Présentation de l’Allemagne

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Présentation du pays

ALLEMAGNE {JPEG}

Données générales

Nom officiel : République fédérale d’Allemagne
Nature du régime : démocratie parlementaire
Chef de l’Etat : M. Frank-Walter Steinmeier
Chef du gouvernement : M. Olaf Scholz

Données géographiques

Superficie : 357 027 km²
Capitale : Berlin
Villes principales : Hambourg, Munich, Cologne, Francfort-sur-le-Main, Stuttgart, Düsseldorf, Dortmund, Essen, Brême, Dresde, Leipzig, Hanovre, Nuremberg
Langue officielle : allemand
Monnaie : euro
Fête nationale : 3 octobre (jour de l’Unité allemande)

Données démographiques

Population (juin 2021) : 83,13 millions d’habitants
Croissance de la population (2019) : +0,2%
Taux de fécondité (2020) : 1,53

Éléments d’actualité

Politique intérieure

L’année 2021 a été une année charnière pour la politique intérieure allemande, après 16 ans de gouvernement conduit par Angela Merkel (CDU). Lors des élections législatives fédérales du 26 septembre 2021, le SPD est arrivé en tête avec 25,7% des voix, les Verts et le FDP présentant des scores en hausse, respectivement de 14,8% et 11,5%. La CDU/CSU emmenée par Armin Laschet (Mme Merkel ne se représentant pas) est passée pour la première fois de son histoire sous la barre des 30% (à 24,1% contre 33.1% en 2017). Les extrêmes ont été contenus (le parti d’extrême-gauche die Linke passe sous le seuil des 5% et l’AfD plafonne à 10,7% des voix). Le 8 décembre 2021, le Bundestag a élu le Chancelier Olaf Scholz (SPD), ancien vice-chancelier et ministre des Finances de Mme Merkel. Le SPD gouverne désormais avec le FDP et les Verts, au sein d’une coalition « feu tricolore » (Ampelkoalition). Le Bundestag compte jusqu’en 2025 736 députés (709 entre 2017 et 2021), plus de jeunes et plus de femmes.

Le SPD remporte les élections législatives pour la première fois depuis 2002. Malgré des échecs électoraux depuis la fin du gouvernement Schröder en 2005 marqué par les réformes sociales Hartz IV, le parti est resté au cœur de la vie politique allemande. En 2021, dans un contexte morose (sanitaire, économique, climatique), les thèmes sociaux du SPD (salaires et retraites, logement, santé, école) ont rencontré un écho auprès des classes moyennes et populaires tandis que son candidat Olaf Scholz rassurait un électorat vieillissant soucieux de stabilité.

Les Verts, portés par le succès de leurs thèmes, ont mué d’un parti d’opposition à un véritable parti de gouvernement. Ses deux co-présidents de 2018 à 2021, Robert Habeck et Annalena Baerbock, intègrent le gouvernement de M. Scholz. Tous deux prônent une approche « réaliste » par rapport à la frange « écologiste » historique du parti, qui reste toutefois perçu comme un « parti de l’Ouest » et de citadins.

Le parti libéral FDP (Libéraux Démocrates) revient au gouvernement après 4 ans passés dans une opposition constructive à la Grande Coalition de Mme Merkel. A l’instar de son dirigeant Christian Lindner, ministre des Finances, il promeut le libéralisme économique, qui prévaut actuellement sur l’aile sociale du parti, et a attiré un électorat plus jeune en misant sur l’éducation, le numérique, et la stabilité des finances publiques (maintien du frein à la dette constitutionnel).

L’Alternative für Deutschland (AfD), parti d’extrême droite, nationaliste, anti-immigration et critique envers l’UE fondé en 2013, a fait son entrée au Bundestag en 2017 comme 3ème force politique et s’est ancré à l’est du pays en particulier. Divisée et en voie de radicalisation, l’AfD a plafonné aux élections législatives de 2021 (-2 points par rapport à 2017).

