Q&R - Point de presse live (03 octobre 2025)

Partager

Q - Je voulais savoir, est-ce que vous pourriez revenir sur la situation des citoyens français qui ont participé à la Global Sumud Flotilla et qui ont été arrêtés par Israël ? Je voulais savoir combien ils sont et est-ce qu’ils vont être rapatriés en France ? Est-ce que vous avez une date, pour le rapatriement ?

R
- Dès le premier arraisonnement, le ministre de l’Europe et des Affaires étrangères s’est exprimé très clairement. Il a appelé les autorités israéliennes à faire cet arraisonnement dans les meilleures conditions de sécurité, à faire que nous puissions exercer notre protection consulaire dès que les ressortissants français qui le demandaient et auxquels ils ont le droit le demandaient, et puis, à ce que leur libération et leur retour en France soient faits dans les plus brefs délais. Je peux vous dire la pleine mobilisation de notre équipe sur place, à la fois l’ambassade de France et le consulat général à Tel-Aviv, qui étaient à pied d’œuvre, au cœur de cette nuit. Ils ont été les premiers à la prison de Ktzi’ot, où actuellement, les ressortissants français ont été transférés, puisqu’ils ont été acheminés à Ashdod, et ensuite, ils ont été transférés dans cette prison. Ils ont été les premiers à être en contact avec eux. C’est là ce qui est en train de se passer. Ils sont en contact avec 36 ressortissants et avec leurs familles pour assurer la protection consulaire, encore une fois, comme ils en ont droit.

Q - Aussi sur le sujet des ressortissants français, j’ai une question simple. Est-ce que la France pense que l’interception des bateaux et la détention des ressortissants est légale par rapport au droit international ? Et puis, les avocats aujourd’hui ont dit qu’ils vont porter plainte pour une détention arbitraire. Ils disent que la France, aussi, ne fait pas assez pour protéger ces ressortissants.
Et encore une petite question. Est-ce que vous avez une réaction sur le ministre extrémiste Ben-Gvir ? Il a accusé tous les activistes et les détenus, incluant les ressortissants français, d’être terroristes et qu’ils allaient être considérés comme tels en prison.

R - Je vais commencer par votre dernière question. Ce n’est pas mon rôle de commenter un ministre israélien qui, accessoirement, est plutôt bien connu pour ses propos problématiques. En l’espèce, nous les avons condamnés plusieurs fois par le passé.
Sur la légalité de l’arraisonnement, Il y a, vous le mentionnez, des procédures qui sont en cours devant la justice, et ce sera à la justice de se prononcer. Nous avons systématiquement appelé les autorités israéliennes avant les arraisonnements, comme dès l’arraisonnement, à respecter le droit international de la mer, en particulier.
Et enfin, sur la protection de nos ressortissants, je voudrais aussi préciser différents éléments. Le rôle du ministère de l’Europe des affaires étrangères, c’est de protéger en amont nos ressortissants, c’est-à-dire de leur indiquer les risques qu’ils encourent. Nous avons quelque chose qui s’appelle les conseils aux voyageurs. C’est le cas en l’espèce, donc nous avons informé les ressortissants français de la flottille avec lesquels nous étions en contact des dangers qu’ils encouraient à se rendre à Gaza, qui est un lieu dangereux. Ensuite, la deuxième chose, c’est que le rôle du ministère de l’Europe et des affaires étrangères, c’est d’assurer ce qu’on appelle la protection consulaire, qui est d’aller se rendre dans ces lieux, de pouvoir être en contact avec nos ressortissants, avec leurs familles, et de pouvoir faire respecter, tout simplement, la Convention de Vienne de 1963. Après, sur les efforts diplomatiques, pour finir complètement la réponse à votre question, la flottille était européenne, et la réponse a été aussi européenne. Elle a été européenne parce que dès le premier incident du 23 septembre, au large de la Grèce, nous avons été en contact avec les autorités grecques pour essayer de savoir qu’est-ce qui précisément s’était passé. Nous avons été en contact également aussi avec Frontex qui a, à partir de ce moment-là, dépêché un bateau du sud de la Crète, pour aller se rendre au plus proche de la flottille. Et puis enfin, nous avons été en échange très intense avec nos homologues européens, en particulier italien et espagnol.

