Présentation du Guyana

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Présentation du pays

GUYANA {JPEG}

Données générales

Nom officiel : République Coopérative de Guyana
Nature du régime : République parlementaire
Chef de l’État : M. Mohamed Irfaan Ali (2 août 2020, réélu le 1er septembre 2025)

Données géographiques

Superficie : 214 970 km²
Capitale : Georgetown (235 000 habitants – World Population Review, 2025)
Villes principales : Georgetown, Linden, New Amsterdam, Diamond-Grove
Langue officielle : anglais
Langues courantes : anglais, créole
Monnaie : Dollar guyanien (GYD)
Fête nationale : 23 février, jour de la République. 26 mai, fête de l’Indépendance (1966)

Données démographiques

Population : 808 726 habitants (FMI, 2025)
Croissance démographique : 0,6 % (Banque mondiale, 2024)
Espérance de vie : 70 ans (Banque mondiale, 2023)
Taux d’alphabétisation (population âgée de 15 ans et plus) : 89% (Banque mondiale, 2021)
Religions : 57 % de chrétiens (anglicans, adventistes et catholiques), 33 % d’hindous, 9 % de musulmans
Indice de développement humain : 0,742 (PNUD, 2022 - 95ème rang)

Éléments d’actualité

Politique intérieure

Ancienne colonie britannique, le Guyana est une république parlementaire où le président de la République est le chef du parti ayant obtenu le plus de sièges à l’Assemblée nationale. Le Parlement monocaméral est composé de 65 sièges dont 40 élus à la proportionnelle et 25 sièges élus dans les 10 circonscriptions correspondant aux 10 régions administratives du pays.
Alors que la vie politique du Guyana était structurée par un bipartisme ethnique entre le People’s Progressive Party/Civic (PPP/C), représentant principalement la population indo-guyanienne, et la coalition A Partnership for National Unity (APNU-AFD), alliance des partis afro-guyaniens, les élections générales et régionales du 1er septembre 2025 marquent un changement notable avec l’arrivée du nouveau parti populiste d’opposition We Invest in Nationhood (WIN) qui recompose le paysage politique.
Le PPP/C du Président sortant, Mohamed Irfaan Ali a remporté les élections générales et régionales du 1er septembre 2025 et élargit sa base électorale et sa majorité (36 sièges). Il est suivi par le parti WIN (16 sièges) qui devance la coalition d’opposition APNU représentant les afro-guyaniens du pays (12 sièges). Le Forward Guyana Movement (FGM) obtient 1 siège.

Les scrutins ont été très observés avec la présence de plusieurs missions internationales d’observation dont l’UE. Elles n’ont pas relevé d’irrégularités significatives le jour du vote et souligné le caractère pluraliste des scrutins mais indiqué que l’évolution de la réglementation électorale devait être poursuivie (financement et régulation des médias).

L’objectif pour les autorités guyaniennes était de veiller à ne pas répéter les dysfonctionnements de 2020 lorsque les résultats, contestés par le Président sortant défait avaient ouvert une période de troubles politiques, privant le pays de gouvernement et de Parlement. C’est finalement une décision de la Cour internationale de Justice de la CARICOM et la pression internationale – exercée notamment par la France - qui ont permis l’officialisation de la victoire de l’opposition, laissant la place à Mohamed Irfaan Ali (PPP/C), sans affrontement entre les deux communautés.

Le président Mohamed Irfaan Ali a déjà occupé des postes ministériels de 2009 à 2015 lorsque sa formation politique était au pouvoir. Mais l’homme fort du pays est le vice-président et ancien président par deux fois, Bharrat Jagdeo. Formé à l’école soviétique, il ne pouvait briguer un troisième mandat présidentiel, conformément aux dispositions de la Constitution, après les deux mandats obtenus en 1999 et en 2011.

Politique étrangère

Seul pays anglophone de la région et membre du Commonwealth, le Guyana est un pays à part sur le continent sud-américain.
La relation avec les Etats-Unis est importante dans les domaines économique (ExxonMobil est l’acteur pétrolier principal dans le pays, les entreprises étasuniennes sont engagées dans la modernisation des forces armées du Guyana) et politique. Ces derniers ont joué un rôle majeur lors de la crise politique post-électorale de 2020. L’ancien Secrétaire d’Etat Antony Blinken s’y est rendu en 2019 et 2023. Le Secrétaire d’Etat Marco Rubio a effectué une visite au printemps 2025 pour réaffirmer l’engagement de l’administration Trump, en particulier sur les questions de sécurité et de défense. Le président Irfaan Ali a réalisé plusieurs déplacements à Washington et à New York, où réside une large partie de la diaspora guyanienne (300 000 personnes aux Etats-Unis). Plusieurs représentants du Congrès américains se sont également rendus au Guyana pour réaffirmer leur soutien à la fois sur les enjeux économiques et de sécurité en lien avec le différend de l’Essequibo.

