Proche-Orient - Extrait du point presse (18 octobre 2024)

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Q - J’ai deux questions. L’une concerne la conférence sur le Liban, justement. Vous avez ajouté un troisième volet ? J’avais compris qu’il y avait deux objectifs, un humanitaire et un « renforcement des institutions libanaises ». Est-ce que vous pouvez nous en dire plus sur le volet diplomatique ? Et est-ce que vous pouvez également élaborer un tout petit peu sur qui va participer à cette conférence, à quel niveau ? Est-ce que vous avez déjà des garanties de venue de différents ministres des affaires étrangères ?

R - Effectivement, il y a trois volets dans cette dans conférence. Il y a un volet humanitaire évidemment, sur lequel je ne reviendrai pas parce que la France a été très active en matière d’aide humanitaire depuis le début. Ensuite, le deuxième objectif, effectivement, c’est de donner aux institutions libanaises le moyen de tenir. Et ça, ça passe par un renfort que nous souhaitons apporter aux forces armées libanaises qui, avec la FINUL dans le sud du Liban, auront un rôle central à jouer pour garantir les conditions de de la paix, c’est-à-dire l’intégrité et la souveraineté du Liban d’un côté, et la sécurité d’Israël de l’autre.

Sur le volet diplomatique, c’est une conférence qui permettra de poursuivre les discussions qui ont été engagées depuis quelques semaines sur la question du Liban. Vous vous souvenez qu’il y avait eu, dans le cadre de l’Assemblée générale des Nations unies, une déclaration franco-américaine qui endossait une déclaration plus large appelant à un cessez-le-feu au Liban. C’est toujours l’objectif. Et la France ne perd pas de vue le fait que c’est une solution diplomatique qui doit être privilégiée, solution diplomatique qui doit être fondée sur la résolution 1701 du Conseil de sécurité des Nations unies, qui permettra d’assurer un cessez-le-feu et la stabilité qui permettra le retour en sécurité des déplacés dans leurs foyers. Donc ce volet diplomatique, il est dans la poursuite de ce qui a été engagé avec cette déclaration, dans la poursuite de ce qui a été fait par le Ministre lors de son déplacement au Liban, puis au Proche-Orient la semaine dernière. Donc c’est une discussion qui se poursuivra sur ces sujets-là.

S’agissant des invités, je vous citais les personnes invitées. Pour le moment nous n’avons pas de liste consolidée des personnes qui y participeront. Je pourrai revenir vers vous une fois que nous aurons des confirmations des pays participants et du niveau de participation.

Q - Pardon, je vais vous interrompre mais juste, sur la question humanitaire, est-ce qu’il y a des objectifs chiffrés pour cette conférence ? Est-ce qu’il y a un montant ?

R - Votre question concernait surtout le volet diplomatique. Mais sur le volet humanitaire, il y a évidemment une partie de la conférence qui sera consacrée au volet humanitaire et au rassemblement d’aide en faveur du Liban. Il m’est difficile aujourd’hui de préjuger du chiffre qui sortira de cette conférence.

(…)

Q - Le Président de la République disait hier que pour la France, la souveraineté du Liban est une cause essentielle qu’elle défendra toujours. Il a dit que la France demande à Israël d’arrêter ses opérations militaires. Et vous, vous avez dit que le Ministre poursuivra sa mobilisation sur le Proche-Orient. À l’aune de toutes ces mobilisations et ces positions, est-ce que le plan franco-américain d’un cessez-le-feu de trois semaines, qui a été endossé par beaucoup de pays, est toujours sur la table, ou bien il est devenu caduque après les derniers développements ?

R - Oui, il est toujours sur la table et tout élément qui permettra de faire avancer une solution diplomatique est le bienvenu. Le plan franco-américain est toujours sur la table.

Q - Vous avez dit que vous avez invité des représentants des pays du pourtour méditerranéen à la conférence sur le Liban. Vous n’avez pas mentionné le Golfe. Je voulais vérifier que vous n’avez pas invité des pays du Golfe - et je pense particulier au Qatar, au vu de son rôle diplomatique dans la région ? Et vous avez aussi parlé de l’armée libanaise. Est-ce qu’il faut s’attendre à une annonce de soutien à l’armée ? Peut-être par rapport au paiement des salaires ou à l’équipement de l’armée libanaise, en particulier ?

R - Sur votre première question, peut-être que ma formulation n’était pas complètement exacte, mais effectivement les pays partenaires de la région sont invités, et bien évidemment nos partenaires du Quintet, notamment ceux que vous mentionnez, ont bien été invités à cette conférence.

Sur la question des forces armées libanaises, c’est une question qui est assez cruciale, puisque c’est au travers des forces armées que les institutions libanaises pourront tenir et pourront maintenir leur souveraineté. Et cela passe par un renfort apporté à ces forces armées. Encore une fois, et c’est ce que je vous disais au début, ces forces armées jouent un rôle absolument essentiel, aux côtés de la FINUL, dans le sud du Liban pour garantir à l’avenir les conditions de la paix, c’est-à-dire l’intégrité et la souveraineté du Liban - tout en ayant bien conscience que la souveraineté et l’intégrité du Liban fonctionne avec la sécurité d’Israël de l’autre côté. Donc l’objectif de cette conférence, c’est de mobiliser nos partenaires et d’obtenir leur soutien qui pourra, le cas échéant, arriver aux forces armées libanaises. C’est un point qui est essentiel dans l’équation générale de l’intégrité de la souveraineté du Liban.

