Q&R - Point de presse live (15 mai 2025)

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Q - Le Premier ministre israélien accuse le président Macron de choisir de se ranger derrière une organisation terroriste. C’était en réaction à ce que disait le Président à TF1 mardi soir, quand il a qualifié les agissements de l’armée israélienne à Gaza de honte. Quel est votre commentaire ? Que répondez-vous au Premier ministre israélien ?

R - Déjà, je pense que, puisque les propos du Premier ministre israélien s’adressaient au Président de la République, c’est d’abord une question pour le Président de la République.

Il y a une ligne constante de la France de condamnation avec la plus grande fermeté des attaques terroristes perpétrées par le Hamas le 7 octobre 2023, qui a été qualifiée de pire massacre antisémite de notre histoire depuis la Shoah. Nous avons également répété de manière constante que le Hamas ne devait pas avoir la moindre part de responsabilité dans la future gouvernance de la bande de Gaza, et que par ailleurs, ils devaient être désarmés de façon à garantir, notamment, la sécurité d’Israël. Et encore une fois, notre interlocuteur palestinien, c’est l’Autorité palestinienne. Et ça, c’est absolument incontestable. C’est la logique que porte aussi l’initiative du Président de la République pour la conférence du mois de juin, de la mise en œuvre d’une solution à deux États, qui repose, comme je vous l’ai expliqué plusieurs fois, sur un processus de reconnaissance réciproque.

Ensuite, le Président de la République réagissait à la situation actuelle dans la bande de Gaza. Et je pense que ce n’est une nouvelle pour personne : il y a une situation humanitaire qui est absolument effroyable, et je crois que c’est quelque chose qui peut être constaté par tous. C’est un point qui a été dit, de la même manière qu’on a toujours dit qu’il était absolument nécessaire que l’aide humanitaire puisse rentrer dans la bande de Gaza. C’est une obligation qui pèse sur Israël au titre du droit international. Et je pense qu’il s’agit simplement de constater ce qui se passe dans la bande de Gaza. Je pense que c’était le sens de cette intervention.

Q – D’abord, pardonnez-moi d’insister. Je vais revenir sur la même question. Au-delà de la situation à Gaza, il y avait ces échanges ; ce ne sont pas des échanges personnels, c’était très dur. Il y avait aussi des réactions de la part du ministre de la Défense israélienne dans le même sens. Est-ce que vous pouvez qualifier la situation des relations bilatérales comme une crise diplomatique entre les deux pays ? Ça, c’est une question.

Je voulais aussi vous demander, sur la Syrie, la décision du président Trump de lever toutes les sanctions. On sait que l’Europe et la France avaient une autre approche jusqu’à maintenant. Bruxelles a dit ce matin au bureau de Mme [Kaja] Kallas qu’il faut peut-être réfléchir à cette politique de levée graduelle des sanctions. Quelle est la position de la France ? Est-ce que vous voulez changer maintenant la façon dont vous traitez les sanctions contre le régime syrien ?
Je voulais aussi vous demander sur les négociations entre les États-Unis et l’Iran, parce qu’a priori, il y avait une nouvelle proposition qui a été remise par les Américains cette semaine. Quelle est la nature, en fait, des relations entre Paris et Washington sur ces négociations ? Est-ce qu’il y a des consultations avant ? Est-ce que vous étiez au courant qu’il y aura une nouvelle proposition ? Est-ce que vous connaissez les détails ?

R - Sur votre première question, non, je ne crois pas qu’il y ait une crise diplomatique. Il y a une relation dense entre la France et Israël qui se traduit par des contacts réguliers et exigeants entre le chef d’État et le Premier ministre israélien. Donc non, je ne crois pas qu’on puisse parler de crise.

