Q&R - Point de presse live (14 décembre 2023)

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Q - J’ai deux questions : vous avez évoqué le lourd tribut des journalistes dans le conflit entre Israël et le Hamas. Il y a des demandes concernant des journalistes palestiniens qui souhaiteraient sortir de Gaza et qui collaborent, en tout cas qui sont collaborateurs de médias français ; que fait la France pour leur permettre de sortir ? Et y a-t-il un accueil possible en France pour ces journalistes ?

L’autre question : vous avez évoqué le déplacement de Catherine Colonna au Liban. Je voulais avoir l’analyse de de la France sur la situation actuelle au Liban. Considérez-vous que la situation extrêmement préoccupante au point de redouter l’ouverture d’un nouveau front à la frontière entre le Liban et Israël ?

R - Sur votre première question, s’agissant des journalistes à Gaza : nous avons travaillé depuis le mois d’octobre à permettre des sorties de la bande de Gaza des français qui étaient présents sur place ainsi que de leurs ayants droit. Nous avons assuré la sortie des employés palestiniens du gouvernement français, notamment les agents de l’Institut français de de Gaza. Dans tous les cas, il s’agit d’une opération complexe. À ce jour, nous avons réussi à faire sortir de la bande de Gaza 154 personnes au total. S’agissant des employés palestiniens des sociétés françaises, d’ONG, ainsi que de personnalités qui nous ont été signalées, nous cherchons toujours, avec nos partenaires de la région, des solutions pour leur mise en sécurité, hors de la bande de Gaza. Je précise qu’il ne s’agit pas toujours de ressortissants français mais nous maintenons nos efforts, tout particulièrement s’agissant des employés de l’AFP.

Sur votre deuxième question, sur la situation au Liban : comme je vous le disais, la France œuvre depuis le premier jour pour prévenir un embrasement régional. Nous poursuivons ces efforts dans l’intérêt de tous. Nous avons transmis des messages de fermeté au Hezbollah, depuis le début. La ministre qui se rendra pour la quatrième fois dans la région depuis le début de la crise, s’est déjà entretenue avec ses homologues dans la région, pour prévenir cet embrasement. Elle le fera de nouveau, ce week-end, au Liban. Elle réitérera les appels de la France à la responsabilité et à la retenue. La France rappelle, à cet égard, la nécessité de préserver la sécurité de la FINUL et sa capacité à remplir son mandat, et ce, par l’ensemble des acteurs. Nous condamnons toute atteinte à la sécurité de la FINUL, dont la France fournit le premier contingent. La résolution 1701 reste notre base de travail pour parvenir à la paix et à la sécurité dans cette région.

Q - Vous avez parlé de la réunion qui s’est tenue hier. Dans votre communiqué vous parlez de partenaires, je comprends qu’Israël et les États-Unis en faisaient partie, j’aimerais savoir quels sont les autres partenaires, est-ce que vous avez invité tous les pays de l’Union européenne, et si oui, quels pays ont dit non, et ont refusé de participer ?

Vous parlez aussi d’un plan de travail, est-ce que vous pouvez donner des exemples sur ce plan de travail que vous envisagez ?

Et aussi, pour la question du déplacement de Mme Colonna : ces derniers jours en Israël, on parle d’une possibilité d’une bande de sécurité, au sud comme au nord ; est-ce que ce sujet sera discuté lors des rendez-vous de Mme Colonna à Beyrouth ?

Vous avez aussi parlé de message de fermeté que vous avez transmis au Hezbollah ; est-ce que Mme Colonna va discuter directement avec des membres de cette organisation ?

J’ai vu aussi hier, en tout cas le côté israélien a dit qu’il y avait un entretien téléphonique entre Mme Colonna et le ministre Gantz, je n’ai rien vu, peut-être que je l’ai raté, s’il y avait un communiqué de votre part, ou pas ? Est-ce que vous pouvez préciser un petit peu ?

R - Je vais prendre vos questions dans l’ordre.
S’agissant de la réunion hier, c’est une réunion qui s’inscrit pleinement dans l’initiative pour la paix et la sécurité du Président de la République, et en particulier dans le cadre du pilier sécuritaire qui effectivement prévoit des initiatives pour lutter contre le Hamas.

