Q&R - Point de presse live (20 avril 2023)

Partager

Q - Quelques questions, s’il vous plaît. D’abord, vous avez évoqué le Conseil des ministres à Luxembourg, lundi, je pense. On a vu hier qu’en Ukraine, ils ont abattu ou intercepté plusieurs drones iraniens. Vous avez parlé, la semaine passée, du 11ème paquet de sanctions. Est-ce que ce nouveau paquet de sanctions sera adopté au Conseil ? Et est-ce que ce paquet va inclure aussi des éléments iraniens, vu ce qui s’est passé hier ?

J’aimerais aussi, si vous pourriez commenter sur la visite du ministre des affaires étrangères saoudien en Syrie, vue la position de la France. Donc si vous pouvez commenter ce rapprochement.

Troisième question sur la crise entre la France et l’Afrique du Nord, l’Égypte et l’Algérie, sur la question des pesticides. Je comprends que la deadline est le 25 avril. Où est-ce que vous en êtes sur ces négociations ? Est-ce qu’il y a des négociations en cours ?

Et une dernière question, sur la décision britannique, hier, de sanctionner M. Nazem Said Ahmad, qui était déjà sanctionné il y a plusieurs années par les Américains pour financer des opérations du Hezbollah. Si je ne me trompe pas, il n’est pas sanctionné par l’Union européenne ou par la France. Est-ce que vous regardez ce sujet ?

R - S’agissant des frappes de drones sur Odessa, nous les condamnons avec la plus grande fermeté, comme toutes les frappes et les actions menées en violation complète du droit international humanitaire contre des infrastructures civiles et des villes ukrainiennes. Nous réitérons à cet égard notre condamnation vis-à-vis de ce qui s’apparente à des crimes de guerre en Ukraine menés par la Russie. Vous savez quelle est notre position sur la prolifération de drones iraniens, il y a déjà eu des mesures prises à cet égard. S’agissant du 11ème paquet de sanctions, les discussions se poursuivent, et donc ce paquet de sanctions n’est pas à l’ordre du jour du Conseil des affaires étrangères pour adoption.

S’agissant de la visite que vous évoquez, nous avons déjà eu l’occasion de revenir sur cette question. Les relations entre les États relèvent de la décision souveraine de chacun d’entre eux, et il n’est pas de notre responsabilité de les commenter. En revanche, s’agissant de la position de la France, elle n’a pas changé : le régime syrien continue de constituer une source d’instabilité majeure pour la région. Elle est de plusieurs ordres notamment la question du trafic de drogue - il y aura une discussion à cet égard à l’occasion du Conseil des affaires étrangères de lundi, et vous savez que nous avons travaillé sur l’approfondissement des sanctions à l’égard des trafiquants de drogue de Captagon qui travaillent à partir de la Syrie. Toutes ces questions d’instabilité sont pour nous des sujets de préoccupation constante, et s’agissant du régime syrien, vous savez quelles sont les mesures attendues de sa part pour une sortie de crise durable. Notre position n’a pas changé, elle est basée sur la résolution 2254 du Conseil de sécurité des Nations unies, qui pose les conditions indispensables pour une sortie de crise durable de la part de la Syrie.

S’agissant de la question des pesticides, je vous renverrais à nos collègues du ministère de l’agriculture sur ce point, je n’ai pas d’éléments particuliers à vous communiquer.

Et pour ce qui est de la décision britannique, je n’ai pas d’éléments sur cette personne, nous reviendrons vers vous à cet égard.

Q - Une question sur le Soudan : les combats s’intensifient, il y a eu 200 morts en trois jours… Est-ce qu’il y a eu des contacts entre la France et ses partenaires régionaux et internationaux ? Et est-ce qu’il y aura des contacts avec les deux généraux, Al-Bourhane et Hemetti, pour leur demander d’accepter une trêve humanitaire ? Et est-ce qu’il y aura une décision d’évacuer les ressortissants français et européens ?

R - Nous avons exprimé, à plusieurs reprises, tout à la fois notre préoccupation et notre condamnation des combats en cours, qui ont fait un très lourd bilan civil, comme vous l’avez indiqué. Les Nations unies ont évoqué près de 200 morts, mais également 1.800 blessés, et malheureusement ce chiffre est sans doute sous-estimé. Nous avons évidemment toute une série de contacts internationaux. Notre objectif, aujourd’hui, et celui de la communauté internationale, est d’obtenir une trêve et une cessation immédiate des combats.