Sur votre deuxième question, s’agissant de l’annonce par les États-Unis de la levée des sanctions totale, on salue cette annonce et on considère que c’est un pas dans le bon sens. Cette levée des sanctions américaines est, à ma connaissance, couplée à un certain nombre d’exigences. C’est une levée qui est nécessaire pour le relèvement et la stabilisation de la Syrie. Et c’est la raison pour laquelle nous nous en sommes réjouis. Donc je pense que dans la logique, cela rejoint la logique française qui a toujours consisté à dire que nous devions lever de façon graduelle et réversible les sanctions qui pesaient sur la Syrie pour lui permettre de redémarrer économiquement et pour accompagner le processus de transition politique. La France appelle aujourd’hui à la levée de toutes les sanctions économiques européennes. C’est ce que le Président de la République a annoncé au président des autorités de transition, M. al-Charaa, lors de sa visite à Paris la semaine dernière. Il y a eu un travail de conviction qui a été fait du côté français vis-à-vis de nos partenaires européens et américains qui continue à se poursuivre à Bruxelles. Maintenant, cette levée des sanctions, c’est une opportunité pour la Syrie d’avancer vers un processus de transition inclusif et sur le chemin d’une paix civile et d’une inclusion de l’ensemble des composantes de la société syrienne dans la transition. Mais évidemment, et ça a toujours été dit, ça ne se fait pas de manière inconditionnelle. Et je pense que nous verrons concrètement comment se traduit la levée des sanctions américaines. Pour le moment, c’est une annonce, et c’est une annonce qui est vraiment la bienvenue, c’est une dynamique qui est positive. Encore une fois, la Syrie a besoin de voir ces sanctions levées pour pouvoir accompagner le processus de transition démocratique et de relèvement de l’économie.

Q - Ma question était en fait : est-ce que vous êtes à l’origine de cette idée maintenant de Bruxelles de réfléchir, de ne pas continuer avec la même politique, mais de lever toutes les sanctions ? Est-ce que la France est à l’origine de cette idée ?

R - Mais encore une fois, les sanctions au niveau européen sont des sujets qui se discutent à 27. Il y a une discussion qui est en cours. Il y a déjà eu des premières mesures qui ont été prises en début d’année de levée partielle de certaines sanctions qui pesaient sur la Syrie. C’est un processus qui est en cours, qui continuera dans le cadre des discussions que nous aurons avec nos partenaires européens. La France appelle à une levée de toutes les sanctions européennes pesant sur la Syrie.

Sur votre dernière question sur l’Iran, votre question me permet de rappeler une chose : la France et ses partenaires allemands et britanniques sont mobilisés depuis longtemps pour rechercher une solution diplomatique à la crise de prolifération iranienne, alors que l’escalade se poursuit. Nous avons un dialogue régulier avec l’Iran au niveau des directeurs politiques en format E3 - il y aura d’ailleurs demain une nouvelle réunion dans ce format-là. Et bien évidemment, ce sont des discussions que nous menons en lien avec nos partenaires américains. Encore une fois, l’idée, c’est d’obtenir une réponse diplomatique à cette crise alors que, comme vous le savez, le calendrier se resserre de plus en plus. Mais cela se fait évidemment entre partenaires européens, et en parfaite coordination avec les États-Unis.

Q - Ma première question concerne Israël. Qu’est-ce qui empêche aujourd’hui la France de prendre une position claire sur l’accord d’association ? On a entendu récemment le Ministre, le Président, parler d’une possibilité de remise en cause. Mais qu’est-ce qui empêche la France d’avoir une position claire comme d’autres pays européens et d’arrêter cet accord d’association comme réponse à ce qu’Israël fait à Gaza ?

La deuxième question concerne la crise diplomatique avec l’Algérie. Hier, le Ministre a annoncé qu’il a convoqué le chargé d’affaires et qu’il y aura des expulsions réciproques. Donc ma question, est-ce qu’il y a une liste aujourd’hui qui est prête de diplomates qui n’ont pas de visas, puisque ça c’est le cas qui a été fait en Algérie ? Un chiffre que vous pouvez partager ? Et quand peut-on s’attendre à ces expulsions ? Parce qu’il a dit que c’est imminent.

R - Sur votre première question, je vous renvoie à nouveau aux propos du Président de la République lors de son intervention télévisée de mardi soir. Il a dit que la crise humanitaire à Gaza était la plus grave que nous ayons connue depuis octobre 2023. Et dans ce contexte, la question de la conformité d’Israël avec l’article 2 de l’accord d’association entre Israël et l’Union européenne est ouverte. Vous le savez, elle a récemment été posée par les Néerlandais ainsi que d’autres États membres, et particulièrement l’Espagne et l’Irlande. Sur ce point-là, je vous renverrai aux propos du Ministre, qui a indiqué que compte tenu des développements en cours, il s’agit d’une question légitime, et il a appelé la Commission européenne à instruire cette demande d’examen. Donc c’est un point sur lequel nous assurons un suivi.

Q - Vous n’allez pas prendre de position avant qu’il y ait décision… ?

