Présentation de la Moldavie

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Présentation du pays

Données générales

MOLDAVIE {JPEG}

Nom officiel : République de Moldavie
Nature du régime : République parlementaire
Chef de l’État : Maia Sandu (novembre 2020)
Président du Parlement : Igor Grosu, président du Parti Action et Solidarité fondé par Maïa Sandu (juillet 2021)

Données géographiques

Superficie : 33 700 km²
Capitale : Chisinau (près de 820 000 habitants en 2017)
Villes principales : Tiraspol (148 000 habitants en 2012, « capitale » de la Transnistrie), Balti (145 000 habitants en 2015), Tighina (ou Bender, 100 000 habitants en 2012)
Langue officielle : roumain
Langue courante : roumain, russe
Monnaie : leu moldave (environ 1 euro = 20 lei)
Fête nationale : 27 août (jour de l’indépendance, acquise en 1991)

Données démographiques

Population (recensement de 2014) : 3,5 millions d’habitants (2,6 millions de résidents)
Évolution démographique (2019) : -1,8%
Densité : 128 hab./km2
Espérance de vie (2019) : 72 ans
Taux d’alphabétisation : 99 %
Religion : population très majoritairement orthodoxe (90% au dernier recensement)
Indice de développement humain (classement PNUD 2020) : 90ème rang sur 189 (107ème en 2019)

Présence française

Consulat : section consulaire de l’ambassade de France à Bucarest.
Communauté française en Moldavie : 65 personnes inscrites au registre consulaire (plus d’une centaine de Français, en comptant les non-inscrits).

Éléments d’actualité

Politique intérieure

Dans un environnement régional instable, l’élection de Maïa Sandu le 15 novembre 2020 a suscité d’importantes attentes, après plusieurs années de dérives oligarchiques qui avaient contribué à faire du « meilleur élève » du Partenariat oriental un État capturé par des intérêts privés. Maïa Sandu s’est engagée à renverser cette tendance en remettant le pays sur la voie des réformes en faveur de l’État de droit et de la lutte contre la corruption, prévues par l’ambitieux accord d’association signé avec l’Union européenne en 2014.
Sa victoire (57,72% des voix) a été facilitée par la participation massive de la diaspora et par un report favorable des voix des candidats éliminés au premier tour. Toutefois, M. Sandu ne disposait pas de majorité en sa faveur au parlement et a dû composer avec un gouvernement intérimaire, essentiellement constitué de partisans de son prédécesseur, Igor Dodon, proche de Moscou et désormais principal opposant.

La convocation d’élections législatives anticipées en juillet 2021 lui a permis d’obtenir une majorité en soutien à sa politique. Le 6 août, le nouveau Parlement a largement (61 voix sur 101) voté la confiance au gouvernement de la Première ministre, Natalia Gavrilita.

Le pays est également marqué par la persistance d’un conflit gelé dans la région de Transnistrie, située sur la rive gauche du fleuve Dniestr/Nistru et majoritairement peuplée de russophones. Cette région a tenté de faire sécession de la Moldavie en 1990 et s’est autoproclamée indépendante à la suite d’un conflit violent en 1992 sous le nom de République moldave du Dniestr. Si cette dernière se donne toutes les apparences d’un État constitué, elle est en réalité non reconnue par la communauté internationale. Les combats ont certes cessé depuis 1992, mais un bataillon de l’armée russe y stationne toujours en violation du droit international et contre la volonté des autorités moldaves. La crise sanitaire a encore renforcé les divisions entre les deux rives du Nistru. Alors que deux états d’urgence distincts ont été proclamés, les tracasseries administratives aux points de passage se sont multipliées. Les autorités de facto ont ainsi pris prétexte du contexte sanitaire pour installer près de 37 points de contrôle supplémentaires.

Toutefois, la politique de partage des vaccins avec la Transnistrie décidée par la présidente a contribué à apaiser relativement les tensions entre les deux rives occasionnées par la crise sanitaire. Depuis le déclenchement de la guerre en Ukraine, la principale préoccupation moldave concerne une déstabilisation de cette région.

Des négociations en vue d’un règlement du conflit se tiennent sous l’égide de l’OSCE, dans un format dit « 5+2 », à savoir les deux parties litigieuses, trois médiateurs - OSCE, Russie, Ukraine - et deux observateurs - UE et États-Unis. Elles ont permis d’obtenir des avancées sur certains dossiers socio-économiques contribuant à rapprocher les populations des deux rives. Néanmoins, elles n’ont jamais été en mesure d’amener les parties à s’engager sur une discussion de fond s’agissant du règlement politique du conflit et notamment de l’octroi d’un statut spécial à la région de Transnistrie dans le cadre d’une Moldavie réunifiée. Depuis la fin de l’année 2019, aucune réunion n’a pu se tenir dans ce format, à l’exception de quelques groupes de travail techniques.

