Q&R - Point de presse live (19 octobre 2023)
Q - J’ai deux questions sans rapport l’une avec l’ autre, d’abord sur la libération de Mortaza Behboudi par les talibans, sa famille dit qu’il pourrait rentrer en France, dès ce soir. Selon Reporters sans frontières, il était plutôt question d’une libération ce weekend, donc qu’en est-il ? Et deuxième question, quelles sont les mesures de sécurité qui ont été prises pour les ambassades françaises dans le monde, notamment dans les pays les plus concernés par le conflit israélo-palestinien ?
R – S’agissant de M. Mortaza Behboudi, vous savez que sa situation a été suivie avec la plus grande attention par nos autorités et une très forte mobilisation de de nos autorités sur son cas. À ce stade, je n’ai pas de précision à donner sur sa possible arrivée en France ; je me passerai de commentaires à ce stade à ce sujet.
S’agissant des emprises diplomatiques : la sécurité de nos emprises est une priorité partout dans le monde et nous examinons donc l’évolution de la situation avec la plus grande vigilance et nous prendrons toutes les mesures appropriées pour assurer la sécurité de nos diplomates et de nos emprises.
Q - Le Quai d’Orsay et la présidence française n’ont pas nommément évoqué Israël dans leur condamnation respective de l’attaque mortelle contre un hôpital à Gaza. Des manifestations pro-Israël ont récemment été autorisées en France, alors que celles pour la Palestine ont systématiquement été interdites. Des partis de l’opposition française et diverses organisations non gouvernementales ont accusé la France de partialité, donc en faveur d’Israël. Que répondez-vous à ces affirmations ?
R - Je vous renvoie aux déclarations du Président de la République et de la Ministre à cet égard qui ont été extrêmement clairs. Nous appelons à ce que toute la lumière soit faite sur la frappe contre l’hôpital Al-Ahli dans la ville de Gaza, qui a fait un nombre important de de victimes civiles palestiniennes. Nous avons condamné avec fermeté et rien ne peut évidemment justifier une frappe contre un hôpital ou des infrastructures civiles. C’est également le message qui a été passé dans le cadre de la résolution présentée hier au vote au Conseil de sécurité des Nations unies et que la France a soutenue.
Q – J’ai une question complémentaire sur la question de mon confrère. Est-ce que la France est favorable à une enquête indépendante sur cette frappe ? Et est-il possible de la mener, tout simplement ? En ce qui concerne les otages, vous faites état de sept disparus, dont certains sont otages ; est-ce que vous pourriez en préciser le nombre ?
R - Sur la question des otages, je ne peux pas aller plus loin que la déclaration que je vous ai faite. Nous ne donnons pas plus de précisions en la matière, comme vous le savez, pour la sécurité de nos ressortissants et dans le respect des familles concernées.
S’agissant des frappes, comme nous l’indiquons, c’est toute la lumière qui doit être faite sur cette frappe qui a touché l’hôpital Al-Ahli. Nous attendons à cet égard que tous les éléments puissent être donnés par les parties. Je n’ai pas d’élément à ce stade sur la possibilité de mener une enquête indépendante dans le contexte actuel à Gaza. Nous sommes en contact aussi avec les Nations unies qui ont exprimé le même souhait d’avoir une transparence sur les faits dont nous parlons.
- Q - À propos du retour de Fariba Adelkhah en France, j’ai remarqué que la nouvelle est passée assez dans l’ombre. Est-ce que c’était une condition de sa libération ou il y a, d’après vous, d’autres raisons ?
R - Nous nous sommes exprimés, hier soir, pour nous féliciter du retour de Mme Fariba Adelkhah en France. C’est une nouvelle que nous avons accueillie avec le plus grand soulagement, mais qui n’empêche pas que nous passions le message sur les ressortissants qui restent retenus arbitrairement en Iran, pour lesquels nous appelons à une libération immédiate et sans condition.
Q - Est-ce qu’il y a eu un autre appel ou un autre message du président Macron à l’Iran au sujet de la retenue, la recommandation de retenue pour que le Hezbollah au Liban Sud n’entre pas dans la danse, je dirais ?
