6ème Dialogue de haut niveau sur les échanges humains - Discours de clôture par la Ministre (24 novembre 2023)

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Monsieur le ministre des Affaires étrangères,
Messieurs les co-secrétaires du Dialogue de haut niveau sur les échanges humains,
Mesdames et Messieurs,

Je vous remercie, Monsieur le Ministre, de votre accueil, comme j’en remercie les dirigeants de l’université. C’est un grand plaisir d’être avec vous à Pékin, dans cette prestigieuse université de Beida [Beijing Daxue], la plus ancienne de Chine, pour cette sixième session du Dialogue franco-chinois de haut niveau sur les échanges humains.

Je salue en chacun des participants les acteurs qui font vivre au quotidien nos coopérations dans les domaines universitaire, scientifique, éducatif, de la culture et de la santé.

Vous l’avez dit, Monsieur le Ministre, ce mécanisme de dialogue a été décidé il y a bientôt dix ans, en mars 2014, lors de la première visite d’État en France du Président XI Jinping. Nous célébrions alors le cinquantenaire de l’établissement des relations diplomatiques entre nos deux pays.
L’objectif affiché était de promouvoir la compréhension et la connaissance mutuelles entre les peuples chinois et français, en multipliant les canaux d’échanges. Cet objectif est plus important que jamais, à l’heure où le monde se fracture et où la tentation du repli sur soi et de l’unilatéralisme tend à l’emporter sur l’ouverture et la préservation de l’ordre international fondé sur la règle de droit.

La priorité accordée aux échanges humains entre la France et la Chine au service d’une certaine vision du monde ne date pas d’hier, loin s’en faut. Dès le 17ème siècle, l’empereur Kangxi et le roi Louis XIV manifestaient déjà beaucoup d’intérêt pour la culture l’un de l’autre. Les échanges universitaires entre nos deux pays ont débuté il y a cent ans et nous célébrerons ce centenaire dans un instant. Ils ont permis à des centaines de milliers d’étudiants de tisser des liens durables entre nos deux pays. DENG Xiaoping était l’un d’eux.

Nous célébrerons l’année prochaine le 60ème anniversaire de l’établissement des relations diplomatiques entre nos deux pays. Le général de Gaulle insistait déjà dans son discours historique du 31 janvier 1964 sur l’importance des échanges humains. Et j’invite chacun qui s’intéresse aux relations entre la Chine et la France à écouter ou à réécouter cette fameuse conférence de presse du Général de Gaulle.

Nous mettrons les échanges humains à l’honneur dans le cadre d’une Année franco-chinoise du tourisme culturel, qui sera lancée en Chine, début janvier dans le cadre du festival des glaces de Harbin par une reproduction si symbolique et importante à nos yeux de Notre Dame de Paris, et en France le 31 janvier, lors d’un concert donné dans le superbe écrin de l’Opéra royal de Versailles. Les manifestations organisées tout au long de l’année mettront en valeur la vigueur de notre amitié et le dynamisme de notre partenariat, dans toutes ses composantes.

Je remercie les deux co-secrétaires du dialogue, leurs équipes et celles des ambassades pour le travail préparatoire effectué ces derniers mois. Ce dialogue clôt l’intense séquence diplomatique voulue par nos deux Présidents lors de la visite d’Etat en avril dernier du Président Emmanuel Macron en Chine. Je me réjouis de constater les résultats concrets atteints depuis, dans de nombreux domaines.

Lors de cette visite d’Etat, le Président Macron avait inauguré le festival Croisements, principal temps fort culturel de notre ambassade en Chine. Il avait alors annoncé la création de programmes de résidence dédiés à l’art contemporain, à la danse, et aux métiers d’art. Ces programmes ont été lancés.
En mai dernier, deux conventions relatives à la protection et à la conservation préventive du patrimoine en pierre français et chinois ont été renouvelées.
Dès le mois de mai également, les appels à projet dans le cadre du partenariat scientifique Hubert Curien – CAI (« Tsai ») Yuanpei, et du programme « Jeunes talents France-Chine » que j’avais signés lors de la visite, ont pu être concrétisés, permettant le développement d’activités de recherche conjointes.
Lors de votre visite début septembre, vous avez signé, Monsieur le vice-ministre [de l’Education, CHEN Jie], avec notre directeur général de l’enseignement scolaire, l’arrangement administratif sur le baccalauréat français international, qui facilitera la mobilité des enseignants chinois.
Ce ne sont que quelques exemples.
Nous assisterons tout à l’heure à une cérémonie de signatures de plusieurs textes qui continuent de s’inscrire dans la dynamique de relance des échanges humains voulue par nos deux chefs d’État.
Et nous inaugurerons le centre franco-chinois annoncé en avril dernier pour favoriser les coopérations scientifiques et technologiques dans le domaine de la neutralité carbone. Une semaine avant la COP 28, il ne pouvait y avoir meilleure manière d’affirmer l’ambition de nos deux pays pour le climat rappelée par nos deux présidents lors de leur appel téléphonique il y a quelques jours, ce lundi 20 novembre.

