Présentation de l’Éthiopie

Partager

Présentation du pays

Données générales

ÉTHIOPIE {JPEG}

Nom officiel : République fédérale démocratique d’Éthiopie
Nature du régime : République fédérale
Chef de l’État (poste honorifique) : Mme Sahle-Work Zewde (depuis le 25 octobre 2018)
Premier ministre (chef de l’exécutif) : M. Abiy Ahmed Ali (depuis le 2 avril 2018)

Données géographiques

Superficie : 1 104 300 km²
Capitale : Addis Abeba
Villes principales : Addis Abeba, Debre Zeit, Nazareth, Baher Dar, Dire Dawa, Mekele
Langue (s) officielle (s) : amharique, anglais
Langue (s) courante (s) : amharique, oromo, tigrinya, somali, gurage, sidamo, hadiyya, arabe
Monnaie : birr éthiopien ; 1 EUR = 46,6 ETB (décembre 2020)
Fête nationale : 28 mai

Données démographiques

Population : 126,5 millions d’habitants en 2023 (Banque mondiale)
PIB : 163,7 Mds USD en 2023 (Banque mondiale)
RNB ajusté par habitant (USD courant) : 163,28 USD/habitant en 2023 (Banque mondiale)
Taux de croissance : 6,5% en 2023 (Banque mondiale)
Taux d’inflation : 30,2% en 2023 (Banque mondiale)
Taux de chômage : 3,5% en 2023 (Banque mondiale)
Déficit public : 2,5% du PIB en 2023 (Direction générale du Trésor)
Dette publique : 40,2% du PIB en 2023 (Direction générale du Trésor)
Balance commerciale : -8,5% du PIB en 2022/2023 (Direction générale du Trésor)

Éléments d’actualité

Politique intérieure

Deuxième pays le plus peuplé d’Afrique, l’Éthiopie est une puissance démographique de 126 millions d’habitants. Cet Etat fédéral est composé d’environ 80 groupes ethniques distincts, les Oromos et Amharas étant les deux principaux groupes, représentant respectivement environ 35% et 30% de la population éthiopienne.

L’Éthiopie contemporaine a été profondément marquée par la victoire de la rébellion tigréenne sur le régime marxiste du Derg en 1991. Depuis cette date, le pays a mis en place un fédéralisme fondé sur l’ethnie, en rupture avec la longue pratique de centralisation. Ce modèle, incarné par le Premier ministre Melès Zenawi, a toutefois donné lieu à une hausse des tensions ethniques en Ethiopie à la fin des années 2010.

A son arrivée au pouvoir en avril 2018, Abiy Ahmed a initié une politique de libéralisation et de transformation de la scène politique éthiopienne, qui a mené à la suppression du Front démocratique révolutionnaire du peuple éthiopien et à la formation du nouveau Parti de la prospérité (« Prosperity Party »). Ces évolutions ont été fortement contestées par certains acteurs politiques éthiopiens, au premier rang desquels le Front de Libération du peuple du Tigré (TPLF), anciennement majoritaire au sein de la coalition au pouvoir. En novembre 2020, un conflit a éclaté dans la région du Tigré entre le TPLF et le gouvernement fédéral, qui s’est progressivement étendu aux régions voisines (Afar et Amhara) et aurait fait selon l’Union africaine environ 600 000 victimes. Selon le rapport de l’enquête conjointe du Haut-Commissariat pour les droits de l’Homme et de la Commission éthiopienne pour les droits de l’Homme publié en novembre 2021, le conflit aurait donné lieu à de potentiels crimes de guerre et crimes contre l’humanité, des violations massives des droits de l’Homme et du droit international humanitaire commises par l’ensemble des parties au conflit.