Le Guyana et le Venezuela ont un différend territorial relatif à l’Essequibo (2/3 du Guyana). Après l’échec des bons offices initiés par le Secrétaire général des Nations unies, le Guyana a saisi la Cour internationale de justice (CIJ) qui s’est déclarée compétente (arrêt rendu par la Cour le 18 décembre 2020). La CIJ a tenu du 17 au 22 novembre 2022 des audiences pour répondre aux objections préliminaires du Venezuela dans ce qui est connu comme l’affaire de la sentence arbitrale du 3 octobre 1899 (Guyana c. Venezuela). Une décision finale de la CIJ est attendue au plus tôt en 2026.

Ce différend, issu de l’époque coloniale, a connu un regain d’intensité à la fin de l’année 2023 : le lancement d’appels d’offres par le Guyana de blocs pétroliers offshore a mené à l’organisation par Caracas d’un référendum pour revendiquer la souveraineté vénézuélienne sur cette région riche en hydrocarbures. En réaction, le Guyana a saisi la CIJ afin d’obtenir des « mesures conservatoires ». Le 1er décembre, la CIJ a appelé les deux pays à s’abstenir de toute action pouvant remettre en cause le statu quo et conduire à une escalade. Le 3 décembre, le Venezuela a tenu le référendum, avec un taux réel de participation très faible (2 millions de votants, moins qu’à la primaire de l’opposition). Après la tenue du scrutin, le Venezuela a ordonné la cession de licences d’exploitation pétrolière.

La désescalade a été menée en décembre 2023 par la CELAC, la CARICOM et le Brésil avec la tenue à Saint-Vincent-et-les-Grenadines d’une réunion extraordinaire entre les chefs d’Etat guyanien et vénézuélien. Chacune des Parties s’est engagée à s’abstenir de tout usage de la force et à maintenir le dialogue dans le cadre du processus d’Argyle. Caracas continue de manifester ses ambitions sur l’Essequibo et a organisé en mai 2025 des élections pour désigner les représentants de l’Essequibo dans une petite circonscription, spécialement créée à la frontière guyanienne. Le Venezuela a déposé son contre-mémoire auprès de la CIJ qui devrait rendre sa décision en 2026.
En dépit de certains désaccords sur la délimitation de la frontière autour de la région du Tigri, les relations avec le Suriname se sont améliorées depuis l’arrivée au pouvoir de deux nouveaux présidents en 2020. Le différend territorial avec le Venezuela semble raviver les tensions territoriales et certains partis minoritaires surinamais demandent à la CIJ d’intervenir rapidement sur cette question. Cependant, le Guyana et le Suriname continuent néanmoins d’avancer sur le développement d’infrastructures permettant de mieux connecter les deux pays. Le Guyana a notamment exprimé sa volonté d’accompagner le Suriname dans le développement de sa propre activité pétrolière à la suite de l’annonce par TotalEnergies, en octobre 2024, d’investir 10.5 Mds USD pour l’exploitation d’un bloc pétrolier offshore dans les eaux surinamaises.

Le Guyana entretient également une relation étroite avec la Chine et a adhéré à la Belt and Road Initiative en juillet 2018. Les entreprises chinoises dominent le secteur de la construction et des infrastructures énergétiques et routières. Le président Irfaan Ali a effectué une visite d’Etat en juillet 2023 en Chine durant laquelle il s’est entretenu avec son homologue Xi Jinping. Les deux dirigeants ont affiché leur volonté de renforcer leur coopération stratégique et économique. Le nouveau pont Bharrat Jagdeo sur le fleuve Demerara, construit par une société chinoise, a été inauguré par le président Irfaan Ali en octobre 2025.

Le pays attire aussi les représentants du Moyen-Orient avec la visite du ministre du Pétrole saoudien en février 2022 et de l’émir du Qatar en septembre 2023. Le Guyana et le Qatar ont tenu leurs premières consultations bilatérales en décembre 2024 à Georgetown. Plusieurs pays y ont ouvert des emprises diplomatiques ces dernières années (République dominicaine, Belize) ou ont annoncé leur implantation future (Pérou, Ukraine, Arabie saoudite).
Les relations avec l’UE s’inscrivent dans le cadre de l’Accord post-Cotonou, de l’UE-CELAC, de l’UE-CARIFORUM et de la stratégie commune de partenariat UE-Caraïbes. L’UE était destinataire de 30 à 35 % des exportations guyaniennes en 2020, le marché européen constituant le premier débouché pour le sucre guyanien. L’UE est le premier donateur au Guyana, avec une enveloppe de coopération de 21 M€ pour la période 2021-2027 au travers du EU-Guyana Forests Partnership, dont l’objectif est la protection et la préservation des forêts guyaniennes. Dans le cadre de ce programme, 5 M€ ont été attribués à l’AFD pour un projet de protection des forêts avec le WWF. Le Guyana devrait signer les accords de Samoa, dits de post-Cotonou, qui ouvrent un nouveau volet de la coopération entre l’UE et les pays d’Afrique, du Pacifique et des Caraïbes (ACP). Le Guyana a fait savoir qu’il souhaitait rejoindre l’initiative européenne sur le numérique.

