Présentation du Yémen

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Présentation du pays

YÉMEN {JPEG}

Données générales

Nom officiel : République du Yémen
Nature du régime : République
Chef de l’État : Rachad Al-Alimi (président du Conseil présidentiel depuis le 7 avril 2022)

Données géographiques

Superficie : 527 970 km2
Capitale : Sanaa (occupée par les Houthis depuis 2015) / Capitale provisoire : Aden
Villes principales : Sanaa, Aden, Taïz, Hodeïda, Moukalla
Langue officielle : arabe
Monnaie : dirham émirien (1 YER = 0,0017 euros en décembre 2023)
Fête nationale : 22 mai (22 mai 1990 – Réunification du Yémen du Nord et du Yémen du Sud)

Données démographiques

Population : 33,69 millions d’habitants (2022 – Banque mondiale)
Densité : 62 habitants/km² (idem.).
Taux de croissance démographique : 2,1 % (idem.)
Taux de fertilité : 3,8 enfants par femme (2021 – Banque mondiale)
Espérance de vie à la naissance : 64 ans en moyenne (idem.)
Taux d’alphabétisation : 85 % pour les hommes ; 55 % pour les femmes
Religions : 60 à 75 % de sunnites ; 30 % de zaïdites (Islam)
Indice de développement humain : 0,455 - 183e rang mondial (2021 – PNUD)

Éléments d’actualité

Politique intérieure

Depuis la prise de Sanaa par le groupe armé extrémiste houthi en septembre 2014, le Yémen est un pays fracturé. Le Gouvernement légitime s’est déplacé à Aden, alors que les Houthis contrôlent le Nord du Yémen et la capitale Sanaa et imposent un régime autoritaire. Le pays est en état de guerre larvée permanente, avec des tensions régulières sur les lignes de front entre la zone occupée par les houthis et le reste du pays, en dépit de la trêve qui tient de facto depuis son expiration officielle en octobre 2022.

Le Yémen a connu un soulèvement pacifique en 2011 dans le contexte des printemps arabes. Après le départ négocié du président Ali Abdallah Saleh en novembre 2011, et l’élection du candidat unique Abderrabo Mansour Hadi en février 2012, le processus de transition politique pacifique s’est enrayé et a débouché sur une guerre civile et sur la prise de la capitale Sanaa par les houthis (2014).

Une coalition de neuf pays arabes a été instaurée par l’Arabie saoudite à l’appel du président Hadi en mars 2015. Après une intensification progressive des combats, une médiation onusienne a abouti à la signature des accords de Hodeïda le 13 décembre 2018. Ces accords, qui n’ont jamais été pleinement mis en œuvre, prévoyaient le retrait des houthis des villes d’Hodeïda, de Salif et de Ras Issa ainsi qu’un cessez-le-feu dans la ville d’Hodeïda et l’échange de 15 000 prisonniers. Les opérations de la Coalition ont cessé depuis le printemps 2022

Les Émirats arabes unis ont annoncé leur retrait du Yémen à l’été 2019, et des affrontements ont éclaté entre les forces du gouvernement légitime et le Conseil de Transition du Sud (mouvement séparatiste sudiste créé en 2017) à Aden et ses environs. En novembre 2019, les accords de Riyad, parrainés par l’Arabie Saoudite, ont été signés par les deux parties (camp anti-houthis) afin de mettre fin aux affrontements. Pour autant, ces derniers se sont ponctuellement poursuivis, notamment à l’été 2022. Les tensions sont depuis essentiellement politiques.

En 2022, le Yémen a connu une période inédite de trêve, d’avril à octobre 2022. Elle était assortie de conditions telles que la facilitation de l’arrivée de navires pétroliers dans le port d’Hodeïda (sous contrôle houthi), l’ouverture de lignes aériennes au départ de Sanaa mais aussi l’ouverture des routes principales d’accès à Taez (point non mis en œuvre par les houthis). Face à l’échec du renouvellement de la trêve, la communauté internationale a reconnu la responsabilité des houthis et a salué les efforts du gouvernement yéménite. Celui-ci reste fragilisé par des divisions internes que le Conseil présidentiel, instauré et présidé par Rachad Al-Alimi depuis avril 2022, tente de résorber.

