Q&R - Point de presse live (9 octobre 2025)
Q - Les Américains ne vont pas assister aux meetings cet après-midi, alors qu’initialement, Marco Rubio était supposé venir. Est-ce que vous pensez que l’absence des Américains veut dire qu’ils ne sont pas à bord de ces efforts français et européens et arabes ? Surtout que les Israéliens ont clairement critiqué, ils ont parlé aussi d’hypocrisie française hier. Et pour aussi ce qui va se passer aujourd’hui, quelles garanties pouvez-vous offrir aujourd’hui aux Palestiniens pour une solution durable à deux États, surtout qu’Israël continue de nier la possibilité d’un État palestinien côte-à-côte avec l’État d’Israël ?
R - S’agissant de la venue du Secrétaire d’Etat Marco Rubio cet après-midi, il avait effectivement prévu de venir, mais les derniers dénouements qui se sont produits à Charm el-Cheikh l’ont amené à réviser son agenda pour rester auprès du président américain. Je crois qu’il faut se garder de toute récupération sur le sujet. Il me semble que c’est essentiellement une histoire d’agenda. Et je vous renvoie auprès des autorités américaines qui pourront vous préciser cela. Nous avons échangé et nous échangeons constamment avec les autorités américaines en amont de la réunion de cet après-midi et sur le contenu de cette réunion.
Q -Il n’y a même pas l’ambassadeur. Cela dénote quand même un décalage…
R - Je ne pense pas. Le Secrétaire d’Etat a vraiment eu la volonté de venir et le fait que cela s’accélère à Charm el-Cheikh, hier soir et ce matin, a fait que l’agenda a glissé. Mais vraiment, je vous enjoins de ne pas faire droit aux tentatives de récupération qu’il y avait derrière ça.
Le deuxième point, sur la critique israélienne, elle n’est pas vraiment compréhensible. La réunion s’inscrit dans le prolongement de tout ce qu’on a fait sur cette conférence des deux États, depuis maintenant quasiment un an, puisque ça a commencé en décembre 2024. les Israéliens ont été systématiquement informés de tout ce que nous faisons Après, sur les propos relatifs à la politique intérieure, je ne commenterai pas.
Q - (inaudible) ils font référence à la conférence sur l’Ukraine en disant que c’était une conférence sur l’Ukraine avec l’Ukraine, et que là c’est une conférence qui traite d’Israël sans Israël.
R - Israël a été toujours informé de nos initiatives et nous sommes en (inaudible) aussi importante avec eux là-dessus. Ils ne sont pas invités aujourd’hui car ce n’était pas possible de mettre autour de la même table, à ce stade, les différentes parties. Les Palestiniens ne sont pas là non plus aujourd’hui.
Q - Les garanties pour ce qui vient après le cessez-le-feu pour l’Etat palestinien
R - Justement, on en est exactement là. C’est-à-dire qu’on est dans l’opérationnalisation, finalement, de l’étape deux du plan Trump. L’étape un de ce plan Trump, qui encore une fois reprend en large partie s’inspire de l’initiative franco-saoudienne, a abouti à une première annonce ce matin ; une signature, j’imagine, dans les prochaines heures, dans les prochains jours. Désormais, il faut opérationnaliser le jour d’après. Nous pensons d’ailleurs que le cadre qui a été donné dans le cadre de l’initiative franco-saoudienne a permis d’accélérer la résolution du cessez-le-feu, parce qu’encore une fois, le cessez-le-feu achoppait sur les problèmes du jour d’après. Les différents points d’opérationnalisation, je vous les ai dits. Il y a la stabilisation d’abord, qui est quelque chose de très important, parce qu’une fois qu’il y a le retrait de l’armée israélienne, il s’agit de pouvoir apporter une forme de sécurité localement. Donc là, il y a des discussions qui sont en train d’être opérationnalisées le plus précisément possible en termes de mandat, de modalités, de parties prenantes, sur ces points de force de stabilisation, et en termes, ensuite, de mandat de Conseil de sécurité des Nations unies qu’on serait capable de pouvoir donner à cette force internationale de stabilisation. Et puis après, il y a les deux autres points, celui de la reconstruction et celui de la gouvernance, qui seront discutés aussi encore aujourd’hui.
Q - Concernant la force de stabilisation, est-ce que la France a un peu décidé qu’est-ce qu’elle serait prête à contribuer ? Je sais qu’il y a des gendarmes français dans EUBAM Rafah, par exemple. Est-ce que vous pensez à ce genre de contribution ? Est-ce que vous pensez aussi, peut-être, à financer la formation de policiers palestiniens ? Est-ce qu’on peut avoir une idée un peu concrète de ce que veut contribuer la France ?
