Lancement de la Saison culturelle franco-ukrainienne - Discours de M. Jean-Noël Barrot, ministre de l’Europe et des affaires étrangères (Paris, 1er décembre 2025)
Madame Zelenska,
Madame la Ministre, chère Rachida,
Monsieur le Ministre, cher Andriy, très cher ami,
Mesdames et messieurs les parlementaires, les ambassadrices et les ambassadeurs,
À toutes et tous, bonjour.
Vous qui savez que la guerre ne se livre pas seulement avec des tanks et des canons, mais qu’elle se livre aussi avec les armes de l’esprit. Si j’avais l’intuition de cette idée, cette intuition s’est confirmée lorsqu’une première fois, à l’invitation de mon collègue Andriy Sybiha, ici présent, je me suis rendu, à l’automne de l’année dernière, à Soumy, cette ville du nord-est de l’Ukraine, par laquelle la Russie de Vladimir Poutine a tenté de gagner Kiev, au début de cette « opération spéciale » qui s’est soldée par un échec, et au sein de laquelle le musée des beaux-arts résiste, depuis trois ans et demi maintenant, aux tirs de missiles, aux tirs de drones, si bien que la France, c’était le souhait du Président de la République, a soutenu un projet de mise à l’abri des collections du musée des beaux-arts de Soumy. Parce que la force du peuple ukrainien dans sa résistance héroïque contre l’envahisseur, c’est une force d’âme fondée, inscrite, ancrée dans la culture ukrainienne.
Et c’est ensuite à nouveau à l’invitation d’Andriy Sybiha que je suis retourné en Ukraine, au mois de juillet dernier, cette fois-ci à Kharkiv. Kharkiv l’invaincue, que la Russie de Vladimir Poutine a tenté tant de fois de soumettre, de subjuguer, mais qui jamais n’a plié. Vous le savez, à Kharkiv, on parle russe, mais l’on pense ukrainien. Et parlez à celles et ceux de Kharkiv, ils vous diront qu’ils défendront leur culture ukrainienne jusqu’au dernier instant, jusqu’au dernier souffle. Et je n’oublierai jamais cette visite que nous avons faite au musée, ou en tout cas à la librairie de Kharkiv, où la libraire, vaillamment, continue d’exhumer les composantes de la culture de Kharkiv et de la culture ukrainienne comme s’il y avait là le plus puissant des détonateurs et le plus puissant des canons.
Et donc si nous sommes réunis ce soir et si nos deux présidents ont souhaité porter ce magnifique projet, c’est parce qu’ils sont convaincus que rien ne peut arrêter l’âme ukrainienne et que cette force d’âme permettra à l’Ukraine de défendre sa souveraineté, son intégrité territoriale et son indépendance.
Je veux remercier les artisans de cette saison culturelle franco-ukrainienne qui commence ici, au Quai d’Orsay, et ce soir, au Théâtre de la Ville, à l’Institut français, à l’Institut ukrainien. Et puis l’ensemble des acteurs culturels de nos deux pays qui ont contribué à ce programme préliminaire, et je dis préliminaire à dessein, vous allez comprendre pourquoi, qui d’ores et déjà, pendant les quatre mois qui viennent, propose aux Françaises et aux Français 50 événements sur l’ensemble du territoire national. Non, cette saison culturelle ne sera pas circonscrite à la ville de Paris : à Lyon, à Lille, à Metz, à Nantes, à Valenciennes, à Dunkerque, à Toulouse et ailleurs, des événements seront organisés, qui montreront la fécondité du dialogue entre les artistes, les créateurs, les intellectuels ukrainiens et leurs homologues, leurs contreparties françaises.
Je le disais, un programme temporaire. Pourquoi ? Parce que, Madame la Ministre, c’est aujourd’hui une invitation que nous lançons, depuis le Quai d’Orsay cet après-midi, et ce soir depuis le Théâtre de la Ville, à toutes celles et ceux, et ils sont si nombreux au travers de notre pays, qui souhaitent apporter leur pierre à cette saison culturelle ; un label permettra à leurs événements d’être identifiés comme tels. C’est un appel à la mobilisation et à la participation de toutes et tous à cette saison culturelle que nous lançons aujourd’hui.
Je souhaite donc aux nombreux spectateurs, qui vont se presser dans ces rencontres à travers le pays, beaucoup de plaisir à rencontrer les artistes, les intellectuels, les esprits brillants de France et d’Ukraine, en gardant à l’esprit que ce qui se joue aujourd’hui sur la ligne de front, ce n’est ni plus ni moins que la sécurité, l’indépendance, la liberté de l’Europe et la paix, durablement, sur le continent.
Merci à toutes celles et ceux qui ont rendu ce moment possible et bonne saison culturelle à toutes et tous !