La situation sur le terrain demeure très volatile. Depuis la fin de la trêve en octobre 2022, seuls des incidents sporadiques d’ampleur ont été signalés (cinq soldats bahreïniens membres de la Coalition tués lors d’une attaque houthie en septembre 2023) entre la Coalition et les houthis. En revanche, les combats avec les forces gouvernementales, s’ils restent de faible intensité, sont presque quotidiens, à l’initiative pour la majorité d’entre eux. Les Houthis ont par ailleurs conduit des attaques de drones sur des terminaux pétroliers contrôlés par le gouvernement. Ces actions dénoncées par la communauté internationale s’inscrivent dans le cadre de la guerre économique que les houthis mènent contre le camp gouvernemental En outre, des groupes terroristes, essentiellement Al-Qaïda dans la péninsule arabique (AQPA - Ansar Al-Charia) continuent de sévir au Yémen, principalement dans les gouvernorats du centre-sud du pays (Abyan et Shabwa). Enfin, depuis octobre 2023, dans le cadre de « l’axe de la résistance » dont ils sont un membre actif et en prétextant le soutien aux Palestiniens de Gaza, les houthis ont fortement dégradé la sécurité maritime en mer Rouge, d’une part en lançant des frappes à destination d’Israël (majoritairement en survolant la mer) et d’autre part en ciblant des navires de commerce (réellement ou prétendument liés à Israël) au moyen de drones, de missiles antinavires et de missiles balistiques. Ces actions cinétiques, de plus en plus indiscriminées, menacent la navigation commerciale mer Rouge et ont conduit les États-Unis (et le Royaume Uni à une reprise) à conduire des frappes de représailles et désormais d’interdiction contre des sites de lancement opérés à terre par les houthis.

Afin d’obtenir une résolution pérenne du conflit, les Saoudiens et l’Envoyé spécial du SGNU Hans Grundberg entretiennent des échanges directs avec les Houthis, initiés par une médiation omanaise. Le 23 décembre 2023, le gouvernement du Yémen et les Houthis se sont accordés sur un cessez-le-feu et la préparation d’un processus politique permettant d’aboutir à la fin de la guerre au Yémen, sous l’égide des Nations unies. Le contexte actuel de fortes tensions en mer Rouge depuis le début de la guerre à Gaza en octobre 2023, remet cependant en question la poursuite du processus politique et la mise en œuvre de la feuille de route annoncée le 23 décembre.

La situation humanitaire demeure très dégradée. Sur près de 32 millions d’habitants, 21,6 millions sont en besoin d’assistance humanitaire. Le conflit et la détérioration de la situation économique – exacerbée par les conséquences de la guerre en Ukraine, sur la sécurité alimentaire notamment – contribuent à une dégradation continue des conditions de vie des Yéménites. Selon le PAM et la FAO, le Yémen fait partie des pays au plus haut niveau des préoccupations en matière de risque de famine. En outre, l’aide humanitaire est menacée par le contexte sécuritaire (restrictions d’accès, assassinats ciblés et enlèvements de personnel humanitaire) ainsi que désormais par les tensions en mer Rouge.

Politique étrangère

Compte tenu de la fragilité économique du pays, le gouvernement yéménite s’est toujours efforcé de maintenir des liens étroits avec ses principaux bailleurs : pays du CCEAG, Union européenne et États-Unis. Ces liens se traduisent par un fort soutien de la communauté internationale dans les domaines humanitaires et du développement, notamment dans le secteur de l’eau, gravement impacté par des contraintes environnementales (sécheresse, aridité) et structurelles (faiblesse des investissements dans le secteur, des réseaux de distribution d’eau) ou de la production d’électricité et sa distribution.

Le Yémen n’est pas membre du CCEAG
, mais avait rejoint avant 2014 plusieurs comités techniques en vue de son adhésion plénière en 2016 laquelle n’a pas eu lieu. La crise que traverse le pays depuis 2011 a renforcé les liens entre le gouvernement légitime et l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis. L’Iran a reconnu le pouvoir houthi comme autorité légitime du Yémen, notamment par l’ouverture d’une ambassade houthie à Téhéran à l’été 2019 et l’arrivée d’un ambassadeur iranien à Sanaa en octobre 2020 (décédé en décembre 2021 mais pas remplacé), provoquant de vives réactions du gouvernement légitime yéménite.

