La France dans les organisations régionales du Pacifique
La France est membre fondatrice de la Communauté du Pacifique (CPS) et du Programme régionale océanien pour l’environnement (PROE). Non membre du Forum des îles du Pacifique (FIP), la France y détient le statut de « partenaire de dialogue », tandis que deux de ses territoires (Nouvelle-Calédonie et Polynésie française) y sont membres pleins depuis 2016. Wallis-et-Futuna en est pour sa part membre associé.
Communauté du Pacifique (CPS)
L’organisation est la plus importante du Pacifique en termes d’effectif (620 agents) et de budget (82 millions d’euros en 2021). Son siège est situé à Nouméa, en Nouvelle-Calédonie. Elle dispose d’une implantation régionale à Suva (Fidji), d’une antenne à Pohnpei (États fédérés de Micronésie) et d’un bureau à Port-Vila (Vanuatu).
Le mandat de la CPS est exclusivement technique, son objectif étant de fournir un soutien aux politiques de développement des États et territoires d’Océanie. Elle dispose notamment de programmes en matière de santé publique, éducation et droits de l’Homme, mais également sur la durabilité environnementale et le changement climatique.
La France est le deuxième contributeur au budget de la CPS avec 2,4 millions d’euros (dont 300 000 euros de contribution volontaire) pour l’année 2023.
En novembre 2022, à l’occasion des 75 ans de l’organisation, la France était représentée à la Conférence ministérielle par la Secrétaire d’État chargée du développement, Chrysoula Zacharopoulou.
La CPS constitue un relais important pour la mise en œuvre de notre action régionale dans le Pacifique. Elle a été le principal canal d’intervention de la réponse française à la crise sanitaire dans le Pacifique avec une subvention de 2 millions d’euror pour son réseau de surveillance de la santé publique. La CPS est également amenée à occuper une place grandissante dans l’architecture de réponse aux crises et catastrophes naturelles (HADR).
D’une part avec son initiative « Pacific Island Emergency Management Alliance » (PIEMA), dont le but est de renforcer les capacités et l’interopérabilité des autorités nationales en matière de gestion des catastrophes naturelles (NDMOs) du Pacifique Sud, au sein de laquelle la France cherche à renforcer sa présence.
D’autre part, la CPS devrait être le partenaire privilégié de mise en œuvre du projet pour le renforcement des stocks prépositionnés dans les États du Pacifique insulaire (Pacific Humanitarian Warehousing Program, dont le budget total est estimé à 66 millions d’euros) et auquel la France devrait contribuer à hauteur de 8 millions d’euros sur 8 ans.
Enfin, au même titre que le Programme régional océanien de l’environnement (PROE), la CPS est partenaire de mise en œuvre de l’initiative KIWA, sur l’adaptation au changement climatique et la préservation de la biodiversité dans le Pacifique, pilotée par l’Agence française de développement (AFD). Elle porte l’un de ses plus importants projets, « Réseau de fermes biologiques pédagogiques pour renforcer la résilience des petits producteurs dans le Pacifique », doté d’un budget de 4,6 millions d’euros et qui intervient aux Fidji, à Nauru, aux Tonga et dans les Îles Salomon.
Le Programme régional océanien de l’environnement (PROE)
Le PROE compte 120 agents, basés au siège du PROE à Apia, aux Samoa. Il comporte quatre divisions : changement climatique, biodiversité et gestion des écosystèmes, gestion des déchets et lutte contre la pollution, surveillance environnementale et gouvernance.
La France est membre à part entière du PROE, dont elle était la première contributrice étatique en 2022 aux programmes avec 1,6 million d’euros. L’Union européenne en était la première contributrice avec 13,8 millions d’euros. Lors de son déplacement dans le Pacifique en juillet 2023, le président de la République a annoncé l’ouverture d’une ambassade aux Samoa, à Apia, afin de développer notre relation bilatérale, faciliter l’intégration de la Polynésie française dans son voisinage et approfondir notre coopération avec le PROE. L’ambassade est désormais ouverte depuis février 2025.