C’est ce qu’ont indiqué les ministres des affaires étrangères à la réunion du G7, à laquelle assistait Mme Colonna. Il y a eu toute une série de contacts internationaux depuis pour faire pression sur les deux belligérants, pour obtenir cet arrêt immédiat des combats ; une trêve humanitaire permettant la protection des civils, notamment des ressortissants étrangers, mais également la protection des emprises diplomatiques, dont certaines ont été prises pou r cibles. Au nombre de ses contacts, Mme la Ministre s’est entretenue avec tous ses homologues du G7, puisqu’elle était sur place au Japon avec eux. Elle a également eu des contacts avec ses partenaires de la Ligue arabe, avec les partenaires de l’Union africaine, et il y aura à nouveau des contacts de coordination, cet après-midi, avec la Ligue arabe, l’Union africaine, l’IGAD - l’Organisation régionale d’Afrique de l’Est, dont vous savez qu’elle est active sur cette question -, les Nations unies, et nos partenaires du P5. Vous savez que la Ministre s’est entretenue encore hier avec son homologue saoudien et avec le Secrétaire général des Nations unies à cet égard. La pression aujourd’hui est collective pour obtenir cette trêve humanitaire urgente, et ensuite un cessez-le-feu durable qui doit permettre une sortie de crise au Soudan.

S’agissant de nos ressortissants, il s’agit évidemment de la priorité pour nous que de nous assurer de la sécurité de nos ressortissants sur place au Soudan. À ce stade, au vu de l’évolution de la situation sur le terrain, nous leur demandons de rester confinés chez eux, puisque les combats rendent dangereuse toute circulation, à ce stade, à Khartoum.

Q - Juste pour aller dans le sens de la question de mon collègue sur le Soudan, vous aviez indiqué à nos confrères de France Info qu’il y a des centaines de ressortissants français. Est-ce qu’on peut connaître le nombre exact de la communauté française établie au Soudan ?

Et une deuxième question, en lien avec ce qui se passe au Soudan : est-ce que la France peut compter sur l’Égypte, sachant que c’est un pays partenaire, est-ce que l’Égypte peut jouer un rôle de médiation dans ce conflit intra-soudanais ?

Et troisième question, sur l’Algérie : on sait que la visite du Président Tebboune a été reportée pour les raisons évoquées par l’Élysée. La Commission d’histoire a été réactivée mercredi, selon un communiqué de l’Élysée. Qu’en est-il exactement de cette Commission ? Et qu’est-ce qu’on peut attendre de cette coopération entre historiens français et algériens ?

R - Sur le Soudan, j’ai évoqué plusieurs centaines de Français qui sont enregistrés au titre de notre communauté française résidente au Soudan. Je ne donne pas de chiffres plus précis que cela. C’est un travail qui est fait de façon extrêmement précise par le centre de crise et de soutien. Nous avons ouvert une cellule de crise dès le déclenchement des combats à Khartoum ce week-end, et nous sommes en contact individuellement avec chacun de nos ressortissants qui se sont signalés à notre ambassade. Notre message à nos ressortissants aujourd’hui, c’est : « restez confinés, gardez le contact avec l’ambassade et avec la cellule de crise » ; c’est dans ce cadre-là que nous travaillons aujourd’hui.

S’agissant de l’Égypte, il y a, comme je l’indiquais, des contacts avec tous nos partenaires, notamment de la Ligue arabe. Vous savez que l’Égypte a en effet proposé et exprimé son souhait de jouer un rôle dans cette crise. Nous sommes aussi en contact avec les partenaires égyptiens, et nous souhaitons tous que les messages apportés aux deux parties soit cette cessation immédiate des combats, et la mise en place d’une trêve humanitaire qui permette de protéger les civils.
S’agissant de la visite du Président Tebboune, nous continuons à travailler avec nos partenaires algériens à l’approfondissement des relations entre nos deux pays, et cela dans l’esprit de la déclaration d’Alger du 27 août 2022, qui avait marqué l’ambition d’un partenariat renouvelé entre nos deux pays. Vous avez évoqué cette commission d’historiens, qui montre bien que le travail se poursuit dans le cadre de cette feuille de route. La secrétaire générale du Quai d’Orsay était également à Alger, le 16 avril dernier, pour poursuivre le travail de mise en oeuvre de cette feuille de route de partenariat renouvelé. Nous continuons les préparatifs en vue de la visite d’État du Président Tebboune, dont vous savez que les deux chefs d’État étaient convenus, le 15 janvier dernier, quand ils se sont parlé par téléphone. Nous travaillons sur des dates, et ces dates seront communiquées, le cas échéant, par la présidence de la République et par El Mouradia. Là-dessus, pas d’autre commentaire à faire.

