Conférence « Bring Kids Back » - Discours de M. Jean-Noël Barrot, ministre de l’Europe et des affaires étrangères (Paris, 1er décembre 2025)

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Madame Macron, Madame Zelenska,
Mesdames et Messieurs les parlementaires,
Madame la Présidente de région,
Madame la Haute-commissaire,
Madame la Présidente,
Monsieur le Directeur,
Mesdames et Messieurs,
Chers amis,

Si nous avons voulu mettre en valeur l’initiative « Bring Kids Back », ce n’est pas seulement parce que ce plan d’action voulu par le président Zelensky a d’ores et déjà permis le retour en Ukraine de près de 2.000 enfants qui avaient été déportés. Mais parce que cette initiative, ce cri, « Bring Kids Back », c’est à la fois un cri du cœur et un cri de ralliement.

Un cri du cœur d’abord, face à la situation insoutenable que nous voyons devant nos yeux se dérouler en Ukraine. Chacun le sait ici, le premier des trésors d’une nation, ce sont ses enfants. Et chacun le sait ici, les premières victimes de la guerre, où qu’elle se joue, ce sont les enfants. Et plus particulièrement depuis trois ans et demi, alors que la Russie de Vladimir Poutine a lancé contre l’Ukraine une guerre d’agression d’une violence sans précédent, nous voyons le sort tragique des enfants de l’Ukraine. Celles et ceux qui, par millions, ont dû quitter leurs foyers pour changer de région au sein même de l’Ukraine, ou pour trouver refuge dans les innombrables villes et villages qui, en Europe, les ont accueillis les bras ouverts pour tenter de leur permettre de vivre une vie normale, une vie normale éloignée de leurs plus proches, parfois d’un frère, parfois d’un père, avec l’inquiétude permanente de recevoir la nouvelle de sa disparition.
Nous pensons aux jeunes filles et aux jeunes garçons de l’Ukraine qui, depuis trois ans et demi, et pour certains plus encore avant, du fait de la pandémie et de la Covid-19, ont été tout simplement privés d’école. Il y a une génération aujourd’hui en Ukraine qui ne s’est pas assise sur les bancs de l’école.

Et nous pensons évidemment, et c’est encore beaucoup plus grave, aux enfants que la Russie de Vladimir Poutine a délibérément ciblés. Vous avez entendu à l’instant un témoignage, je les ai recueillis également lorsque, à Kiev, je me suis rendu dans le centre de protection de l’enfance qui accueille ces enfants de retour de la déportation. On les a arrachés à leur famille, on leur a imposé une adoption forcée, on a voulu les redresser et laver leur cerveau pour qu’ils deviennent des opposants de l’Ukraine. C’est évidemment une tentative de la part de la Russie de Vladimir Poutine d’effacer ce qu’est l’âme de l’Ukraine et son principal trésor.
Je le disais, c’est un cri du cœur, mais c’est aussi un cri de ralliement. Un cri qui nous rassemble aujourd’hui, nous toutes et tous, qui, chacun à notre mesure, chacun à sa manière, tente de contribuer aux efforts qui sont menés par le président Zelensky et Madame Zelenska. Et je veux rendre hommage devant vous, Madame la Présidente de la région Île-de-France, à tous les maires de France qui se sont mobilisés dans les premières semaines du printemps 2022 pour, ouvrant grand les bras, accueillir les familles ukrainiennes en détresse.

Je veux aussi souligner le travail qui a été le nôtre, celui du Gouvernement français, pour apporter des réponses en matière de scolarisation des enfants d’abord, avec le soutien financier à des réhabilitations d’écoles, à l’équipement de ces écoles, à la construction d’abris, mais aussi à la construction de logements au profit des populations déplacées, ou encore, en lien étroit avec l’action de la première dame ukrainienne, Madame Zelenska, de l’assistance alimentaire qui nous a permis d’offrir à plus de 150.000 enfants ukrainiens des repas gratuits.
Et puis un cri de ralliement toujours contre ce qui s’est passé, ce qui continue sans doute de se passer, tant le cynisme de Vladimir Poutine est grand : je veux parler de la déportation volontaire des enfants de l’Ukraine.

Il y a quelques semaines encore, au niveau européen, nous avons pris des sanctions à l’encontre de 11 responsables de cette politique inacceptable. Il y a quelques jours, aux États-Unis d’Amérique, au Sénat, une proposition de loi infligeant de lourdes sanctions à l’encontre de ces mêmes responsables a été adoptée à l’unanimité de la Commission des affaires étrangères. Et mercredi, Mesdames et Messieurs, c’est aux Nations Unies qu’une résolution votée par l’Ukraine et que nous soutenons évidemment sera, je l’espère, adoptée à la plus grande majorité possible, de manière à signaler à Vladimir Poutine que ce qu’il fait ne restera pas impuni.

Impunité, lutte contre l’impunité, bien sûr, mais accompagnement aussi. L’année dernière, lorsque je me suis pour la première fois rendu en Ukraine, après avoir visité ce centre que vous soutenez, Madame Zelenska, j’ai annoncé que ce ministère soutiendrait la création de deux nouveaux centres de protection des enfants à Dnipro et à Kharkiv. J’ai le plaisir de vous annoncer aujourd’hui que nous avons décidé de soutenir un troisième centre à Tcherkassy, car le travail que vous réalisez pour accueillir ces enfants, les soigner, en prendre soin et leur permettre de se réacclimater à leur pays est évidemment essentiel.

Je ne serai pas plus long. Ce cri du cœur et ce cri du ralliement, nous le poussons aujourd’hui, 1er décembre, à l’occasion d’une journée particulière pour l’Ukraine, puisqu’il y a 34 ans, le 1er décembre 1991, les Ukrainiens poussaient un cri, celui de l’Indépendance, en votant à leur écrasante majorité à plus de 90% lors du référendum en faveur de l’indépendance de l’Union soviétique, y compris dans les régions comme la Crimée, dans les régions comme le Donbass, où l’on voudrait nous faire croire qu’on est en réalité en Russie. Rien n’est plus fort que l’âme ukrainienne. Cette âme, ce sont les enfants de l’Ukraine qui en sont les dépositaires, et donc continuons de pousser ce cri du cœur et ce cri de ralliement.

Je vous remercie.