Le PROE est partenaire de mise en œuvre de l’initiative KIWA pour la biodiversité, le climat et la résilience dans le Pacifique.
En 2023, la France était représentée à la 31ème Conférence des représentants du PROE par l’Envoyé spécial de la Ministre pour le renforcement de la présence française dans le Pacifique. A cette occasion, la France a valorisé son action pour la préservation de la biodiversité à travers notamment la Coalition de haute ambition pour la nature et les peuples, la signature et la ratification du traité pour protéger les ressources marines et la biodiversité de l’Océan mondial (BBNJ), la lutte contre la pollution plastique et les préparatifs en vue de la Troisième Conférence des Nations unies sur l’Océan (UNOC3). Ces priorités ont toutes été reflétées dans le rapport de la 31ème Conférence des représentants du PROE en septembre 2023.
Forum des Îles du Pacifique (FIP)
Le FIP est avant tout un forum d’échanges entre chefs d’États et de gouvernement du Pacifique, définissant des priorités régionales d’action. Les travaux de l’organisation sont structurés autour de son sommet annuel, organisé par le pays qui exerce la présidence tournante. Le dernier sommet s’est tenu du 26 au 30 août 2024 à Nuku’Alofa, sous présidence des Tonga. Les décisions prises lors des sommets annuels du FIP sont déclinées par les organisations dites « techniques » dont la CPS et le PROE.
Pour les partenaires du Pacifique, le FIP est l’enceinte d’échanges politiques privilégiée. La France est attachée à son statut de « partenaire de dialogue » qui lui permet d’échanger sur les priorités d’actions régionales, retranscrites dans la « Stratégie 2050 pour le continent bleu du Pacifique ».
Le Secrétariat général du FIP, basé à Suva, est doté d’un effectif de 140 personnes et d’un budget de 3 millions d’euros. En 2024, le FIP comptait 18 membres de plein exercice qui sont les 16 États indépendants d’Océanie auxquels il convient d’ajouter la Polynésie française et la Nouvelle-Calédonie. On compte également 3 membres associés (Tokelau et Wallis et Futuna depuis 2018) ainsi que 4 membres observateurs (Samoa américaines, Mariannes du Nord, Guam et Timor Leste).
En 2016, la Nouvelle-Calédonie et la Polynésie française ont rejoint le FIP en tant que membres à part entière, avec l’appui de l’État, afin de favoriser leur intégration régionale.
La France est depuis 1989 membre du « Dialogue des partenaires » du FIP, qui se tient annuellement en sortie de sommet. Ce format de discussion réunit les membres de plein droit du Forum et une vingtaine d’autres états, désireux d’approfondir leur coopération avec ces derniers. La France a été représentée dix fois au niveau ministériel depuis 1995 avec une dernière participation en date du secrétaire d’État chargé de la Mer, Hervé Berville en novembre 2023. Il y a rappelé la volonté de réengagement français dans le Pacifique annoncée par le président de la République lors de son déplacement dans la région en juillet 2023.
A l’occasion de sa venue à Fidji au siège du FIP en juillet 2023, la ministre de l’Europe et des Affaires étrangères, Catherine Colonna, avait réaffirmé le souhait de la France de développer sa coopération régionale avec le Forum, notamment dans les domaines du changement climatique, de la biodiversité et des océans.
La France cherche également à développer sa coopération avec le FIP sur le sujet de la sécurité maritime et la connaissance du domaine maritime (promotion de l’extension au Pacifique du programme CRIMARIO) et à intensifier la coopération opérationnelle de police des pêches menée par la Marine nationale au profit de l’Agence des pêches du FIP (Forum Fisheries Agency) avec les partenaires du Pacific QUAD (Australie, Nouvelle-Zélande et États-Unis).
Mise à jour : juin 2025