Conférence de presse conjointe de M. Jean-Noël Barrot, ministre de l’Europe et des affaires étrangères, et de M. Wang Yi, directeur du bureau de la Commission centrale des affaires étrangères du Parti communiste chinois et ministre des affaires étrangères de la République populaire de Chine - Propos de M. Jean-Noël Barrot (Paris, 4 juillet 2025)

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Monsieur le Ministre,

Je vous souhaite la bienvenue au Quai d’Orsay, à l’occasion de votre déplacement dans plusieurs capitales européennes. Je me réjouis de la relation franche et constructive que nous avons bâtie ces derniers mois, au fil de nos rencontres, et en particulier lors de ma visite à Pékin.

Nous venons de clôturer la septième session du Dialogue de haut niveau sur les échanges humains. Nous avons pu mesurer le chemin parcouru depuis la relance des échanges par nos deux présidents, en 2023, en matière de coopération culturelle, éducative, universitaire, scientifique ou encore sportive. Nous portons un message d’ouverture à la mobilité entre nos deux pays, et en particulier à celle des étudiants. Permettez-moi, Monsieur le Ministre, d’adresser à cet égard un message aux étudiants chinois : vous êtes et serez toujours les bienvenus en France.

Depuis le début de l’année, notre dialogue nous a permis de créer une atmosphère favorable à la recherche de solutions constructives à certains de nos différends. Je pense, en particulier, à l’accord trouvé entre les autorités chinoises et la filière du cognac. Et je vous remercie, Monsieur le Ministre, pour nos discussions constructives sur ce dossier, en particulier lors de ma visite en mars à Pékin, qui avait permis d’enclencher une dynamique positive. C’est le fruit des efforts diplomatiques pilotés par nos deux présidents. Je pense en particulier à l’appel décisif du Président de la République au président Xi Jinping, le 22 mai dernier, à la suite duquel les discussions se sont accélérées.

L’accord annoncé aujourd’hui est une étape importante qui permet la clôture de l’enquête sur le cognac et l’armagnac. La filière est sauvée. Il reste toutefois plusieurs points importants non résolus, en particulier l’exclusion de certaines entreprises de l’accord, ainsi que le déblocage des restrictions en duty free. Je note sur ce sujet que vous avez dit, il y a quelques instants, au Président de la République, qu’il y aura une solution adéquate. Nous restons engagés dans un dialogue avec les autorités chinoises pour parvenir à une résolution complète de ce dossier.

Notre dialogue, Monsieur le Ministre, est plus indispensable que jamais, alors que nous sommes confrontés à une situation internationale lourde d’incertitudes. La Chine et la France ont une responsabilité particulière dans la recherche des réponses à apporter à ces crises multiples. Je pense notamment à la recherche d’une paix juste et durable en Ukraine. La guerre d’agression russe en Ukraine est un enjeu de sécurité vital pour l’Europe. Alors que l’Ukraine s’est engagée en faveur d’un cessez-le-feu complet et inconditionnel, la Russie se dérobe et démontre son absence de bonne foi dans la recherche d’un processus de paix. Nous comptons sur la Chine pour convaincre Moscou de cesser les hostilités et négocier de bonne foi en vue d’une paix durable. Nous maintenons par ailleurs notre vigilance face à toute forme de soutien par des pays tiers à l’effort de guerre russe.

Concernant l’Iran, la seule réponse durable aux préoccupations soulevées par le programme nucléaire iranien est une solution diplomatique. Nous devons agir rapidement pour amener l’ensemble des parties à retrouver le chemin de la négociation. L’Iran doit reprendre sa coopération pleine et entière avec l’AIEA sans délai. La Chine a un rôle majeur à jouer, et nous allons maintenir une coordination étroite et travailler ensemble à une solution. En l’absence d’accord robuste garantissant nos intérêts de sécurité, nous n’aurons d’autre choix que de réappliquer les sanctions qui avaient été levées il y a dix ans, c’est-à-dire un embargo mondial sur les armes, le nucléaire dual ou encore le secteur bancaire.
Nous devons poursuivre notre mobilisation en faveur d’un règlement politique de la crise au Proche-Orient, comme nous y engage la déclaration conjointe publiée entre les présidents Macron et Xi en mai 2024. Nous allons oeuvrer ensemble en faveur de la solution à deux États.

La responsabilité de nos deux pays est enfin de proposer ensemble des solutions aux enjeux mondiaux. Dans la continuité de notre déclaration conjointe sur les changements climatiques et de la troisième Conférence des Nations unies sur l’Océan, dix ans après l’Accord de Paris auquel la Chine avait fortement contribué, nous devons rester mobilisés en vue de la COP30 à Belém, au Brésil. Avec vous, Monsieur le Ministre, nous allons poursuivre ce travail commun dans les prochains mois pour préparer les échéances bilatérales de haut niveau des mois à venir.
Merci encore pour votre visite à Paris.

(…)

Q - Est-ce que l’Europe peut accepter un accord commercial très déséquilibré avec les États-Unis ? C’est ce qui est clairement sur la table. Ou alors, au contraire, il faudrait répondre par des mesures de rétorsion ?
Et rapidement, sur l’Ukraine, les États-Unis se désengagent de plus en plus du soutien militaire à l’Ukraine. On l’a bien vu ces dernières heures. Est-ce que l’Europe est prête à augmenter et accélérer immédiatement ses livraisons d’armes à l’Ukraine ?

R - La Commission est engagée dans une négociation avec les États-Unis d’Amérique et nous la soutenons pleinement. Nous la soutenons pour qu’elle puisse parvenir à un accord équilibré. Nous ne voulons pas d’accord asymétrique. Personne n’a intérêt à ce que soient dressées des barrières tarifaires entre les États-Unis et l’Union européenne. Nous sommes deux partenaires commerciaux. Nous devons nous entendre pour trouver un accord au bénéfice de nos deux économies.

S’agissant de notre soutien à l’Ukraine, il est constant. Il se manifeste par les sanctions que nous nous apprêtons à prendre à l’encontre de la Russie, les plus lourdes depuis trois ans, mais également par la poursuite de notre soutien militaire. La France, comme d’autres pays européens, s’apprête à contribuer, aux côtés d’industriels ukrainiens, à la production d’armements sur le sol ukrainien. J’ajoute que la semaine prochaine, lors de la visite d’État du Président de la République au Royaume-Uni, se tiendra une nouvelle réunion de la coalition des volontaires, qui rassemble un grand nombre de pays amis, alliés de l’Ukraine, qui ensemble travaillent à la régénération de l’armée ukrainienne et aux conditions pour que le moment venu, une fois le cessez-le-feu atteint, la paix trouvée, cette paix puisse être durable et entourée de garanties.

(…)

Merci beaucoup à toutes et tous.

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