R - Vous savez que la France est active pour éviter un embrasement régional. La Ministre avait pour mandat de porter ce sujet dans la région à l’occasion de sa tournée en Israël, à Jérusalem, en Égypte et au Liban. Elle a porté ce message à cette occasion, très clairement, je vous renvoie à ses déclarations au moment de la conférence de presse qu’elle a donnée au Liban. À cet égard, le Président de la République s’est entretenu avec le président Raïssi, il y a quelques jours, et a eu l’occasion également de passer très clairement ce message. Un message pour éviter toute escalade ou toute extension du conflit, et notamment au Liban. L’Iran a, compte tenu de ses relations avec le Hezbollah et le Hamas, une responsabilité toute particulière à cet égard. L’Iran doit tout mettre en œuvre pour éviter un embrasement régional.
Q - Je voulais savoir si le gouvernement français croit à 100% à la déclaration et aux preuves d’Israël selon laquelle l’hôpital à Gaza aurait été frappé par des groupes palestiniens ? Je voulais savoir également si, tout comme il l’a fait pour les États-Unis, est-ce que Israël va donner des informations privées à la France, sur ce sujet ?
R - Je crois que j’ai déjà répondu à cette question. Nous avons condamné l’attaque contre l’hôpital Al-Ahli et nous attendons que toute la transparence soit faite sur cette affaire. Nous n’avons pas attribué de responsabilité à cet égard et il faut que la plus grande transparence soit faite pour pouvoir établir les faits.
Q - Puisque nous avons appris l’ouverture du passage de Rafah, il y aura des aides humanitaires qui seront maintenant acheminées vers la bande de Gaza. Est-ce que vous vous pouvez nous dire, est-ce que le gouvernement français va apporter des aides humanitaires vers la bande de Gaza ?
R - S’agissant du point d’accès de Rafah, vous savez que nous avons appelé, à plusieurs reprises, par la voix du Président de la République et de la Ministre, notamment lors de sa tournée dans la région, à l’ouverture immédiate des accès humanitaires permettant d’apporter l’aide humanitaire nécessaire à la population de Gaza. Ce message, la Ministre l’a passé dans la région. Nous saluons toutes les initiatives qui iraient dans le sens de la mise en œuvre de ces accès humanitaires, et notamment depuis le point de passage de Rafah. Il faut que cette ouverture humanitaire se fasse sans entrave et de façon sûre. Il y a en effet urgence à pouvoir répondre à la situation humanitaire très grave de la bande de Gaza. Nous poursuivons à cet égard nos contacts avec tous les partenaires pour pouvoir soutenir ce mouvement.
S’agissant de l’aide que la France pourrait apporter dans ce cadre, vous savez que la Ministre a d’ores et déjà annoncé une aide supplémentaire humanitaire de la France de 10 millions d’euros ; une aide qui ira à destination d’un certain nombre d’organisations, à commencer par les Nations unies. Cette aide a vocation à transiter par le biais de l’UNRWA, par le biais du CICR, également par le biais du PAM et d’autres organisations internationales et ONG présentes sur le terrain. Il s’agit de pouvoir répondre aux besoins humanitaires les plus pressants de la population de Gaza, notamment en matière d’eau, de santé et d’alimentation.
Q - Le président Macron a annoncé qu’il ira dans la région quand il aura quelque chose à proposer. Sur quels types de propositions la France est-elle en train de travailler à ce sujet ? Est-ce qu’il y a un problème, notamment avec les pays arabes ? On a vu des manifestations devant des ambassades françaises. Est-ce qu’il y a un problème particulier, devant les pays arabes, par cette position de la France ? Est-ce que par exemple aussi, le fait qu’il n’y ait pas la possibilité de faire des manifestations pro-palestiniennes en France est un problème à ce sujet ?
R - Pour la première question, je vous renvoie aux propos tenus par le Président de la République à Tirana. Il a en effet indiqué qu’il pourrait se rendre dans la région, dès que nous aurions un agenda utile et des actions très concrètes à y conduire, je reprends ses mots. Il a aussi indiqué que nous allions poursuivre à cet égard les consultations, les discussions et que son souhait était de pouvoir s’y rendre quand nous pourrions travailler à un accord concret, soit en matière de non escalade, soit sur les questions humanitaires, et sur l’horizon politique. Ces points ont été évoqués dans le projet de résolution que nous avons voté, hier, au Conseil de sécurité des Nations unies.