Q - On vous entend à l’instant, et vous avez, dans votre propos luminaire tout à l’heure, condamné à juste titre le régime iranien de détenir des Français illégalement. Est-ce que vous auriez les mêmes mots aujourd’hui ? Parce que la réponse à ma collègue, je l’ai entendue à l’instant, mais je vous sens un petit peu hésitant sur la question israélienne. Est-ce que c’est légal ? Manifestement non. Vous ne commentez pas M. Ben-Gvir, mais en fait vous dites que ses propos sont problématiques. Vous parlez de guerre alors que nombres de personnes, jusqu’à l’ONU, parlent de génocide et pas de guerre, qui est en cours en Israël - enfin du moins pas en Israël, mais à Gaza, pas en Israël. Donc ma question c’est celle-ci, c’est : où sont les condamnations françaises ? Parce qu’on imagine que si c’était un pays tel que la Russie aujourd’hui, vous serez, j’imagine, bien plus fort dans les mots et les condamnations et les sanctions. D’autres pays, vous dites la réponse est européenne, mais d’autres pays ont renvoyé les diplomates, il y a une plainte faite par la Turquie. Il y a des pays qui agissent et la France n’agit pas. Quel rôle la France compte-t-elle jouer à ce niveau-là, au-delà des mots que vous prononcez timidement aujourd’hui ? Et ne craint-elle pas, la France, à travers le positionnement du ministre démissionnaire Barrot et vos propos en tant que porte-parole, d’être qualifiée de complice aujourd’hui, même dans le futur, par rapport à ce qui se passe là-bas ?

R - Je voudrais vous répondre sur deux éléments. Le premier, sur la qualification de génocide, puisque vous le mentionnez, c’est une qualification qui est déterminée, encore une fois, par les tribunaux. Il y a une procédure qui est à la Cour pénale internationale, il y a une procédure qui est à la Cour internationale de justice ; ce seront à elles de se prononcer. Il y a aussi une procédure au Parquet national antiterroriste pour complicité de génocide, au niveau national. C’est là que les réponses seront apportées.

Ensuite sur votre question plus large. Je crois que la France a prouvé, quand même, son engagement sur le sujet avec une tradition diplomatique assez longue, mais depuis dix mois, la France a eu à cœur de remettre au centre des discussions la conférence à deux États . Nous avons obtenu des choses qui sont très claires, pour la première fois, c’est-à-dire la condamnation du Hamas, la réforme de l’Autorité palestinienne, la réflexion sur le jour d’après avec la sécurité et la proposition d’une force de stabilisation qui serait sous mandat de l’ONU, et des projets d’intégration régionale . Je crois que nous avons aussi été très clairs sur la condamnation que nous avons avec les autorités israéliennes sur différents points : la colonie E1 qui menace l’intégrité territoriale de la Cisjordanie, la poursuite des activités militaires sur la bande de Gaza, qui pour nous n’ont plus de logique militaire. Le Président de la République a été très clair là-dessus. On pense que vous ne pouvez pas sortir du cycle indéfini de violences dans lequel nous sommes actuellement si vous n’offrez pas un horizon politique aux populations locales. C’est tout ça qui a été fait depuis ces dix derniers mois, et je crois que là, les choses ont été très claires là-dessus.

Peut-être, pour finir là-dessus, les projets de sanctions au niveau européen. La France a noté les propositions que la présidente de la Commission, Ursula von der Leyen, avait mises en avant, notamment dans son discours sur l’état de l’Union, il y a quelques jours, quelques semaines désormais. Et je crois que le gouvernement israélien aurait tort de croire que ces sanctions pourraient ne pas être appliquées s’il continuait dans ses politiques actuelles. Il y avait notamment deux branches qui étaient mises en avant par la présidente de la Commission : il y avait une branche qui était des sanctions individuelles contre certains membres du gouvernement, et il y avait une partie qui était la suspension de l’accord d’association entre l’Union européenne et Israël au regard de l’article 2 de ladite convention, qui était le partage de valeurs communes. Tous ces éléments font que je crois que là-dessus, notre réponse est assez claire.