Au sud, la République de Moldavie est habitée par la communauté gagaouze, population turcophone orthodoxe fortement russifiée, qui bénéficie depuis 1994 d’un statut d’autonomie (Unité territoriale autonome de Gagaouzie – UTAG).

Situation économique

L’économie est traditionnellement agricole, cette spécialisation étant renforcée de facto par la sécession de la Transnistrie, qui concentre l’essentiel de l’industrie lourde (métallurgie, ciment, textile). L’industrie reste dominée par l’agroalimentaire (25% de la production industrielle en 2016) et le textile.

La croissance est structurellement fondée sur la consommation, soutenue par les transferts des migrants. Le pays connaît une forte émigration, motivée par le faible niveau de vie. Le taux de chômage au sens du BIT a atteint 3% fin 2018. Le secteur privé représente 65% du PIB.

En 2020, la Moldavie a subi un recul de 7% de son activité (la pire récession depuis 2009) sous l’effet de la crise de la Covid-19 et d’une chute de la production agricole. Toutefois, le PIB a augmenté de 5% en 2021. Selon la Banque Mondiale, la croissance économique devrait se maintenir au-delà de 4% à moyen terme. Autre point positif, la diaspora moldave a apporté un soutien financier très significatif au pays. Les transferts de fonds en provenance de l’étranger à des particuliers moldaves, malgré un net recul en mars et avril 2020, se sont inscrits en hausse de 21,6% par rapport à 2019, à 1,5 Md USD (soit 13% du PIB nominal prévu par le FMI).

Depuis la signature de l’accord d’association avec l’UE en juin 2014, les exportations de la Moldavie vers l’UE ne cessent d’augmenter, atteignant 66,7% du total des exportations du pays en 2020. Ce basculement de la balance commerciale a été encouragé par l’embargo imposé par la Russie en 2013, au départ sur les importations de vin moldave puis étendu à d’autres produits agricoles, et qui avait profondément marqué l’économie du pays encore très dépendante de l’agriculture.

Le secteur bancaire a également été fragilisé par une importante opération de blanchiment d’argent sale entre 2012 et 2014, qui a abouti à la disparition de l’équivalent de 1 milliard de dollars placés dans trois grandes banques du pays, provoquant une chute de 0,5% du PIB en 2015 (après une croissance de 4,8% en 2014). Sous l’égide de l’UE et du FMI, la Moldavie a entrepris de nombreuses réformes structurelles pour renforcer la stabilité de son secteur financier, diversifier la structure de ses exportations et soutenir le développement des investissements étrangers.

Dans le domaine énergétique, la Moldavie se trouve encore en position de dépendance vis-à-vis de la Russie. Les autorités s’inquiètent des répercussions du conflit sur l’approvisionnement en gaz (la Moldavie est entièrement dépendante du gaz russe et à 80 % de l’électricité produite par la principale centrale du pays, située dans la région de Transnistrie, à l’aide de ce gaz). La difficile renégociation du contrat d’approvisionnement avec Gazprom à l’automne 2021 avait abouti à la signature d’un contrat d’approvisionnement de cinq ans, à un tarif présenté comme préférentiel par les deux parties. Si la Russie s’était défendue d’avoir utilisé la contrainte commerciale pour obtenir des concessions politiques de son partenaire, le protocole d’accord accompagnant le contrat précise que le tarif accordé à la Moldavie est conditionné au report de la mise en œuvre du 3ème paquet énergie de l’UE jusqu’au remboursement intégral de la dette de Moldovagaz envers Gazprom, ainsi qu’à la signature d’un accord inter-gouvernemental avec la Russie dans le domaine de l’énergie d’ici fin 2022.

Les exportations vers l’Ukraine et la Biélorussie ont été très fortement réduites par la guerre. La Moldavie a sollicité l’aide de la France pour trouver des débouchés alternatifs pour les denrées alimentaires (demandes d’ouverture vers les marchés du Moyen-Orient). L’inflation est importante et la commission nationale pour les situations exceptionnelles a décidé la mise en place d’un contrôle des prix pour les produits de première nécessité, l’interdiction d’exportation de certains produits à usage médical, et de nouvelles aides financières pour les ménages les plus vulnérables.     

