Liban - Q&R - Extrait du point de presse (10 octobre 2024)
Q - Il y a eu un communiqué du Premier ministre libanais qui évoque, de nouveau, des contacts diplomatiques intenses et qui évoque la possibilité d’une réunion extraordinaire du Conseil de sécurité de l’ONU pour discuter - je cite - « d’un nouveau cessez-le-feu et de plus de pression pour faire cesser l’agression israélienne sur le Liban ». Je voulais savoir si vous aviez des éléments sur cette réunion extraordinaire ? Il insiste sur le fait qu’il y a des efforts français et américains. Je voulais savoir ce qu’il en était de la proposition franco-américaine, qui a reçu un assez large soutien : est-elle toujours sur la table ? Avez-vous eu de nouveaux échanges avec les différentes parties - israéliennes et libanaises - sur ce sujet ?
R - Comme vous le savez, la France est très active et le ministre Jean-Noël Barrot est très engagé sur l’ensemble de la question, et tout particulièrement sur le volet diplomatique. Toutes les possibilités sont envisagées pour permettre d’aboutir à une solution, dans différentes enceintes. Et bien évidemment, le Conseil de sécurité des Nations unies est l’une de ces enceintes. Face à l’escalade que l’on constate dans la région, le Président de la République a réaffirmé l’engagement de la France pour la paix et la sécurité pour tous. Les déplacements du Ministre, au Liban puis au Proche-Orient montrent l’implication totale de Paris . La France est prête, avec ses partenaires, à œuvrer collectivement pour une désescalade. Donc toute initiative sera bien évidemment, dans ce cadre, bienvenue.
Sur la deuxième question, s’agissant de l’appel au cessez-le-feu qui avait fait l’objet d’une déclaration franco-américaine, c’est une proposition qui est toujours sur la table. Le Ministre l’a redit au cours de son déplacement, la cessation des hostilités reste l’objectif de premier rang, à atteindre dans les plus brefs délais.
Q - À l’heure où la diplomatie française s’active dans tous les sens, comme vous l’avez bien dit, le nombre de victimes parmi les civils à Gaza et au Liban augmente. On a l’impression qu’ils sont ciblés par l’armée israélienne partout où ils se trouvent - chez eux, dans les écoles, dans des hôpitaux. Quelle est la réaction de la France sur ce point précis des civils ciblés par l’armée israélienne ? Il n’y a pas que les civils. Même les forces de la FINUL au sud du Liban ont été visées trois fois en l’espace de 24h, d’après un porte-parole de la FINUL.
R - Un an après le début des opérations militaires israéliennes à Gaza, le bilan des victimes gazaouies est considérable, de nombreux civils, dont de très nombreux enfants. Ce nombre est intolérable et ne peut être justifié. La France, dans ce cadre, s’associe à la douleur et au deuil du peuple palestinien, en présentant ses condoléances aux proches et aux familles. Et surtout, la France rappelle avec insistance l’impératif du respect du droit international humanitaire qui s’impose à tous, y compris à Israël. La France a toujours condamné fermement les frappes israéliennes à Gaza, qui ont visé les populations civiles, mais qui ont aussi visé des infrastructures essentielles comme les écoles, les hôpitaux, les orphelinats, les camps de réfugiés ou encore les zones humanitaires. Le recours à la force ne fait que repousser le règlement diplomatique de ce conflit, règlement diplomatique qui est pourtant nécessaire pour assurer la paix et la sécurité de tous dans la région. Et comme j’ai eu l’occasion de le répéter plusieurs fois, la solution diplomatique doit être fondée sur un cessez-le-feu immédiat et permanent, qui doit conduire à la mise en œuvre de la solution à deux États.
S’agissant de la FINUL, le Président de la République, il y a quelques jours, a demandé à Israël de mettre fin au plus vite à ses opérations militaires, a souhaité notamment que la souveraineté et l’intégrité territoriale du Liban soient rétablies - encore une fois, dans le respect de la résolution 1701 du Conseil de sécurité. Il a aussi réaffirmé l’engagement de la France aux côtés de la FINUL, qui est un élément absolument essentiel du dispositif au Sud-Liban.
Q - On n’a pas trouvé les noms des pays participants à la conférence du 24 [octobre] à Paris. Est-il trop tôt pour les citer ou pour en parler ? Ou attendez-vous les réponses aux invitations adressées par la France ?
R - Cette conférence qui sera convoquée le 24 octobre à Paris a été décidée par le Président de la République il y a quelques jours, donc nous sommes encore dans la phase d’organisation. Sur le détail précis des pays, je reviendrai vers vous, puisque nous n’avons pas encore la liste,, des pays participants. Mais juste pour donner quelques éléments, ont été invités bien évidemment, les États membres de l’Union européenne, les États du G20, les partenaires régionaux, ainsi que les grandes organisations internationales du type des Nations unies et des organisations de la société civile. Je vous parle du G20 : Nous avons quand même exclu la Russie. Ce sont les contours globalement des pays qui seront ou qui sont en passe d’être invités à cette conférence. Nous reviendrons plus en détail sur la participation des uns et des autres quelques jours avant la conférence, quand nous aurons des confirmations des présents.