Q - Le président Poutine a qualifié de piraterie l’interception du navire au large de la Bretagne. Est-ce que vous avez des commentaires à faire ?

R - Oui. De quoi parle-t-on ? On parle de l’arraisonnement d’un navire au large de la Bretagne, sur le fondement du droit international et de l’article 110 de la Convention de Montego Bay de 1982, qui permet notamment une enquête de pavillon, qui est une procédure qui est prévue et encadrée par le droit international, y compris au-delà des eaux territoriales. Il existait de sérieux doutes quant à la nationalité du navire, justifiant cet arraisonnement pour procéder aux vérifications nécessaires. Le parquet de Brest s’en est du reste saisi au titre de deux choses : à la fois défaut de pavillon et refus d’obtempérer. Il y a eu deux gardes à vue, je vous renverrai sur leurs déclarations puisque le sujet est désormais judiciarisé. Et je note que l’un des individus sera convoqué prochainement pour son procès à cet égard.

Donc non, il ne s’agit absolument pas d’actes de piraterie. Mais je voudrais « dézoomer » aussi un petit peu là-dessus en profitant de votre question pour vous parler un peu de la flotte fantôme russe. On estime que c’est entre 800 et 1.000 navires qui correspondent à peu près à 40% de l’effort de guerre russe en Ukraine, dans cette guerre d’agression. Et donc, la volonté du Président de la République, du ministre de l’Europe et des affaires étrangères, c’est de mettre la pression sur cette flotte fantôme, puisqu’elle est un poumon important de cet effort de guerre.

Q - Il y a une communication qui a fait beaucoup réagir cette semaine, c’est celle de l’ambassade de France en Algérie, se félicitant de l’augmentation des visas délivrés aux étudiants algériens. Dans un contexte de brouille diplomatique avec Alger, alors que le Président de la République avait cet été rappelé et souhaité un durcissement de l’octroi des visas vis-à-vis de l’Algérie, objectif affiché et partagé également par le ministère de l’intérieur. Comment expliquez-vous cette communication et diriez-vous, estimez-vous qu’il s’agissait d’une maladresse ?

R - Les visas répondent à différents objectifs. Le premier, c’est le contrôle de la politique migratoire, la sécurité, l’influence et l’attractivité. La France accueille, pour vous redonner un peu de contexte, 329.000 étudiants étrangers. Elle est la septième destination étrangère préférée des étudiants dans le monde. C’est un vecteur pour nous, puissant, d’influence dans les pays d’origine, et c’est un atout aussi pour nos entreprises et notre vie économique.

Sur votre question plus particulière, qui correspond à un tweet de notre ambassade de France à Alger, la forme de la communication, qui était à destination de la société civile algérienne, je tiens à le rappeler, sur le nombre de visas étudiants délivrés, a interrogé, et nous le comprenons. Mais nous tenons en même temps à redire la différence qu’il faut faire entre un régime avec lequel nous avons des différends forts de politique étrangère, en faisant l’objet de mesures très claires de notre part, et la société civile. Dans les mesures très claires, je voudrais vous rappeler que le Président de la République, début août, a demandé au Premier ministre de prendre des mesures touchant le régime algérien, ce qui a été fait par la suspension de l’accord de 2013 qui permettait d’avoir, pour les détenteurs de passeports officiels algériens, de se rendre en France en exemption de visa. Donc cet accord est suspendu. Par ailleurs, les conditions d’obtention de visa pour ces personnes-là ont été rendues plus difficiles. Et enfin, nous avons échangé avec nos partenaires européens pour éviter des contournements, c’est-à-dire pour ne pas que ces individus puissent atterrir ailleurs et ensuite se rentrer en France par l’espace Schengen. Donc ces éléments, première chose, sont très importants. La deuxième chose, c’est que de par la nature même des décisions prises par les autorités algériennes, c’est-à-dire en contraignant notre appareil diplomatique à Alger, en Algérie, mécaniquement, nos services consulaires émettront 30% de moins de visas cette année. Donc le nombre de visas collectifs, donc tout visa collectif, diminue de 30%. C’est un élément qui avait été donné en août. Il a été peu repris récemment, mais je voudrais prendre ce point-là pour vous le redire. Et enfin, je voudrais finir sur le fait que tous les sujets peuvent légitimement faire l’objet de débats. Nous les avons vus ces derniers jours. Encore faut-il pour nous que ces débats portent sur des véritables problèmes. Parmi lesquels, et c’est ça notre sujet, l’absence de coopération des autorités algériennes en matière de reconduction de ressortissants algériens irréguliers en France. Cette coopération n’était déjà pas suffisante par le passé, elle s’est tout simplement arrêtée depuis l’affaire Doualemn au début de l’année 2025, en contradiction avec les engagements entre nos deux pays pris par le passé.

