Présentation du Soudan

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Présentation du pays

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Données générales

Nom officiel : République du Soudan
Nature du régime : Gouvernement fédéral
Chef de l’État : Abdelfattah al-Burhan

Données géographiques

Superficie : 1,886 millions de km²
Capitale : Khartoum
Villes principales : Omdurman, Port-Soudan, Nyala, Wad Medani, El Obeid.
Langue officielle : arabe
Langues courantes : anglais, langues locales (plus de 100 langues et dialectes, dont 27 sont parlées par plus de 100 000 personnes).
Monnaie : livre soudanaise (SDG) ; 1 € = 656 SDG (28 juin 2023)
Fête nationale : 1er janvier (date de l’indépendance en 1956)

Données démographiques

Population : 45 millions d’habitants (Banque mondiale, 2021)
Densité : 24 habitants/km² (Banque mondiale, 2021)
Croissance démographique : +2,4 % par an (Banque mondiale, 2021)
Espérance de vie : 66 ans (Banque mondiale, 2020)
Taux d’alphabétisation (2020) : 60,7 % des plus de 15 ans (UNDP)
Religions : Islam (96,7 %), Christianisme (3 %), religions traditionnelles.
Indice de développement humain : 0,51 - 170e sur 189 pays (2020)

Éléments d’actualité

Composition du gouvernement

Le général Abdelfattah al-Burhan a destitué le général de sa position de vice-président du Conseil de souveraineté après le début des affrontements. Il a nommé pour sa relève Malik Agar, anciennement membre du Conseil de souveraineté.

Politique intérieure

Des combats militaires opposent les forces armées soudanaises (FAS) du général Burhan aux milices paramilitaires Rapid Support Forces (RSF) du général Hemedti depuis le 15 avril 2023. Les affrontements sont toujours de haute-intensité à Khartoum, où les RSF ont pris le contrôle d’une partie du centre-ville. Les deux forces s’opposent pour le contrôle de la capitale et de ses alentours, avec le déploiement d’importants contingents militaires et la poursuite d’opérations militaires de part et d’autre.

De violents affrontements sont également en cours au Darfour. Outre les combats opposants l’armée soudanaise aux RSF, la mobilisation de nombreuses milices communautaires et mouvements armés contribue à des combats de forte intensité et qui prennent une teinte communautaire très forte. D’importantes violences sont constatées, notamment au Darfour occidental, près de la ville d’el-Geneina, où elles ont fait au moins 1 100 morts, alors que le gouverneur du Darfour occidental a été assassiné le 14 juin. Des combats sont également observés au Kordofan près d’El-Obeid, ainsi qu’au Sud-Kordofan. L’est du pays reste calme et sous le contrôle des forces armées soudanaises.

En dépit de plus de dix cessez-le-feu depuis le début des combats, agréés pour les derniers sous l’égide de la médiation américano-saoudienne de Djeddah, les combats se sont toujours poursuivis entre les troupes des belligérants. De relatives décrues d’intensité ont été observées sur de courtes durées à Khartoum lors des derniers cessez-le-feu (10 juin, 18-21 juin), mais ont été suivies systématiquement d’une reprise très forte des combats. Dans le reste des régions concernées par les combats, les différents cessez-le-feu n’ont pas non plus été respectés. Les négociations de Djeddah entre l’armée soudanaise et les RSF sont suspendues depuis le 22 juin.

Le bilan humain des combats est impossible à établir à ce stade. Il est cependant de très forte ampleur ; les Nations Unies ont estimé qu’au moins 3 000 civils ont perdu la vie. Le volume des déplacements de population est également très important depuis le 15 avril. Au 28 juin, on dénombre près de 2 millions de déplacés internes supplémentaires, ainsi que près de 600 000 arrivées de réfugiés et de retournés dans les pays voisins (Egypte, Tchad, Soudan du Sud, Ethiopie principalement).

La guerre augure une vaste catastrophe humanitaire. 24 des 45 millions de Soudanais ont besoin d’assistance humanitaire, tandis que 19 millions de personnes pourraient se trouver en situation d’insécurité alimentaire cet été.

Politique étrangère

L’ensemble des partenaires internationaux du Soudan ont appelé à un arrêt des combats depuis leur déclenchement, à la facilitation de l’acheminement humanitaire et au lancement d’un processus politique pour sortir de la crise. Ce sont les messages qui ont été portés lors du communiqué de l’Union africaine du 20 avril après une réunion interministérielle réunissant de nombreux partenaires, et qui a été endossé par tous les participants.