Q - Si la France ne livre pas ou plus d’armement en Israël, comme l’a récemment déclaré le Président Macron, pourquoi la France refuse de suspendre les licences autorisant la livraison pour du matériel de conduite de tir, alors que 75 licences d’exportation ont été accordées vers Israël en 2023, notamment pour du matériel de conduite de tir ou du matériel pour des missiles, comme le rapporte la journaliste de Disclose, Ariane Lavrilleux ?
R - La ligne de la France est connue sur ce sujet-là. On ne livre pas d’armes offensives utilisées contre les populations Le Ministre l’a notamment rappelé à ses interlocuteurs lors de son déplacement dans la région. Nous n’autorisons pas plus d’exportations de munitions ou d’armes. Les livraisons que nous opérons sont limitées à des composants pour des matériels militaires, ce qui s’explique essentiellement par l’importance de l’industrie de défense israélienne qui intègre ces composants dans des équipements qui sont ensuite réexportés, et par la prise en compte de besoins strictement défensifs d’Israël, comme le dôme de fer par exemple. Historiquement, et j’ai eu l’occasion de le dire à plusieurs reprises, la France est un partenaire marginal d’Israël en termes d’exportation de matériel militaire.
Q - Est-ce que vous pouvez revenir sur votre propos liminaire concernant le Liban ? Vous avez dit - je n’ai pas bien compris - « le Liban ne peut pas être Gaza de nouveau. » Et vous avez dit une phrase que je n’ai pas retenu, je m’en excuse…
R - Non non, je vous en prie.
Q - Et deuxième question, si vous permettez. Aujourd’hui, il n’y a pas que des civils qui sont attaqués, qui sont victimes : nous, notre chaîne [Al Jazeera] a payé très cher. Hier, il y a eu deux tentatives d’assassinats. Nos collègues sont dans une situation gravissime. Jusqu’à quand l’impunité continue, alors que la France est un pays qui a toujours demandé à ce que les autres pays respectent la liberté d’expression, le travail des journalistes, surtout dans cette zone ?
R - Alors sur votre première question, ce que je vous ai dit, c’est : « le Liban ne doit pas et ne peut pas devenir un nouveau Gaza. Les civils ne peuvent pas être pris pour cibles. Les attaques doivent cesser. Les menaces doivent cesser. »
Sur les journalistes, c’est un point sur lequel nous portons une attention extrêmement particulière. J’avais fait, je me souviens, lors de la Journée de la Liberté de la presse, une déclaration pour rappeler justement que les conflits dans le monde et en particulier au Proche-Orient avaient fait de nombreuses victimes parmi les journalistes. Nous condamnons les attaques contre les journalistes. Nous rappelons aussi régulièrement, à l’ensemble des parties concernées, l’obligation de permettre aux journalistes d’exercer leur profession librement et en toute sécurité, alors que ce travail s’avère de plus en plus nécessaire, et tout particulièrement s’agissant des théâtres d’opération au Proche-Orient. La France réaffirme enfin son engagement constant et déterminé en faveur de la liberté de la presse et de la protection des journalistes. C’est un point sur lequel nous avons une attention extrêmement soutenue, et nous avons eu l’occasion de faire différentes déclarations sur la situation des journalistes et sur les conditions de travail des journalistes, tout particulièrement sur les théâtres d’opération au Proche-Orient.
Q - Juste une petite précision : est-ce que l’Iran sera invité ou a été invité pour la conférence sur le Liban ? Et sur la FINUL, est-ce que vous avez des éléments sur les tirs éventuels de l’armée israélienne sur la FINUL, est ce que vous avez quoi que ce soit ? Est-ce que les forces françaises ont été visées ou… des éléments ?
R - Sur votre première question, je ne suis pas sûr de bien avoir entendu, mais la question c’est de savoir si l’Iran est invité à la conférence du 24 ? Non, l’Iran n’est pas invité à la conférence du 24.
Q - Pourquoi ?
R - Il en a été décidé ainsi. Ils ne sont pas invités.
Sur la FINUL, c’est un point de vigilance extrêmement important. La FINUL est un élément clé du dispositif de désescalade au Sud-Liban. C’est une force des Nations unies qui a été mise en place pour maintenir le calme sur la ligne bleue et d’éviter la désescalade. La France a toujours soutenu la FINUL de manière extrêmement forte. Nous nous sommes félicités du renouvellement à l’identique du mandat de la FINUL de 12 mois, il y a peu, parce que nous considérons qu’elle fait un travail absolument remarquable alors qu’elle est sous le feu de l’action. Je ne sais pas si…
Q - Vous n’avez pas d’éléments précis sur ce qui s’est passé… ?
R - Non.
Q - Est-ce que vous condamnez s’il était confirmé que l’armée israélienne a tiré sur la FINUL ?
R - Si cela devait être avéré, je pense que oui. Encore une fois, il y a une condamnation des frappes israéliennes d’une manière générale, mais si ça devait - parce que je n’ai pas cette information-là - viser des éléments de de la FINUL, oui sans aucun doute.
Q - Juste pour éclaircir : en fait, on a des informations dans ce sens. La FINUL accuse l’armée israélienne d’avoir visé son QG dans le sud du Liban. C’est tombé il y a dix minutes. Avec deux casques bleus blessés.
R - Merci de l’information.
Informations complémentaires
- Instantanés diplomatiques
- Documents de référence