Les passagers du Titanic
« Mon père entra dans notre cabine pendant que nous dormions. Il m’habilla très chaudement et me prit dans ses bras. Un homme que je ne connaissais pas fit de même avec mon frère. Quand j’y pense maintenant, je suis très ému. Il savait qu’il allait mourir » il installa ses deux petits garçons dans un canot de sauvetage puis il prononça ces mots : « Mes enfants, quand votre mère vous retrouvera, dites lui que je l’aime toujours tendrement. Dites lui que je compte sur elle pour vous suivre, afin que nous puissions vivre heureux tous ensemble dans la paix et la liberté du Nouveau Monde », ce sont les derniers mots que Michel Narvatil junior entendit de son père.
Dans la nuit du 14 au 15 avril, le Titanic heurte un iceberg et sombre au large de Terre-Neuve.
Le manque de réactivité, l’impréparation, l’appel de détresse tardif, les canots de sauvetage en nombre insuffisant, quittant le navire en perdition à moitié vide… sont les paramètres d’une équation morbide dont l’inconnue est le nombre et l’identité exacts des victimes.
Le bilan est terrible, 1500 victimes, 700 rescapés.
La Manufacture Gounin frères se renseigne sur le sort du fils de l’un de ses ouvriers. L’homme est sans nouvelles de son fils, Il a appris le naufrage dans les journaux. Quelques lignes dactylographiées remplies d’angoisse et d’inquiétude. Pas d’issue heureuse cette fois.
En décembre 1912, Le père d’Adrien Chaboisson fait part de son désarroi concernant les formalités à accomplir pour obtenir une indemnisation : « je n’ai eu de la part des ma compagnie aucune proposition d’arrangement, mais au contraire la demande répétée de pièces impossibles a fournir. […] Vu le mauvais vouloir de cette compagnie, j’ai tenu a vous faire part, Monsieur le Ministre, de cet état de chose dans lequel se trouvent toutes les familles qui sont dans mon cas, La Star Line ne cherche qu’une chose gagner du temps ne donner aucune réparation au mal causé, les famille qui n’avaient pour tout soutien qu’une victime du Titanic doivent être dans un bien triste état… » Il recevra un chèque de 1513 francs
Un autre père s’adresse au Ministre, Emile Debreucq souhaite savoir ce qu’il est advenu de la dépouille de son enfant. La réponse du consul est sans chaleur « Le directeur de la White Star line […] a fait savoir que le cadavre […] avait été retrouvé en mer et porté à Halifax où il fut enterré dans le cimetière du mont Olivet ». il ajoute ensuite que « quelques papier et menus objets [ont été] retrouvés sur lui » puis évoque les démarches a effectuer auprès de le la compagnie pour les obtenir. Les époux Debreucq étant séparés, le Consul le signale à la commission de répartition pour que le secours soit versé à chacun ; car « Il y aurait lieu de craindre que si le chèque et annexe était remis au père, seul ; la mère n’élevât les prétentions d’obtenir un secours équivalent ».
Pour d’autre, l’épilogue est plus heureux, Mme Fauze, son mari « aurait bien été engagé par […] la compagnie, mais […] n’était pas à bord ».
Une mère, Marcelle Narvatil, découvre la bouille de ses deux fils à la une des journaux. Son ex mari qui a péri dans le naufrage, les a enlevés à Nice et a embarqué à Southampton sous un faux nom. Ils sont recueillis par Mrs Hayes. Mme Navratil embarque à bord de l’Océanic et retrouvera ses fils.
Certains tentent leur chance, ils ont eu vent du décès du Colonel Astor dans le désastre et essaient d’établir qu’ils sont les parents de l’homme d’affaires disparu. Joseph Astorg adresse deux courriers au Ministre des affaires étrangères, son aïeul serait le cousin germain du Colonel. Un autre Francois Boyer affirme être le descendant de Guillaume Astorg qui aurait légué sa fortune a ses descendants. D’ Astor a Astorg, il n’y a qu’une lettre de différence.
Le naufrage du Titanic reste à ce jour la catastrophe maritime qui a fait le plus grand nombre de victimes en temps de paix. Ce drame, resté gravé dans la mémoire collective, a plongé dans l’oubli d’autres naufrages tout aussi terribles. Comme celui de La Bourgogne survenu moins de quinze auparavant.
Les dossiers des années 1898 et 1899 du fonds des Chancelleries renferment de nombreux articles concernant les victimes cette tragédie.
Parmi les disparus, se trouvait Léon Pourtau. peintre et musicien, il n’expose ses toiles qu’une seule fois ; il meurt avec sa femme et son fils au retour d’une tournée en Amérique.
Destin brisé d’un peintre prometteur, disparu avant qu’il n’ai exprimé toute la mesure de son talent.
Un autre passager, deviendra le personnage d’un roman écrit par son arrière petit fils, Jean Paul Bossuge, ancien consul de France a Rio de Janeiro