Présentation de la Bosnie-Herzégovine
Présentation du pays
Données générales
Nature du régime : parlementaire décentralisé (un Etat central, deux entités fédérées, - la Fédération de BiH et la Republika Sprska - et le district de Brcko)
Chef de l’Etat : présidence collégiale tournante composée de Mme Cvijanovic et de MM. Komsic et Becirovic. M. Komsic est président en exercice depuis le 16 juillet 2025.
Données géographiques
Superficie : 51 209 km²
Capitale : Sarajevo
Villes principales : Banja Luka, Zenica, Tuzla, Mostar, Prijedor
Langues officielles : bosnien, croate, serbe
Monnaie : mark convertible (KM) (1€ = 1,96 KM)
Fête nationale : pas de consensus entre les trois "peuples constitutifs" sur le sujet
Données démographiques
Population : 3,2M (BM, 2024)
Densité : 68 habitants/km2
Taux de croissance démographique annuel : -0,7 % (BM, 2024)
Espérance de vie : 78 ans (BM, 2023)
Taux d’alphabétisation 98% des 15 ans et plus (BM, 2022)
Religion(s) : musulmans (50,7%), orthodoxes (30,7%), catholiques (15,2%) (Université catholique, 2019)
Indice de développement humain : 0,804 (73e rang sur 191, classement PNUD, 2022)
Éléments d’actualité
Politique intérieure
1/ Les élections générales du 2 octobre 2022, qui renouvelaient l’ensemble des autorités du pays hormis les maires, ont été marquées par l’élection, pour la première fois, de deux candidats issus de partis civiques au sein de la présidence collégiale tripartite : Denis Bećirović (Parti social-démocrate) en tant que membre bosniaque et Željko Komšić (Front démocratique) comme membre bosno-croate. Željka Cvijanović, membre du SNSD, est la représentante bosno-serbe. La présidence collégiale tripartite a pris ses fonctions le 16 novembre 2022.
Un accord de coalition a été conclu le 15 décembre 2022 au niveau central entre le principal parti bosno-croate du HDZ, le parti bosno-serbe du SNSD et une coalition de huit partis bosniaques et civiques emmenée par les partis sociaux-démocrates "Peuple et Justice" (NiP) et "Nasa Stranka". Sur la base d’un accord programmatique qui fait de l’adhésion à l’Union européenne et du développement économique et social les principaux objectifs, Borjana Krišto (HDZ-BiH) a été désignée présidente du Conseil des ministres (équivalent du poste de Premier ministre). Son gouvernement a pris ses fonctions le 25 janvier 2023. En Republika Srpska, le SNSD et ses alliés ont formé un gouvernement le 21 décembre 2022. Un nouveau gouvernement qui comprend des ministres issus des partis SDP, NiP, Nasa stranka, HDZ et HDZ 1990, a été constitué le 28 avril 2023 en Fédération de Bosnie-Herzégovine.
2/ Les élections municipales du 6 octobre 2024 se sont déroulées dans un contexte de catastrophes naturelles, causant la mort d’au moins 27 personnes et des dégâts matériels importants, ce qui a conduit au report des élections dans cinq communes des zones affectées. Elles ont conduit au maintien des grands équilibres politiques dans le pays : le SNSD s’est vu renforcé en Republika Srpska, l’alliance de partis libéraux civiques, la « Troïka » a préservé ses positions à Sarajevo tout en cédant du terrain en province au SDA (parti bosniaque) ; le parti HDZ (parti bosno-croate) a quant à lui été légèrement affaibli.
3/ Trente ans après la fin de la guerre, la Bosnie-Herzégovine traverse une grave crise politique et institutionnelle. L’Assemblée nationale de Republika Srpska a adopté le 27 juin 2023 des lois visant à rendre les décisions de la Cour constitutionnelle de Bosnie-Herzégovine et du Haut Représentant Christian Schmidt inapplicables dans l’entité, ce qui a conduit ce dernier à faire usage de ses pouvoirs exécutifs pour annuler ces mesures inconstitutionnelles. En dépit de cette décision, ces lois ont été publiées au journal officiel de Republika Srpska.
Le 26 février 2025, le président de l’entité de Republika Srpska, Milorad Dodik, a été condamné à un an de prison et 6 ans d’interdiction d’exercice d’un mandat public par la Cour de justice de Bosnie-Herzégovine pour non-respect des décisions du Haut Représentant et de la Cour constitutionnelle. En réaction, l’Assemblée nationale de Republika Srpska a adopté plusieurs lois interdisant les activités de plusieurs institutions de l’État central en Republika Srpska (le Parquet, la Cour, le Conseil supérieur de la magistrature et l’agence de police centrale, la SIPA), entrées en vigueur le 7 mars, avant d’être suspendues par la Cour constitutionnelle (dont M. Dodik ne reconnaît plus les décisions). Le dirigeant bosno-serbe a présenté le 12 mars un projet de nouvelle constitution de la Republika Srpska visant à la consacrer comme « entité souveraine » et prévoyant un « droit à l’autodétermination » ouvrant la voie à référendum portant sur l’indépendance de l’entité. Il a annoncé son intention d’organiser un référendum le 9 janvier 2026, à l’occasion de la prochaine journée de la Republika Srpska, pour faciliter l’adoption de cette constitution.