Il y avait plusieurs participants dans la réunion d’hier, mais elle a été convoquée dans un souci d’équilibre dans la représentativité géographique, avec un ensemble de pays qui étaient intéressés dans la lutte contre le Hamas. Donc il y avait des pays européens, évidemment, Israël, comme vous le dites, était présent, il y avait des pays aussi d’autres continents, il y avait des pays asiatiques, il y avait des pays du continent américain. L’idée était de réunir les pays intéressés dans la lutte contre le Hamas et d’initier une première approche globale pour pouvoir traiter des deux axes qui semblaient prioritaires dans la lutte contre le Hamas : l’aspect financier et surtout l’aspect de la propagande.
Ces deux axes ont fait l’objet de déclinaisons lors de la réunion, puisque, comme vous le savez, la lutte contre le financement passe par différents moyens : un renforcement des sanctions, un renforcement des standards du GAFI et de différentes structures internationales. Et le deuxième pilier, sur la lutte contre les contenus terroristes diffusés en ligne, a fait l’objet, aussi, de discussions qui ont été denses et qui auront vocation à être poursuivies.

Je vous ferai une réponse un peu identique sur l’appel qu’il y a eu, effectivement, hier, entre la ministre de l’Europe et des affaires étrangères et Benny Gantz. Ce sont des sujets sur lesquels nous aurons l’occasion de revenir dans le cadre de la préparation de la visite de la Ministre dans la région le week-end prochain.

Q - Encore le Liban, en complément aux questions qui ont déjà été posées, quid du volet politique de la visite de Mme Colonna au Liban et des contacts qu’elle aurait avec les responsables libanais. Est-ce qu’elle va réaffirmer la position de la France ou est-ce qu’il y a un élément nouveau sur ce point ?

R - La visite de la ministre de l’Europe et des affaires étrangères dans la région, samedi et dimanche prochains, s’inscrit justement dans la volonté de la France de parvenir à une solution au conflit. Elle rencontrera tous les acteurs intéressés pour, encore une fois, appeler à la désescalade et appeler à la retenue et avoir un positionnement de responsabilité en la matière.

Q - Une question sur le Pacte de Paris pour les Peuples et la Planète, vous avez évoqué plus de 40 États qui ont signé le 4P. Où est-ce qu’on peut trouver la liste complète de ces États ? Est-ce qu’il y a aussi des organisations internationales qui soutiennent cette initiative ?

R - Effectivement, j’ai parlé du 4 P, du Pacte de Paris pour les peuples et la planète, dans le cadre de mes propos sur la COP, puisque c’est une initiative qui se joint complètement aux efforts qui sont menés en faveur du climat. S’agissant des États qui ont adhéré à ce pacte, nous pourrons revenir vers vous ultérieurement avec une liste plus complète.

Q - 255 Palestiniens ont été tués en Cisjordanie depuis le 7 octobre ; ils ont été tués dans ce que la France appelle « des exactions ». Vous avez évoqué des mesures nationales qui vont être prises par la France. La Belgique et l’Irlande ont annoncé des mesures similaires. L’Union européenne est en train d’étudier des mesures dans ce sens. Est-ce que vous pouvez nous en dire davantage sur ces mesures ? Est-ce que ce seront des mesures complètes ou symboliques ? Ce sera uniquement des interdictions de visa ou bien au-delà ?

R - Effectivement c’est un volet important du mouvement global pour appeler, comme je vous le disais au début, à une baisse de la tension dans la région. La France, à l’occasion du dernier Conseil Affaires étrangères qui s’est tenu le 11 décembre à Bruxelles, a réaffirmé sa ferme condamnation de ces trop nombreux cas de violences commises par des groupes de colons extrémistes à l’encontre de Palestiniens en Cisjordanie. La ministre de l’Europe et des affaires étrangères a rappelé que ces violences devaient cesser. Elle a rappelé aussi qu’il était de la responsabilité des autorités israéliennes de s’en assurer et de poursuivre leurs auteurs. Comme l’a indiqué la Ministre à la sortie du Conseil, le 11 décembre dernier, nous réfléchissons à l’adoption de mesures nationales en la matière.

