Les archives de la Conférence de la paix

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Dans le cadre des commémorations du centenaire de la Première Guerre mondiale, une vaste opération de classement et de restauration des archives de la Conférence de la paix, dont la France est dépositaire, est en cours. La direction des Archives diplomatiques lance un appel au mécénat pour l’aider à restaurer ce patrimoine exceptionnel.

Le 18 janvier 1919 s’ouvre à Paris la conférence de la paix qui rassemble les pays vainqueurs de la Première Guerre mondiale pour préparer les traités de paix. En janvier 1920, le Conseil suprême est relayé par la Conférence des ambassadeurs, chargée de poursuivre les négociations et d’accompagner la mise en œuvre des dispositions prévues par les traités de paix, jusqu’à sa dissolution en 1931. Les archives produites de janvier 1919 à 1931 témoignent de la continuité des affaires au long des décennies 1920 et 1930.

Dans le cadre des commémorations du centenaire de la Première Guerre mondiale, les Archives diplomatiques ont lancé une vaste opération de classement et de restauration des archives de la conférence de la paix dont la France est dépositaire. L’histoire mouvementée de ce fonds explique qu’il n’ait jamais été communiqué aux chercheurs dans son intégralité. Les premiers travaux de restauration ont débuté en 2014, tandis que le reclassement du fonds, organisé en 5 séries artificielles, a été lancé en septembre 2017.

Une partie des archives de la Conférence de la paix fut confisquée par les Allemands après la défaite de la France en juin 1940, microfilmée puis envoyée en Allemagne entre 1942 et 1944. Il s’agissait, conformément aux instructions envoyées par Berlin, de mettre à la disposition des autorités nazies les originaux français relatifs aux territoires du Reich récemment conquis (territoires rhénans, Autriche, Pologne, Tchécoslovaquie, Luxembourg, Alsace-Lorraine) et aux puissances ennemies (Belgique, Hollande, Norvège, Angleterre). Mises à l’abri en janvier 1945 en Haute-Silésie, ces archives y brulèrent en partie. Ce qu’il en reste fut restitué à la France par la Pologne en 1978, constituant un ensemble de 102 cartons. Grâce aux microfilms de ces archives réalisés par les Allemands avant leur envoi en Allemagne, il a été possible dans les années 1970 de réaliser des tirages papier des archives prélevées sous l’Occupation (130 cartons de photostats) et de combler en partie les destructions de la Seconde guerre mondiale. La part la plus volumineuse du fonds est constituée de 361 cartons restés à Paris, où ils furent également touchés par le feu lors de l’incendie qui éclata au Quai d’Orsay à la Libération. Des reliquats d’une trentaine de boîtes, retrouvés en 2008 lors de la préparation du déménagement des Archives diplomatiques du Quai d’Orsay à La Courneuve, viennent enfin compléter le fonds. En 2017, seuls les 75 volumes reliés du Recueil général des actes de la Conférence sont communicables aux chercheurs.

L’ensemble du fonds représente 523 cartons d’originaux, auxquels il faut ajouter 130 cartons de photostats réalisés à partir des microfilms allemands. Le travail de classement consiste à redonner au fonds son organisation originelle et à reconstituer les onze séries initiales. La série des Règlements territoriaux a bénéficié des premières opérations de tri et de classement en 2017 et 2018. Subdivisée en 47 pays ou entités territoriales, elle comprend des cartes, des pétitions de populations, des photographies, des mémoires historiques.

La restauration des documents brûlés par doublage total ou partiel au papier Japon a débuté en 2014. Trente-trois cartons contenant des documents particulièrement fragilisés ont été traités depuis 2014. Une étude méthodique du fonds, réalisée au premier semestre 2017, a permis de déterminer l’ampleur des travaux nécessaires et d’identifier 86 cartons très endommagés qui ne sont pas même manipulables. La direction des Archives lance un appel au mécénat pour l’aider à restaurer ce patrimoine exceptionnel.