Présentation de Cuba
Présentation du pays
Données générales
Nom officiel : République de Cuba
Nature du régime : régime socialiste à parti unique
Chef de l’État : Miguel Díaz-Canel, président de la République
Premier secrétaire du Parti communiste cubain (PCC) : Miguel Díaz-Canel Bermúdez
Données géographiques
Superficie : 106 449 km²
Capitale : La Havane
Villes principales : Santiago de Cuba, Villa Clara, Holguín, Camagüey
Langue officielle : espagnol
Monnaie : Peso cubain
Fête nationale : 1er janvier
Données démographiques
Population : 11 212 191 habitants (Banque mondiale 2022)
Densité : 108 hab./km² (Banque mondiale, 2021)
Croissance démographique : -0,4 % (Banque mondiale, 2022)
Espérance de vie : 74 ans (Banque mondiale, 2021)
Taux d’alphabétisation : 100 % (Banque mondiale, 2021)
Religion (s) : catholique (10 % de la population se déclare croyante, 3 % pratiquante), santeria (cultes afro-caribéens)
Indice de développement humain : 0,764 (73e rang mondial PNUD, 2021)
Éléments d’actualité
Politique intérieure
La Constitution adoptée en avril 2019 institue la séparation des fonctions de chef de l’État et de chef du gouvernement avec la création d’un poste de Président de la République et de celui de Premier ministre, la transformation du Conseil d’État en véritable assemblée permanente et l’introduction d’une limitation à deux mandats consécutifs de cinq ans pour l’exercice des fonctions de Président de la République, tout en réaffirmant le caractère prééminent du rôle du parti communiste dans la direction du pays et son caractère socialiste.
Raúl Castro a quitté son poste de secrétaire général du Parti communiste cubain (PCC) le 19 avril 2021, après avoir renoncé à ceux de président du Conseil d’État et du conseil des ministres en avril 2018. Le 8ème Congrès du PCC d’avril 2021 a constitué un tournant historique et symbolique, puisque c’est la première fois depuis la Révolution cubaine que l’île n’est pas dirigée par un Castro, marquant la dernière étape d’une transition générationnelle amorcée en 2018 avec l’arrivée aux affaires de personnalités nées après la révolution cubaine. Il s’agit cependant d’une succession dans la continuité, Raúl Castro laissant sa place de Secrétaire général du parti à Miguel Díaz-Canel, Président de la République cubaine depuis octobre 2019. Diaz-Canel a été reconduit par le Parlement à la tête de l’État cubain le 19 avril 2023, à la suite des élections législatives du 26 mars qui ont enregistré une participation de 76%.
Sur le plan de la politique intérieure, des manifestations historiques ont été organisées le 11 juillet 2021. A cette occasion, des milliers de Cubains ont réclamé un changement économique et politique. Les organisations de la société civile ont recensé des centaines d’arrestations et dénoncé les peines sévères prononcées lors des procès collectifs organisés en 2022 (jusqu’à 25 ans de prison). Alors qu’un code de la famille progressif a été adopté par référendum en septembre 2022, légalisant notamment le mariage homosexuel, le nouveau code pénal entré en vigueur au 1er décembre 2022 a suscité l’inquiétude des défenseurs des droits.
Politique étrangère
Malgré le maintien des sanctions américaines, La Havane peut compter sur le soutien des gouvernements de gauche latino-américains, en particulier au Mexique et en Colombie. La politique extérieure cubaine se caractérise par la recherche de nouveaux partenariats, notamment avec la Chine, l’Algérie, la Russie et la Turquie, comme l’a montré la tournée diplomatique du Président Diaz Canel en novembre 2022. Cuba renforce également ses liens avec l’Iran, dont témoignent les visites croisées du président iranien à La Havane en juin et du président cubain à Téhéran en décembre 2023. L’île joue le rôle de garant des négociations entre le gouvernement colombien et l’Armée de libération nationale (ELN). Assumant la présidence du groupe des 77+Chine à l’ONU en 2023, Cuba a organisé un sommet du G77 à La Havane en septembre.
