Présentation de l’Éthiopie

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Présentation du pays

Données générales

ÉTHIOPIE {JPEG}

Nom officiel : République fédérale démocratique d’Éthiopie
Nature du régime : République fédérale
Chef de l’État (poste honorifique) : Mme Sahle-Work Zewde (depuis le 25 octobre 2018)
Premier ministre (chef de l’exécutif) : M. Abiy Ahmed Ali (depuis le 2 avril 2018)

Données géographiques

Superficie : 1 104 300 km²
Capitale : Addis Abeba
Villes principales : Addis Abeba, Debre Zeit, Nazareth, Baher Dar, Dire Dawa, Mekele
Langue(s) officielle(s) : amharique, anglais
Langue(s) courante(s) : amharique, oromo, tigrinya, somali, gurage, sidamo, hadiyya, arabe
Monnaie : le birr éthiopien ; 1 EUR = 46,6 ETB (décembre 2020)
Fête nationale : 28 mai

Données démographiques

Population : 115 millions (2020)
Densité : 96,2 habitants/km² (2018)
Croissance démographique : 2,8 % (2018)
Espérance de vie : 65 ans (2017)
Taux d’alphabétisation : 39 % (2017)
Indice de développement humain : 0,463 – 211 sur 228 (2019)
Religions : Orthodoxes 43,5 % ; Musulmans 33,9 % ; Protestants 18,6 % ; Animistes 2,6 %, Catholiques 0,7 % ; autres 0,7 %
Nombre de réfugiés présents sur le territoire éthiopien : 655 105 (2020)

Éléments d’actualité

Politique intérieure

Puissance démographique comptant 115 millions d’habitants (2ème pays le plus peuplé d’Afrique), l’Éthiopie est un État fédéral composé d’environ 80 groupes ethniques distincts. Les Oromos et les Amharas sont les deux principaux groupes ethniques, représentant respectivement environ 35% et 30% de la population éthiopienne.

L’Éthiopie contemporaine a été profondément marquée par la victoire de la rébellion tigréenne sur le régime marxiste du Derg en 1991. Depuis cette date, le pays a mis en place une organisation fédérale basée sur une division ethnique, appelée « fédéralisme ethnique », en rupture avec la longue pratique de centralisation.

Ce modèle, incarné par le Premier ministre Melès Zenawi, a toutefois donné lieu à une hausse des tensions ethniques en Ethiopie à la fin des années 2010. Dans ce contexte, dès son arrivée au pouvoir en avril 2018, Abiy Ahmed a initié une politique de libéralisation et de transformation de la scène politique éthiopienne, le menant en décembre 2019 jusqu’à la création d’un nouveau parti politique, le Prosperity Party.

Sa vision a cependant été contestée par certains acteurs politiques éthiopiens, au premier rang desquels le Front de Libération du peuple du Tigré (TPLF), anciennement majoritaire au sein de la coalition au pouvoir. Les tensions politiques se développent alors entre le TPLF et le gouvernement, notamment en raison du rapprochement avec l’Erythrée décidé par le Premier ministre contre l’avis du TPLF. Ces tensions se sont traduites par le déclenchement d’un conflit entre le TPLF et le gouvernement fédéral à partir de novembre 2020. En 2 ans, ce conflit, qui s’est progressivement étendu aux régions voisines (Afar et Amhara) a connu un enlisement, responsable d’une situation humanitaire alarmante, en raison du blocage des accès humanitaires et de la suspension des services de base (électricité, télécommunication, service bancaire). Selon le rapport de l’enquête conjointe du Haut-Commissariat pour les droits de l’Homme et de la Commission éthiopienne pour les droits de l’Homme publié en novembre 2021 ce conflit aurait donné lieu à de potentiels crimes de guerre et crimes contre l’humanité, des violations massives des droits de l’homme et du droit international humanitaire commises par l’ensemble des parties au conflit.

Le conflit a cependant connu un développement majeur fin 2022. A l’issue de négociations directes à Pretoria, conduites sous l’égide de l’Union africaine, le gouvernement éthiopien et le TPLF ont conclu mercredi 2 novembre 2022 un accord de cessation des hostilités respecté sur le terrain.

