Sommet du Caire pour la Paix - Intervention de la ministre de l’Europe et des Affaires étrangères, Catherine Colonna (Le Caire, 21 octobre 2023)
Monsieur le Président,
Altesses royales,
Messieurs les chefs d’État et de gouvernement,
Mesdames et messieurs les ministres,
Excellences,
Le 7 octobre, Israël a été frappé par une attaque terroriste massive, menée par le Hamas, un groupe terroriste dont le projet est de détruire un État, Israël, et de semer la haine et le chaos, et non de réaliser les aspirations des Palestiniens. D’autres groupes terroristes ont revendiqué des actions en soutien. L’ampleur des massacres et des atrocités commises ne laisse que peu de doutes sur le fait que cette attaque a été préparée, orchestrée, planifiée. Elle marque aussi par sa brutalité, sa sauvagerie, sa barbarie.
La France elle aussi a été touchée. A ce jour, 30 de mes compatriotes y ont perdu la vie et 7 autres sont portés disparus ou sont retenus en otage.
Je réitère instamment ici notre demande de libération de tous les otages, sans délai et sans condition
Rien ne peut jamais justifier le terrorisme, jamais.
Face au terrorisme, Israël a le droit de se défendre pour que jamais ceci ne se reproduise.
Pour être forte, sa réponse doit être juste.
Pour être juste, elle doit être conforme au droit international, nous le rappelons tous car le droit s’applique à tous.
En toutes circonstances les principes politiques, moraux et éthiques qui nous animent doivent être respectés. C’est un impératif qui s’impose à tous.
Le Président de la République française l’a rappelé au Premier ministre israélien et il continuera de le faire. Je le fais également.
Israël, dans sa réponse légitime à l’attaque terroriste dont elle a été victime, doit donc protéger les populations civiles en application du droit humanitaire car ces populations civiles n’ont pas à payer le prix de crimes commis par des groupes terroristes, qui ne les représentent pas.
Sur ce point il faut être très clair. Les terroristes du Hamas ne représentent pas le peuple palestinien, ni la cause palestinienne. Il faut le dire encore plus dans le contexte actuel de grande volatilité où certains acteurs tentent d’installer de la confusion. Le rejet le plus ferme des actions du Hamas est le moyen le plus sûr de faire entendre la voix des Palestiniens.
La France condamne les agissements du Hamas, mais elle soutient les droits des Palestiniens. Elle l’a toujours fait, et elle continuera à le faire, d’autant plus aujourd’hui. Elle continuera aussi à conforter l’Autorité palestinienne.
Face à cette crise humanitaire qu’endure une population civile qui souffre à Gaza, j’ai annoncé dimanche dernier, ici en Égypte, 10 millions d’euros supplémentaires, qui passeront par les agences des Nations unies (UNRWA, PAM), le CICR et les ONG. Cela permettra de fournir des biens de première nécessité, de l’eau, de la nourriture, des médicaments, etc. Nous sommes prêts à accroitre cet effort et nous venons de le faire puisque le Président de la République vient d’annoncer 10 M € encore supplémentaires et un avion d’aide humanitaire.
Et cette aide aux populations et aux déplacés, il faut la leur faire parvenir d’urgence. La France salue donc l’accord annoncé à cette fin et salue tous les efforts déployés pour y parvenir, notamment ceux menés par l’Égypte et par les Nations Unies. La mise en œuvre de cet accord est urgente, et l’aide doit être pouvoir apportée durablement. Un premier pas a été franchi ce matin, nous l’avons tous salué, mais il doit être suivi d’autres et de façon durable.
La distribution de l’aide aux populations civiles, à commencer par les plus vulnérables, suppose une trêve humanitaire, qui pourra mener à un cessez-le-feu.
Enfin, les personnes qui souhaitent pouvoir sortir de Gaza doivent pouvoir le faire sans en être empêchées. Je l’ai demandé pour nos agents, nos ressortissants, et leurs familles.
Il y a l’urgence humanitaire, mais si nous sommes tous ici aujourd’hui, c’est que nous savons qu’il faut mieux répondre aux aspirations légitimes des Palestiniens.
Les Palestiniens veulent vivre dans la dignité. Loin des atrocités des terroristes du Hamas, ils veulent pouvoir vivre en paix, avec les Israéliens, non pas face à face, mais côte à côte.
Il est de notre responsabilité collective de redessiner un horizon politique, à même de répondre à cette aspiration.
La position de la France est constante, et nous la réaffirmons aujourd’hui avec force : il faut de la sécurité pour Israël, et un État pour les Palestiniens. Ces deux éléments forment un tout indissociable.
La seule solution viable est une solution à deux États, vivant en paix et en sécurité côte à côte.
Notre responsabilité est de forger un consensus sur ces lignes afin de refermer, enfin, cette plaie au Proche-Orient.
Mais avant tout, dans les tout prochains jours, il sera primordial d’éviter l’escalade, qui peut mener à l’embrasement de la région. Des puissances que nous connaissons tous ici ont décidé de souffler sur les braises pour faire oublier leurs crimes, leurs guerres, leur agenda hégémonique, et pour fragiliser les pays de la région, répandre le chaos.
Notre unité face à eux est un impératif.
Nous devons déjouer leur piège.
Et assumer cette responsabilité collective de savoir retrouver le chemin de la paix.
Je vous remercie.
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