La France a condamné à plusieurs reprises ces mesures qui constituent une atteinte à l’ordre constitutionnel de Bosnie-Herzégovine et qui vont à l’encontre des efforts des autorités bosniennes pour rapprocher le pays de l’Union européenne, au bénéfice de tous les citoyens de Bosnie-Herzégovine.
Un mandat d’arrêt national a été émis le 14 mars par la Cour de Bosnie-Herzégovine à l’encontre de Milorad Dodik, du Premier ministre et du Président de l’Assemblée nationale de Republika Srpska pour soupçons d’attaque à l’ordre constitutionnel. La Cour constitutionnelle de Bosnie-Herzégovine a invalidé le 29 mai les lois adoptées par l’Assemblée de Republika Srpska dans la mesure où elles violaient la Constitution de Bosnie-Herzégovine. Le Haut Représentant a également recouru à ses pouvoirs de Bonn le 24 avril afin de suspendre les fonds destinés au financement du parti de Milorad Dodik, le SNSD, et du parti de l’Union Serbe (faisant partie de la coalition au pouvoir en Republika Srpska).
Après que Milorad Dodik se soit présenté volontairement devant le Parquet de Bosnie-Herzégovine le 4 juillet (suivi par les Premier ministre de RS et Président de l’Assemblée Nationale de RS le 9 juillet), la Cour et le Parquet de Bosnie-Herzégovine ont accepté de lever le mandat d’arrêt émis à son encontre le 14 mars pour soupçons d’attaque à l’ordre constitutionnel. Il est désormais soumis à un contrôle judiciaire.
Le 1er août, la Cour de Bosnie-Herzégovine a confirmé le verdict de première instance (prononcé le 26 février) à l’encontre de Milorad Dodik, le condamnant à une peine d’un an de prison (qui a été commuée en amende) et une interdiction d’exercer tout mandat public pendant six ans. Consécutivement, la Commission électorale centrale (CEC) a révoqué le 5 août son mandat de président de la Republika Srpska, décision qui a été confirmée le 18 août par la Cour de Bosnie-Herzégovine après que M. Dodik ait fait appel. La Commission électorale centrale doit désormais convoquer des élections anticipées en Republika Srpska dans un délai de 90 jours suivant la date de cessation de son mandat.
La crise n’a pas d’incidence sur le plan sécuritaire à ce stade et des actions de réassurance ont été menées pour tenter de dissuader toute escalade. EUFOR Althéa a notamment déployé le 11 mars des forces de réserves intermédiaires (détachement italien de quatre hélicoptères, et de deux compagnies, tchèque et roumaine, soit 400 personnes additionnelles).
4/ Dans la perspective des élections générales d’octobre 2026, le Haut Représentant a utilisé ses pouvoirs de Bonn le 17 juillet pour imposer des mesures en matière l’intégrité électorale et résoudre l’arbitrage de l’affaire Viadukt (un arbitrage international perdu par la Republika Srpska, dont le non-règlement de la dette avait conduit à un blocage du budget de l’Etat pour 2025).
Politique étrangère
Si un consensus se dégage en faveur de l’intégration européenne, les Bosniens sont plus partagés sur l’adhésion de leur pays à l’OTAN. La plupart des Bosniaques et des Bosno-croates y sont favorables, tandis qu’une majorité de Bosno-serbes serait réservée. En revanche, la coopération avec l’OTAN est soutenue par la plupart des forces politiques de Bosnie-Herzégovine. Le Haut représentant de la communauté internationale (M. Christian Schmidt) et la force militaire de maintien de la paix de l’Union européenne (EUFOR-Althea / environ 1 000 personnels) sont toujours présents dans le pays pour veiller à la bonne mise en œuvre des volets civil et militaire des accords de paix de Dayton-Paris. Déployée depuis 2004, EUFOR Althea est la seule mission opérant dans le cadre Berlin +, et constitue un exemple concret de la contribution apportée par la coopération entre l’OTAN et l’UE dans la région.
Situation économique
Données économiques 2024 :
PIB : 28,34 Mds USD (BM)
PIB par habitant : 8,957 USD courants (BM)
Taux de croissance : 2,5 %(DGT/FMI)
Taux de chômage : 10,7 % (BM)
Taux d’inflation : 1,7 % (BM)
Déficit budgétaire : -1,3 % du PIB (DGT/FMI)
Dette publique : 27 % du PIB (DGT/FMI)
Balance commerciale : - 5,6 Mds EUR
Principaux partenaires : UE, pays de l’Accord de libre-échange centre européen (ALECE, dont avec la Serbie et le Monténégro en tête), Chine, Turquie (DGT).
Principaux fournisseurs : Italie, Serbie, Allemagne, Croatie, Chine, Turquie, Slovénie
Exportations de la France vers la Bosnie-Herzégovine : 139 M EUR (DGT)
Importations françaises depuis la Bosnie-Herzégovine : 187 M EUR (DGT)
L’économie bosnienne affiche une certaine résilience, après une accélération de la croissance en 2024 à 2,5%, malgré la détérioration de la situation politique. Ce niveau n’est toutefois pas suffisant pour engager la convergence avec le reste de l’UE d’autant qu’à court terme la croissance devrait ralentir. D’autres indicateurs macroéconomiques ne sont pas très bien orientés : l’inflation augmente, le déficit courant se creuse, les finances publiques se détériorent. L’économie est freinée par la crise politique et la complexité de sa gouvernance.
Mise à jour : 25 août 2025
Informations complémentaires
- Instantanés diplomatiques
- Documents de référence