A l’issue de négociations tenues à Pretoria et conduites sous l’égide de l’Union africaine, le gouvernement éthiopien et le TPLF ont conclu un accord de cessation des hostilités le 2 novembre 2022, qui a permis de mettre fin au conflit. La mise en œuvre de l’accord achoppe toutefois sur la question du désarmement et de la démobilisation des milices du TPLF et sur l’avenir des territoires contestés et occupés par des milices amharas (Raya, Wolqayt, zone de Tselemt). La récente scission du TPLF, qui fait suite à l’opposition entre la vieille garde du parti et une faction plus modérée, pourrait également entraver la mise en œuvre de l’accord. Des affrontements se poursuivent par ailleurs en région Amhara entre les forces armées éthiopiennes (ENDF) et les milices rebelles Fano et en Oromia entre les ENDF et la milice oromo l’Oromia Liberation Front (OLA). L’adoption d’une politique de justice transitionnelle en avril 2024 marque toutefois une avancée positive.

Politique étrangère

L’Ethiopie est un acteur reconnu sur la scène internationale : visites fréquentes de dirigeants occidentaux, arabes et asiatiques, mise en place d’un dialogue politique renforcé avec l’Union européenne, poursuite d’un partenariat étroit avec la Chine, adhésion au groupe des BRICS le 1er janvier 2024. Addis-Abeba accueille depuis 2002 le siège de l’Union africaine, après avoir hébergé celui de l’Organisation de l’unité africaine (1963-2002).

Si l’Ethiopie entend jouer un rôle croissant sur le continent africain, comme l’a démontré son rôle de plateforme de distribution de l’aide chinoise pendant la crise de la Covid-19, elle conduit une politique étrangère principalement centrée sur l’Afrique de l’Est qui vise avant tout à garantir sa sécurité et son développement. Le conflit au nord du pays et l’annonce de la conclusion d’un mémorandum avec le Somaliland début 2024 ont toutefois fragilisé la position de l’Ethiopie en tant que garant de la stabilité régionale.

La réconciliation avec le voisin érythréen a incontestablement constitué le marqueur principal de la politique étrangère d’Abiy Ahmed, qui a reçu pour cela le prix Nobel de la Paix en 2019. Ce rapprochement s’est toutefois traduit par une participation d’Asmara dans le conflit au nord et par des exactions massives commises par les forces érythréennes au Tigré.

En Somalie, l’Ethiopie a longtemps soutenu la montée en puissance des Etats fédérés somaliens. Le Premier ministre Abiy Ahmed a un temps pris le contre-pied de cette politique en soutenant officiellement le gouvernement fédéral de Mogadiscio et l’Ethiopie demeure militairement engagée en Somalie dans le cadre de l’ATMIS pour lutter contre le groupe terroriste al-Shabab. La conclusion d’un mémorandum d’entente entre l’Ethiopie et la région sécessionniste du Somaliland en janvier 2024, devant notamment permettre l’ouverture d’une base navale éthiopienne, a toutefois provoqué de vives tensions avec Mogadiscio, qui estime qu’il s’agit d’une violation directe de sa souveraineté et de son intégrité territoriale.

L’Ethiopie et Djibouti entretiennent une grande proximité culturelle en raison des liens entre leurs populations somali et afar respectives. Depuis les années 2000, les liens entre les deux pays se sont renforcés à mesure que leurs économies sont devenues interdépendantes. Djibouti est le débouché maritime de l’Ethiopie, qui lui fournit en retour une part importante de son eau et de son électricité. Toutefois, le rapprochement entre l’Ethiopie et l’Erythrée a été mal perçu par Djibouti, qui a connu un bref conflit avec Asmara en 2008 sur fond de contentieux territorial.

L’Ethiopie et le Kenya entretiennent une certaine proximité culturelle du fait de la présence des communautés somalie, oromo et gabra de part et d’autre de leur frontière, mais les deux pays n’ont pas fait de leur coopération politique et économique une priorité. Les deux pays se font concurrence sur le plan économique et le partenariat commercial entre les deux pays est demeuré limité.