S’agissant de la Commission d’histoire, tout était dans le communiqué de l’Élysée, donc je vous renvoie à ce communiqué. C’est évidemment un élément extrêmement important. Vous avez pu lire, à différentes occasions, la volonté marquée par le Président de la République de regarder notre histoire en face, de faire en sorte que des historiens puissent travailler sur une vision commune qui permette de traiter les parties les plus douloureuses de notre histoire commune.

Q - J’ai deux questions, je voulais juste revenir sur le Soudan. Est-ce qu’il y a une réflexion avec vos partenaires sur une éventuelle évacuation par terre ou par mer ? Est-ce que c’est en discussion ? J’ai compris que vous dites que les gens doivent rester chez eux, mais est-ce que vous envisagez éventuellement d’évacuer les ressortissants européens ? Et j’ai une question sur la Tunisie : quelles initiatives porte la France pour essayer de stabiliser la situation politique économique et migratoire ? Je crois que vous vous êtes montrés préoccupés par l’arrestation de Ghannouchi cette semaine ; depuis, il y a eu la détention. Pourquoi est-ce que vous êtes tellement préoccupés ?

R - Pour revenir sur le Soudan, comme je l’indiquais, aujourd’hui nous avons toute une série de coordinations et de contacts avec nos partenaires internationaux, et nous sommes concentrés sur un message : celui d’obtenir cette trêve humanitaire, permettre un arrêt des combats. C’est dans ce cadre-là que nous pourrons envisager la suite. Tous nos efforts sont aujourd’hui concentrés sur cette étape.

S’agissant de la Tunisie, la Ministre avait eu l’occasion de s’entretenir avec son homologue, il y a quelques jours. Nous avons en effet fait des déclarations que vous avez mentionnées, il y a deux jours, sur la vague d’arrestations en cours en Tunisie, et notre attachement à cet égard à l’État de droit, mais aussi aux acquis démocratiques de la Tunisie. La Ministre avait eu l’occasion auprès de Nabil Ammar de rappeler le soutien sans failles de la France au peuple tunisien, notamment face à l’urgence économique. Sur ce point-là, s’agissant du FMI, puisqu’il s’agit pour la Tunisie de pouvoir avancer sur les questions économiques par la finalisation d’un accord avec le FMI, nous continuons d’en discuter avec nos partenaires européens. Ce sera une des questions évoquées au Conseil des affaires étrangères ce lundi.

Q - S’agissant du Liban, la France a accueilli dernièrement plusieurs dirigeants libanais : M. Gemayel, M. Frangié, M Joumblatt, et d’autres à ce sujet. Mais on voit que la presse libanaise ne cesse de publier tous les jours que la France soutient la candidature de M. Gemayel à l’élection présidentielle. Est-ce que cette thèse, pouvez-vous la démentir ou la confirmer ? Et deuxièmement qu’en est-il de la réunion du groupe des 5 à niveau ministériel ou ambassadeurs ?

R - S’agissant de la réunion du groupe des 5, je n’ai pas d’élément de calendrier à vous confirmer à cet égard. Je vous renvoie vers notre ambassade pour le calendrier local au Liban. Vous évoquez des rumeurs à l’égard d’un soutien de la France. La France n’a pas de candidat au Liban. Il revient évidemment aux Libanais d’élire leurs dirigeants. D’ailleurs, c’est le message que nous avons répété depuis des mois, puisque notre position, elle est bien connue, elle a été exprimée par nos autorités, le Président de la République et Mme Colonna. Il revient aux acteurs libanais de prendre leurs responsabilités et de sortir de l’impasse politique pour élire rapidement, conformément à la constitution un nouveau président après désormais plus de six mois de vacance présidentielle au Liban, qui pèse sur le peuple libanais au premier chef. Il s’agit, comme je l’ai indiqué à de nombreuses reprises, d’élire un nouveau président, de former un nouveau gouvernement en plein exercice, qui sera en mesure de mener les réformes dont le Liban et le peuple libanais a urgemment besoin face à la crise qu’il traverse. Nous nous tenons comme toujours aux côtés du peuple libanais à cet égard.

Q - Je voulais vous demander si, pour le Soudan, il y avait une mission diplomatique française qui était prévue sur place ? Par ailleurs, est-ce que vous avez une explication pour le report de la visite officielle du président algérien ?

Une question sur le Cameroun : quelle est la position du Quai sur l’initiative canadienne de discussion entre les équipes du Premier ministre camerounais et les séparatistes anglophones ? Et votre position sur le démenti officiel des autorités camerounaises au sujet de cette facilitation ? Qui représentera la France à Brazzaville au Sommet des trois bassins forestiers organisé par le président congolais Denis Sassou-Nguesso ? Quand sera publié le décret de nomination des nouveaux ambassadeurs, si vous avez une petite idée ?