Les deux grands partenaires extérieurs à la région sont la Chine, qui est devenue le deuxième partenaire commercial de Cuba, mais qui ne s’est pas engagée dans un effort d’investissement significatif en raison des spécificités jugées peu attractives du système cubain, et la Russie, qui a décidé de refaire de Cuba un de ses points d’ancrage dans la région dans le cadre de son agression contre l’Ukraine. La Russie fournit notamment du blé et du pétrole.
S’agissant de l’agression russe contre l’Ukraine, Cuba oscille entre l’abstention et le vote négatif. Elle a notamment voté contre les résolutions sur la suspension de la Russie du Conseil des droits de l’Homme, la création d’un mandat de rapporteur spécial chargé d’enquêter sur la répression des opposants en Russie, et la création d’un mécanisme de réparations des destructions humaines et matérielles causées par l’invasion russe de l’Ukraine. En visite officielle à Moscou en novembre 2022, le président Diaz Canel a exprimé son soutien à l’opération militaire russe en Ukraine et imputé la responsabilité du conflit à la politique agressive des États-Unis et à l’expansion de l’OTAN aux frontières russes.
Premier partenaire commercial européen de Cuba, l’Espagne maintient une relation dense avec l’île (plus de 100 000 détenteurs d’un passeport espagnol à Cuba), même si les relations bilatérales entre les deux pays fluctuent en fonction des alternances politiques en Espagne. Les autres pays européens significativement présents à Cuba sont l’Italie, l’Allemagne et les Pays-Bas, dont les entreprises assurent avec l’Espagne la majorité du commerce courant. Leurs investissements restent en revanche limités.
La relation avec les États-Unis, qui structure l’identité cubaine depuis près de 150 ans, reste un sujet majeur de préoccupation pour le gouvernement cubain. En avril 2021, lors du dernier Congrès du Parti communiste cubain, Raul Castro a rappelé que Cuba était prêt à avoir un dialogue respectueux avec les États-Unis sans toutefois renoncer à son indépendance et à sa souveraineté. Pour rappel, seul le Congrès américain est en mesure d’abroger l’embargo. La répression des manifestations du 11 juillet 2021 à Cuba ainsi que les condamnations des manifestants ont conduit Washington à adopter des sanctions individuelles (restrictions de visas) tout en annonçant une révision des mesures restrictives qui affectent le plus la population cubaine.
Pour la première fois depuis l’élection de Joe Biden, les États-Unis ont pris, le 16 mai 2022, une série de mesures allégeant les sanctions mises en place sous l’administration Trump. Présentées comme un moyen de soutenir le peuple cubain face à une crise humanitaire « sans précédent », elles visent à faciliter les voyages, à délivrer plus de visas (dans le cadre de la réouverture du consulat américain à La Havane) et à favoriser les transferts de fonds des migrants. Ces mesures traduisent la préoccupation de Washington face à la pression migratoire cubaine : plus de 300 000 Cubains, soit 4% de la population, ont rejoint illégalement les États-Unis en 2023 et en 2022 (+ 500% par rapport à 2021). Dans ce contexte, les autorités américaines et cubaines ont renoué leur dialogue bilatéral sur les sujets migratoires et le consulat américain à La Havane a repris la délivrance des visas de tout type depuis le 4 janvier 2023. Les États-Unis ont instauré une procédure « Parole » permettant d’accorder 30 000 autorisations d’entrée par mois aux ressortissants cubains, nicaraguayens, haïtiens et vénézuéliens.
