Liban - Entretien de Christophe Lemoine, porte-parole du ministère de l’Europe et des affaires étrangères, avec « BFM TV » (Paris, 29 septembre 2024)

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Q - Christophe Lemoine est notre invité ce matin. Bonjour.

R - Bonjour.

Q - Vous êtes le porte-parole du Quai d’Orsay. Il y a beaucoup d’inquiétudes et de questions qui se posent pour les Français qui sont au Liban. D’abord, à combien évalue-t-on la communauté française au Liban ?

R - Il y a une communauté française au Liban qui est évaluée à environ 20 000 personnes à peu près, dont certains, comme le signalait votre reporter, sont des binationaux, des franco-libanais. Nous sommes en contact avec eux régulièrement. Encore une fois, la sécurité des Français est notre priorité. Nous sommes extrêmement vigilants, nous le sommes depuis des semaines, nous le sommes depuis des mois, mais encore plus depuis ces derniers jours avec l’intensification des frappes.

Q - Comment ça se passe très concrètement depuis ces derniers jours ? Est-ce que vous essayez de recenser, de prendre des nouvelles de chacun des Français ? Est-ce que les Français contactent l’ambassade ? Est-ce que vous avez eu des appels ?

R - Alors, l’Ambassade de France à Beyrouth a mis en place une cellule de crise téléphonique qui permet à chaque Français qui le souhaite de prendre contact avec l’ambassade. C’est une cellule de crise téléphonique qui fonctionne en lien directement avec le centre de crise à Paris et qui permet à tout Français qui le souhaite d’obtenir des indications ou des renseignements et d’avoir un contact avec l’ambassade de France. Il y a eu dans la journée d’hier environ 350 appels. C’est un dispositif qui a été mis en place spécifiquement ces derniers jours, suite aux événements et à la montée des tensions.

Q - Est-ce que vous avez des nouvelles de l’ensemble de la communauté ? On sait qu’il y a quelques jours, on a appris le décès d’une femme de 87 ans, morte dans l’effondrement de son immeuble après des bombardements. Est-ce qu’il y a d’autres victimes ? Est-ce qu’il y a des blessés ? Est-ce que vous avez des informations sur ce point-là ?

R - Effectivement, il y a eu une victime française ces derniers jours lors des frappes sur le Liban. L’ambassade de France, encore une fois, à Beyrouth, a à coeur de suivre la situation de l’ensemble des Français. Et nous sommes au plus près des Français qui peuvent être en difficulté au Liban pour les aider et leur porter secours.

Q - Pas d’autres victimes, pas de blessés à ce stade signalés ?

R - À ma connaissance, non.

Q - Est-ce que la question du rapatriement des Français est en train d’être sur la table, est en train d’être étudiée et peut s’organiser ?

R - Nous évaluons la situation heure par heure, nous sommes en lien constant avec notre ambassade à Beyrouth. Nous sommes extrêmement vigilants et évidemment pour le moment, nous avons anticipé beaucoup de scénarios que nous connaissons. Pour le moment l’évacuation n’est pas à l’ordre du jour, mais nous sommes prêts, et encore une fois c’est une situation qui évolue très vite, et nous sommes en lien constant avec l’ambassade pour faire une évaluation permanente de la situation. Mais à cette heure, non.

Q - Vous ne passez pas de consignes d’évacuation pour l’instant. Si certains Français veulent rentrer, les espaces aériens sont fermés au Liban, en Israël… Comment ils font ?

R - Les consignes qui ont été données aux Français ces derniers jours étaient effectivement de ne pas se rendre au Liban. Mais pour les français qui seraient au Liban, la consigne a été donnée de quitter le Liban, pour ceux qui le souhaitent. Il y a des compagnies aériennes qui opèrent encore, notamment la compagnie libanaise, et c’est la consigne qui est donnée aux Français à ce stade : c’est de quitter le Liban s’ils le peuvent et s’ils le souhaitent.

Q - Mais comment peuvent-ils quitter le Liban, là, à ce stade aujourd’hui ? Il y a encore des compagnies qui fonctionnent, mais… c’est-à-dire qu’on peut aller à l’aéroport, on peut encore prendre des billets malgré les espaces aériens qui sont restreints ?

R - À ce stade, d’après mes informations, oui, mais encore une fois, c’est une situation qui est extrêmement évolutive, et en fonction de l’éventuel développement, nous verrons comment nous réagirons à une situation qui pourrait changer.

Q - Pour les familles en France qui ont des proches au Liban, comment peuvent-elles obtenir des informations ?

R - Encore une fois, il y a une ligne qui a été ouverte par l’ambassade de France au Liban, qui est accessible, avec un numéro qui est sur le site de l’ambassade. C’est un numéro qui est accessible à tous, aux Libanais prioritairement et aux Français qui sont au Liban. Et pour ceux en France qui auraient de la famille et qui auraient des difficultés à les joindre, bien évidemment, c’est une ligne qui est ouverte à eux aussi.

Q - Merci beaucoup.

R - Merci.

Q - Merci de venir nous faire le point très précis sur la communauté française au Liban avec toutes les inquiétudes évidemment qui sont générées ces dernières heures.