Q - J’ai trois petites questions. D’abord, sur la flottille, au sujet de la protection consulaire, à quel moment celle-ci devrait pouvoir s’exercer ? Est-ce qu’il sera question à ce moment-là de rapatrier les ressortissants français ? Une deuxième interrogation sur Gaza et sur les pourparlers au sujet du plan Trump. Quel rôle peut jouer la France en ce moment alors qu’on attend une réponse du Hamas qui, semble-t-il, est assez hésitant. Et enfin, au sujet des drones, le Président parle d’une confrontation avec la Russie. Est-ce qu’il faut aujourd’hui parler d’une forme de guerre, employer ce mot-là aujourd’hui ?

R - Sur les drones - je vais commencer par votre dernière question -, la Russie teste notre détermination, c’est indubitable. Et je crois que notre réponse est très claire, très ferme, implacable sur la Roumanie, l’Estonie, la Pologne. S’agissant du Danemark, il y a des procédures en cours, l’origine de ces drones n’est pas encore très claire. Mais donc sur ce point, il est clair que les options sont ouvertes et ce qui est important, c’est la détermination et l’unité des alliés et de l’Union européenne.

Ensuite, sur la protection consulaire, elle a commencé en réalité dès cette nuit, dès ce matin, avec les premières visites opérées par le Consul général et par l’Ambassadeur de France auprès de nos ressortissants.

Enfin, sur le plan Trump, nous le soutenons. Nous y voyons beaucoup d’éléments d’inspiration à partir du plan franco-saoudien adopté à la déclaration de New York le 29 juillet dernier et voté à l’Assemblée générale des Nations unies le 12 septembre dernier. Il se réfère d’ailleurs explicitement à cette déclaration de New York dans un de ses paragraphes. Désormais, nous, nous travaillons avec nos partenaires, avec les partenaires américains, avec les partenaires européens, avec les partenaires arabes. Le Ministre était en Arabie saoudite hier et avant-hier. Il a eu son homologue Marco Rubio en début de semaine, et nous appelons en fait tout simplement les parties à se saisir de ce plan. C’est maintenant l’urgence actuelle. Le Hamas doit se rendre, il n’a pas de rôle à jouer à Gaza, c’est une position qui est désormais partagée par 142 États, dont les États régionaux, et c’est un des résultats obtenus par cette conférence à deux États que nous avons coorganisée avec l’Arabie saoudite au cours des derniers mois.

Q - Le PDG de Dassault a récemment indiqué, lors d’une audition parlementaire, que l’île de Taiwan voudrait acheter des Rafale et que c’est l’État français qui va décider de procéder à une telle vente ou pas. Donc ma question est la suivante. Est-ce que la France est prête à vendre des Rafale à l’île de Taiwan ou bien d’autres armements ?

R - Les propos d’acteurs privés n’engagent qu’eux-mêmes, donc je n’ai pas de commentaire à faire sur ce point. La France respecte ses engagements en matière d’armement au titre du communiqué franco-chinois de 1994 sur ce point.