Situation économique
Cuba traverse actuellement la crise économique la plus sévère depuis la « période spéciale » consécutive à l’effondrement de l’URSS au début des années 1990. Le PIB cubain a été divisé par cinq entre 2020 et 2022. Fortement endetté, le pays fait face à une grave crise de liquidités et souffre d’un sous-investissement chronique dans son appareil productif. L’île continue de subir les conséquences du renforcement de l’embargo des États-Unis durant le mandat de Donald Trump, notamment de l’activation du Titre III de la loi Helms-Burton en 2019 et de son inscription sur la liste des États soutenant le terrorisme en 2021, qui a un fort effet dissuasif sur les investisseurs. Cuba subit également le contrecoup des sanctions imposées au Venezuela, son principal allié dans la région. Par ailleurs, en dépit d’un redémarrage progressif, le tourisme n’a pas retrouvé les niveaux d’avant la crise de la Covid, privant ainsi Cuba de l’une de ses principales sources de devises. Le pays est confronté à de sévères pénuries de carburant, de produits alimentaires et de médicaments, aggravées par la multiplication des catastrophes naturelles et renforcées par les conséquences économiques des crises internationales (Ukraine, Proche-Orient).
Face à la gravité de la crise économique, le gouvernement cubain a amorcé un début d’ouverture économique axée sur des réformes structurelles centrées sur l’unification monétaire et cambiaire (disparition du peso cubain convertible) depuis le 1er janvier 2021, le développement du secteur privé (ouverture de la quasi-totalité des domaines d’activités au secteur privé à l’exception d’une liste de 124 activités réservées au secteur public) depuis février 2021 et la création du statut de petites et moyennes entreprises depuis septembre 2021 (plus de 9 000 TPE/PME ont été créées). Autre signe de cette ouverture, Cuba a ouvert le marché de la distribution de gros et de détail aux entreprises étrangères depuis mai 2023. La réforme monétaire a conduit à une très forte inflation (estimée à 62,3% pour 2023 par The Economist Intelligence Unit), contribuant à l’aggravation des pénuries, au creusement des inégalités et à l’érosion du soutien de la population au régime. Face au manque de devises, le gouvernement tente de créer un marché des changes officiel, afin d’éviter une circulation des devises sur le marché noir, et envisage des mesures visant à augmenter la production nationale, dans une optique de substitution des importations. Face à « un scénario d’économie de guerre », le Premier ministre Manuel Marrero a annoncé le 20 décembre un plan drastique de réduction des dépenses publiques prévoyant notamment la remise en cause de l’universalité la « libreta » (produits alimentaires distribués par le biais d’une carte de rationnement) et l’augmentation de 500% du prix du pétrole à partir du 1er février 2024.
Durant le mandat de Donald Trump, plusieurs mesures de sanctions additionnelles et de renforcement des dispositions de l’embargo ont été prises, dont l’activation en mai 2019 du titre III de la loi Helms-Burton (jusque-là suspendu depuis son adoption en 1996), qui ouvre la voie à des poursuites judiciaires devant les tribunaux américains, par des ressortissants des États-Unis, contre toute personne physique ou morale associée à une opération (« trafficking ») en lien avec des biens nationalisés par le régime castriste depuis 1959. Pour la première fois, un tribunal américain a condamné sur cette base, en janvier 2023, quatre entreprises à payer 400 millions de dollars. Cuba a également été réinscrit sur la liste des États soutenant le terrorisme en janvier 2021, inscription ayant notamment des conséquences sur l’activité touristique de l’île (obligation de visa pour voyager aux États-Unis).
La France et l’Union européenne s’opposent à ces sanctions, dont la portée extraterritoriale est contraire au droit international. Le règlement 2271/96 du Conseil européen, portant protection contre les effets de l’application extraterritoriale de législations de pays tiers, dit « règlement de blocage », rend inopérants et inopposables en Europe les jugements rendus aux États-Unis en application du titre III de la loi Helms-Burton. Les entreprises ou ressortissants européens lésés sont fondés à poursuivre auprès des juridictions des États membres de l’Union européenne le particulier ou l’entreprise américaine à l’origine de la plainte aux États-Unis, pour exiger une indemnisation.
Mise à jour : 15 janvier 2024
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