Les enfants burundais dans les conflits armés

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Démobilisation et réinsertion des enfants soldats : des progrès encourageants

Le Burundi compte en janvier 2006 près de 100 000 réfugiés et déplacés sur son territoire. 150 000 Burundais sont encore réfugiés en Tanzanie et en RDC même si l’évolution politique depuis les élections présidentielles (août 2005) a permis de nombreux retours avec l’aide du HCR.

S’agissant des enfants, conformément aux résolutions du Conseil de Sécurité, le Programme de désarmement, de démobilisation et réinsertion burundais et l’Opération des Nations Unies au Burundi (ONUB) coopèrent pour faciliter le dialogue entre les forces en présence. La plupart des parties se sont engagées à cesser de recruter des jeunes de moins de 18 ans, à se conformer aux instruments normatifs et aux principes directeurs de démobilisation et de réinsertion. Des représentants des cinq groupes armés ont été nommés à la structure nationale pour les enfants.

Ce plan semble être efficace puisque 3 300 enfants soldats ont été démobilisés dont 2099 proviennent des Forces Armées Burundaises et des gardiens de la paix, et le solde des mouvements armés.

A ce jour, 700 enfants sont retournés à l’école. Un effort est fait pour atteindre l’objectif de 1200 enfants scolarisés. Seul le Parti de libération du Peuple Hutu /Forces Nationales de Libération (PALIPEHUTU-FNL) dirigé par Agathon Rwasa continue de recruter des enfants malgré le dialogue engagé par l’ONUB. Il aurait contribué au massacre de 160 enfants/femmes réfugiés congolais dans le camp de Gatumba le 13 août 2004. Le gouvernement tanzanien est en pourparlers avec M. Rwasa.

Le Burundi a signé et ratifié le protocole optionnel à la Convention des droits de l’enfant relatif aux enfants dans les conflits armés. Selon l’UNICEF, il ne semble pas que les enfants démobilisés souhaitent retourner à la rébellion. Mais ils ont besoin d’intégration, d’un statut et sont pour beaucoup orphelins. Et des informations font état de violences de forces gouvernementales contre des enfants issus du FNL.

L’action des Nations Unies et de la France

La France fait partie des bailleurs de fonds du Multi-Country Demobilization and Reintegration Program (MDRP), financé conjointement par la Banque Mondiale et 11 pays, au sein duquel un volet spécifique pour la démobilisation des enfants soldats est confié à l’UNICEF (3 MUSD). Ce programme, le plus important dans le monde, a pour objectif le soutien à la démobilisation et à la réintégration des anciens combattants dans la région des Grands lacs. Il touche sept pays dont le Burundi.

L’UNICEF confie à des partenaires sociaux, le diocèse en particulier, le travail de réinsertion des jeunes démobilisés. Le nombre d’assistants sociaux est insuffisant. La réinsertion s’appuie également sur une contribution de la Banque Mondiale de 100.000 francs burundais - 85 euros - par enfant, faible pour les enfants qui ont choisi la formation (couture, mécanique). Un million d’enfants ont choisi de retourner à l’agriculture et l’élevage.

Le projet ’’Amener et garder les enfants à l’école’’ a été mis au point par l’UNICEF pour appuyer la décision du Président d’instaurer la gratuité de l’enseignement primaire. L’AFD va, dans le même sens, consacrer en 2006 un million d’euros à la construction d’écoles. Dans la province de Ruyigi, l’UNICEF lance un projet d’installation et de distribution d’eau dans des écoles.

En bilatéral, la France est présente sur le terrain grâce à un projet d’appui à la sortie de crise de 2,5M€ (2005). L’objectif est d’aider à la réinsertion socio-économique de toutes les victimes, dont les enfants soldats. Deux projets ont été financés : l’un porte sur la « réinsertion des enfants de la rue » de l’Association Forum pour la Paix et le Développement (FOPADE, 68.000 euros) et l’autre sur le « renforcement du niveau de français des enfants des rues » de l’Association Espoir Futur des Enfants (100.720 euros). Deux autres projets sont à l’étude : une aide à l’association des Scouts du Burundi et un soutien au Centre de jeunes de KAMENGE, quartier défavorisé.

Enfin, le pays est confronté cette année encore à une crise alimentaire. Une mission d’évaluation UNICEF/FAO/gouvernement (janvier) montre que la situation alimentaire s’est détériorée dans le Nord et l’Est (sécheresse, maladie du manioc). Le Burundi a bénéficié en 2005 d’une aide alimentaire française de 950.000 € : rations aux populations déplacées/réfugiées du Nord ; soutien à l’ONG française Solidarité d’appui à la sécurité alimentaire (distribution de semences) ; programme de nutrition de l’ONG ACF (provinces de Kayanza et Ngozi fragilisées par la période de soudure).

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