Politique étrangère

L’Ethiopie est un acteur reconnu sur la scène internationale : visites fréquentes de dirigeants occidentaux, arabes, asiatiques, mise en place d’un dialogue politique renforcé avec l’Union européenne, poursuite d’un partenariat étroit avec la Chine, premier pays contributeur de troupes aux opérations de maintien de la paix des Nations unies. Addis-Abeba, qui a été le siège de l’Organisation de l’unité africaine (1963-2002) est depuis 2002 le siège de l’Union africaine.

Si l’Ethiopie entend jouer un rôle croissant sur le continent, comme l’a démontré son rôle de plateforme de distribution de l’aide chinoise pendant la crise de la Covid-19, elle conduit encore une politique étrangère centrée sur l’Afrique de l’Est qui vise d’abord à garantir sa sécurité et son développement.

Le conflit au nord du pays a toutefois fragilisé la position de l’Ethiopie en tant que garant de la stabilité régionale et a notamment ravivé un contentieux frontalier avec le Soudan.

Corne de l’Afrique/Afrique de l’Est

La réconciliation avec le voisin érythréen a incontestablement constitué le marqueur principal de la politique étrangère d’Abiy Ahmed qui a, pour cela, reçu le prix Nobel en 2019. Ce rapprochement s’est toutefois traduit par une participation d’Asmara dans le conflit au nord et par des exactions massives commises par les forces Erythréennes au Tigré.

En Somalie, l’Ethiopie a pendant longtemps soutenu la montée en puissance des Etats fédérés somaliens mais Abiy Ahmed, a pris le contre-pied de cette politique, en soutenant officiellement le gouvernement fédéral de Mogadiscio, afin d’éviter le démembrement de l’Etat somalien mais aussi de conforter les appuis régionaux d’Addis-Abeba face à l’Egypte. L’Ethiopie reste militairement engagée en Somalie avec près de 4400 soldats intégrés à l’ATMIS.

L’Ethiopie et Djibouti entretiennent une grande proximité culturelle en raison des liens entre leurs populations respectives (somali et afar). Depuis les années 2000, les liens entre les deux pays se sont renforcés à mesure que leurs économies sont devenues interdépendantes. Djibouti est le débouché maritime de l’Ethiopie, qui lui fournit en retour une part importante de son eau et de son électricité. Toutefois, le rapprochement entre l’Ethipie et l’Erythée a été mal vécu par Djibouti qui n’a plus de relations diplomatique avec le régime erythréen depuis la courte guerre de 2008, sur fond de contentieux territorial.

Les relations entre l’Ethiopie et le Kenya sont complexes notamment du fait de leurs divergences d’appréciation sur le dossier somalien. L’Éthiopie se positionne en appui au président somalien et à l’État fédéral alors que le Kenya soutient les États fédérés, au premier rang desquels le Jubaland. Addis-Abeba et Nairobi se retrouvent sur d’autres sujets tels que la coopération en matière énergétique.

L’Ethiopie et le Soudan ont un contentieux territorial (triangle d’el Fashaga) qui n’a toujours pas été soldé depuis de nombreuses années et qui, dans le contexte de la crise au Tigré, a provoqué des affrontements armés et la mort de 4 soldats soudanais.

Au Soudan du Sud, l’Ethiopie, s’est longtemps investie dans la recherche d’un compromis politique entre le gouvernement de Salva Kiir et les forces d’opposition de Riek Machar, avant finalement de céder la main à Omar el Béchir et Yoweri Museveni qui ont permis la signature de l’accord de paix revitalisé (R-ARCSS) en septembre 2018. L’Éthiopie déploie encore 2130 casques bleus au Soudan du Sud, dans le cadre de la Mission des Nations unies pour le Soudan du Sud (MINUSS).

Egypte/Nil

Avec l’Egypte, les relations se sont tendues en raison du contentieux autour du projet du barrage de la Renaissance (GERD - Grand Ethiopian Renaissance Dam).

