Q&R - Point de presse live (13 novembre 2025)
Q - J’ai plusieurs questions. Vous avez évoqué le sort de Christophe Gleizes. Est-ce qu’on peut en savoir un peu plus ? Est-ce qu’il y a un espoir de libération prochainement ? S’agissant de Boualem Sansal, est-ce qu’on sait s’il va revenir en France et si oui, est-ce qu’on a une échéance ?
Sur un autre dossier, je voulais avoir un update sur la situation au Mali. La semaine dernière, le Quai d’Orsay a publié de nouvelles consignes pour les voyageurs. Est-ce que c’est suffisant ? Est-ce que l’on a une idée de combien de ressortissants français ont quitté le pays ? Et est-ce qu’on peut savoir sur les 4.000 et quelques Français, quel est le pourcentage de binationaux ? Et quid de votre ambassade ? Est-ce que l’ambassade continue à fonctionner normalement ou est-ce que les effectifs ont encore été réduits ?
Enfin, une autre question qui concerne le maire d’Istanbul. Hier, les 142 infractions ont été rendues publiques et je voulais avoir votre réaction sur ces nouvelles informations concernant le maire d’Istanbul.
R - Nous restons évidemment extrêmement attentifs à la situation de notre compatriote Christophe Gleizes, dont nous demandons la libération prochaine. La mobilisation est constante de la part de notre ambassade et ici, de nos collègues. La justice algérienne se prononcera lors de son procès en appel, qui est le 3 décembre prochain.
Sur le sujet de Boualem Sansal et de son retour en France, il est arrivé donc hier à Berlin. Notre ambassadeur de France en Allemagne est allé l’accueillir à l’arrivée de son avion. Son épouse le rejoint ce soir. C’est une très bonne nouvelle, un très grand soulagement pour nous. Il est désormais, je crois, en bonne santé. Il est désormais sous observation médicale. Ensuite, concernant ce qu’ils décideront de faire, nous ne le savons pas à ce stade. Ce sera à eux de dire comment ils voient les prochains jours ; nous n’y sommes pas encore.
S’agissant du Mali, vous l’avez rappelé, la semaine dernière, nous avons modifié ce qu’on appelle les fiches Conseils aux voyageurs, les FCV, dans lesquelles nous recommandions aux ressortissants français au Mali de quitter temporairement, par les vols commerciaux encore disponibles, le pays pour des raisons sécuritaires. Cette fiche Conseils aux voyageurs est toujours d’actualité. Elle a été nourrie des éléments que nous avons sur le terrain, en temps réel. Notre ambassade est pleinement mobilisée pour apporter ce soutien consulaire. Elle est ouverte, il n’est pas prévu qu’elle ferme, et elle est en contact constant avec nos différents ressortissants. J’avais donné le chiffre d’environ 4.200 ressortissants français qui sont dans le pays. Ce sont ceux qui sont inscrits au registre. Nous n’avons pas de « tracking » précis sur où ils sont, donc il est difficile pour moi de vous répondre pour savoir combien sont encore ou pas présents dans le pays. En tous les cas, bien sûr, la décision est la leur. Notre message est le même : c’est celui de les inciter à quitter le territoire de manière temporaire avec les vols commerciaux existants.
La Turquie, c’était votre quatrième question. Nous exprimons une profonde préoccupation à la suite de la décision du parquet d’Istanbul, avant-hier hier, le 11 novembre 2025, de poursuivre Ekrem İmamoğlu pour 142 infractions, avec des peines requises représentant plus de 2.000 ans de prison. Cette décision nous inquiète car elle semble porter atteinte à la démocratie et au pluralisme politique. Le respect des droits des élus locaux et des parlementaires de l’opposition, le droit à un procès équitable, la liberté de manifester et de s’exprimer constituent des pierres angulaires de l’État de droit. Ce sont autant d’engagements que la Turquie a pris comme État membre du Conseil de l’Europe.
Q - Est-ce que vous avez des nouvelles de Cécile Kohler et Jacques Paris ? Comment vont-ils ? Quelles sont les suites maintenant ?
R - Cécile Kohler et Jacques Paris, cela fait maintenant presque dix jours qu’ils sont sortis de prison. Ils sont dans le compound de notre ambassade de France à Téhéran. Nous avons effectivement envoyé une équipe du centre de crise et de soutien la semaine dernière, qui restera autant que nécessaire. Ils sont entourés des agents de l’ambassade. J’avais donné quelques éléments à vos confrères la semaine dernière, qui restent évidemment d’actualité, à savoir qu’ils ont pu retrouver une liberté de mouvement au sein de ce campus, que certains agents de l’ambassade étaient allés leur acheter des habits, leur acheter des livres, leur acheter de la nourriture, ils retrouvent une forme de vie normale, et notamment une vie sociale - déjà par la capacité de parler entre eux, et puis par la capacité de parler avec leurs proches en France et avec le reste des agents. Voilà ce que je peux vous dire de cette actualisation. En tout cas, j’en profite pour vous redire tous les efforts qui sont faits par la diplomatie française pour que désormais, la deuxième partie, c’est-à-dire le retour en France, soit fait dans les meilleurs délais.