Sur la scène internationale, le Guyana a été élu pour la troisième fois membre non-permanent du Conseil de sécurité des Nations unies pour le biennium 2024-2025. Il est membre de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) depuis 1995, et siège dans les principales organisations de coopération régionale et internationale, dont l’organisation des Etats d’Afrique Caraïbes et Pacifique (OEACP), l’Association des États de la Caraïbe (AEC), de la Communauté caribéenne (CARICOM) dont il accueille le siège à Georgetown et en a tenu la présidence tournante au 1er semestre 2024. Il siège également au sein de l’Organisation des États américains (OEA), de l’Organisation du traité de coopération amazonienne (OTCA), de la Communauté d’États latino-américains et des Caraïbes (CELAC). Par ailleurs, il est l’un des deux seuls membres du continent américain, avec le Suriname, de l’Organisation de la coopération islamique (OCI).

Situation économique

PIB : 24,7 Mds USD (FMI, 2024)
PIB par habitant : 30 962 USD (FMI, 2024)
Taux de croissance du PIB : 43,6% (FMI, 2024)
Taux d’inflation : 2.9 % (Banque mondiale, 2024)
Taux de chômage : 10,2% (FMI, 2024)

L’économie du Guyana est portée par l’exploitation des ressources en hydrocarbures découvertes en 2015 et qui entraîne une transformation accélérée de son développement. Alors qu’il était jusqu’à peu le deuxième pays d’Amérique du Sud au plus faible revenu par habitant (4 648 USD en 2018), le Guyana est devenu un des pôles les plus attractifs de la région.
Son PIB réel a enregistré une croissance de 34% en 2023 et de 43,6% en 2024, soit parmi les plus élevées au monde. Cette croissance devrait se maintenir dans les prochaines années grâce à la manne pétrolière, dont les réserves sont évaluées à 11.5 Mds de barils équivalents de pétrole. Le pays possède ainsi les deuxièmes plus grandes réserves per capita au monde. Sa production actuelle est de 640 000 barils/jour et les autorités aspirent à ce qu’elle atteigne 1,2 M de barils/jour en 2027 pour des revenus estimés à 3,6 Mds USD/an.
La croissance du PIB est soutenue par le secteur énergétique qui a progressé de 124,8 % en 2022, ce qui représente 88,5 % de la croissance du PIB réel en 2022. L’économie non-pétrolière a enregistré 11,5 % de croissance en 2022. Le boom pétrolier s’accompagne d’un effet de ruissellement sur les autres secteurs économiques, y compris l’agriculture, l’exploitation minière et la construction.

La base productive de l’économie reste toutefois peu diversifiée et repose essentiellement sur deux secteurs :

  • les mines : le secteur regroupant les mines et les carrières (sable, pierre) est stimulé par le boom de la construction (26,3 % en 2022). L’extraction d’or représente encore 8,8 % du PIB en 2022 et ne devrait pas décroître au regard de la hausse de la production des mines d’or. Le sous-secteur de la bauxite – principale exportation du Guyana – s’est redressé en 2022 après des années d’incertitude.
  • l’agriculture (25 % du PIB non-pétrolier en 2022) repose essentiellement sur la production de sucre et de riz., l’élevage, la sylviculture et la pêche.

Dette :
Le pays a bénéficié de l’initiative « Pays pauvres très endettés » (PPTE) et d’effacements de dettes permettant une diminution significative, passant de plus de 600 % dans les années 1990 à 46 % du PIB en 2016. En 2022, le ratio dette publique sur le PIB était de 22,8 %. Les transferts de fonds de la diaspora, concernant près de 500 000 Guyaniens dont 85 % de main d’œuvre qualifiée, représentent 11 % du PIB. Sous le mandat de l’ancien président David Granger, le Guyana a consenti des efforts en matière de transparence financière, qui ont conduit au retrait du pays de la liste grise du Groupe d’action financière des Caraïbes (GAFIC) en octobre 2016. Le pays a signé un accord FATCA (Foreign Account Tax Compliance Act – échange d’informations fiscales) avec les États-Unis. Il n’est en revanche pas membre du Forum mondial pour la transparence fiscale de l’OCDE et n’a pris aucun autre engagement en vue d’échanger automatiquement des informations fiscales, que ce soit au plan multilatéral ou sur une base bilatérale.
Au regard de son développement économique fulgurant, le pays ne fera bientôt plus partie des pays éligibles aux investissements solidaires et durables car il est classé comme pays à revenu élevé depuis 2022 (classification CAD-OCDE).

Marché carbone :
Le Guyana a récemment vendu 30% de ses crédits carbone pour 750 M USD dans le cadre de sa stratégie de développement à faible intensité carbone (Low Carbon Development Strategy), réelle feuille de route du pays. Il est le premier pays à s’être appuyé sur le programme onusien REDD+ (Reducing Emissions from Deforestation and Forest Degradation). Le Guyana a lancé le second volet de cette politique climatique, dont l’objectif central est de rester le pays au plus faible taux de déforestation au monde.

Mise à jour : 12.12.25

Informations complémentaires