Paroles d’expert/e : Entretien avec Clément Hill, fonctionnaire international français à l’AIEA

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Clément Hill, chef de section au sein du Département de l’Energie Nucléaire de l’Agence Internationale de l’Energie Atomique (AIEA)

« D’après mon expérience, les fonctionnaires internationaux français sont bien perçus car ils véhiculent l’image d’une formation technique et scientifique solide, mais les candidatures françaises pèchent souvent par l’usage d’un jargon méconnu à l’international. »

Pouvez-vous tout d’abord vous présenter ? Quel a été votre parcours et en quoi consiste votre poste actuel ?

J’ai d’abord travaillé 15 ans en tant que chercheur au Commissariat à l’Energie Atomique (CEA) et 4 ans et demi à la Représentation Permanente (RP) de la France auprès de l’AIEA, en tant qu’attaché nucléaire, à Vienne. J’ai ensuite reçu un soutien constant du CEA et de la RP en vue d’intégrer l’AIEA.

J’occupe désormais depuis 8 ans un poste de chef de section au sein du Département de l’Energie Nucléaire de l’AIEA, à Vienne toujours. Je gère une équipe d’une douzaine d’employés de l’AIEA ainsi qu’une demi-douzaine de consultants et stagiaires selon les années, dont les missions sont de promouvoir les bonnes pratiques techniques et technologiques en matière de cycle du combustible, depuis la production de l’uranium jusqu’à la gestion des combustibles nucléaires usés. Ma section organise des évènements (de petits séminaires à de plus larges conférences), coordonne des recherches internationales et publie des documents techniques et des outils de formation en ligne.

Quel est l’aspect de votre métier qui vous passionne le plus ?

Ce qui me passionne le plus dans mon métier à l’AIEA, c’est de travailler en relation directe avec les représentants des Etats membres, qu’ils soient techniques ou diplomates, et de contribuer à mon échelle aux décisions qu’ils prendront pour le développement de l’énergie nucléaire.

Comment décririez-vous l’environnement de travail à l’AIEA ?

Je dirais qu’il est sous influence anglosaxonne, voire américaine, et basé sur des valeurs fondamentales telles que l’éthique, le professionnalisme et le respect de la diversité. Les relations de travail doivent être courtoises et consensuelles. Etant donnée la diversité des origines des employés de l’AIEA, tant techniques, professionnelles que géographiques, la principale difficulté est l’adaptation aux différents styles et tempéraments de mes collègues et de trouver le consensus qui permettra de les faire collaborer efficacement. Il vaut donc mieux être diplomate qu’autoritaire dans ses relations professionnelles.

Il faut également comprendre les enjeux politiques qui peuvent influencer les orientations de l’Agence pour pouvoir s’adapter aux changements.

Quels conseils donneriez-vous à celles et ceux qui veulent rejoindre l’AIEA ?

D’après mon expérience, les fonctionnaires internationaux français sont bien perçus car ils véhiculent l’image d’une formation technique et scientifique solide, mais les candidatures françaises pèchent souvent par l’usage d’un jargon méconnu à l’international.

Je recommande de s’intéresser et participer aux activités scientifiques et techniques de l’Agence, d’intégrer si possible l’un de ses réseaux et de candidater à des postes ou missions temporaires afin de se faire connaître. Une autre condition indispensable est une très bonne maîtrise de l’anglais, tant à l’écrit qu’à l’oral.