Q - Pour revenir sur Cécile et Jacques, juste, ils n’ont pas le droit, on est d’accord, de sortir du compound de l’ambassade ?
R - Je ne rentrerai pas sur la partie « droit », mais pour l’instant, ils restent sur le campus de l’ambassade. Campus de l’ambassade qui concerne, parce que vous m’aviez posé plusieurs fois la question, à la fois la partie résidence et la partie ambassade, qui est donc sur un même périmètre.
Q - Avez-vous des retours à partager concernant la visite en Chine de M. Nicolas Forissier, s’il vous plaît ?
R - M. Nicolas Forissier s’est rendu en Chine la semaine dernière, notamment pour la Foire internationale de Shanghai. Il y a eu des échanges avec ses homologues chinois. Il a pu évoquer notamment des questions sur le cognac et sur les exportations françaises sur ces sujets, mais aussi l’ensemble de nos intérêts communs concernant également les questions commerciales, et en particulier les questions concernant les exportations de minerais critiques, qui sont évidemment des sujets d’importance pour nous. Il est désormais rentré en France.
Q - Je voulais juste revenir sur la proposition d’un régime de sanctions sur le narcotrafic que la France voudrait proposer à l’Union européenne. Est-ce que vous avez un calendrier ? Est-ce que c’est prévu de le mettre en discussion pour le prochain Conseil des affaires étrangères ? Et si oui, qu’est-ce que concrètement, au-delà du régime des sanctions, quel genre de désignation cherchez-vous ? Quel genre d’organisations, de personnes, de pays… ? Je ne sais pas, c’est juste pour avoir des détails sur l’objectif.
R - Je saisis votre question pour rappeler que c’était un des éléments majeurs des déplacements du Ministre, qui était d’annoncer ce plan narcotrafic. Pourquoi ? Parce qu’il y a une priorité gouvernementale très forte dans la lutte contre le narcotrafic, par notamment le ministère de la justice, le ministère de l’intérieur, et que le ministère des affaires étrangères veut prendre toute sa part. Pourquoi ? Pour aller toucher le mal à la racine, notamment au niveau des États qui sont producteurs ou des États de transit. Ce plan comporte notamment cinq volets. Vous les connaissez, nous les avons publiés. Il y a l’augmentation de nos effectifs sur place. Il y a des accords notamment sur les parties douanières, sur la partie coopération sécuritaire, avec les pays producteurs - nous en visons une douzaine. Il y a la réorganisation d’une partie de notre aide publique au développement. Il y a la création d’une académie de coopération régionale dans la lutte contre les narcotrafics, installée à Saint-Domingue. Le cinquième, c’est la proposition, comme vous l’avez dit, d’aller vers un régime de sanctions européen sur ces sujets. C’est quelque chose que nous allons discuter avec nos partenaires. Un, ils ont eu l’occasion d’en parler en marge du G7 au Canada. Deux, c’est quelque chose que nous porterons au niveau de la Commission et à Bruxelles. Et puis trois, très concrètement, qu’est-ce que l’on veut toucher derrière ? C’est notamment les gangs. Ce sont ceux qui sont responsables de la production ou du transit de ces substances, qui tuent chaque année plusieurs dizaines et milliers de Françaises et Français.
Q - Et il n’y a pas de calendrier, pour ça ?
R - Il n’y a pas de calendrier. Vous savez qu’il y a un Conseil des affaires étrangères le 20 novembre prochain, ce sera l’occasion d’en parler, mais rien n’est confirmé encore à ce stade à ma connaissance. Et pour rappel, ce n’est pas uniquement une compétence du Conseil des affaires étrangères, c’est aussi dans les filières justice et affaires intérieures que ce sujet sera amené à être avancé et discuté.
Q - Une autre question sur l’AIEA et l’Iran. Il y a une réunion des gouverneurs du board de l’AIEA la semaine prochaine. Est-ce que la France, à ce stade, souhaite saisir le Conseil de sécurité sur le sujet iranien à l’AIEA ? Est-ce que vous souhaitez mettre une résolution en avant pour ce sujet, ou c’est encore un petit peu trop tôt, vu que les inspections n’avancent vraiment pas en Iran ?
R - Je crois qu’on n’en est pas là. Il y a d’abord le Conseil des gouverneurs qui va se tenir très bientôt. Et c’est d’abord dans cette enceinte-là que nous voulons notamment déterminer aussi quel est le mandat futur du directeur général de l’AIEA. Vous savez qu’il y a désormais plusieurs couches d’obligations. Donc il s’agit, à ce stade, d’avancer sur ce point-là.