Die Linke (parti d’extrême gauche), issue en 2007 d’une fusion entre l’ancien parti communiste de RDA et la gauche radicale ouest-allemande, est en perte de vitesse (score inférieur à 5%, divisé par deux depuis 2017).

La CDU (parti chrétien démocrate), historiquement affaiblie, procède au renouvellement de ses instances dirigeantes en janvier 2022 (congrès de la CDU les 20-22 janvier 2022), après le retrait de M. Armin Laschet, tête de liste malheureuse du parti en 2021. Son président élu, Friedrich Merz, ancien hommes d’affaires, rival historique de Mme Merkel et tenant d’une ligne plus conservatrice et libérale, a d’ores et déjà annoncé un positionnement ferme sur les enjeux de discipline budgétaire, de fiscalité et de gestion de la crise sanitaire.

Politique étrangère

Depuis quelques années, l’Allemagne assume davantage de responsabilités internationales. Le traité d’Aix-la-Chapelle (signé le 22 janvier 2019) offre de nouvelles perspectives pour notre partenariat au sein de l’Union européenne et sur la scène internationale.

I. Les lignes de continuité

1 - Le poids de l’histoire explique le profond attachement de l’Allemagne au cadre multilatéral et européen, ainsi que la spécificité de sa relation avec les États-Unis :

L’OTAN occupe une position centrale constante dans la politique de sécurité allemande. 35 000 soldats américains sont stationnés en Allemagne. L’Allemagne a soutenu et permis la participation américaine au projet de Coopération structurée permanente dans le domaine de la mobilité militaire, décidée le 6 mai 2021.

Quatrième contributeur au budget des Nations Unies, l’Allemagne a lancé en avril 2019 avec la France l’« Alliance pour le multilatéralisme ». Assurant la présidence du G7 en 2022 après celle du G20 en 2017, elle a été membre non-permanent du Conseil de sécurité des Nations Unies (CSNU) en 2019-2020, où elle a coopéré étroitement avec la France (« présidences jumelées » en mars-avril 2019).

L’Allemagne était en 2019 le deuxième donateur mondial d’aide humanitaire bilatérale (en 2020, plus de 2,1 milliards d’euros).
L’Allemagne est engagée de manière constante dans la construction européenne depuis 1945. Depuis 2019, une ancienne ministre allemande de la Défense Mme von der Leyen préside la Commission européenne. M. Scholz souhaite renforcer la souveraineté stratégique européenne. L’Allemagne soutient le passage au vote à majorité qualifiée au Conseil de l’UE en matière de politique étrangère et de sécurité commune (PESC).

Pour l’Allemagne, la sécurité d’Israël est une « raison d’État ». La nouvelle coalition renouvelle son soutien à Israël, à une solution à deux États, et à la suspension des annexions de territoires palestiniens.

2 - Le gouvernement Scholz entend conduire une politique étrangère fondée sur les valeurs et sur un certain réalisme. Si l’opinion publique est majoritairement pacifiste, le chancelier Olaf Scholz a néanmoins annoncé la poursuite de l’augmentation du budget allemand de la défense.

L’Allemagne est engagée au Sahel au sein de la MINUSMA et de l’EUTM Mali et participe à la coalition Sahel (Partenariat pour la stabilité et la sécurité au Sahel) et à l’Alliance Sahel depuis leurs débuts. Le gouvernement Scholz met l’accent sur les actions de stabilisation civile, adaptés en fonction de la situation des pays.

Le désarmement, en particulier nucléaire, constitue une ligne forte de la politique étrangère allemande. Le contrat de coalition envisage que l’Allemagne devienne observatrice au traité d’interdiction des armes nucléaires (TIAN). L’Allemagne est le 4e exportateur mondial d’armements.

3 - Une nation exportatrice :

Grand pays exportateur, l’Allemagne soutient l’ouverture commerciale de l’UE et la conclusion d’accords commerciaux conformes aux règles (et valeurs) européennes et internationales. Sensible à la défense de la souveraineté européenne, l’Allemagne a renforcé ses mesures de protection de ses « infrastructures critiques » et adopté en juin 2021 une loi sur le devoir de vigilance dans les chaînes de valeurs.

