L’Union européenne dans l’Indopacifique
Stratégie de l’Union européenne pour la coopération dans la région indopacifique
La région indopacifique, de par son poids économique, démographique et politique croissant, est le nouveau centre de gravité mondial. Depuis plusieurs années, l’Union européenne (UE) y intensifie son engagement stratégique jusqu’à devenir le premier investisseur et fournisseur d’aide au développement ainsi que le principal partenaire commercial de la région.
Une stratégie européenne dans l’Indopacifique
À l’initiative de la France et d’autres États membres comme l’Allemagne et les Pays-Bas (qui ont eux-mêmes adopté, à titre national, des lignes directrices sur l’Indopacifique), l’UE s’est dotée en 2021 d’une stratégie pour la coopération dans l’Indopacifique. L’Union européenne s’y engage à approfondir des partenariats solides et durables avec les pays et les organisations régionales, ainsi qu’à promouvoir un ordre international fondé sur les règles, en vue de faire de l’Indopacifique un espace libre et ouvert.
Consultez la communication conjointe au Parlement et au Conseil européen, « La stratégie de l’UE pour la coopération dans la région indopacifique » (16.09.2021)
Traduire en actes cette volonté d’un engagement renforcé est l’une des priorités de l’agenda européen. Dans cette perspective, la France a initié lors de sa présidence du Conseil de l’UE un Forum ministériel pour la coopération dans l’Indopacifique (Paris, 22 février 2022), visant à décliner de façon opérationnelle cette stratégie et à l’inscrire dans la durée.
Par son format inédit (sans la Chine, ni les États-Unis), le Forum ministériel UE-Indopacifique entend marquer la singularité de l’approche européenne, en récusant les logiques de blocs au profit de coopérations multidimensionnelles. Il est organisé par le Service Européen d’Action Extérieure (SEAE), avec le concours du pays exerçant la présidence du Conseil. Les ministres des Etats membres de l’UE et des pays partenaires de l’Indopacifique, avec la participation également des Secrétaires généraux des organisations régionales, y abordent :
- Les enjeux économiques et de connectivité,
- Les défis globaux (climat, biodiversité, gestion durable des océans),
- Les questions de sécurité et de défense.
1ère édition (Paris, le 22 février 2022)
Initiée par la France, la première édition du Forum a posé le cadre d’un nouvel espace de dialogue autour de projets visant à concrétiser la mise en œuvre de la stratégie européenne dans l’Indopacifique.
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2ème édition (Stockholm, le 13 mai 2023)
La deuxième édition a permis de mesurer les progrès réalisés dans la mise en œuvre des engagements annoncés lors du Forum de Paris et de pérenniser ce format de dialogue sur un rythme annuel.
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3ème édition (Bruxelles, le 2 février 2024)
Cette troisième édition a été adossée à la réunion UE-ASEAN des ministres des Affaires étrangères, comme la France l’avait recommandé
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Une contribution substantielle à la sécurité de l’espace indopacifique
Les opérations européennes de sécurité maritime
La France soutient le renforcement de la présence navale européenne dans le nord-ouest de l’océan Indien et le Golfe, dans le cadre de la politique de sécurité et de défense commune, pour contribuer à renforcer la sûreté maritime et protéger les intérêts économiques et de sécurité européens.
Opération EUNAVFOR ATALANTE
Initiée en 2008 par la France, cette opération de Politique de sécurité et de défense commune vise à lutter contre la piraterie et les activités illicites en mer dans le golfe d’Aden et l’océan Indien. Elle vient compléter la stratégie européenne mise en place dans la Corne de l’Afrique en mai 2021.
ATALANTE soutient les Etats côtiers dans leurs efforts conjoints en faveur de la paix, de la stabilité et de la sécurité maritime à travers plusieurs missions :
- Protection permanente du Programme alimentaire mondial (PAM) et des navires vulnérables dans la zone d’opération
- Prévention, dissuasion et répression de la piraterie et vols à main armée en mer
- Dissuasion des flux maritimes illicites, y compris le commerce illicite finançant les réseaux criminels et terroristes
- Collaboration avec les Etats de la région et les acteurs de l’UE sur place : les missions à terre en Somalie (EUCAP Somalie, EUTM Somalie), la délégation de l’EU en Somalie et le représentant spécial de l’UE pour la Corne de l’Afrique
- Coopération et soutien aux organisations internationales
Opération ASPIDES
Lancée en février 2024, cette opération navale européenne intervient en réponse à la dégradation du contexte sécuritaire en mer Rouge. La zone d’opération de ce déploiement couvre les détroits de Bab-El-Mandeb et d’Ormuz et les eaux internationales de la mer Rouge, du golfe d’Aden, de la mer d’Arabie, du golfe d’Oman et du golfe arabo-persique. Dans un contexte de multiplication des attaques houthies, l’opération a pour unique objectif de garantir la liberté de navigation, de défendre les intérêts économiques de l’UE et de faciliter et encourager les contributions militaires des états membres de l’UE. Dans ce contexte, notre contribution permet d’accentuer la connaissance de la situation maritime dans la zone et de protéger les navires commerciaux contre les attaques multi-sectorielles en mer.