Le Yémen entretient traditionnellement des relations de bon voisinage avec les pays frontaliers. Il est toutefois confronté à des enjeux migratoires importants en provenance de la corne de l’Afrique. Les migrants éthiopiens, érythréens et somaliens affluent massivement au Yémen, terre de transit, depuis dix ans pour tenter de rejoindre ensuite les riches pays du Golfe (le flux de migrants en provenance d’Éthiopie, majoritaire, représente environ 15000 entrées mensuelles.

Depuis la prise de Sanaa par les houthis, les ambassades étrangères dont l’ambassade de France ont été délocalisées ailleurs dans la région, principalement à Riyad, Amman et Mascate. A noter que la France conserve et entretient toujours le bâtiment de son ambassade à Sanaa (néanmoins fermé) depuis la prise de la capitale par les houthis en 2014.

Situation économique

Malgré la présence de ressources naturelles notamment des hydrocarbures, la situation économique du Yémen est critique. Les réserves prouvées de pétrole du Yémen atteignent 3 milliards de barils (données BP), soit 0,2 % des réserves prouvées au niveau mondial. Toutefois, la production pétrolière yéménite, désormais assurée à 80 % par des entreprises publiques nationales (Yemen General Corporation for Oil, Gas and Mineral Resources et PetroMasila – contre 40 % avant le début du conflit, du fait du départ de plusieurs majors étrangères), est très limitée. Les réserves pétrolières sont en déclin en raison notamment de l’arrivée à maturité de certains champs et de sous-investissements dans le secteur des hydrocarbures.

Les infrastructures, y compris stratégiques, ont été lourdement affectées par des années de guerre. Si l’exploitation du pétrole et du gaz était réduite depuis le début de la guerre, elle s’est interrompue depuis les attaques des Houthis contre les installations pétrolières à la fin de la trêve en octobre 2022.
Le gouvernement légitime a toutefois signé un accord avec la compagnie autrichienne OMV, qui a repris ses activités d’exportation de pétrole dans le Sud du pays (Shabwa). En matière de gaz, le Yémen détient 300 milliards de mètres cubes de réserves prouvées (soit 0,1 % des réserves mondiales et trois-quarts de la consommation européenne en 2021). Là encore, la production nationale est limitée, à 100 millions de mètres cubes par an depuis 2018, après avoir atteint plus de 10 milliards de mètres cubes en 2013. Le terminal de gaz naturel liquéfié de Balhaf (géré par un consortium, Yemen-LNG, dont Total est l’un des actionnaires) est cependant à l’arrêt depuis 2015, notamment pour des raisons sécuritaires.

Les infrastructures de distribution d’eau sont également dans un état dégradé, ainsi que les infrastructures électriques. De surcroit, le pays est fortement exposé aux événements climatiques (cyclones, sècheresse, inondations périodiques). Ainsi le cyclone Tej, a violemment frappé plusieurs provinces du sud du Yémen à la fin du mois d’octobre 2023. La situation d’extrême fragilité économique du Yémen a rendu indispensable un soutien financier international. La guerre de la Russie en Ukraine a eu un effet très marqué sur le Yémen, qui importait 40 % de son blé de la Russie et de l’Ukraine et n’a pas été en mesure de trouver de réels substituts. Le pays a été frappé par une forte inflation (15% en 2023, 30% en 2022), alimentée en grande partie par les produits alimentaires, en hausse de 45% en 2022.

Le pays manque cruellement de devises alors même que ses besoins de financement sont très élevés. La balance courante yéménite a été fortement déficitaire ces dernières années : entre 17% et 20% du PIB depuis 2020 ce qui correspond à 3-4 Md USD chaque année. Ces déficits successifs, couplés aux investissements étrangers inexistants, conduisent à une forte baisse des réserves de change. Ces dernières sont anticipées par le FMI (prévision d’octobre 2023) à moins de 0,7 Md USD à fin 2023, soit moins d’un mois d’importations. Reflétant le manque de ressources, le Yémen n’a pas été en mesure d’assurer le service de sa dette extérieure, sauf envers la Banque mondiale et le FMI. La dette extérieure est estimée à quelque 8 Md USD (environ 45 % du PIB), dont environ 2 Md USD d’arriérés.

Un pays fragilisé par le choix d’une stratégie de guerre économique des Houthis contre le camp gouvernemental. Les attaques contre les installations d’exportation de pétrole en octobre 2022 ont privé le gouvernement de la large majorité de ses revenus en devises étrangères, soit environ la moitié de ses revenus totaux.

Mise à jour : 18.06.2024

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