R - La question a été posée par certains de nos partenaires européens. Maintenant, il revient à la Commission européenne d’étudier le cas. Donc on va suivre la procédure. Mais encore une fois, comme l’a dit le Ministre, la question qui a été posée par les Néerlandais est une question légitime.
Sur la deuxième question, sur les relations franco-algériennes, on a assisté malheureusement, et je le déplore, à une nouvelle décision totalement injustifiée et injustifiable de la part des autorités algériennes. Décision unilatérale d’établir de nouvelles conditions d’accès au territoire algérien pour les agents publics français détenteurs d’un passeport officiel, que ce soit un passeport diplomatique ou un passeport de service. Cette décision est en violation complète avec l’accord que nous avons signé avec l’Algérie en 2013. Et c’est la raison pour laquelle le chargé d’affaires a été convoqué au ministère, pour lui signifier ce point-là et pour lui indiquer que, comme nous l’avions fait la fois d’avant, il y aura des mesures réciproques qui seront prises en réponse à cette mesure qui, encore une fois, est, vue de Paris, totalement injustifiée, totalement injustifiable.

Q - Mais pas de liste…

R - Non, je ne peux pas vous communiquer de points supplémentaires.

Q - Pour prolonger la question de ma collègue sur l’Algérie, sur la relation entre la France et l’Algérie, c’est effectivement un énième épisode de ce qui devient le feuilleton des expulsions. Comment le ministère qualifie-t-il ces événements ? Est-ce que c’est une escalade ? Est-ce que c’est une impasse ? Et si tel était le cas, comment la France et la diplomatie française peuvent essayer de sortir de cette impasse qui dure depuis quand même plusieurs mois ?

Et j’ai une autre question sur la Libye. Est-ce que vous portez un regard sur ce qui se passe et les heurts qui ont démarré il y a quelques jours en Libye, à Tripoli ? Et est-ce que ça suscite des inquiétudes ou des réactions du ministère ? Sachant que c’est assez nouveau que les heurts soient aussi violents, puisqu’ils sont meurtriers depuis quelques journées, quelques nuits à Tripoli.

R - Sur la première question, sur l’état général de la relation, c’est une relation qui est aujourd’hui gelée, parce qu’il y a eu des décisions qui ont été prises par Alger qui ont contribué à geler cette relation. Je vous rappelle que si on revient quelques semaines en arrière, il y avait eu un dialogue entre le Président de la République et le président Tebboune, où il avait été décidé que nous devions reprendre la voie du dialogue sur l’ensemble des coopérations que nous avons entre la France et l’Algérie. Le Ministre s’était rendu à Alger justement pour rouvrir ce dialogue et envisager la remise en place des différentes coopérations. Nous sommes toujours animés par l’idée que c’est dans l’intérêt de la France et de l’Algérie que d’avoir une relation qui soit fondée sur le dialogue. Nous constatons qu’avec les différentes mesures qui ont été prises, cela revient à geler complètement la relation. Donc je ne peux pas vous dire comment cela évoluera dans les prochaines semaines. La seule chose, c’est que je vous dis que c’est le souhait de la France, qui a toujours été de pouvoir avoir un dialogue avec l’Algérie sur les différents sujets de notre relation bilatérale, y compris sur les points qui peuvent sembler problématiques ou difficiles. Il nous semble qu’il faut retrouver cette voie-là, mais pour le moment, nous en sommes là.

Sur votre deuxième question, sur la Libye, évidemment, on suit les développements à Tripoli de manière extrêmement vigilante. Et nous sommes profondément inquiets des affrontements qui ont eu lieu dans la capitale depuis le 12 mai. Nous avons salué, avec nos partenaires internationaux, la conclusion d’un cessez-le-feu hier à la mi-journée, qui doit maintenant être durable et entièrement respecté par toutes les parties prenantes. Et nous avons également appelé les autorités libyennes à prendre toutes les mesures nécessaires pour garantir la protection des civils, dans l’intérêt supérieur du peuple libyen. Ces affrontements illustrent la situation d’instabilité politique en Libye et rappellent la nécessité de relancer le processus politique libyen dans les plus brefs délais, en vue de former un gouvernement capable d’organiser les élections, puisque c’est la seule solution durable pour l’avenir de la Libye. Et je ferai un dernier commentaire sur la question libyenne. Nous avons été en lien extrêmement étroit avec le personnel de l’ambassade de France en Libye, qui était en première ligne ces jours-là, suite à ces affrontements.

Q - Vous avez dit que le Ministre sera à l’Assemblée nationale le 20 mai. Est-ce que vous pouvez dire si c’est un sujet spécifique ?

R - Il est auditionné par la commission des affaires étrangères de l’Assemblée nationale.

Q - Mais sur un sujet spécifique ou… ?

R - Je n’ai pas l’agenda.