Q - L’initiative franco-saoudienne est clairement citée dans le plan de Trump pour Gaza. Votre initiative parle de la mise en place d’une mission internationale de stabilisation, mais les contours de ce plan restent flous. Y a-t-il eu des contacts avec vos partenaires et quels sont les pays qui, dans la région ou ailleurs dans le monde, sont prêts à y contribuer ?

R - Tout à fait, les contacts sont importants là-dessus. La France a présidé une réunion en marge de l’Assemblée générale des Nations unies la semaine dernière exactement là-dessus. Il y a plusieurs paramètres qui doivent être décidés, notamment le paramètre du mandat qui pourrait être donné par le Conseil de sécurité des Nations unies. Et donc, c’est pour travailler à concrétiser ces efforts sur ce sujet que le Ministre a réuni, à ce moment-là, la semaine dernière, ces éléments. Nos efforts sur cette mission de stabilisation nous semblent être vraiment de nature à pouvoir aider à la fois la conclusion du cessez-le-feu, en pensant ce jour d’après, avec une éventuelle intégration régionale plus durable. Ce sont ces deux points sur lesquels, à la fois, le plan de paix, qui est en fait l’endossement du plan arabe de mars 2025, et cette force de stabilisation sous mandat de l’ONU, sont de nature à, pour nous, faciliter le cessez-le-feu, sur lequel on est vraiment en ce moment, avec le plan Trump, et activer à plus long terme une éventuelle intégration régionale de type Abraham II, si c’était le souhait notamment de l’administration Trump.

Q - J’ai deux questions. Encore une question sur les ressortissants français. Les avocats disent qu’il n’y a pas du tout de contact avec les ressortissants. Le consulat français ne facilite pas cela. Est-ce que c’est vrai et pourquoi c’est le cas ? C’est ce qu’ils ont accusé aujourd’hui. Il y avait une conférence de presse le matin.

R - Sous votre contrôle, je crois qu’ils accusaient le fait qu’on n’était pas en contact avec les avocats. Moi, ce que je vous dis, c’est que nous sommes en contact avec les ressortissants et leurs familles, ce qui nous semble être la priorité.

Q - Les avocats disent qu’ils ne peuvent pas rentrer en contact avec les ressortissants alors qu’ils sont leurs avocats et que le consulat ne facilite…

R - On parle là vraiment de quelque chose qui a eu lieu ce matin. Je peux vous dire qu’ils étaient les premiers sur place. Ils ont été debout toute la nuit. Et ils sont en contact avec les ressortissants, donc les 36, et leurs familles. C’est vraiment la priorité pour nous et c’est vraiment le degré zéro de la protection consulaire.

Q - Donc c’est la raison pour laquelle, encore, il n’y a pas eu de…

R - En tout cas, je vous dis là où on en est actuellement.

Q - OK. Sur le plan Trump, il n’y a aucune mention de la Cisjordanie dans tout le texte, les 20 points. Pourquoi, à votre avis ? Est-ce que vous avez aujourd’hui des craintes sur la possibilité d’établir un État palestinien que vous avez bien reconnu en tant que Français ? Parce que cela, dans le plan, est conditionné sur une clause qui est très floue aussi, qui parle de la réforme de l’Autorité palestinienne ; c’est la condition, dans le cas où, alors, peut-être dans le futur, on reconnaîtra un État palestinien, parce que ce sont les aspirations du peuple palestinien… Aujourd’hui, les Palestiniens disent que c’est un piège, ils voient dans cela un piège. Donc, la France qui a reconnu l’État palestinien, avez-vous des craintes ?