Les programmes de renforcement de capacités
La contribution européenne à la sécurité dans l’espace indopacifique passe aussi par un certain nombre de programmes visant à appuyer le renforcement de capacités des partenaires.
Programme Critical Maritime Routes in the Indian Ocean (CRIMARIO II)
Mis en œuvre par Expertise France sur financement européen (17,5 millions d’euros), ce programme porte sur le renforcement des capacités nationales de partage d’informations et de coopération régionale en matière de connaissance du domaine maritime. Il comprend deux volets principaux :
- La diffusion du système IORIS (plateforme sécurisée et neutre de communication et de gestion des événements en mer) ;
- La mise en place de formations et d’ateliers auprès des pays partenaires.
L’extension de CRIMARIO II au Pacifique, annoncée lors du Forum ministériel UE-Indopacifique de Paris (février 2022), est amorcée dans plusieurs états de la région, avec pour objectif une meilleure gouvernance des espaces maritimes.
Pour plus d’informations sur la mise en œuvre de ce programme, consultez le site du projet CRIMARIO
Programme Enhancing Security Cooperation in and with Asia (ESIWA)
Lancé en 2020 par l’UE, l’Allemagne et la France, ce programme organise des activités de coopération dans les domaines de la sécurité maritime, de la cybersécurité, de la lutte contre le terrorisme, de la prévention de l’extrémisme violent et de la gestion de crise et des menaces hybrides dans l’ensemble de l’espace indopacifique. Mis en œuvre conjointement par Expertise France et l’agence de coopération allemande GIZ, le dispositif se concentre en particulier sur 9 partenaires pilotes (Inde, Indonésie, Japon, Corée du Sud, Vietnam, Singapour, Malaisie, Thaïlande, Philippines). Cette première phase a permis de renforcer la visibilité de l’UE comme facilitateur de souveraineté et de sécurité dans la zone, et donné satisfaction aux partenaires. Par conséquent, il a été décidé une prolongation du projet sur 3 ans dans le cadre d’une deuxième phase, nommée ESIWA+ (2024-2027) et bénéficiant d’un budget global de 9M€. La France a renforcé le montant de sa contribution à l’occasion de cette nouvelle phase.
Pour plus d’informations sur le champ d’application de ce programme, consultez le site du projet ESIWA
Projet Global Ports Safety (GPS)
Conçu et proposé par la France, le projet vise à répondre aux enjeux de sécurité et de durabilité des infrastructures portuaires en Asie du Sud et du Sud-Est, dont dépendent les chaînes d’approvisionnement vers l’Europe.
Il s’agit ici d’accompagner la montée en puissance des différents acteurs impliqués dans la gestion des infrastructures portuaires, lieu de transit essentiel de matériaux potentiellement dangereux, où crises et accidents peuvent arriver subitement.
Pour ce faire, le projet prévoit de renforcer les capacités en matière de prévention des risques et de gestion de crises, au bénéfice de douze ports dans la région, sélectionnés pour leur taille, leur importance stratégique et leur vulnérabilité aux risques : Colombo (Sri Lanka) ; Chittagong (Bangladesh) ; Port Klang/Kuala Lumpur et Tanjung Pelelas (Malaisie) ; Tanjung Priok/Jakarta et Tanjung Perak/Surabaya (Indonésie) ; Laem Chabang et Map Ta Phut (Thaïlande) ; Sihanoukville (Cambodge) ; HôChiMinh-Ville et Hai Phong (Vietnam) ; Manille (Philippines).
Ce projet ambitieux illustre parfaitement comment l’expertise française, déployée au plus près de nos pays partenaires, peut faire naître une initiative plus vaste, renforcée par la participation de nombreux contributeurs (Union européenne, Pologne, Singapour, Corée du Sud…). Les activités du projet GPS ont débuté officiellement au 1er septembre 2024, et s’étireront sur 4 ans.
La stratégie Global Gateway dans l’Indopacifique
L’engagement de l’UE pour une prospérité plus durable passe également par la stratégie européenne à vocation mondiale Global Gateway, lancée en décembre 2021. Elle s’inscrit dans la continuité de la stratégie sur la connectivité UE-Asie lancée en 2018. Elle a pour objectif de proposer un cadre de partenariat, fondé à la fois sur des investissements publics et privés en infrastructures de qualité et une démarche de financement soutenable, tout en assumant pleinement un rôle géopolitique avec une nouvelle offre innovante et ambitieuse à destination des pays de la région.
L’UE vise à accompagner ses partenaires dans leurs transitions numérique, énergétique et écologique, en pleine conformité avec les orientations de l’Accord de Paris. Lors du Sommet UE-ASEAN de 2022, l’UE s’est notamment engagée à financer des projets d’infrastructures clés et durables à hauteur de 10 milliards d’euros d’ici 2027.
Mis à jour : janvier 2025