Q&R - Point de presse live (20 février 2025)

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Q - Une petite question sur la première déclaration, sur la restitution des dépouilles. Vous n’avez pas fait allusion à la cérémonie qui a été tenue par le Hamas, qui était par exemple condamnée par l’ONU. Est-ce que vous la condamnez aussi ?

R - Je peux vous rappeler les termes de la déclaration. Le sort des otages dans la bande de Gaza est, depuis le 7 octobre 2023, un sujet de grande attention ici. La France a appelé à la libération de tous les otages depuis le début. Aujourd’hui, malheureusement, c’est un jour noir, puisque c’est le retour de dépouilles d’otages et c’est la raison pour laquelle cette déclaration a été faite. Je pense que c’est l’essentiel de la chose et je ne ferai pas de commentaire sur le reste.

Q - Est-ce que M. Barrot se rend la semaine prochaine à Washington avec le Président ? Si oui, quel est le but de ce voyage ?

Et par ailleurs, le Guardian ce matin parlait d’une force franco-britannique de 30.000 hommes pour l’Ukraine. Est-ce que vous avez un commentaire à ce sujet ?

R - Sur le déplacement du Président de la République aux États-Unis, nous reviendrons vers vous avec des précisions en temps utile.

Sur les déclarations rapportées par la presse britannique, il y en a eu beaucoup ces derniers jours. Il y a cette déclaration, effectivement, sur une force de 30 000 hommes qui est relayée par le Guardian. J’ai lu qu’un autre journal avait relayé un plan de paix qui aurait fuité. Compte tenu des circonstances, je ne vais pas commenter des déclarations qui passent par la presse. L’heure est suffisamment grave pour qu’on commente vraiment des choses certaines.

Q - Qu’en est-il de la proposition de la France de déployer des contingents de la FINUL, dont un contingent français, sur cinq positions au sud du Liban qui sont toujours occupées par l’armée israélienne ? Êtes-vous en contact avec les autorités israéliennes là-dessus ?

R - D’une manière générale, la France a appelé à l’exécution totale de l’accord de cessez-le-feu qui a été signé entre Israël et le Liban. La date du 18 février était une date importante, puisque c’était la fin d’une première étape qui devait voir l’ensemble des troupes israéliennes se retirer du territoire libanais. Les troupes israéliennes se sont effectivement retirées, à l’exception de ces cinq positions sur lesquels elles maintiennent des troupes militaires. Nous avons dit cette semaine, et la France a rappelé cette semaine, que l’accord de cessez-le-feu devait être appliqué dans son intégralité, à savoir un retrait intégral du territoire libanais, y compris de ces cinq positions, des troupes israéliennes, et le déploiement des forces armées libanaises.

Pour ce qui concerne la FINUL, ce sont des troupes qui sont gérées par les Nations unies, c’est une force des Nations unies, donc ce sont des discussions qui n’appartiennent pas qu’à la France, ce sont des discussions qui doivent avoir lieu à New York avec l’ensemble des partenaires intéressés. Il y a effectivement des troupes françaises qui contribuent à la FINUL, mais elles sont sous commandement onusien. La question de savoir où elles doivent se déplacer, comment elles doivent se déplacer et si elles doivent se positionner sur d’autres points, ce sont des décisions que la France ne peut pas prendre seule. Ce sont des décisions qui seront prises le moment venu à New York, en concertation avec l’ensemble des États concernés.

Q - Je voudrais revenir sur l’Ukraine. Sans commenter le nombre de troupes qui seraient possiblement envoyées en Ukraine, que ce soit du côté des Britanniques ou de la France, je voudrais savoir en quoi l’envoi de troupes sur le sol ukrainien pourrait permettre de garantir la sécurité de l’Ukraine ?

Et ma deuxième question, vous avez évoqué des sanctions adoptées en Europe lundi. Est-ce qu’on peut en savoir un peu plus ?

R - Sur votre première question, il y a une espèce de cristallisation sur cette question de troupes, mais en fait, quand on parle de garanties de sécurité, on parle d’un ensemble de mesures et d’un ensemble de dispositions qui permettent d’avoir la certitude que l’agression de l’Ukraine ne se reproduira pas. Donc ce n’est pas simplement des troupes. Les troupes, c’est un élément, mais il y a d’autres éléments en termes de garanties de sécurité qui peuvent être accordés à l’Ukraine. Pour le moment, le focus de la discussion qui a eu lieu en début de semaine et à nouveau hier, c’est évidemment sur les garanties de sécurité. Quand on dit qu’il faut une paix juste et durable, le côté durable, ça veut dire qu’on ne peut pas se limiter à un simple cessez-le-feu. Il faut qu’on arrive à mettre en place un système qui garantisse la sécurité de l’Ukraine. Donc ça peut éventuellement passer par de l’envoi de troupes mais pour le moment, le sujet n’est pas celui-là. Pour le moment, le sujet, c’est d’obtenir un schéma de garanties de sécurité. C’était tout l’objet des discussions qui ont eu lieu en début de semaine. Les garanties de sécurité, ça peut aussi passer, pour vous donner des exemples, par réarmer et rééquiper l’armée ukrainienne. Ça peut être aussi envoyer des experts. Ça peut être une adhésion à l’OTAN. Ça peut être diverses choses. Pour le moment, ce sont des choses qui sont en discussion, mais les garanties de sécurité données à l’Ukraine, ça ne se réduit pas simplement à une question de troupes, sachant encore une fois que pour le moment, le sujet n’est pas celui-là. Et je crois que le Président de la République l’a redit cette semaine, il n’est pas question d’envoyer des troupes belligérantes en Ukraine.

