Point de presse de la ministre de l’Europe et des Affaires étrangères, Catherine Colonna, au G7 Affaires étrangères (Münster, le 3 novembre 2022)

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Nous nous réunissons dans ce format G7 à un moment particulièrement important. L’hiver approche et la Russie mène une campagne systématique de destructions des infrastructures civiles de l’Ukraine. Je rappelle, mais dois-je le faire, que ces actions sont constitutives de crimes de guerre. Donc ceci nous conduit à renforcer notre coordination et également à renforcer l’aide que nous apportons à l’Ukraine pour l’aider à se défendre et pour aider la population ukrainienne à tenir.

Aide militaire, je n’y reviendrai pas, nous faisons des efforts continus et avons décidé de les renforcer, comme vous le savez, le Président de la République en a parlé, il y a deux jours à peine, avec le Président Zelenski.

Aide économique et humanitaire que nous orientons en ce moment prioritairement sur la livraison de biens de première nécessité et notamment pour répondre aux besoins énergétiques de l’Ukraine avec des générateurs, des appareils de chauffage et des pièces de rechange, et aide à la reconstruction d’infrastructures critiques puisque la campagne de frappes russes réussit à détruire une partie des infrastructures civiles ukrainiennes.

Sur ces deux derniers points, l’Ukraine et la France vont réunir une conférence internationale à Paris le 13 décembre, le Président de la République et le Président Zelenski en sont convenus lors de la conversation à laquelle je faisais référence. Avec non seulement les pays du G7 bien sûr, qui seront invités, mais les pays européens et tous ceux qui sont prêts à aider la population à passer l’hiver : nous ne laisserons pas ces destructions se faire sans réagir et sans montrer que nous sommes aux côtés de l’Ukraine. Je viens à l’instant même de m’entretenir avec mon homologue ukrainien Dmytro Kouleba du format et du contenu que nous souhaitons donner à cette conférence pour aider l’Ukraine et la population ukrainienne autant que possible.

Ce G7 nous permettra aussi de réfléchir avec nos partenaires africains - l’Union africaine et un certain nombre de pays africains qui sont là - à la meilleure manière de relever ensemble les défis que nous avons en commun, un certain nombre de crises vous le savez, la sécurité et le climat pour citer certains des sujets que nous aborderons, mais aussi à la façon de travailler ensemble pour atténuer les effets négatifs de la guerre russe en Ukraine sur les équilibres mondiaux. Je pense évidemment, vous le savez, à l’énergie, à la sécurité alimentaire et à tant d’autres choses où nous avons des intérêts communs avec les pays africains. Cela permettra également de bien situer les responsabilités et je veux souligner une nouvelle fois que la Russie porte la responsabilité de la guerre qu’elle a choisie de déclencher contre l’Ukraine, de l’agression qu’elle poursuit en Ukraine et qu’elle ne semble pas vouloir arrêter. Ce qui ne m’empêche pas de souhaiter devant vous qu’elle adopte un comportement plus responsable. Elle le peut, nous le lui disons souvent et nous le luis disons aujourd’hui.

Nous parlerons aussi ce soir des enjeux et des défis que représentent pour les membres du G7 la Chine, en particulier après le dernier congrès du parti communiste chinois, et nous aurons à évoquer demain un certain nombre d’autres questions internationales, notamment la poursuite de la campagne de provocations menée par la Corée du Nord, et la réaction qui devrait être la nôtre, unanime, s’il devait y avoir d’autres tirs.

Et puis bien sûr la situation en Iran, à la fois pour condamner une nouvelle fois la répression brutale qui est menée contre des manifestants pacifiques et pour être prêts à l’adoption de nouvelles sanctions contre l’Iran s’il le fallait en raison de sa participation regrettable à la guerre d’agression menée par la Russie en Ukraine. Et enfin pour redemander à l’Iran la libération des ressortissants français, européens ou d’autres nationalités qui sont illégalement détenus par les autorités de ce pays, et pour encourager ce pays à coopérer davantage avec l’AIEA et en clair à respecter les obligations qui sont les siennes au titre de l’accord de garanties.

Et puisque je parle de l’AIEA je voudrais attirer votre attention sur l’importance des conclusions de la mission de l’AIEA qui s’est déroulée en Ukraine et qui permet de répondre définitivement aux allégations mensongères portées par la Russie il y a quelques jours. C’était un mensonge de plus et un mensonge regrettable, il faut cesser de les multiplier.

Question AFP : Vous l’avez dit, la Chine sera un sujet de discussion important à cette réunion du G7, à cet égard pouvez-vous nous dire comment la France voit le voyage d’Olaf Scholz demain à Pékin et quelles sont les attentes concernant ce voyage ?

Réponse : Je n’ai pas à commenter le voyage du Chancelier à Pékin, le Président de la République est lui-même invité en Chine et je ne doute pas qu’il s’y rendra dans quelques semaines ou quelques mois. En tous cas je n’ai pas à commenter le calendrier et les choix du Chancelier, mais je voudrais rappeler la position unanime de l’Union européenne vis-à-vis de la Chine : La Chine est tout à la fois un partenaire, et elle l’est réellement dans le domaine du climat, de la biodiversité et de la santé. Elle est aussi un concurrent notamment sur le plan commercial, et un concurrent particulièrement efficace. Elle est également un rival stratégique et un rival dont « l’assertivité » comme on dit en mauvais français s’affirme jour après jour. Et il est évident que sur chacun de ces trois piliers il est important de parler à la Chine et je n’ai pas cité l’Ukraine mais l’Ukraine est un autre sujet qui nous conduit à avoir des conversations de qualité avec nos homologues chinois, je l’ai fait moi-même et le chancelier le fera à son niveau j’en suis sûr, de la même façon.

Merci à tous.