Politique étrangère

La proximité géographique, historique, linguistique et culturelle explique les relations privilégiées avec la Roumanie. Les relations politiques bilatérales se sont renforcées avec l’accession au pouvoir en 2009 de la coalition de sensibilité pro-européenne. La Roumanie est devenue le principal défenseur de la Moldavie auprès de l’UE en soutenant sa volonté d’y adhérer et reste le premier partenaire commercial du pays en 2019. Le président roumain Klaus Iohannis s’est rendu à Chisinau dès le mois de janvier 2021 afin d’apporter son soutien à la présidente Sandu. En 2021, la Roumanie a fait don de 283 200 doses de vaccin contre la Covid-19 à la Moldavie.

Avec l’Ukraine, la Moldavie entretient également de bonnes relations. La présidente Sandu a effectué son premier déplacement à l’étranger à Kiev en janvier 2021. Cette visite a permis de relancer le dialogue à haut niveau, interrompu en raison des positions pro-russes de l’ancien président Dodon. L’Ukraine est le troisième partenaire économique du pays (derrière la Roumanie et la Chine). Cette visite a souligné la proximité avec Volodymyr Zelensky et le souhait des deux pays de faire front commun pour promouvoir un rapprochement plus ambitieux avec l’Union européenne. Les deux pays sont également liés par la présence de conflits prolongés sur leur territoire. L’Ukraine est par ailleurs médiatrice au sein du format « 5+2 », mais la guerre remet en question ce format de négociation.

La guerre en Ukraine qui a débuté le 24 février 2022 a des conséquences majeures sur la Moldavie. Sur les 5 millions de réfugiés ayant fui l’Ukraine depuis le début de la guerre, plus de 400 000 sont arrivés sur le territoire moldave, et près de 100 000 sont restés, soit 4 % de la population du pays. La gestion de la crise humanitaire reste la première priorité des autorités moldaves, qui sont très mobilisées et ont fait appel au mécanisme européen de protection civile (MPCU) dès le début du conflit. La France a choisi de co-présider, aux côtés de l’Allemagne et de la Roumanie, la Plateforme de soutien à la Moldavie, créée au printemps 2022 pour aider la Moldavie à faire face aux conséquences du conflit.

Les relations avec la Russie sont complexes en raison du poids historique, culturel et économique de cette dernière en Moldavie depuis plus de deux siècles et notamment du fait de son implication dans le conflit transnistrien. Les transferts d’argent des migrants depuis la Russie pèsent de manière importante dans le PIB moldave mais tendent à diminuer à cause de la moindre attractivité de l’économie russe. L’élection d’Igor Dodon à la présidence en 2016 avait contribué à un rapprochement avec la Russie (levée partielle de certaines barrières commerciales, réduction du prix du gaz). Les liens avec la Russie demeurent un point de clivage au sein de la classe politique moldave. Durant sa campagne et depuis son arrivée à la présidence, Maia Sandu a toujours veillé à ne pas afficher d’hostilité à l’égard de la Russie. Elle souhaite en effet une relation équilibrée et pragmatique avec Moscou, qui soutenait ouvertement son prédécesseur. Outre les questions relatives au règlement du conflit transnistrien (elle a appelé la Russie à retirer ses troupes du territoire en mars 2022), la politique russe de Maia Sandu se concentre sur la situation des travailleurs migrants en Russie (plus de 300 000) ainsi que sur la levée des restrictions aux importations russes de nombreux produits moldaves. Un accord de levée de ces restrictions a été signé en août 2021. La crise gazière d’octobre 2021 a cependant prouvé la fragilité de la Moldavie vis-à-vis de la Russie en matière énergétique.

Dans le domaine de la défense, la Moldavie est membre du « Partenariat pour la paix » de l’OTAN depuis 1994. Une accentuation de la coopération entre les deux partenaires a eu lieu en 2015 avec l’adoption d’un pacte d’assistance pour assister la Moldavie dans le renforcement et la modernisation de ses forces armées. De plus, en décembre 2017 a été ouvert à Chisinau un nouveau bureau de liaison de l’OTAN. La part très réduite du budget de la défense moldave induit une forte dépendance du pays aux crédits occidentaux pour le renforcement de son appareil sécuritaire. Un nouveau plan national stratégique prévoit un accroissement des investissements pour la modernisation de ses équipements et une plus grande autonomie. La Moldavie reste toutefois très attachée à son statut de neutralité, garanti par sa constitution

Mise à jour : 23.05.2022

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