L’Egypte suit de très près l’évolution de la situation au Soudan. Les relations sont très nourries, du fait de la proximité entre les deux populations (plus de 4 millions de Soudanais vivent sur le sol égyptien). Le Caire voit la stabilité du Soudan comme un élément essentiel à sa propre sécurité, de par son voisinage et le partage des eaux du Nil. Plus de 250 000 Soudanais se sont réfugiés en Egypte depuis le début de la guerre civile.

Avec le Soudan du Sud, les relations sont marquées historiquement par les guerres civiles (1955-1972, 1983-2005) puis la sécession de 2011. Après des tensions vives, les relations s’étaient réchauffées depuis 2019, Djouba ayant assuré la médiation des Accords de paix du 3 octobre 2020. Khartoum est garant avec l’Ouganda de l’Accord de paix pour le Soudan du Sud de 2018. Le Soudan du Sud a proposé ses services de médiation, notamment dans le cadre de l’initiative de l’IGAD, en lien avec Djibouti, l’Ethiopie et le Kenya.

Le Tchad et le Soudan partagent des liens humains denses, en particulier en lien avec le Darfour. La sécurité de la frontière (1 300 km) était assurée depuis 2010 par la Force militaire mixte tchado-soudanaise. Accueillant déjà environ 400 000 réfugiés soudanais en raison de la situation au Darfour avant la guerre, le Tchad doit composer avec l’arrivée supplémentaire de plus de 150 000 réfugiés soudanais depuis le 15 avril.

Les Etats-Unis ont proposé leurs services de médiations entre FAS et RSF depuis début mai, en lien avec l’Arabie saoudite, en co-organisant à Djeddah des négociations entre les deux parties. Le canal de Djeddah a permis d’obtenir la situation de plusieurs déclarations communes ou de cessez-le-feu. Cependant, leurs violations sur le terrain ont amené les médiateurs à suspendre les négociations de Djeddah. Washington et Riyad restent engagés pour mettre fin aux affrontements.

L’Union africaine a aussi proposé ses services de médiation entre les belligérants. Elle a organisé plusieurs réunions du Conseil de paix et de sécurité de l’UA, la mobilisation du président de la Commission de l’UA ainsi que mis en place d’un « mécanisme élargi » et d’un « groupe restreint » réunissant des partenaires intéressés pour résoudre le conflit. Elle travaille également en coordination avec la médiation de l’IGAD, menée par le Président kenyan William Ruto en lien avec le Premier ministre éthiopien Abiy Ahmed, le Président sud-soudanais Salva Kiir et le Président djiboutien Ismaeil Omer Guelleh.

Les Emirats arabes unis sont également mobilisés sur la guerre au Soudan, pour faire cesser les combats.

Situation économique

Avant la guerre civile, le Soudan était engagé dans une phase économique difficile depuis sa séparation avec le Soudan du Sud en 2011. Cette crise économique s’était aggravée depuis 2018, caractérisée par une très forte inflation et l’épuisement des réserves en devises. Par ailleurs, l’Etat enregistre des recettes fiscales parmi les plus faibles au monde (5,6 % du PIB). Au-delà des considérations politiques, la crise économique avait ainsi été une des sources de la révolution de 2019. Le gouvernement de transition avait initié plusieurs réformes importantes à partir de 2019 pour inverser cette tendance, en vain. Par ailleurs, le pays est en défaut sur sa dette souveraine (plus de 55 Mds$). Après le coup d’Etat d’octobre 2021, le pays a continué de souffrir d’une inflation très vive (plus de 300% en juin 2022), tandis qu’une large partie de la population a vu son niveau de vie s’éroder. La guerre en Ukraine a également des conséquences pour les Soudanais, le Soudan étant dépendant à 55% d’importations en blé de l’Ukraine et de Russie.

Avec la guerre civile, la baisse de l’activité économique depuis le 15 avril a été supérieure à celle provoquée par la pandémie en 2020. L’activité économique autour de Khartoum, qui représente la moitié du PIB soudanais, est à l’arrêt depuis deux mois. La Banque mondiale estime actuellement à 4,8% la contraction du PIB pour 2023, mais elle pourrait aller jusqu’à 10%. Le gouvernement n’assure plus une large partie de ses paiements et obligations depuis avril.

Mise à jour : 30.06.23

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