Nous ne devons cependant pas en rester là mais au contraire poursuivre sur cet élan. De part et d’autre, tous les acteurs doivent avoir conscience de l’importance que nos autorités politiques y attachent, au plus haut niveau. Nous devons le leur rappeler si nécessaire. Relance et rééquilibrage sont les maîtres-mots qui doivent guider notre action.

Dans le domaine de la coopération linguistique, nous souhaitons que l’offre pédagogique en français en Chine s’accroisse significativement pour atteindre un équilibre entre nombre d’apprenants, de part et d’autre. Nous pourrions aussi nous fixer comme objectif un doublement du nombre d’enseignants de français en Chine d’ici à 2030.

Dans le domaine universitaire, si la pandémie n’a pas empêché les étudiants chinois de se rendre en France – ils y sont plus de 25 000– les étudiants français ne sont aujourd’hui que quelques centaines à poursuivre un cursus en Chine, loin d’avoir retrouvé le niveau de 2019, où ils étaient 10 000. Nous disons à nos établissements d’encourager leurs étudiants à reprendre le chemin de la Chine. Il importe également que les universités chinoises les accueillent dans les meilleures conditions, et ce dans toutes les disciplines, je suis certaine que ce sera le cas.

Dans le domaine scientifique, nous devons mettre nos savoir-faire et talents au service du bien commun, en encourageant les coopérations en réponse aux grands enjeux globaux, sans toutefois négliger la nécessité pour nos chercheurs d’approfondir la compréhension mutuelle que nous avons de nos sociétés et cultures.

Dans le domaine de la santé, l’accord renouvelé ce jour permettra d’élargir l’horizon de notre coopération emblématique dans le domaine historique hospitalier vers la formation du personnel de santé, la santé de la mère et de l’enfant, le vieillissement de la population ou encore la santé mondiale.
Sur le plan culturel, les expositions qui seront organisées en France comme en Chine en 2024 devront avoir le plus d’éclat possible. Pour cela nous ne devons pas laisser de petites difficultés administratives mettre en péril la volonté commune de faire de l’Année du tourisme culturel un moment clé de notre coopération : c’est le sens de la déclaration d’intention sur le transport et le stockage des biens culturels que nous vous avons proposés, dont je souhaite qu’elle puisse être signée d’ici la fin de l’année.

Notre coopération dans le domaine du patrimoine est un autre pilier de notre coopération culturelle. Les chantiers annoncés lors de la visite d’Etat, tels que le projet pour la protection du site du Temple de Gongshu Tang, doivent faire l’objet d’un suivi rigoureux au meilleur niveau. Réciproquement, nous souhaitons que la richesse du patrimoine chinois puisse être pleinement mise en valeur en France en 2024. Nous espérons que le Musée Guimet pourra accueillir à l’automne une exposition Tang, présentant plusieurs « trésors nationaux » du patrimoine chinois.
Je tiens enfin à saluer le soutien continu de la Chine à la Fondation ALIPH pour la protection du patrimoine dans les zones de conflit. Leur multiplication ne rend ce soutien que plus précieux.

Monsieur le Ministre, Mesdames et Messieurs, chers amis,

Cette sixième session du dialogue de haut niveau sur les échanges humains constitue un nouveau départ, une sorte de renaissance, à la veille d’une très grande année pour nos relations bilatérales. Nous comptons sur vous comme vous pouvez compter sur la France pour développer les mobilités mutuellement bénéfiques, y compris en fluidifiant la délivrance des visas. Je le dirai publiquement dans un instant, nous allons délivrer des visas multi-entrées pour ceux qui ont fait des études de niveau Master en France et ont terminé leur parcours académique. Monsieur le ministre, je veux vous remercier vivement de l’importante décision que vous avez annoncée en matière de visa, nous y sommes sensibles. Le Président Macron en sera très heureux.

Soyons collectivement à la hauteur de l’ambition fixée par nos deux Présidents, afin que s’épanouisse pleinement toute l’amitié entre la France et la Chine ! Nous le pouvons, lorsque nous le voulons, ce sera le cas en 2024.

Je vous remercie.

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