Présentation du Tadjikistan

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Présentation du pays

TADJIKISTAN {JPEG}

Données générales

Nom officiel : République du Tadjikistan
Nature du régime : République présidentielle
Chef de l’Etat : Emomali Rahmon, élu pour la première fois le 6 novembre 1994, et réélu sans discontinuer depuis cette date (cinquième élection le 11 octobre 2020)

Données géographiques

Superficie : 143 100 km2
Capitale : Douchanbé
Villes principales : Khoudjand, Kouliab, Bokhtar
Langue officielle : tadjik ; russe (statut de « langue de communication interethnique » dans la Constitution)
Monnaie  : Somoni (1 somoni/ TJS = 0,09132 au taux de chancellerie d’août 2025)
Fête nationale : 9 septembre (jour de l’indépendance)

Données démographiques

Population : 10 590 927 (Banque mondiale, 2024)
Taux de croissance démographique : 1,9% (Banque mondiale, 2023)
Espérance de vie : 72 ans (Banque mondiale, 2023)
Taux d’alphabétisation : 99,8% (PNUD, 2018)
Composition ethnique : Tadjiks (85%), Ouzbeks (11%), Kirghizes (0,5%), Turkmènes et Russes
Religions : 90 % de musulmans (majoritairement sunnites) dont 5% de musulmans chiites ismaéliens, orthodoxes
IDH : 0,691 (PNUD, 2023)

Éléments d’actualité

Politique intérieure

Au pouvoir depuis 1994, le président Emomali Rahmon a été réélu pour un cinquième mandat à la tête de l’État le 11 octobre 2020 avec 85,3 % des suffrages, au terme d’une campagne marquée par l’absence de débat et d’opposition réelle. Disposant depuis 2015 du titre de « fondateur de la paix et de l’unité nationale, leader de la Nation », une réforme constitutionnelle validée par référendum en mai 2016 lui permet désormais de briguer un nombre illimité de mandats. Le Parti de la renaissance islamique (PRIT), acteur majeur de l’accord de réconciliation de 1997 après la guerre civile (1992-1997), a été banni de la vie politique en août 2015, avant d’être qualifié d’organisation terroriste par les autorités.

La situation des droits de l’Homme est préoccupante et s’est dégradée au cours des dix dernières années. La région autonome du Haut-Badakhchan (ou GBAO) à l’est du pays, où est concentrée la minorité pamirie, fait aujourd’hui l’objet d’un contrôle renforcé de la part du pouvoir central à la suite des manifestations violemment réprimées y ont éclaté fin 2021 et courant 2022. L’enclavement de la province, isolée du reste du pays par une topographie très montagneuse et par l’absence de liaison aérienne, accentue son isolement.

La sécurité de sa frontière avec l’Afghanistan, longue de 1340km et située en altitude, représente une priorité pour Douchanbé, renforcée depuis l’arrivée des Talibans au pouvoir. Le Tadjikistan est le seul des cinq pays d’Asie centrale à afficher, pour l’heure, une posture officielle de non-dialogue avec les Talibans. La présence de l’EI-K et d’autres organisations terroristes au nord de l’Afghanistan, ainsi que l’enrôlement de ressortissants tadjiks dans ces groupuscules, placent les enjeux sécuritaires au cœur de la coopération du Tadjikistan avec ses partenaires (ONU, OSCE, UE, OTSC, OCS, Russie, Chine…).

Politique étrangère

Enclavé entre l’aire culturelle soviétique et la zone d’influence chinoise, bordé au sud par l’Afghanistan, le Tadjikistan a fait de la multivectorialité le maître-mot de sa politique étrangère.

La Russie, garant historique de la sécurité de la frontière tadjiko-afghane par le biais de sa base militaire 201, demeure un partenaire incontournable de Douchanbé. Le Tadjikistan est membre de plusieurs organisations régionales auxquelles participe la Russie (Organisation du Traité de sécurité collective, Organisation de Coopération de Shanghai et Communauté des Etats indépendants) mais refuse de rejoindre l’Union économique eurasiatique. L’agression russe en Ukraine et l’attentat du Crocus City Hall en mars 2024, attribué à des ressortissants tadjiks affiliés à l’EI-K, ont néanmoins poussé les autorités tadjikes à prendre certaines distances avec Moscou. Le traitement des travailleurs migrants tadjiks en Russie, estimés à 2 millions et dont les transferts d’argent correspondent à 46% du PIB tadjik (2024), a ainsi été publiquement dénoncé par la partie tadjike dans un contexte de durcissement de la législation migratoire russe.

