Chrétien-Frédéric Pfeffel (1726-1807)
Fils de Jean Conrad Pfeffel (jurisconsulte du roi de France de 1723 à 1738), il est promit à son père en 1722, en reconnaissance de sa manière de servir, qu’il pourra lui transmettre sa charge. Cependant, Pfeffel père meurt trop tôt pour que Chrétien-Frédéric puisse lui succéder immédiatement.
Il commence sa carrière au service de l’Electeur de Saxe, aux alentours de l’année 1750. Il est appelé en 1758 par le cardinal de Bernis qui le nomme conseiller à la légation de France à la diète de Ratisbonne. En 1761, il se rend à Munich où il représente le duc de Deux-Ponts. Il y dirige également, pendant cinq années, la classe d’histoire de l’Académie des Sciences. A la mort de François de Bruges, en 1766, il obtient l’emploi de jusrisconsulte du Roi pour le droit germanique à Strasbourg.
En 1768, sa présence est requise à Versailles pour occuper le poste de jurisconsulte du Roi attaché au département des Affaires étrangères. Ses qualités professionnelles le font apprécier des ministres successifs qu’il sert (on raconte que M. de Vergennes le nomme « mes archives vivantes ») et contribuent à étendre largement le domaine de compétence du jurisconsulte des Affaires étrangères qui embrasse l’ensemble du droit international public mais également les questions de droit international privé et les problèmes de contentieux. Le duc de Deux-Ponts obtient du secrétaire d’Etat aux Affaires étrangères que Pfeffel continue de surveiller ses intérêts. En 1781 (ou 1786), son fils Chrétien-Hubert lui est adjoint (Il accompagnera son père dans l’émigration puis entrera au service du roi de Bavière. Il deviendra ministre plénipotentiaire à Dresde, à Londres, à Francfort et, enfin, à Paris, où il mourra en 1831).
Attaché aux doctrines du régime monarchique, il est démissionné en mars 1792 par Dumouriez. Il devient alors conseiller d’Etat du duc de Deux-Ponts Charles II. Il conserve cette place jusqu’au décès, en 1795, de ce prince. Il est porté sur la liste des émigrés et ses biens sont confisqués et vendus. Il se retire à Nuremberg en 1795. Il rentre en France en 1800 et, sans obtenir la restitution de ses biens, est soutenu par M. de Talleyrand qui lui fait attribuer une pension et le nomme membre de la commission mixte de l’octroi de navigation sur le Rhin (place qu’il occupe toujours à sa mort en 1807).
Sa bibliothèque est achetée en 1768 par le duc de Choiseul-Stainville mais il en garde la jouissance jusqu’en mars 1792. A cette date (et alors qu’il se trouve à Deux-Ponts), il charge son fils Chrétien-Hubert de remettre officiellement sa bibliothèque à Dumouriez. La remise est faite à Charles-Gérard Sémonin, garde des Archives, qui fait constater volume par volume l’état de la bibliothèque, d’après un catalogue dressé en 1768. Cette bibliothèque est placée au dépôt des Archives à Versailles. En 1807, les livres acquis à partir de 1768 sont achetés à sa veuve (cf. MAE, Personnel, 1ère série, vol. 57, fol. 80)
Si l’inventaire dressé lors de la première vente a disparu, les volumes remis par Pfeffel, encore présents sur les rayonnages, sont identifiables grâce à leur ex-libris collé au contreplat supérieur. On peut ainsi dénombrer 221 titres, représentant 604 volumes. Cette vignette a été gravée sur cuivre par Johann Stridbeck (1707-1772). Fils et petit-fils de graveurs, originaires de Souabe, il est établi à Strasbourg mais travaille également à Augsbourg et Bâle.