Évaluation de l’Aide alimentaire programmée

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L’AAP est le principal instrument de la diplomatie française en matière de réponse aux situations d’insécurité alimentaire sévère et un outil central en matière de nutrition à l’international. Nos engagements pris dans le cadre de la Convention de Londres relative à l’assistance alimentaire, ratifiée par la France en 2017, incombent également à cet outil. Dans un contexte d’aggravation de l’insécurité alimentaire et de la malnutrition mondiales, les financements consacrés à l’AAP ont fortement augmenté, notamment à partir de 2020, atteignant 140,4 millions d’euros en 2022.

En 2022, l’AAP a financé des projets dans 47 pays, en se concentrant sur les pays prioritaires de l’Aide publique au développement de la France, tels que définis par le Comité interministériel de la coopération et du développement de 2018. Le programme alimentaire mondial reste le premier opérateur de l’AAP. Les projets de terrain financés à travers l’AAP sont également mis en œuvre par d’autres organisations internationales ou des organisations de la société civile, notamment françaises.

Le ministère de l’Europe et des Affaires étrangères a commandité une évaluation de l’AAP sur la période 2017-2022. Cette évaluation a montré que l’AAP est un outil souple et pertinent pour répondre aux besoins des populations et aux objectifs stratégiques de la France. Son fonctionnement décentralisé en fait un outil apprécié des acteurs de terrain, tels que nos ambassades. C’est un instrument efficient, qui touche directement les bénéficiaires et semble avoir des effets immédiats positifs, en particulier pour réduire la faim, améliorer la santé des enfants et accompagner les changements de comportement.

Cependant, l’évaluation constate que la croissance rapide des financements ne s’est pas accompagnée d’une augmentation des ressources humaines disponibles. Elle recommande de clarifier le mandat de l’AAP, cette nécessité s’appliquant également aux deux autres canaux de l’aide humanitaire française : le Fonds d’urgence humanitaire et de stabilisation et les contributions volontaires françaises aux agences onusiennes. L’évaluation recommande également d’adapter la gouvernance de l’instrument et d’améliorer la coordination des différents outils, pour construire une réelle articulation stratégique et inscrire plus fortement l’AAP dans le nexus urgence-développement. Un renforcement des ressources humaines et de l’expertise technique disponibles, ainsi que des dispositifs de suivi, évaluation, capitalisation et communication de l’outil permettrait d’optimiser les financements de l’AAP, ainsi que sa redevabilité.

Selon les évaluateurs, le renforcement des ressources humaines et la clarification du mandat de l’AAP par rapport aux autres instruments humanitaires français conditionneront la possibilité de mettre en œuvre adéquatement les autres recommandations.