L’intérêt de la Chine pour le Tadjikistan s’est en parallèle renforcé à la fois sur le plan sécuritaire et économique. Le président chinois Xi Jinping a ainsi effectué début juillet 2024 sa troisième visite d’Etat au Tadjikistan en dix ans. Celle-ci a permis d’élever la relation bilatérale au niveau de « partenariat stratégique global » et d’inaugurer à Douchanbé de nouveaux bâtiments pour le Parlement et les services gouvernementaux tadjiks offerts par Pékin. La Chine demeure par ailleurs le premier investisseur dans le pays, notamment dans le secteur de l’industrie extractive qu’elle contrôle à 90% et, en 2025, a supplanté la Russie comme partenaire commercial principal du pays (24,8% de part de marché sur les cinq premiers mois de l’année 2025 contre 23,2% pour la Russie) Elle reste par ailleurs le premier créancier du Tadjikistan (40% de la dette extérieure du pays).

La visite d’Etat du président tadjik Emomali Rahmon à Bichkek les 12-13 mars 2025 a permis normaliser les relations avec le Kirghizstan, très détériorées depuis les affrontements armés qui avaient embrasé la zone frontalière tadjiko-kirghize en 2021-2022 faisant près de 160 morts. Cette normalisation s’est traduite par la signature d’un traité de démarcation de la frontière avec le Kirghizstan, complété le 31 mars par un accord trilatéral Ouzbékistan-Tadjikistan-Kirghizstan sur la jonction des frontières, qui clôt l’ensemble des différends frontaliers que la région avait héritée de la période soviétique.

Plus largement, le président Rahmon est un fervent promoteur de la dynamique de rapprochement régional et participe chaque année au sommet consultatif des chefs d’Etat des cinq pays d’Asie centrale, mis en place depuis 2018 et accueilli à Douchanbé en 2023.

Doté d’un territoire montagneux sur 93% de sa superficie et abritant certains des plus grands glaciers au monde, le Tadjikistan conduit, depuis le début des années 2000 au sein des enceintes onusiennes, une politique active de défense de l’environnement et des ressources en eau. En 2018, il a ainsi lancé, dans le cadre de la décennie d’action des Nations unies pour l’eau 2018-2028, le « Dushanbe Water Process », accueillant depuis cette date, sur une base biannuelle, une conférence internationale sur l’eau. La défense ses glaciers est l’autre axe majeur de sa politique environnementale et l’a conduit, en mai 2025, à accueillir la première conférence internationale sur la protection des glaciers. Un mois plus tard, à Nice, en marge de la Conférence des Nations unies pour les Océans, le président Rahmon lançait, aux côtés du Président de la République et de la directrice générale de l’UNESCO, la Décennie d’action pour les sciences de la cryosphère (2025-2034) corédigée avec la France et adoptée par l’Assemblée générale des Nations unies le 14 août 2024.

Situation économique

Le Tadjikistan reste l’un des pays les plus pauvres de la Communauté des États indépendants (CEI), avec un PIB par habitant estimé à environ 1 300 USD et un PIB nominal dépassant 14 Md USD (d’après la Banque mondiale) en 2024. Bien que le pays ait enregistré un taux de croissance moyen de 7 % au cours des dernières années, atteignant 8 % en 2024 grâce à l’essor des exportations d’or, d’aluminium et de produits agricoles (dont coton, dans une moindre mesure), ainsi qu’à un programme ambitieux d’investissements publics dans les infrastructures énergétiques (dont le méga projet de barrage à Rogun), les perspectives économiques à moyen terme restent fragiles. Le modèle de développement actuel repose encore largement sur les transferts de fonds des travailleurs migrants, principalement installés en Russie, qui représentaient près de 45 % du PIB en 2024 (d’après la BAsD) une vulnérabilité persistante aux chocs externes et de sérieuses difficultés à générer suffisamment d’emplois pour une population jeune (la moitié a moins de 25 ans, près de 240 000 nouvelles personnes arrivent sur le marché de l’emploi chaque année).

Malgré des efforts pour attirer les investissements et financements internationaux, notamment à travers des forums comme le Dushanbe Invest 2025, le climat des affaires reste dégradé, fragilisé par un manque de transparence, une prédation des principaux actifs économiques par un cercle limité de personnes (essentiellement entourage du président tadjik) et des infrastructures insuffisantes, aggravant l’enclavement du pays. Les réformes structurelles sont consenties par les autorités notamment dans le domaine des finances publiques et de l’énergie sur forte insistance des bailleurs de fonds qui y conditionnent leurs financements.

Le pays est vulnérable aux risques liés au trafic de stupéfiants et au crime organisé.

Mise à jour : 12.12.25

Informations complémentaires