R - Avec l’Autorité palestinienne, il y a eu des avancées qui sont franchement majeures dans l’initiative franco-saoudienne et qui sont pour tout le monde. Elles ne sont pas forcément pour le plan Trump, c’est l’Autorité palestinienne qui se réforme en tant que telle. Elle se réforme au moins dans quatre points : la réforme constitutionnelle, et je crois que c’est un décret de mi-août qui lance le projet de réforme constitutionnelle ; la convocation d’élections sous un an ; la fin du système pay for slay, je crois que c’est effectif depuis le 1er août, avec un audit sur lequel nous serons très vigilants pour être sûrs qu’il soit bien mis en œuvre ; et la réforme des manuels scolaires. Donc ça, c’est quelque chose qui est un acquis pour la communauté internationale et un acquis aussi pour la sécurité d’Israël. Nous serons, notamment sur les élections, très vigilants à ce que tous ceux qui puissent se présenter aux élections ne soient pas des anciens non respectueux de la sécurité d’Israël. C’est un des éléments qui est très important dans cette réforme de l’Autorité palestinienne.

Sur la Cisjordanie, par ailleurs, nous avons dit de manière très claire qu’une annexion de la Cisjordanie serait une ligne rouge pour nous, très franchement. Et nous avons aussi noté, par exemple, les Émirats arabes unis, qui disaient que ce serait pour eux un motif de rupture des accords d’Abraham I dans ces cas-là. Je crois que ce sont des sujets qui ont été notamment très notés par les autorités américaines sur ces points-là.

Q - Comme je vous l’ai dit, je reprends le micro pour mes deux dernières questions. À propos de Gaza, vous dites il y a quelques minutes que vos réponses, celles de la France, celles de l’Europe, étaient claires. Manifestement non pour beaucoup de monde, puisque les mobilisations populaires, vous les suivez sans doute, sont de plus en plus fortes, un peu à l’image du nombre de tués à Gaza et de la colonisation qui se poursuit et qui s’accroît en Cisjordanie. Vous avez décrit qu’au niveau européen, je reprends vos termes tout à l’heure, il y a des menaces, c’est le terme que vous n’avez pas utilisé, mais je le lis comme ça, de sanctions à l’encontre d’Israël si Israël continuait ce qu’il est en train de faire. Alors je vous informe qu’il continue et que ça ne s’arrête pas. Donc où sont les sanctions ?
Et ma deuxième question, c’est celle-ci, c’est à propos de la flottille. Le ministre démissionnaire, M. Barrot, a écrit le 1er octobre, et d’ailleurs rien depuis, je cite : « La France encourage les participants de la flottille à remettre l’aide humanitaire aux organisations présentes à Gaza. » C’était à 21h quelque chose, pendant les premières arrestations illégales en mer. Desquelles parle-t-il, d’organisations ? Puisque la Croix-Rouge elle-même dit qu’elle est contrainte, ce sont ses mots, à suspendre ses activités, tout comme MSF. De quelle organisation humanitaire parle dont le ministre Barrot ? Peut-être de celle gérée, vous allez me le dire, par Israël, qui laisse détruire des colis, on a vu des images, ou qui compte lors de cette distribution des milliers de morts à Gaza ?

R - La situation locale à Gaza est terrible. Le ministre de l’Europe et des affaires étrangères a eu l’occasion de le dire et de le redire évidemment plusieurs fois. Les images que nous voyons le montrent. L’ONU a déclaré un état de famine, c’est un mouroir à ciel ouvert, dont les corps sont marqués à la fois par la famine et la terreur. Notre urgence, l’urgence collective absolue, c’est le cessez-le-feu, la libération des 48 otages encore aux mains du Hamas et l’accès, et vous le mentionnez, immédiat de l’aide humanitaire. Le ministre de l’Europe et des Affaires étrangères a en effet indiqué que cette aide humanitaire, qui était portée par la flottille, pourrait rejoindre les autres stocks d’aide humanitaire. Pour pouvoir accéder localement, nous avons demandé instamment au gouvernement israélien de permettre cet accès humanitaire à Gaza. Nous le déplorons. Vous savez, la France a envoyé à peu près 1.200 tonnes d’aide humanitaire depuis le 7 octobre 2023. Nous avons envoyé plus de 120 tonnes rien que depuis le mois d’août dernier, y compris par air. Cela ne suffit pas. Nous en sommes conscients. C’est nécessaire. Et donc c’est pour ça que nous continuons à demander aux autorités israéliennes à permettre cet accès humanitaire, de l’aide humanitaire dans les plus brefs délais.