4 - L’Allemagne est traditionnellement tournée vers l’Europe de l’Est :

Se référant à l’Ostpolitik de Willy Brandt des années 1970, le chancelier Scholz promeut une Ostpolitik européenne favorable à l’élargissement de l’UE aux six pays des Balkans occidentaux, à la politique européenne de voisinage, au format Weimar et à un dialogue avec le groupe de Višegrad.

Liée avec la Russie, l’Allemagne s’est impliquée avec la France depuis 2014 dans le format Normandie (Ukraine). Elle poursuit avec la Russie de nombreuses coopérations économiques, universitaires et scientifiques, et promeut une coopération accrue sur l’hydrogène, la santé ou le climat, malgré une dégradation sensible de la relation politique (affaire Navalny, meurtre du Tiergarten).

Avec une communauté d’origine turque de près de 3,5 millions de personnes, l’Allemagne est attachée aux relations avec la Turquie, partenaire migratoire et économique essentiel. La nouvelle coalition ne soutient toutefois pas d’avancée dans les négociations d’adhésion de ce pays à l’UE.

II. Vers une affirmation accrue de l’Allemagne sur la scène politique internationale

Aux Nations Unies, l’Allemagne promeut une réforme du CSNU et un siège supplémentaire pour l’UE.

Le contrat de coalition soutient la participation nucléaire de l’Allemagne à l’OTAN tant que les armes nucléaires joueront un rôle dans le concept stratégique de l’OTAN ; il entend rendre la PESC plus efficace et renforcer le pilier européen de de l’OTAN.

La nouvelle coalition se fixe l’objectif de consacrer 3 % du PIB national à « l’action internationale » de l’Allemagne (diplomatie, développement, engagements OTAN).

Avec les États-Unis, la nouvelle coalition souhaite redynamiser et élargir, dans un cadre européen, le partenariat avec ce pays sur tous les grands sujets globaux (climat, droits de l’homme, santé mondiale).

Dans le contexte de tensions accrues avec la Russie, l’Allemagne a soutenu les sanctions européennes contre ce pays en août 2020.

L’Afrique est devenue une priorité pour l’Allemagne. M. Scholz poursuivra le « Compact with Africa », lancé par Mme Merkel au G20 de Hambourg en 2017.

L’Allemagne s’investit depuis début 2020 dans le processus de reconstruction de l’Etat en Libye, mais aussi au Moyen-Orient (Irak, Syrie, Liban), via sa diplomatie, son aide humanitaire et au développement, et les engagements de la Bundeswehr dans des opérations extérieures européennes, de l’ONU ou de l’OTAN.

Envers la Chine, partenaire, concurrent et rival stratégique, l’Allemagne souhaite coopérer chaque fois que cela est possible, tout en abordant la question des droits de l’homme et en mobilisant les stratégies allemande et européenne pour l’Indopacifique. La coalition promeut une approche plus ferme, fondée sur les valeurs.

III. Le traité d’Aix-la-Chapelle (TAlC) du 22 janvier 2019 renforce le partenariat franco-allemand au sein de l’UE et sur la scène internationale.

Le traité d’Aix-la-Chapelle complète et met à jour le traité de l’Elysée du 22 janvier 1963, et prévoit que la France et l’Allemagne « approfondissent leur coopération (…) tout en s’efforçant de renforcer la capacité d’action autonome de l’Europe » (art. 3).

La coopération capacitaire progresse (avion du futur –SCAF- et char de combat commun -MGCS lancés en 2017). Pour le SCAF, élargi en 2019 à l’Espagne, la fabrication d’un démonstrateur est prévue d’ici 2027. La coopération opérationnelle franco-allemande fait figure d’exemple européen pour l’Allemagne : brigade franco-allemande depuis 1989, escadron de transport tactique aérien conjoint depuis 2020, unité opérationnelle franco-allemande de police depuis 2019.

