I - L’idée européenne
L’idée d’une fédération d’États européens comme moyen d’éloigner la guerre à tout jamais du continent est ancienne (cf. le discours d’ouverture du Congrès de la paix prononcé par Victor Hugo en 1849 sur les « États-Unis d’Europe »). Mais c’est au lendemain du cataclysme de la Première Guerre mondiale que sont conçus des projets plus concrets, dans la ligne des principes promus par la Société des Nations et dont les fondateurs de l’Europe communautaires tels Jean Monnet et Robert Schumann s’inspireront.
Ministre des Affaires étrangères de 1925 à 1931 , Aristide Briand fut l’artisan du rapprochement franco-allemand aux côtés de son homoloque Gustav Stresemann (1878-1929). Dans son esprit, l’établissement de relations de confiance entre les deux États est la condition sine qua non du projet européen.
Le 5 septembre 1929 à Genève, dans son discours devant l’assemblée générale de la SDN, Aristide Briand suggère d’établir « une sorte de lien fédéral » entre les nations européennes. Il charge son directeur des Affaires politiques, Alexis Leger (le poète Saint-John Perse), de développer son idée dans un mémorandum. Sans remettre en cause les souverainetés nationales issues des traités de 1919-1920, le texte envisage la création d’un véritable marché commun, mais ne reçoit guère d’échos favorables en Grande-Bretagne, en Allemagne ou en Italie.
Pendant la Deuxième Guerre mondiale, les réflexions se poursuivent sur l’organisation de l’Europe : une Europe qui serait dirigée de Berlin, pour les milieux collaborationnistes, une Europe fédérale comme seul moyen de reconstruire le continent, pour les milieux de la Résistance et de la France Libre.
On voit se multiplier en 1943, au sein de la France Libre, les études sur les conditions du retour à la paix et sur la reconstruction de l’Europe. Le projet de constitution d’une union économique de l’Europe occidentale, prôné par Jean Monnet, commissaire au ravitaillement et à l’armement, est alors discuté avec René Mayer, commissaire à l’équipement, Hervé Alphand, directeur des Affaires économiques du CFLN, et René Massigli, commissaire aux Affaires étrangères du CFLN.
L’Europe sort dévastée de la Seconde Guerre mondiale
Le général Marshall et Henri Bonnet, ambassadeur de France à Washington, 1950.
En tant que secrétaire d’État du président Truman, le général Georges Marshall applique à l’Europe la doctrine Truman du Containment qui vise à enrayer les progrès du communisme au moyen de l’aide économique.
À la suite du discours de Winston Churchill du 19 septembre 1946 proposant la constitution des États-Unis d’Europe, de nombreux mouvements se forment rassemblant les partisans de l’Europe unie. En 1948, alors que la guerre froide s’intensifie, ces partisans se réunissent à La Haye en un congrès dont les propositions aboutiront, avec le traité de Londres du 5 mai 1949, à la création du Conseil de l’Europe, première institution intergouvernementale européenne.
Du 7 au 10 mai, les mouvements militant en faveur de l’unification de l’Europe se réunissent à La Haye sous la présidence de Winston Churchill, en présence, notamment de Konrad Adenauer, Paul Ramadier et Paul Reynaud. À l’unanimité, le congrès appelle les gouvernements à constituer une assemblée européenne.