin de poursuivre son engagement aux côtés des autorités locales sénégalaises et de maintenir les liens tissés entre les deux territoires, un nouveau partenariat a été engagé entre la région Île-de-France et la communauté d’agglomération de Dakar, composée de la ville de Dakar, de Guédiawaye et de Rufisque, en association avec le conseil départemental de Rufisque, permettant l’achèvement des projets initiés avec l’ancien conseil régional de Dakar, dont le Plan climat territorial intégré, exécuté à 85%.

À la demande des deux conseils régionaux, la maîtrise d’ouvrage du projet de PCTI a été confiée à l’Agence régionale pour l’environnement et les nouvelles énergies (ARENE), organisme associé de la région Île-de-France. Appuyé par l’ARENE dans la conception et l’élaboration du programme, le conseil régional de Dakar assurait sa mise en œuvre sur le territoire.

Les deux régions, mais également le ministère des Affaires étrangères et l’ADEME (Agence de l’Environnement et de la Maîtrise de l’Énergie) ont investi dans le programme.

Quel est l’objectif ?

L’objectif est de fédérer tous les acteurs du territoire, et de placer au cœur de leur action la question du développement durable et du climat.

Le PTCI a pour objectifs spécifiques d’établir un diagnostic partagé de territoire, d’identifier les sources d’émissions de gaz à effet de serre et les moyens de les réduire, et de proposer, vulgariser et mettre en œuvre à l’échelle du territoire avec l’ensemble des acteurs un plan d’action, puis d’en évaluer les résultats. Cette démarche est essentielle dans une perspective de lutte contre le dérèglement climatique.

Focus sur le diagnostic eau et assainissement : entre manque d’eau potable et pieds dans l’eau

Sur l’ensemble de la conurbation de Dakar, seule une petite partie située dans le centre-ville est drainée par un réseau d’égouts et de collecteurs. Le reste de l’espace urbain et tout particulièrement les banlieues n’est doté d’aucune structure collective d’assainissement et dépend donc pour la collecte et le traitement des moyens existants de gestion des boues de vidanges.

Le paradigme actuel qui oppose l’assainissement autonome (par latrines et fosses septiques) à l’assainissement collectif (par réseaux d’égout) conduit à une impasse et limite considérablement le développement du secteur. En effet aucune de ces options technologiques ne résout la question du traitement des boues de vidange, ni n’exclut les pollutions massives qu’elles peuvent engendrer.

Pape Ahmed Keita, conseiller régional, adjoint au maire de Guédiawaye, évoque la situation de sa commune :

"Ma commune de Guediawaye est touchée par les inondations liées au changement climatique. Sans attendre des appuis extérieurs, une équipe de bénévoles a coordonné une concertation à laquelle l’ensemble des habitants a participé durant plus de deux ans. Ici quand on parle d’inondations, on entend tout de suite délocalisations, réinstallations… Mais comment réinstaller un million de personnes au niveau de la région de Dakar ? Il n’y a plus de place et nous ne voulons pas que les dernières terres agricoles disparaissent.

Par des réunions, des petites formations, il fallait faire comprendre les causes des problèmes, informer sur le fait que des adaptations existent, qu’elles doivent partir des gens eux-mêmes : planification spatiale, urbanisme, équipements… Nous avons réfléchi sur l’habitat individuel. Les gens y tiennent, avec la famille élargie, mais il est possible de concevoir des maisons plus petites et mieux adaptées. Il est difficile de demander une participation financière à des gens très pauvres. Mais nous avons imaginé un dispositif : des comptes communs pour les quartiers, un système de contrôle spécifique, des niveaux de cotisation différents préétablis, un délai de trois ans pour contribuer. 80 % des gens ont cotisé, parce qu’ils ont participé et qu’ils y croient.

Un plan climat, ça n’est pas que de l’environnement, c’est une porte d’entrée pour une planification du développement, prenant en compte tous les secteurs et mobilisant toute la population".

Aujourd’hui, quel bilan ?

Le programme a fait l’objet d’un long processus de diagnostic territorial et d’analyse des enjeux socio-économiques et écologiques de la région de Dakar face au changement climatique :

  • réalisation d’un bilan énergétique et des émissions de gaz à effet de serre ;
  • étude de vulnérabilité de la région de Dakar aux changements climatiques ;
  • diagnostic des fluides énergétiques et thermiques des lycées de la région de Dakar ;
  • étude sur la sécurité alimentaire en région de Dakar.

Le Plan climat de la région de Dakar a été élaboré dans une démarche de co-construction. Au-delà du conseil régional de Dakar, de ses élus et du personnel administratif, l’ensemble des 53 communes composant la région de Dakar se sont mobilisées. De même, l’ensemble des acteurs institutionnels de la région de Dakar (services et agences de l’État), issus de la société civile et issus du secteur privé, universitaires et chercheurs ont été parties prenantes du projet.

Le conseil régional de Dakar a assuré un rôle important en matière de coordination, d’animation des cadres de concertation entre les différents acteurs mais également de plaidoyer en direction de l’État pour proposer des ajustements réglementaires sur les questions climatiques.

La phase de concertation avec l’ensemble de ces acteurs et la prise en compte des préoccupations de chacun s’est conclue par la présentation de 47 "fiches-actions" et a débouché sur la définition d’orientations stratégiques pour le PCTI :

  • responsabilité collective et citoyenne ;
  • gouvernance et gestion participative ;
  • région saine et mieux aménagée ;
  • sécurité alimentaire ;
  • efficacité énergétique ;
  • implication des entreprises dans la lutte contre le changement climatique.

Cette importante phase de concertation a permis une réelle appropriation de la thématique "climat" par les différents acteurs et une dynamique collective a pu être instaurée.

Déploiement du programme à l’extérieur des frontières :

Un accompagnement des porteurs de projet dans la réalisation de leurs actions est nécessaire et permettra de poursuivre la mise en synergie des acteurs, notamment avec les bailleurs de fonds pour le financement des projets. La capitalisation de la démarche permettra en outre de répliquer le programme sur d’autres zones de coopération de la région Île-de-France.

Image Diaporama - Dakar, soumise à de fréquentes inondations. (...)

Dakar, soumise à de fréquentes inondations. Photo : ARENE

Image Diaporama - Inondation près des marchés au bétail. Photo : (...)

Inondation près des marchés au bétail. Photo : ARENE

Image Diaporama - L'eau est un enjeu urbain majeur à Dakar. Photo (...)

L’eau est un enjeu urbain majeur à Dakar. Photo : ARENE

Image Diaporama - Travail sur les circuits d'eau potable. Photo (...)

Travail sur les circuits d’eau potable. Photo : ARENE

Site de l’ambassade de France à Dakar