Q - Toujours sur le Liban, vous nous excuserez, il y a un changement de ton du président Macron, vis-à-vis de la… Ce n’est pas la situation au Liban, mais face à l’Iran. Un ton un peu plus dur que par le passé vis-à-vis de l’Iran, alors que la France parle à l’Iran et au Hezbollah par l’intermédiaire des canaux diplomatiques que vous connaissez. Est-ce que c’est un infléchissement de la position de la France ? Est-ce que cela n’empêchera pas la poursuite de l’aide diplomatique française face à l’Iran et au Hezbollah ? Est-ce qu’il y a une modification ? Il y a… Dans les propos, on devine…

R - Une modification de la position de la France vis-à-vis de l’Iran, c’est ça ?

Q - Oui, les déclarations du Président par rapport à la position de la France.

R - De toute façon, nous avons toujours eu avec l’Iran une relation qui s’est maintenue. Il y a un dialogue qui est toujours en cours. C’est un dialogue qui est franc, qui est exigeant, parfois un dialogue difficile. Nous avons proposé, il y a maintenant trois semaines, une formule de trêve pour le Liban - c’est ce que je mentionnais tout à l’heure - suivie d’un cessez-le-feu durable. Nous avons discuté avec tous les acteurs importants de la région, y compris l’Iran. Et d’une manière générale, tout ce qui contribue à une solution diplomatique pour engager une désescalade est vraiment le bienvenu. La responsabilité de l’Iran dans la désescalade, elle est importante. Et comme le disait le Président de la République, il faut que l’Iran renonce de menacer Israël, il faut que l’Iran continue à respecter ses obligations nucléaires et il faut que l’Iran cesse de fournir des armes à la Russie. C’était l’objet de la déclaration du Président de la République. Ce qui veut dire qu’il y a toujours un contact qui est établi. Il n’y a pas de changement de posture. Il y a toujours eu un dialogue exigeant, franc et parfois difficile avec l’Iran, mais c’est un dialogue qui existe et je ne pense pas qu’il y ait de changement sur ce point-là.

Q - Les vidéos de Gazaouis qui brûlent lentement lors d’une attaque israélienne ont fait le tour du monde. Je voulais savoir si vous, vous avez eu le courage de les regarder ? Et qu’est-ce que vous en avez pensé ?

R - J’ai vu cette vidéo, effectivement. Je ne suis pas certain que ce que j’en pense, à titre personnel, soit vraiment important. On l’a dit à plusieurs reprises, le bilan des victimes civiles gazaouies est intolérable et ne peut être justifié, sachant que ce sont des victimes parmi lesquelles on compte de nombreux enfants. Nous avons fait des déclarations il y a peu à ce sujet. Nous avons toujours, depuis le début, rappelé l’impératif du respect du droit international humanitaire qui s’impose à tous, y compris à Israël. Et nous avons toujours fermement condamné les frappes israéliennes à Gaza qui visent les populations civiles et les infrastructures essentielles comme les hôpitaux. Donc encore une fois, je vais un peu me répéter, mais il faut que cette guerre cesse. Et c’est un état de fait qui est intolérable, comme le sont toutes les victimes civiles du conflit.

(…)

Q - Une question de suivi sur le Liban, toujours. C’est sur le volet diplomatique de la conférence. Concernant le Hezbollah, depuis la mort de Nasrallah, le vice-président du parti NaÏm Qassem fait moins clairement le lien entre le Hezbollah qui arrête d’attaquer Israël et un cessez-le-feu à Gaza. Donc je me demandais si vous sentez un infléchissement du Hezbollah ? Est-ce qu’il pourrait être prêt à arrêter d’attaquer Israël sans cessez-le-feu à Gaza ? Est-ce que vous allez profiter de cette conférence pour continuer à monter la pression sur le Hezbollah pour arrêter les attaques ? Est-ce que vous espérez peut-être qu’il puisse accepter des négociations dans les prochaines semaines ?

R - Encore une fois, le volet diplomatique de la conférence s’inscrira dans le cadre de la conférence, c’est-à-dire avec des invités de rang ministériel. Le Hezbollah est un acteur contre lequel nous avons proféré plusieurs condamnations, notamment des condamnations des attaques répétées contre le territoire israélien. Et comme l’a dit le Président de la République, le Hezbollah doit renoncer aux armes, au terrorisme et à la violence. Il doit permettre aux Libanais de se rassembler, de trouver des solutions aux crises multiples qui minent le pays. Donc je ne peux pas préjuger de l’issue de la conférence de jeudi prochain. Ce qui est certain, c’est que l’ensemble des États qui seront présents lors de la conférence feront tout pour qu’une issue diplomatique puisse être trouvée à la situation actuelle, ce qui inclut évidemment la négociation d’un cessez-le-feu.