R - La contribution à une force de stabilisation peut inclure différentes choses. Vous l’avez dit, cela peut être de la formation, cela peut être de l’équipement, cela peut être éventuellement des forces. À ce stade, il est trop tôt pour vous dire qu’est-ce que la France apportera concrètement. Mais cela fait partie des discussions que nous aurons cet après-midi, et puis encore à l’avenir. Je vous rappelle que la France avait déjà présidé une première réunion, en marge de l’Assemblée générale des Nations unies, en septembre, sur ce sujet de force de stabilisation.
Q - Je voudrais revenir quand même sur la contribution de la France. Est-ce que l’envoi de troupes est quelque chose qui est envisagé, ou on est plutôt sur du soutien financier, logistique, formation, comme vous l’avez évoqué ?
Je voudrais savoir aussi qu’est-ce qu’on peut attendre de la réunion avec les pays arabes qui précède la conférence de cet après-midi ? Est-ce qu’il y a des annonces concrètes qui pourraient en sortir, y compris aussi pour la conférence ?
Et enfin, vous avez évoqué Lennart Monterlos. Est-ce qu’on peut savoir comment il va ? Puisqu’on sait qu’il est sorti, il a regagné la France ce matin. Mais est-ce qu’on peut avoir un petit peu une idée de son état physique, psychologique et autres ? Et qu’est-ce qui se passe maintenant pour lui ?
R - Sur l’envoi de troupes éventuellement françaises dans la force de stabilisation, nous n’en sommes pas encore là. Ce sera justement le fruit des discussions qui auront notamment lieu aujourd’hui, donc j’en reste sur ce point.
Sur les annonces concrètes cet après-midi, le Ministre fera une déclaration aux alentours de 19h, qui sera retransmise et pour laquelle vous êtes les bienvenus, et qui reprendra donc les conclusions de la réunion qui se tient, qui va commencer au milieu d’après-midi. Il y a effectivement un premier temps, d’abord avec les pays arabes, et ensuite en format plus élargi, avec une introduction par le Président de la République.
S’agissant enfin de Lennart Monterlos, je n’ai pas davantage de commentaires à faire sur son état de santé. Il a été acquitté ce week-end et a quitté le territoire iranien hier après-midi. Il est arrivé sur notre territoire ce matin. C’est le fruit d’efforts très importants réalisés par nos équipes, à la fois du Centre de crise et de soutien à Paris et de l’ambassade de France à Téhéran.
Q - Pour revenir sur les otages français, est-ce que vous pouvez nous dire quel est le nombre exact d’otages français actuellement détenus par les Iraniens ?
R - Nous avons encore deux otages, Cécile Kohler et Jacques Paris, détenus en Iran depuis trois ans et demi.
Q - J’ai une autre précision. Est-ce qu’on peut avoir le chiffre global des otages occidentaux retenus par l’Iran ? Parce qu’on sait qu’il y a eu une vague d’arrestations en juin. On parle d’une vingtaine. Est-ce que vous confirmez ce nombre ? Et pour revenir à Cécile Kohler et Jacques Paris, les Iraniens ont de nouveau évoqué un potentiel échange de prisonniers, en l’occurrence avec une ressortisse iranienne. Est-ce qu’on peut savoir où on en est dans les discussions ?
Et j’ai une deuxième question concernant deux ressortissants français qui font partie des ONG et qui ont été arrêtés au Burkina Faso. Est-ce que vous pourriez nous donner des éléments d’information sur quand, dans quelles circonstances ils ont été arrêtés et que se passe-t-il pour eux à présent ?
R - Concernant les chiffres des otages détenus en Iran, nous ne communiquons pas sur les autres nationalités. Je pense qu’il faut que vous alliez interroger les autres États. De notre côté, j’insiste sur la pleine mobilisation du Président de la République ainsi que du ministre de l’Europe et des Affaires étrangères. Ce sujet a été abordé lorsqu’ils ont vu leurs homologues en marge de l’Assemblée générale des Nations unies. Je profite de cette occasion pour rappeler que les Conseils aux voyageurs sont faits pour tout le monde. La zone iranienne est en zone rouge : les voyages y sont proscrits, raison pour laquelle nous déconseillons formellement et absolument à nos ressortissants de se rendre en Iran. Nous recommandons de suivre ces Conseils aux voyageurs, parce que même si vous êtes en règle et même si vous n’avez pas de comportement à risque, vous pouvez être emprisonné du fait de votre seule nationalité.
S’agissant ensuite des déclarations de la diplomatie iranienne, je vous renvoie aux déclarations du Président de la République et du ministre de l’Europe et des affaires étrangères qui parlent de « perspectives solides », avec toute la prudence qui se doit. Je n’en dirai pas davantage, pour des raisons évidentes.
Enfin, concernant l’arrestation de Français au Burkina Faso annoncée par voie de presse, je n’ai pas de commentaire à faire à ce stade.