Ce barrage est un projet initié par Meles Zenawi, le Premier ministre de l’Ethiopie de 1991 à 2012. En construction depuis 2011 sur le Nil bleu, il a vocation à devenir le plus grand barrage d’Afrique avec une production attendue de 6500 MW. Il fait aujourd’hui l’objet de vives tensions entre l’Egypte (dépendante des eaux du Nil bleu), l’Ethiopie (pour lequel il est un élément essentiel du développement économique) et le Soudan (où les crues du Nil bleu causent chaque année d’importants dégâts).

Situation économique

Malgré une croissance économique soutenue lors de la dernière décennie, le pays fait face à des difficultés structurelles. Portée par l’investissement public dans les infrastructures et financée par l’endettement externe (chinois en grande partie), la croissance est passée d’une moyenne de 2,5 % durant les années 90 à 9,6 % sur 2010-2020. Fondée sur un modèle d’économie fortement administrée, hérité du régime communiste du Derg (1974-1987), le développement du pays repose sur la mise en place de plans quinquennaux. Le plan quinquennal 2015-2020 visait en particulier les investissements dans les transports, l’énergie, les télécommunications et la création, ex nihilo dans ce pays encore très majoritairement rural, d’une base industrielle (parcs industriels) tournée vers l’export. Ce modèle planificateur, basé sur l’endettement public, a fortement restreint le développement du secteur privé, aujourd’hui encore embryonnaire.

Les indicateurs sociaux restent, malgré les forts taux de croissance de ces dernières années, très faibles. Le PIB par tête (995 USD en 2021) reste contraint par la forte croissance démographique du pays (2,6 % en moyenne). Le taux de pauvreté (<1,90 USD/J) s’établissait, d’après la Banque Mondiale (BM) à 30,8 % en 2016 et le pays est classé à la 173ème place sur 180 à l’IDH 2020. Bien que l’agriculture (32 % du PIB, 87 % des exportations, 65 % de l’emploi) soit le pilier socioéconomique du pays, le pays peine à satisfaire les besoins alimentaires de la population et reste très vulnérable aux évènements naturels (sécheresse principalement). Ces facteurs environnementaux, combinés à la crise de COVID-19 et la crise au Tigré porterait à 15 millions le nombre de personnes en insécurité alimentaire dans le pays (IPC : 4) d’ici septembre 2022, soit 15 % de la population.

La croissance est restée dynamique en 20/21, à 6,3 %, principalement portée par une saison des pluies très favorable, la croissance du crédit dans certains secteurs clés (construction, services) et le fait que le conflit était encore contenu géographiquement. Le niveau des IDE s’est maintenu (3,9 Mds USD) – notamment grâce à la vente de la première licence télécom – les remises de la diaspora ont été dynamiques (5,2 Mds USD), et les exportations (3,6 Mds USD) portées par les marchés internationaux (café, or). En 21/22, en revanche, l’activité économique devrait ralentir à 3,8 % (FMI) en raison de l’extension du conflit à partir de juillet 2021 et de la sécheresse qui touche une grande partie du sud du pays. L’Ethiopie serait également le pays d’Afrique subsaharienne le plus fortement affecté par la guerre en Ukraine (le pays importe 18,2 % de ses céréales d’Ukraine et 8,3 % de Russie).

Le déficit de la balance courante s’établit à 3,2 % du PIB en 20/21, en baisse par rapport à 19/20 (4,6 % du PIB), en raison de l’amélioration de la balance commerciale. La suspension de l’aide internationale (liée au conflit), en revanche, a affecté négativement la balance des paiements. Le FMI s’attend à une dégradation du compte courant avec un déficit de 4,5 % du PIB en 21/22. Les réserves de change ont connu une nette baisse, passant de 3,1 Mds USD en juin 2020 à 2,2 Mds USD en septembre 2021. Début 2022, les réserves couvriraient seulement 1 mois et 20 jours d’importations selon la Banque mondiale.

Mise à jour : 1er mars 2023

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