Le domaine spatial devient également un sujet croissant de coopération franco-allemande, compte tenu de ses enjeux stratégiques.

Situation économique

I. Situation macroéconomique

Première puissance économique européenne avec un PIB de 3 336 milliards d’euros en 2020, l’Allemagne occupe depuis 2007 le 4ème rang au niveau mondial, derrière les Etats-Unis, la Chine et le Japon. En 2020, sous l’effet de la pandémie, l’économie allemande a subi une contraction de son PIB, limitée toutefois à 4,9%, grâce à une reprise de l’activité consécutive à des mesures gouvernementales de soutien à l’économie d’une ampleur inédite. Pour 2021, la croissance était attendue à 2,6%.

En baisse constante depuis 2005, le taux de demandeurs d’emplois s’est situé en 2019, en moyenne fédérale, à 5%, reflet d’une situation de quasi plein emploi. En 2020, le taux de chômage a grimpé jusqu’à 6%, avant d’entamer une décrue progressive en 2021. A la fin de l’année, l’indicateur a reculé à 5,2%, se rapprochant ainsi de son niveau d’avant la pandémie de Coronavirus.

Basée sur un réseau dense de petites et moyennes entreprises (Mittelstand) qui avait bénéficié d’une compétitivité restaurée par les réformes du marché du travail (dites « réformes Hartz »), engagées sous le second mandat du chancelier Gerhard Schröder (2002-2005), l’industrie allemande représente un des piliers de l’économie en termes de commerce extérieur.

L’Allemagne est la 3e puissance commerciale mondiale, derrière la Chine et les États-Unis, et enregistre depuis plusieurs années d’importants excédents commerciaux, en léger recul toutefois depuis 2017. Depuis 2016, la Chine, avec laquelle le volume des échanges a plus que doublé en dix ans, est son premier partenaire commercial, suivie des Pays-Bas et des États-Unis. Les exportations portent sur l’ensemble des domaines de pointe de l’économie allemande (automobile, machines-outils, industries chimiques et pharmaceutiques en particulier).

Ambitionnant de transformer en profondeur l’économie allemande, pour adapter le pays aux nouveaux défis structurels et le moderniser, le nouveau gouvernement allemand entend lancer une « décennie d’investissements d’avenir », pour l’action climatique, le numérique, l’éducation et la recherche, ainsi que les infrastructures.

II. Situation des finances publiques.

L’Allemagne a poursuivi pendant plusieurs années une politique budgétaire marquée par la volonté de réduire l’endettement et les déficits publics ("Schwarze Null"), conformément aux objectifs fixés par les traités européens. En conséquence, l’excédent budgétaire représentait, en 2019, 1,5% du PIB, soit 49,8 milliards d’euros.

La crise sanitaire a amorcé un virage politique avec le retour à l’endettement public. Le gouvernement fédéral fait jouer depuis 2020 la clause de « situation critique » pour écarter temporairement l’application de la règle constitutionnelle de « frein à la dette » (Schuldenbremse) qui limite à 0,35% le déficit budgétaire annuel. La coalition « feu tricolore » s’engage à retourner au fonctionnement normal du frein à la dette dès 2023. La « bonne gestion » des finances publiques des années passées aide l’Allemagne à surmonter la crise et accélérer la transformation énergétique et numérique du pays.

Le gouvernement de M. Scholz souhaite renforcer et approfondir l’Union économique et monétaire. Le contrat de coalition consacre la volonté de la nouvelle coalition « feu tricolore » de garantir la croissance, maintenir la viabilité de la dette et veiller à des investissements durables, sur la base du pacte de stabilité et de croissance appelé à être « plus simple et plus transparent ». Il laisse entrevoir des marges de dialogue sur une évolution des règles du pacte de stabilité et de croissance, alors que les débats sur la réforme des règles budgétaires européennes s’engagent sous Présidence française du Conseil de l’Union européenne.

Mise à jour : 16.02.22

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