Sur votre question sur les sanctions, c’est un paquet qui devrait être adopté lundi au niveau européen. Sans trop rentrer dans le détail, puisque vous savez comme moi que les sanctions sont souvent des décisions extrêmement techniques, ce sont des sanctions qui devraient cibler essentiellement les ressources énergétiques que la Russie utilise pour financer son effort de guerre, et plus particulièrement les moyens qu’elle emploie pour contourner les sanctions actuellement mises en place. Donc il s’agit de sanctionner les acteurs qui, dans certains pays, participent au contournement actuel des sanctions. Cela peut être des entreprises, cela peut être des propriétaires de navires, toute sorte d’entités qui en fait contribuent au contournement des sanctions, tout particulièrement en matière énergétique. Mais encore une fois, c’est un paquet qui est sur la table du Conseil Affaires étrangères qui aura lieu lundi prochain, qui devrait selon toute vraisemblance être adopté, mais je pense que nous aurons beaucoup plus de détails lundi sur ce sujet.

Q - Quand vous entendez les propos de Donald Trump traitant Zelensky de dictateur, en disant qu’en fait c’est l’Ukraine qui a commencé cette guerre… Si c’était la Russie, je pense que vous condamneriez ces propos. Comment réagissez-vous à ces propos ?

Et plus globalement, après un mois de l’administration Trump, est-ce que vous sentez que les États-Unis sont avec l’Europe ou contre l’Europe ?

R - Effectivement, nous avons tous constaté, et vous les premiers, qu’il y avait eu un changement d’administration à Washington il y a un mois exactement, puisque c’était le 20 janvier. Cela fait donc 30 jours que M. Trump est en fonction. Comme j’ai déjà eu l’occasion de le dire, nous avons une relation dense et historique avec les États-Unis. Nous avons toujours eu un dialogue très dense sur divers sujets de coopération. Et ce dialogue, s’agissant de l’Ukraine, il existe. Le Président de la République s’est entretenu à plusieurs reprises avec le président américain. Il sera lundi à Washington. Donc le dialogue continue avec les États-Unis. Il y a effectivement eu un changement de posture américaine, c’est vrai, par rapport à l’administration Biden. Donc à nous maintenant de nous adapter à ce changement.
Plus largement, ce sont des changements qui ont lieu aussi sur les questions commerciales, puisque Donald Trump a pris des décisions extrêmement marquantes au sujet des droits de douane. C’est un sujet sur lequel il y aura évidemment une réponse européenne, puisque les États-Unis ont tout à perdre à entrer dans une guerre commerciale avec l’Europe. Nous sommes quand même le premier partenaire commercial des États-Unis. Donc là aussi, il y aura une réponse. Il y a eu effectivement un changement de priorité, un changement de méthode, mais il n’en reste pas moins que cela reste un pays avec lequel nous devons continuer à discuter. Et ce dialogue existe encore, il n’a pas été interrompu.

Q - Sur Zelensky le « dictateur »… ?

R - Je ne vais pas faire de commentaires sur les propos de M. Trump.

Q - Vos alliés, les Anglais, les Allemands, ont fait des commentaires sur ces propos, disant que c’était des propos choquants… Quelle était la phrase exactement ? « Dangereux et absurdes ».

R - Oui, c’est le chancelier Scholz qui a dit ça, oui, effectivement.

Q - La France ne pense pas que c’est « dangereux et absurde » ?

R -Je ne vais pas rentrer dans l’exégèse des propos de M. Trump et vous faire des commentaires. Le Ministre a eu l’occasion de s’exprimer sur le sujet, je vous renvoie à ses déclarations dans la presse cette semaine.

Q - Est-ce que vous avez eu des nouvelles de Boualem Sansal cette semaine ?

R - Malheureusement non.

Q - Demain, à Riyad, il y a une réunion de pays arabes sur Gaza. On connaît le plan Trump sur la question. Je voudrais savoir quel rôle peut jouer la France et l’Europe sur ce plan ?

R - Effectivement, les pays arabes ont pris l’initiative de se réunir pour échafauder un plan alternatif au plan qui a été présenté par Donald Trump. Sur ce point-là, la position de la France n’a pas varié. Nous avons toujours dit que tout déplacement de forces et de population à Gaza est inacceptable, et ce pour plusieurs raisons. D’une part, parce que c’est contraire au droit international, on ne peut pas procéder à des déplacements forcés de populations. Mais aussi parce que ce serait une entrave majeure à une solution politique pour la bande de Gaza et pour les territoires palestiniens d’une manière générale, qui repose toujours sur une solution à deux États. Mais aussi, plus largement, et ça c’est le troisième point, ce déplacement forcé serait un facteur de déstabilisation majeure pour la région. Donc ça, nous l’avons dit. Ces États arabes ont pris l’initiative de se rassembler pour proposer un plan alternatif. Nous en prendrons connaissance le moment venu, mais il est bien évident que nous soutiendrons toute initiative qui serait en ligne avec les principes que je viens de vous rappeler.