S’agissant de notre position et de la manière dont elle est perçue, je crois que notre position est très claire. Elle a été réitérée depuis le début par nos autorités. Elle a été réitérée encore une fois hier, au Conseil de sécurité. C’est une condamnation extrêmement ferme et sans équivoque des attentats terroristes du Hamas. Un appel à la libération immédiate de tous les otages retenus par le Hamas dans le cadre de son opération terroriste ; un soutien au droit d’Israël à se défendre ; un droit à se défendre qui doit se tenir dans le cadre du droit humanitaire international.
Il s’agit maintenant pour nous de travailler à répondre à l’urgence humanitaire, à laquelle la population de Gaza est aujourd’hui confrontée. C’est tout l’objet de nos appels au respect du droit international humanitaire, à un accès humanitaire immédiat, et de nos propositions, en effet, d’offre supplémentaire en matière humanitaire. Le dernier point, je crois, qu’il ne faut pas oublier, c’est la nécessité de redonner un horizon politique à cette crise. C’est ce que nos autorités ont rappelé à de multiples reprises, que la Ministre a souligné lors de son déplacement dans la région : il s’agit, à la suite des attentats du 7 octobre, de souligner que seul un règlement politique, et donc la solution des deux États qui est la seule aujourd’hui tenable, doit apporter une réponse à la crise que nous vivons.
Q - J’ai une question concernant le sommet pour la cause palestinienne, qui doit avoir lieu au Caire, samedi. Est-ce que vous pourriez nous dire si la Ministre y participera ? À quel niveau ? Est-ce que c’est le Président de la République ou est-ce au niveau ministériel ?
R - Nous avons accueilli très favorablement l’organisation par l’Égypte de ce sommet et de toutes les initiatives qui peuvent permettre de répondre aux objectifs que j’ai déjà mentionnés, et notamment celui d’éviter un embrasement régional supplémentaire à la suite des attaques terroristes contre Israël. À ce stade, nous examinons le niveau de participation qui sera celui de la France lors de ce sommet. Nous vous le communiquerons dès qu’il sera connu.
Q - Est-ce que le gouvernement français condamne le rejet par les États-Unis du projet de résolution porté hier par le Brésil devant le Conseil de sécurité, un texte qui demandait le respect par tous du droit international humanitaire, des pauses humanitaires, et l’ouverture urgente d’un accès humanitaire complet, sûr et sans entrave ? Est-ce que le gouvernement français regrette que la communauté internationale ne parvienne pas à s’exprimer d’une seule voix sur le conflit israélo-palestinien ?
R - Nous nous sommes exprimés, dès hier soir, à ce sujet. Nous avons marqué notre regret de l’échec de cette résolution au Conseil de sécurité. Nous aurions souhaité que la communauté internationale puisse s’exprimer d’une seule voix sur la base de ce texte, qui nous semblait en mesure de rassembler la communauté internationale autour de principes extrêmement clairs, et notamment, je le cite puisque cela a été aussi repris par nos autorités, hier soir : la condamnation sans équivoque des attentats terroristes du Hamas ; la nécessité de l’application du droit international humanitaire, avec notamment l’insistance qui est marquée dans la résolution de l’accès humanitaire ; la nécessité de répondre aux besoins de première nécessité des populations de Gaza ; enfin la perspective politique, que j’évoquais il y a quelques instants, qui est clairement marquée dans ce projet de résolution que nous avons soutenu, et pour lequel nous remercions encore le Brésil de l’avoir présenté au Conseil de sécurité.
Q - Juste, pour être sûr d’avoir compris votre réponse : ne pas retrouver le nom d’Israël dans les condamnations, donc c’est juste la persistance d’un doute sur l’auteur plutôt qu’une partialité ?
R - Nous appelons à faire toute la transparence sur cet incident, en effet, sur lequel des doutes persistent. Nous avons noté un certain nombre de déclarations à cet égard, mais il s’agit aujourd’hui de faire toute la lumière sur ces faits./.