Entretien de M. Jean-Noël Barrot, ministre de l’Europe et des affaires étrangères, avec « France 2 » (Paris, 4 novembre 25)
Q - Bonsoir Jean-Noël Barrot.
R - Bonsoir.
Q - Merci d’avoir accepté notre invitation ce soir après la libération tant attendue de Cécile Kohler et de Jacques Paris. D’abord dites-nous comment ils vont ce soir ?
R - Ils vont bien, ils sont évidemment soulagés et ils semblent en bonne santé physique et morale. Ils sont entourés par l’équipe de l’ambassade. J’ai dépêché ce soir une équipe de renfort, un médecin, une agente du Centre de crise et de soutien de mon ministère qui vont se mettre à leur disposition, à leurs côtés, pour les accompagner après cette épreuve, ce calvaire qu’ils ont traversé.
Q - Donc il y a un médecin qui est en route avec une équipe, pour eux, parce que c’est vrai, on l’entendait dans le sujet, leur famille avait tiré la sonnette d’alarme il y a trois semaines en disant qu’ils étaient à bout après trois ans et demi de détention très difficile, qu’ils étaient épuisés psychologiquement. Est-ce que vous avez des informations ? Est-ce que vous, vous avez pu leur parler ?
R - Je ne leur ai pas encore parlé, puisque c’est à leur famille qu’ils revenaient de leur parler en premier. J’ai pu échanger avec leur famille, que j’ai vu à plusieurs reprises ces derniers mois. Beaucoup d’émotions, beaucoup de soulagement, beaucoup de joie aussi. On pense à cette heure, à Jacques, à Cécile, à leur famille. J’ai aussi une pensée pour toutes celles et ceux qui se sont mobilisés à travers le pays en attendant ce moment de la libération.
Q - Quand seront-ils en route vers la France, Monsieur le ministre ?
R - Ils sont aujourd’hui en sécurité à l’ambassade de France. Ils sont sous la protection de la France. Et nous allons continuer le travail que nous avons engagé depuis des semaines et des mois pour obtenir leur libération définitive.
Q - Donc ce soir, ils ne prennent pas l’avion vers la France ? C’est ce que vous nous dites ?
R - Ce soir, ils sont en sécurité à l’ambassade, ils sont en contact avec leurs proches, ils sont entourés par les agents de l’ambassade, auxquels je veux rendre hommage d’ailleurs, et ils seront épaulés dans les jours qui viennent pour pouvoir se remettre de l’épreuve extraordinaire qu’ils viennent de traverser.
Q - Ce qui veut dire qu’ils sont à l’heure actuelle encore assignés au territoire iranien. Ils ne peuvent pas quitter le territoire iranien à l’heure où on se parle ?
R - Ils sont en sécurité à l’ambassade et nous n’allons relâcher aucun effort pour obtenir leur libération définitive et leur retour en France. C’est une nouvelle très positive ce soir que nous accueillons avec le président de la République et c’est une première étape vers cette libération définitive.
Q - On a compris qu’on ne peut pas dire ce soir qu’ils sont libres, mais qu’ils sont libérés. Les mots ont un sens.
R - Et surtout, ils sont en sécurité.
Q - Et ils sont en sécurité, mais ce que vous nous dites aussi, c’est qu’ils pourront rester pendant plusieurs heures, peut-être plusieurs jours, peut-être plus encore, à l’ambassade de Téhéran, sans pouvoir venir en France.
R - Nous allons poursuivre le travail discret, le travail de l’ombre, c’est le travail des diplomates, pour aboutir à leur retour en France dans les meilleurs délais.
Q - Dans quelles conditions avez-vous obtenu leur libération de la prison d’Evin ? Est-ce qu’il y a eu des contreparties ? On a parlé notamment d’un échange de prisonniers, d’une Iranienne qui est poursuivie en France. Est-ce le cas ?
R - C’est le fruit du travail de longue haleine de la diplomatie française sous l’autorité du président de la République. Et je veux rendre hommage à l’ensemble des agents qui se sont mobilisés pour obtenir cette libération, ainsi qu’à l’ensemble des services de l’État qui se sont mobilisés également.
Q - On comprend, vous n’en direz pas plus sur les conditions de leur libération. Une dernière question, les relations sont tendues avec l’Iran. Est-ce que cette libération ce soir de Cécile Kohler et Jacques Paris, c’est un signe d’apaisement venu de Téhéran à vos yeux ? C’est comme ça que la France le voit ?
R - J’ai en tout cas appelé mon homologue, ministre des affaires étrangères de l’Iran, pour saluer le geste qui a été fait en appelant à une libération immédiate et inconditionnelle de Cécile Kohler et Jacques Paris.
Q - Merci Jean-Noël Barrot d’avoir été avec nous ce soir pour réagir à cette libération attendue depuis trois ans et demi des deux Français, Cécile Kohler et Jacques Paris.