États-Unis - Iran - Entretien de Christophe Lemoine, porte-parole du ministère de l’Europe et des Affaires étrangères, avec "BFM TV" (Paris, 25 juin 2025)

Partager

Q - Christophe Lemoine, je ne veux pas vous mettre dans une situation difficile où vous auriez à vous prononcer sur la façon dont Donald Trump s’en prend aux médias. Mais sur la position de la diplomatie française quant aux résultats de ces frappes, est-ce que la France fait partie des pays qui considèrent que ces frappes ont eu l’effet escompté et que le nucléaire iranien est durablement, véritablement endommagé ?

R - La position française, elle a toujours été énoncée clairement par le Président de la République et par le ministre des affaires étrangères. Et en fait, il s’agit en l’espèce de desserrer un peu la focale. Un programme nucléaire, ça doit se traiter par la voie diplomatique, ça ne peut pas se traiter par une voie militaire, il y a eu des frappes.

Q - Elles ont été efficaces ?

R - La question n’est pas tellement là. La question est de savoir comment est-ce qu’on contraint l’Iran sur son programme nucléaire, comment est-ce qu’on contraint l’Iran à ne jamais acquérir une arme nucléaire. La question c’est celle-là, au fond. Et après, il y a eu des frappes, c’est certain. Il y a eu un entretien aujourd’hui du Président de la République avec le Premier ministre israélien et ils s’entendent sur cet objectif-là, l’objectif que l’Iran ne dispose jamais d’une arme nucléaire. Donc, au fond, la vraie question, c’est de savoir comment est-ce qu’on arrive à cet objectif. Et pour arriver à cet objectif, ça a toujours été dit clairement par le Président de la République et par le Ministre, la solution militaire n’est pas une solution de long terme. La vraie solution de long terme, c’est la voie de la négociation diplomatique. Ça a déjà été fait avec d’autres pays dans le monde, sur lesquels il y a eu un encadrement des programmes nucléaires. Nous devons retourner à la table des négociations avec l’Iran sur ce programme, puisque c’est la seule garantie que le programme iranien soit civil et sous contrôle sur le long terme.

(…)

Q -
Christophe Lemoine, la position de la diplomatie française, là encore, va être de tenter de remettre sur pied un accord qui avait été torpillé en 2018, l’accord de 2015. C’est irénique de penser que ça peut fonctionner ? Ou c’est ce pour quoi vous allez vous battre ?

R - Il y a eu une rencontre à Genève vendredi dernier des ministres qui a servi à réengager le dialogue avec les Iraniens, puisque le ministre iranien était là. Donc, c’était déjà un début de réengagement de dialogue. Il faut reconstruire énormément de choses. Encore une fois, c’est une construction qui se fera par la négociation. Le but et l’objectif étant d’arriver à un accord solide et sérieux avec des engagements clairs de l’Iran et une vérification, et ça c’est un élément extrêmement clé : il faut que l’AIEA puisse vérifier la réalité de l’avancement de la question nucléaire. Mais la rencontre de vendredi dernier a surtout servi à réengager le dialogue et c’est extrêmement important, puisque maintenant qu’on a un cessez-le-feu et qu’on reparle de négociations, il est absolument essentiel d’avoir un cadre et de le reprendre.

Q - Merci beaucoup.