R - S’agissant du décret de nomination des ambassadeurs, vous savez ce qu’il en est. Les décrets de nomination dépendent des agréments donnés par les pays hôtes. Donc il n’y a pas de date par construction de communication de ces décrets. Je vous invite à suivre l’actualité du Conseil des ministres à cet égard.
Sur le Soudan, le Centre de crise et de soutien, comme je l’indiquais, est tout à fait mobilisé pour suivre la crise soudanaise. Aujourd’hui, la situation sur le terrain, c’est celle de combats très violents. Il y a eu de fait un appel au cessez-le feu et une déclaration de cessez-le-feu par les deux belligérants, hier soir, mais nous avons pu constater que ce cessez-le-feu n’était pas pleinement respecté, et il y a des combats qui aujourd’hui rendent toute circulation extrêmement dangereuse sur le terrain. Le suivi est fait à distance, à ce stade, mais quand je dis à distance, c’est avec une proximité très forte puisque, comme je l’indiquais, le Centre de crise et de soutien appelle individuellement nos ressortissants un par un pour faire en sorte qu’ils puissent être informés de l’évolution de la situation et garder le contact avec nous, et que nous puissions nous assurer de leur situation individuelle.

S’agissant du report que vous évoquiez, il n’y a pas de report, je viens de l’indiquer. Nous continuons de travailler avec les Algériens à la préparation de la visite du Président Tebboune en France, conformément aux orientations données par les deux présidents lors de leur appel téléphonique, le 15 janvier dernier. Comme dans tous préparatifs, nous travaillons à des dates, et à ce stade, ces dates sont encore en discussion. S’agissant du Sommet des trois grands bassins forestiers, vous savez que nous sommes mobilisés très activement sur les questions de protection des forêts, à l’occasion du One Forest Summit qui s’est tenu très récemment et auquel a participé le Président de la République. Je sais qu’à cette occasion, nous avions indiqué que nous serions représentés au Sommet des trois grands bassins forestiers à Brazzaville, mais à ma connaissance, nous n’avons pas encore confirmé la personnalité qui viendra représenter la France à Brazzaville.

S’agissant du Cameroun, je n’ai pas d’élément à ce sujet à vous communiquer à l’instant, mais nous reviendrons vers vous sur ce point.

Q - Ma question concerne une décision du Parlement européen, qui a adopté hier un texte pour interdire les produits issus de la déforestation. Est-ce que la France envisage d’inclure et de pousser cette législation dans les négociations entre l’UE et Mercosur ?

R - nous nous félicitons de l’adoption de cette mesure. La France s’était mobilisée très activement au cours de la Présidence française de l’UE, sur ces questions de déforestation importée, qui constitue une part de notre action en faveur de la biodiversité. C’est aussi un point qu’avait pu évoquer Mme Colonna à l’occasion de son déplacement à Brasilia en début d’année. Les autorités brésiliennes ont à cet égard pris toute une série d’engagements extrêmement ambitieux, qui viennent inverser une dynamique malheureusement très rapide de déforestation dans l’Amazonie, et nous soutenons cette trajectoire ambitieuse développée à cet égard par le Brésil. Sur la question du Mercosur, vous avez entendu le Président de la République, et la Ministre a eu l’occasion de le répéter, il s’agit pour tous nos accords commerciaux et c’était d’ailleurs un des points du discours du Président de la République à Nexus aux Pays-Bas, il s’agit pour tous les accords commerciaux de l’UE de prendre en compte le respect des normes environnementales que nous nous appliquons et ce sera évidemment un des points de la discussion.

Q - Bonjour, une question sur l’Iran. Quelle est la position du ministère sur l’emprisonnement du rappeur, chanteur Toomaj Salehi, qui est emprisonné depuis plus de 150 jours, et dont le comité de soutien, l’avocat, a été reçu cette semaine au ministère ? Quelle est la position de la France sur ce dossier ?

R - Nous avons eu l’occasion de nous exprimer à plusieurs reprises sur les questions de répression en Iran. Notre position est connue à cet égard.

Q - Concernant le Soudan, vous avez dit que vous êtes en contact avec les partenaires internationaux et régionaux. Avec l’Égypte, vous pouvez compter sur l’Égypte pour évacuer les ressortissants français, y a-t-il des propositions avec l’Égypte, d’évacuer ces ressortissants ?

R - Comme je vous l’indiquais aujourd’hui, nous n’en sommes pas à ce point de la crise. Aujourd’hui, notre message, vis-à-vis de nos ressortissants, c’est de rester confinés. Les contacts que nous avons avec les partenaires internationaux et régionaux à cet égard visent à travailler sur l’obtention d’un arrêt des combats sur le terrain qui reste un préalable à toute action.