La relation entre l’Ethiopie et le Soudan s’articule autour du partage des eaux du Nil, du territoire disputé d’Al-Fashaga et des flux de réfugiés. Liés par un accord de répartition des eaux du Nil, le Soudan et l’Egypte ont rejeté l’accord-cadre sur la coopération dans le bassin du fleuve Nil adopté par l’Ethiopie et les autres pays d’amont en 2010 établissant de nouvelles règles de répartition. Khartoum et Addis-Abeba s’opposent également pour le contrôle du triangle d’Al-Fashaga, un territoire attribué au Soudan par les Britanniques en 1902, mais où des fermiers éthiopiens, principalement Amharas, sont historiquement installés. S’agissant des réfugiés, plus de 40 000 Ethiopiens ont trouvé refuge dans les régions soudanaises de Gedaref et de Kassala au cours des affrontements au Tigré et 37 000 Soudanais ont fui vers l’Ethiopie après le déclenchement du conflit au Soudan en avril 2023.

Médiatrice des conflits intérieurs au Soudan du Sud, l’Ethiopie a ensuite pris ses distances avec Djouba. Le pays s’est un temps impliqué en tant que médiateur entre le Mouvement populaire de libération du Soudan (SPLM) du Président sud-soudanais Salva Kiir et son principal opposant Riek Machar, en guerre à partir de décembre 2013, et a hébergé les négociations qui ont abouti à la signature d’un accord de paix en août 2015. L’Ethiopie demeure engagée au sein de la Mission des Nations unies au Soudan du Sud (MINUSS), à qui elle fournit près de 1 500 soldats, bien qu’elle se soit peu mobilisée face aux nombreux reports de la période de transition politique. La relation bilatérale demeure toutefois dense pour des raisons sécuritaires et géostratégiques.

Les relations entre l’Egypte et l’Ethiopie sont marquées par la problématique de la gestion des eaux du Nil et la construction du Grand barrage de la Renaissance, un projet initié en 2011 par l’ancien Premier ministre éthiopien Meles Zenawi. L’Ethiopie a procédé à des remplissages successifs du bassin de retenue d’eau du GERD en 2021 et 2022, avant d’inaugurer officiellement le barrage et de lancer la production d’électricité en février 2022. L’Egypte, qui s’approche d’un niveau de stress hydrique absolu, est également dépendante de l’utilisation des eaux du Nil et souhaite la conclusion d’un accord contraignant relatif à l’utilisation du barrage.

Situation économique

Malgré une croissance économique soutenue lors de la dernière décennie, le pays fait face à des difficultés structurelles. Portée par l’investissement public dans les infrastructures et financée par l’endettement externe (chinois en grande partie), la croissance est passée d’une moyenne de 2,5% durant les années 90 à 9,6% sur la période 2010-2019. Fondée sur un modèle d’économie fortement administrée hérité du régime communiste du Derg (1974-1987), le développement du pays repose sur la mise en place de plans quinquennaux qui ont permis de financer de grands projets d’infrastructures de transport, d’énergie, de télécommunications et des parcs industriels orientés vers l’export. Ce modèle n’est désormais plus viable au regard de la faible capacité du pays à faire face à la charge de sa dette externe croissante. La dette publique de l’Ethiopie est jugée non-soutenable par le FMI en raison de la faible capacité d’endettement du pays, malgré une réduction de la dette publique rapportée au PIB ces dernières années, passant de 53,7% du PIB en 2020 à 40,2% en 2023.

La croissance de l’économie éthiopienne s’est élevée à 6,5% en 2023. La modernisation du secteur agricole, la progression de l’économie de services sur la base d’une lente urbanisation et la reprise du secteur de la construction privée pourraient expliquer l’essentiel de la croissance. Malgré les forts taux de croissance de ces dernières années, les indicateurs sociaux restent très faibles. Le PIB par tête, qui s’est élevé à 1 473 USD en 2023, demeure contraint par la croissance démographique du pays (2,7% en moyenne entre 2012 et 2022). En 2022, le pays était classé à la 176ème place sur 191 en termes d’IDH. Bien que l’agriculture, qui représente 32% du PIB et 87% de ses exportations, demeure le pilier socioéconomique du pays, l’Ethiopie peine à satisfaire les besoins alimentaires de sa population.

Mise à jour : 16.09.24

Informations complémentaires