Q - Au sujet de Djibouti, est-ce qu’il y a eu des avancées, des progrès, faits aujourd’hui lors de la visite ministérielle ? On sait que Djibouti veut par exemple augmenter le loyer de la base militaire et récupérer la presqu’île du Héron, parce qu’il y a un manque de place. Et à terme, est-ce qu’il est prévu d’augmenter les moyens militaires de cette base, étant donné qu’elle est extrêmement stratégique dans le contexte actuel, avec la menace houthie en mer, la concurrence chinoise et russe, entre autres ?

R - Comme je vous le disais, lors de mes propos sur l’agenda, cette visite est en cours, donc il m’est difficile de répondre sur des sujets qui sont encore en train d’être discutés, mais effectivement, il y a une discussion en format 2+2, c’est-à-dire en format « ministre des affaires étrangères - ministre des armées », et c’est la raison pour laquelle la ministre de l’Europe et des affaires étrangères s’est rendue à Djibouti avec son homologue des armées, M. Sébastien Lecornu. Cela fait suite à un dialogue qui avait été initié préalablement : il y avait déjà eu une réunion en format 2+2 en mai dernier, à Paris. Le cadre de la revue du Traité de coopération en matière de défense entre la France et Djibouti avait été tracé par une déclaration conjointe du Président de la République et de son homologue djiboutien en 2021. Mais encore une fois, le déplacement étant encore en cours, il m’est difficile de vous apporter des réponses précises à vos questions.

Q - Comment percevez-vous la décision des États-Unis de faire usage de leur veto, vendredi dernier, lors du vote au Conseil de sécurité des Nations unies, appelant, pour les résolutions, à faire un cessez-le-feu immédiat pour des raisons humanitaires dans la bande de Gaza ?

R - Lors du vote vendredi dernier sur le projet de résolution qui avait été présenté par les Émirats arabes unis, la France a apporté son soutien à cette résolution. Comme l’a rappelé notre représentant permanent auprès des Nations unies à New York, malgré la non prise en compte d’un certain nombre d’éléments qui étaient importants pour nous, nous avons quand même voté en faveur de cette résolution, et nous avons donné, dans notre explication de vote, différents éléments. Nous aurions notamment souhaité que le Conseil puisse enfin condamner les attaques terroristes du Hamas et d’autres groupes terroristes, le 7 octobre dernier. Mais nous avons quand même souhaité voter en faveur de cette résolution, puisque nous considérons que tout effort vers une sortie du conflit est une bonne chose. Nous regrettons que le Conseil ne soit pas parvenu à adopter cette résolution, mais nous continuerons, en tout cas pour ce qui concerne la France, à nous engager résolument dans la voie d’une mobilisation pleine et entière du Conseil de sécurité sur tous les volets de la crise, que ce soient le volet sécuritaire, le volet humanitaire ou le volet politique. La même logique a présidé à notre vote favorable à la résolution présentée par l’Égypte à l’Assemblée générale des Nations unies, en début de semaine.

Q - Ma question porte sur les enfants palestiniens qui doivent être accueillis dans les hôpitaux français. Est-ce que vous pourriez nous dire où on en est ? Quand les premiers enfants vont arriver en France ? On avait compris qu’il y avait 50 lits disponibles ; sur ces 50, où est-ce qu’on en est pour l’accueil des premiers enfants ?

R - Effectivement, c’est une annonce qui a été faite, il y a quelque temps, et la France est toujours entièrement disposée à accueillir des enfants palestiniens dans les hôpitaux français. C’est une opération qui est très complexe, parce qu’il s’agit d’enfants blessés, parce qu’il s’agit aussi de les faire voyager jusqu’en France. Donc nous sommes en cours d’organisation de ces opérations, en lien avec l’ensemble des acteurs concernés. Nous reviendrons vers vous avec plus d’éléments, notamment des éléments chiffrés, ultérieurement. Encore une fois, ce sont des opérations très complexes.